Parce qu’une plus grande inclusivité passe par un peu de pédagogie, Hétéroclite apporte tous les deux mois un éclairage sur une forme de discrimination. Ce bimestre, la transphobie, c’est quoi ?
Chaque année, le 20 novembre, la Journée Internationale du Souvenir Trans commémore les personnes trans mortes à cause de la transphobie. Cette journée, dédiée à la mémoire des personnes décédées, a aussi pour objet de mettre en lumière les violences subies par la communauté trans et de faire ce rappel, simple mais nécessaire : la transphobie tue.
La transphobie tue et ça n’est pas que le fait d’assassinats par des inconnus, ça n’est pas que « ailleurs », ça n’est pas que « marginal » : ce sont, chaque année, plusieurs centaines de personnes trans tuées à travers le monde, y compris en France, et nous ne parlons ici que des meurtres et décès recensés. La transphobie tue par harcèlement scolaire, professionnel ou sur Internet, par appels à la haine médiatisés, par discrimination dans l’accès au logement ou à l’emploi et précarisation forcée, par violences médicales, par représentations péjoratives et pathologisantes des personnes trans, par rejet de l’entourage, et ce ne sont que quelques exemples. La transphobie tue par coups mais aussi par usure.
Pathologiser, déshumaniser
Et la transphobie n’existe jamais en soi : elle est toujours issue du mépris voire de la haine de personnes transphobes envers les personnes trans. Elle est issue de l’adhésion à un système de pensée qui considère qu’à un certain type de corps correspond nécessairement un certain genre et que les personnes trans sont une anomalie à rectifier, ou un problème à résoudre. Que ce soit par essentialisme biologique, par perception de la transidentité comme maladie mentale, comme marque de confusion d’une personne qu’il faudrait « remettre dans le droit chemin », ou encore comme une « tragédie » à éviter, l’idée sous-jacente de la transphobie est celle d’une illégitimité fondamentale des identités trans. Illégitimité qui rendrait normal de les remettre en cause, de les examiner et de les discuter, d’en faire un sujet de débat public et privé : la transphobie transforme les personnes trans en choses publiques, qui appartiendraient aux regards, aux questions inquisitrices et aux envies de toustes les autres. La transphobie fait des personnes trans des objets de curiosité ou de fétiche, sur lesquels les personnes cisgenres auraient par définition une supériorité implicite et un droit d’appropriation. Un droit de demande de justification de leurs identités, de leurs corps et de leurs vécus. Elle déshumanise à chaque instant, elle met en danger, elle tue.
Ce n’est pas la transidentité la tragédie des personnes trans. C’est la transphobie.
JOURNÉE INTERNATIONALE DU SOUVENIR TRANS
En mémoire aux personnes trans mortes à cause de la transphobie.
Rassemblements le 20 novembre 2021, à 18h30 place de la Comédie-Lyon 1 / à 18h30 place Félix Poulat-Grenoble.
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