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C’est sous ce slogan étrange que le tout premier des sextoys-caméra sans fil vient d’être lancé. Le Siime Eye est un vibromasseur capable de prendre des clichés et de retransmettre les images filmées depuis l’intérieur du corps… En théorie, il permet de voir la jouissance. Mais en pratique ?
Le Siime Eye (littéralement «L’oeil vois-moi») est un vibro high-tech muni d’une caméra qui permet de suivre en direct, sur l’écran d’une tablette, d’un téléphone ou d’un ordinateur, la montée de l’orgasme et d’enregistrer les spasmes, sous la forme de photos et de vidéos. Muni de quatre leds, ce gode-espion fonctionne comme une lampe-torche : il éclaire le souterrain dont il sonde les plis et replis, forant son passage à travers les muqueuses que ses vibrations contribuent à mettre en émoi. Récemment lancé sur le marché des outils sexuels par une firme concurrente de Lelo – la compagnie Svakom – le Siime Eye est le plus abouti de tous les jouets conçus pour «voir» le travail du plaisir féminin à l’oeuvre.
C’est le premier qui soit doté d’un système WIFI : il peut donc s’utiliser sans fil. L’objet est inouï, en théorie du moins. Inouï parce qu’il permet de rêver à toutes sortes de plans cul étonnants. Imaginez une femme forcée de voir sur un écran l’image de son orifice lentement pénétré. Imaginez que, comme dans certains cabinets de gynécologie, un rideau blanc sépare son corps en deux. Imaginez qu’elle soit ainsi coupée : quelqu’un se tient devant les cuisses écartées de la femme et manipule l’instrument. Elle, incapable de voir ce qu’on lui fait, peut seulement le «sentir» et regarder sur un écran l’image de ses muqueuses qui palpitent…
D’autres scénarios sont possibles. Imaginez qu’une femme se fasse jouir seule dans une chambre et que dans les autres pièces un ou plusieurs complices regardent le film qu’elle diffuse en live… On peut capter les images – transmises depuis la borne située dans le gode lui-même – à une distance de 30 mètres maximum. Imaginez qu’un(e) pervers(e) menace de filer le mot de passe aux voisins. «Tout le monde, dans le périmètre Wifi, se connectera à ton gode, ma chérie»… Mille autres scénarios sont possibles. A priori, le Siime Eye est l’outil voyeur ultime. Mais qu’en est-il en réalité ? Deux obstacles rendent l’usage de ce gode moins excitant que prévu. Le premier tient à la technique : rien de plus débandant que l’installation du logiciel et les réglages préalables. Une fois qu’on a compris, c’est facile. Mais parfois il y a des bugs, on tape sur tous les boutons à la fois, on s’énerve, la vidéo ne marche pas… Le second obstacle tient à l’effet de déception provoqué par l’image elle-même. Si vous avez l’espoir de voir, comme en photo-macro, la beauté de vos parois internes ou, plus loin, le cratère dilaté de votre col de l’utérus, c’est raté. A l’écran, les muqueuses humides renvoient la lumière comme une surface vitrée : ça brille et c’est rose. Il n’y a rien à voir qu’un ciel bas et lourd, couvercle de chair pesant de toute sa masse sur le petit oeil de la caméra. Une endoscopie des intestins rendrait probablement le même genre d’image.
Vu depuis le Siime Eye, l’horizon vaginal est bouché : rose partout… Il serait vain de trouver là matière à excitation. Mais il serait plus vain encore de rejeter le sextoy après ce constat d’échec car il y a quelque chose de singulièrement éclairant, voire jouissif, dans l’impossibilité de voir le mystère de l’orgasme féminin. Tel qu’on nous l’avait promis, du moins, le mystère n’est pas dévoilé. Ce que le Siime révèle, en revanche, c’est que le vagin n’est pas un tunnel, ni un tuyau, ni même un tube de chair ainsi que nous le font croire les plans en coupe des manuels d’école. C’est un organe constitué d’une «tunique muqueuse très adhérente» dont les deux faces ne cessent de se frotter l’une contre l’autre, ainsi que deux escargots accolés par le ventre lorsqu’ils copulent… en s’enduisant réciproquement de bave et de suçons. Là se trouve la magie merveilleuse du sexe féminin : il n’est pas creux. Il est plein. Ce n’est pas un conduit vide en attente d’être empli. C’est une sorte de tentacule moite qui remue souplement sur lui-même et sur ses viscosités, au fil d’une longue, immense et raisonnée auto-palpation… Ainsi que le formule magnifiquement Luce Irigaray : «La femme “se touche“ tout le temps, sans que l’on puisse d’ailleurs le lui interdire, car son sexe est fait de deux lèvres qui s’embrassent continûment. Ainsi, en elle, elle est déjà deux mais non divisibles en un(e)s qui se baisent».
Lorsque la linguiste, philosophe et psychanalyste Luce Irigaray écrit ce texte, en 1974 (1), sa vision fait scandale. Elle vient d’achever une thèse intitulée Speculum qui lui vaut d’être déchue de ses fonctions. Luce Irigaray critique bien trop vivement la thèse freudienne de la femme «en manque de pénis» pour échapper à la juste punition qu’elle mérite. Elle est privée des postes qu’elle occupe à l’université de Paris-VIII-Vincennes et à l’école freudienne (2). Plus de quarante ans ont passé et voilà qu’un sextoy – conçu en forme de spéculum électronique – redonne aux théories d’Irigaray une nouvelle jeunesse : ce que la philosophe disait en 1974 de façon empirique, maintenant n’importe qui peut le constater de ses propres yeux. Le vagin n’est pas un trou. Au fur et à mesure que le Siime Eye pénètre à l’intérieur, il ne fait qu’écarter des pans et des masses humides qui se referment immédiatement sur lui. L’épaisseur de cette chair feuilletée, traversée par des spasmes, contredit l’idée reçue selon laquelle la femme serait un espace vacant et qu’il faudrait «combler». Ainsi que le souligne Luce Irigaray, la femme possède un sexe retourné sur lui-même, qui lui envoie depuis l’intérieur toutes sortes de signaux qui se réverbèrent.
«Donc la femme n’a pas un sexe. Elle en a au moins deux […]. Elle en a d’ailleurs bien davantage. Sa sexualité, toujours au moins double, est encore plurielle. […]. En effet, le plaisir de la femme n’a pas à choisir entre activité clitoridienne et passivité vaginale, par exemple. Le plaisir de la caresse vaginale n’a pas à se substituer à celui de la caresse clitoridienne. Ils concourent l’un et l’autre, de manière irremplaçable, à la jouissance de la femme. Parmi d’autres... La caresse des seins, le toucher vulvaire, l’entr’ouverture des lèvres, le va-et-vient d’une pression sur la paroi postérieure du vagin, l’effleurement du col de la matrice, etc. […] la femme a des sexes un peu partout. Elle jouit d’un peu partout. Sans parler même de l’hystérisation de tout son corps, la géographie de son plaisir est bien plus diversifiée, multiple dans ses différences, complexe, subtile, qu’on ne l’imagine... “Elle“ est in(dé)finiment autre en elle-même. De là vient sans doute qu’on la dit fantasque, incompréhensible, agitée, capricieuse... […] C’est que dans ses dires aussi – du moins quand elle l’ose – la femme se re-touche tout le temps».
On peut ne pas adhérer entièrement aux propos de Luce Irigaray, mais ils présentent l’avantage de déconstruire un discours pernicieux, celui qui fait de la femme un être «privé» de pénis, une créature «atrophiée», souffrant d’avoir un sexe «absent»… Il est en effet courant de dire que la jouissance de la femme ne se voit pas : il n’y aurait «rien» à voir. Ce que les images retransmises par le Siime Eye démentent. Il y a d’ailleurs quelque chose d’un peu ironique dans cet instrument d’optique «aveuglé», littéralement, c’est-à-dire obturé par les replis sinueux de la chair au moment même où il tente son incursion. Tel est pris qui croyait prendre ! On nous avait fait croire que cet instrument était fait pour coulisser dans un trou, c’est-à-dire dans du «rien à voir». Or voilà que ce qu’il révèle est exactement le contraire : s’il n’y a «rien à voir» ce n’est pas parce qu’il n’y a rien, c’est parce qu’il y a trop. L’ironie, c’est que ce speculum – dont le nom même signifie «miroir» – soit le miroir de notre cécité. L’ironie, c’est aussi qu’il soit vendu dans les sexshops sadomasochistes comme Demonia. Luce Irigaray y verrait sûrement une plaisanterie, elle qui assimilait le SM au désir typiquement masculin «de forcer, de pénétrer, de s’approprier, le mystère de ce ventre où l’on a été conçu, le secret de son engendrement, de son “origine“».
A LIRE : «Ce sexe qui n’en est pas un», de Luce Irigaray. Dans: Les Cahiers du GRIF, n°5, 1974. «Speculum. De l’autre femme», de Luce Irigaray, aux éditions de Minuit.
SIIME EYE : en vente à 179,9 euros (TTC) à la Boutique Dèmonia, 22 avenue Jean Aicard, 75011 Paris et sur Internet.
LA VIDEO DE PROMOTION de Siime Eye par Svakom (on appréciera la musique d’ambiance et la voix de la jeune femme). Une Vidéo de démonstration de ce que l’on peut voir avec le Siime Eye sur le site «Objets de plaisir» (il faut descendre en bas de la page pour voir la vidéo).
NOTES
(1) «Ce sexe qui n’en est pas un», de Luce Irigaray. Dans: Les Cahiers du GRIF, n°5, 1974.
(2) S’il faut en croire son portrait Wikipedia ainsi que l'Encyclopedia Universalis et de nombreuses biographies en ligne, Luce irigaray se serait vu retirer son enseignement à l’Université en raison des critiques qu’elle aurait formulé à l’encontre des thèses freudiennes et lacaniennes.
Okay, no one was as great as Bob Fosse. But the new trailer video for San Francisco’s Folsom Street Fair makes me so proud of my hometown right now! FOLSOM STREET was directed and produced by Aron Kantor, choreographed by Danny Dolan, and features Broadway performer Colin Cunliffe, nightlife promoter Mario Diaz, gender-queer drag queen Grace Towers, local treasure Fauxnique, and a variety of San Francisco dancers and performers. The short film’s creators explain,
San Francisco has long pushed culture boundaries, radical self-expression and sexual freedom. Today awash in stories of the changing face of the city and its quickly eroding creative communities, “Folsom Street” joyously celebrates the rich history of diversity that pushes the limits of raw sexuality that make this city the exciting cultural haven that it has always been.
… The film serves as both a metaphor for the Folsom Street Fair and an example of the possibilities of queer community effort and activism.
Folsom Street Fair 2015 is Sunday, September 27, 11am – 6pm on Folsom Street between 8th and 13th streets in San Francisco, CA.
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Un matin de juin, alors que Monsieur dort, les mots dans ma tête s’alignent ainsi.
Je suis le feu… la passion.
Je veux flirter avec ce qui peut brûler.
Je suis l’eau… car j’aime l’idée que je puisse avoir ce don de soulager la « soif » de ceux qui s’approchent de moi.
Je suis la terre… car à travers mes folies, mes perversités, je reste bien ancrée dans la vie. Et j’ai besoin de ces assises.
Je suis l’air… car ce que j’offre c’est la liberté d’être, de voler, voyager, respirer…
Je suis.
d…
Image : Sue Waddicor.
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