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La première fois que j’ai entendu parler du Hush c’était pour le lancement de sa campagne IndieGoGo en mai 2016. Pour être honnête, je ne sais même plus si c’était un spam, un article sur le Tag ou une pub sur un site moins recommandable. Par contre je me souviens qu’il faisait chaud. Le genre de chaleur qui vous fait tourner la tête et faire des choses qui ne sont pas dans vos habitudes de mâle hétéro – comme se prêter au financement participatif d’un plug anal bluetooth.
Je me souviens aussi que la date de livraison prévue correspondait plutôt pas mal avec la période estivale où je serai seul chez moi, sans femme ni enfants. Un moment propice aux introspections. La commande passée et la température redescendue, vient évidemment le moment du doute. Pourquoi ai-je pris un plug anal ? Que va dire ma chérie ? Était-ce vraiment une bonne idée de prendre le modèle le plus large pour seulement quelques dollars de plus ? Je partais pour annuler ma commande et puis finalement je me suis ravisé. J’avais envie d’essayer, c’est tout. Son look simple et solide m’a tapé dans l’oeil au point de tenter une aventure dont les hommes hésitent habituellement à parler.
Comme dans la plupart des campagnes du style, il a pris du retard sur son planning et l’été est passé. Dommage, mais comme Lovense sait communiquer avec ses backers, je n’étais pas vraiment inquiet sur le fait qu’il arriverait bientôt. J’y repensais de temps en temps avec un mélange d’excitation et d’appréhension puis un beau jour de septembre, il est enfin arrivé. D’ailleurs si vous voulez un supplément d’adrénaline, faites vous envoyer ce genre de paquet au boulot, vous allez voir ça marche bien. Près de mon écran, il m’attend dans son emballage discret. Je le garde là sous mes yeux tout le reste de la journée. Invisible, il me fait pourtant déjà de l’effet même si je sais que je vais devoir attendre de rentrer pour le déballer. Dans le métro, j’ai l’impression d’avoir un panneau dans le dos avec marqué en rouge : « J’ai un plug anal dans la poche ». Ce n’est pourtant pas la première fois que je rentre avec un sextoy mais cette fois il est pour moi.
Transfert de la fusée vers le site de tirEnfin au calme et à l’abri des regards indiscrets, je peux ouvrir mon petit paquet. Rien que la boîte conforte l’impression de sérieux que j’ai eu lors de l’achat. Lovense nous met un beau jouet dans une boîte de la même qualité. Du carton bien solide au toucher velouté fait office d’écrin pour ce bel objet. Il a le genre de design que l’on croirait issu de la recherche spatiale avec ses formes recherchées : un embout profilé pour une insertion graduelle, des rainures faites pour garder le lubrifiant là où il faut et les indispensables dispositifs de sécurité pour cette utilisation. Lovense me promet le moteur de vibration le plus puissant de sa catégorie et vu le poids de l’engin, je suis tenté de les croire.
L’ensemble donne une bonne impression de solidité et de puissance, pas une seule jointure ou faiblesse qui laisserait penser que le plug va vous claquer dans les doigts au plus mauvais moment. Et pour ce genre de chose, la tranquillité d’esprit est primordiale. Nous sommes d’ailleurs évidemment dans le haut de gamme des toys actuels avec le waterproof et la batterie de rigueur. Un fist de fer dans un gant de silicone non allergisant, il est plutôt agréable avec un toucher peau de pêche mais j’ai une interrogation sur le fait que cela rende la mise en place moins aisée, à vérifier le moment venu. D’autant plus que j’ai pris le modèle large. 4,5 cm de diamètre pour 9,7 cm de corps insérable, cela ne me semblait pas si massif à l’écran. J’aurais peut-être dû être moins gourmand et choisir son petit frère qui fait seulement 3,8 cm pour la même longueur. Heureusement que j’ai été voir mon revendeur de lube pour lui prendre sa meilleure cuvée.
Prêt pour aller de l’autre coté.
Début des tests du système de navigationPendant qu’il charge, je passe sur mon smartphone pour installer l’application qui va me permettre de contrôler l’engin. Pour ce toy là, l’utilisation optimale passe en effet par la connexion bluetooth entre votre téléphone et lui, même si il reste possible de changer de mode de vibration via l’unique bouton présent dessus. Après avoir créé un compte utilisateur sur le serveur de Lovense et appairé sans soucis le Hush, j’ai accès à toutes les fonctionnalités modernes promises lors du lancement de la campagne. L’application permet évidemment de transformer votre téléphone en télécommande avec le choix de modifier la puissance par palier ou, de façon plus intéressante, comme un variateur tactile. On monte ensuite d’un cran dans le futur et le bon goût avec le contrôle par le son. Soit par le micro, le délire ultime si votre voisin/voisine attaque le mur mitoyen à la perceuse, soit avec vos mp3 via le lecteur intégré. Spoiler : vous n’écouterez plus vos chansons préférées de la même façon.
Tout ça c’est déjà pas mal mais il en reste encore un gros morceau à découvrir avec les fonctions en ligne. Et ouais, c’est le futur les amis et vos zones érogènes vont apprécier. Les fonctions connectées sont divisées en deux concepts : contrôle et playlists. Le premier est assez explicite, vous pouvez ainsi déléguer le pilotage de votre plug à un utilisateur distant, de quoi se faire de nouveaux amis sur Internet ou vous laisser ambiancer au bureau par votre dominatrice préférée. Prévu pour un usage prolongé, ils disent sur la boîte. Le deuxième, mon préféré, permet de créer, partager et récupérer des séquences de variations de puissance pour les réutiliser plus tard. Envie de préparer la séance de vibrations anales de votre homme ? Pas de souci. Pour ceux qui veulent juste lâcher prise et juste surfer sur la vague, attrapez une playlist bien notée et profitez de la ride la tête dans l’oreiller.
Contrôle par palier et variateur tactile
Allumage des propulseurs et décollageUn après-midi arrive enfin où les planètes sont alignées, la maison est vide et je n’ai rien de prévu. Mon Hush m’attend depuis maintenant plusieurs jours dans mon petit placard personnel. Il n’est pas caché, juste hors de portée des yeux. J’aurais pu essayer de m’en occuper avant mais soyons réalistes, la première fois n’est pas le moment idéal pour un quickie dans la salle de bain avant d’aller au lit. Ça demande un peu de préparation et de tranquillité. Ma pression sanguine monte sensiblement alors que je réunis tout le matériel nécessaire et me prépare un coin douillet sur le lit. Après un peu de préparation mentale grâce à une sélection de futanari que ne renierait pas Le Serbe, je me sens chaud pour passer à la suite. Le hentai c’est ma came mais vous faites comme vous voulez de votre côté.
J’ai beau être plutôt prêt, je me dis qu’il va quand même falloir prendre son temps. Le corps humain est peut-être super flexible, on va y aller mollo. Je ne lésine pas sur le lube et badigeonne généreusement tout ce qui a un rapport avec la suite. Faut ce qu’il faut, pas de petites économies. Après avoir gentiment préparé le terrain, j’applique à la lettre mon plan de bataille à base d’avancées furtives toujours plus audacieuses. Lube et relube, je progresse sans douleur mais avec des sensations nouvelles jusqu’à ce que j’arrive sur la partie la plus large de la bête. Je ne vais pas vous mentir, à ce moment-là je mets la main qui tenait le plug en mode autopilot avec pour seule instruction : en avant toute. Je déconnecte tous mes systèmes non vitaux, décontraction complète et esprit vide. Le plus dur est passé, le Hush finit de se mettre en place tout seul, solidement arrimé à mon boule. J’y suis enfin.
A fond de cinquième et c’est parti.
Houston, nous sommes en approche…À partir d’un certain âge, on commence à bien connaître son corps mais là, tandis que je reprends mon souffle, gisant sur le flanc, j’ai droit à une nouvelle panoplie de sensations. Alors qu’une partie de mon cerveau m’informe que quelque chose n’est pas tout à fait normal au niveau de mon fondement, une autre partie commence à flipper un peu et demande un rapport sur cet étrange intrus et les dégâts potentiels. L’objet est pour l’instant inerte et ne répond pas aux sollicitations de mes muscles internes. Pour autant sa présence est loin d’être désagréable, différente pour sûr mais plutôt sympa. Pas question de rusher cette première fois, je prends le temps de bien faire connaissance avec lui vu la suite du programme.
Après plusieurs minutes de flirt et de jeux innocents, j’attrape mon téléphone pour y aller plus sérieusement. Pas de soucis de connexion, le Hush est bien détecté et reconnu, premier bon point. Je commence par les basiques avec le contrôle par paliers. Rien à dire, ça vibre bien, le niveau max est très supportable, loin de la torture anale que j’imaginais. Malheureusement le rendu est plutôt plat, pas étonnant avec ce mode de contrôle je dirais. Le variateur tactile est bien plus intéressant avec des degrés plus fins et la possibilité de faire des enchaînements plus complexes pourtant rien n’y fait, les sensations sont là mais pas le plaisir. La concentration nécessaire pour piloter le plug interfère avec celle requise pour bien profiter. Je suis un peu frustré mais pas découragé, il me reste encore une fonction solo à essayer.
Playlists et micro
Mise en or(bite) réussieEn tant qu’hommes, les conventions de genre en matière de sexe nous obligent souvent à avoir le contrôle et être actif. Mais moi pour une fois, je ne veux rien avoir à gérer, je veux juste être là pour profiter et passer un bon moment. Alors direction la section des playlists pour me dégotter de quoi me faire plaisir sans responsabilités. Rubrique des best-of, j’ignore tout ce qui me promet moins de 10 minutes de bonheur. Une playlist nommée « Make me cum » qui fait 12:51 ; maintenant on peut parler. J’appuie sur lecture et pose mon téléphone à l’abri. Je ne sais pas vraiment ce qui m’attend mais je m’en fiche un peu à vrai dire. YOLO comme disent les jeunes. Je décide de pimenter mon nouvel état d’abandon avec un petit challenge, pas question de me tripoter pendant les 3 premières minutes.
La séquence commence par une montée très progressive vers le point le plus haut, les yeux clos je m’imagine au début des montagnes russes qui s’ouvrent devant moi mais là où j’attends une chute vertigineuse, je n’ai qu’une longue descente. Je suis encore frustré mais je me dis que déléguer le contrôle c’est aussi faire confiance. Et en effet, la suite devient bien plus mouvementée, de cahots en grands huit, mon arrière-train est gentiment malmené et il aime définitivement ça. Un pop-up mental m’informe que je viens de réussir mon haut fait des 3 minutes d’abstinence. On va pouvoir passer aux choses sérieuses. Pas besoin de vous faire un dessin, même les filles savent à peu près comment ça se passe.
Ca va secouer.
Rentrée dans l’atmosphère imminenteLes pics de vibrations m’arrachent des râles que j’essaie d’étouffer dans mon oreiller. Je suis en sueur et j’ai l’esprit tellement embrumé que, proche de la fin et au milieu d’une longue plage à puissance max, j’ai l’une des pensées les plus connes que l’on peut avoir dans ces moments-là. Et si je devenais accro du boule ? Si je ne pouvais plus jouir qu’avec de l’anal ? On est entre nous, on se dit tout. Oui j’y ai pensé une seconde. Appelons ça un moment d’insécurité masculine. J’ai honte, très honte mais après m’être mis une belle gifle mentale, j’ai continué mon affaire de plus belle. De toute façon, dans l’état où je suis maintenant, cela pourrait être vrai que je n’en ai plus rien à faire.
La montée sauvage que j’attendais pour me finir commence, je lâche la rambarde de sécu de mon wagonnet virtuel et je décolle comme un rocketeer dans le ciel. Le turbo enclenché, je traverse les nuages et, une fois arrivé au zénith, le feu d’artifice final explose dans ma tête. Toute la gamme y passe, les petites qui partent dans tous les sens et ricochent dans ma boîte crânienne, les discrètes qui explosent les tympans et bien sûr les grosses colorées illuminant la voûte céleste. La sensation forte m’a semblé durer une éternité mais me voici déjà en train de redescendre doucement, ma chute freinée par le ronronnement de ma fusée arrière. Je profite de cette plage de calme pour arrêter l’engin sans brusquerie. Tout est tranquille et serein maintenant. Je reprends doucement mes esprits en jouant de-ci de-là avec mon Hush toujours en place. À vrai dire, je n’ai pas vraiment envie de revenir tout de suite dans le monde réel et ses injonctions de genre. Allez, encore quelques minutes avant de redevenir un homme respectable, je sais maintenant où aller pour m’échapper.
Oui, j’ai eu un peu peur mais j’aurais eu des remords de ne jamais avoir osé essayer. Évidemment tout le monde n’a pas obligatoirement envie de tester l’autre côté du miroir, ce n’est pas une obligation. Mais pour celles et ceux qui sont curieux de voir le côté face de leur pièce, respectez-vous, respectez votre bouli et ne confiez cette mission qu’à des auxiliaires de confiance comme le Hush. Ne cédez pas à la tentation facile d’un accessoire inadapté qui risque de vous laisser tomber au mauvais moment. Rien que d’y penser j’en frissonne. Vous méritez le top. Et comme l’a si justement dit Gonzucius, un moine onaniste chinois du XIIeme siècle : « Pour bien connaître le monde qui nous entoure, il ne faut pas avoir peur de s’explorer à fond. » Je lui ai fait confiance et maintenant ma conscience aussi s’en trouve élargie mais je ne le regrette pas – bien au contraire.
Le Hush est en vente sur notre boutique pour 109,90 € ou directement chez Lovense
On n’a pas toujours le temps de tout lire sur le net. Voici un rapide tour d’horizon d’infos en tout genre que nous avons trouvé intéressantes voire porteuses d’espoir ! Don d’orgasmes 66% de la population a une vision irréaliste du sexe. C’est ce que nous annonce la marque de produits érotiques Bijoux Indiscrets. Et elle...
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Devant le succès des stimulateurs clitoridiens à aspiration (ou succion comme vous voulez), les fabricants mènent une guerre à l’innovation sans merci. Aujourd’hui je teste le dernier stimulateur de chez Satisfyer, le Satisfyer Pro Deluxe. Voyons voir cela ensemble. Description du Satisfyer Pro Deluxe Le Satisfyer Pro Deluxe est livré dans une boite en carton…
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Depuis la loi qui condamne les clients en France, la prostitution a changé de visage : elle s’exerce non plus dans la rue mais sur Internet. Cela change beaucoup de choses. Il n’y a plus de face à face. On fait son marché sur des profils en ligne… et après ?
Dans la rue, un client avisait une «pute» (mâle ou femelle), regardait sa silhouette, la dévisageait puis demandait «C’est combien ?». Maintenant, on prend rendez-vous dans le cyberespace, après échange de textos ou de mails. Les travailleurs-ses du sexe se présentent volontiers comme escorts et affirment avec un brin de mépris qu’il n’y a rien de commun entre leurs prestations et celle d’un «tapin». Leur travail serait plus «propre». Qu’en est-il ? Dans un article consacré à la catégorie particulière des escort boys, un sociologue analyse la façon dont les marchandages sexuels ont changé. Cette enquête passionnante se trouve dans un ouvrage collectif intitulé Corps en péril, récemment publié aux éditions Paris Nanterre, et qui s’attaque à la vaste question des dangers qui entourent tel ou tel usage du corps. Se prostituer, par exemple, quand on est un étudiant de 20 ans. Réaliser des fantasmes alors qu’on est né avec une déficience mentale. Disséquer un cadavre quand on est étudiant en médecine. Ne pas mettre de préservatif alors qu’on travaille dans une association de lutte anti-sida, etc. L’ouvrage met au jour les contradictions humaines avec beaucoup de doigté. Dans le cas de la prostitution, notamment, le chercheur Vincent Rubio souligne de façon éclairante à quel point il est difficile de cerner cette activité nommée «prostitution» lorsqu’on se penche, comme lui, sur des cas singuliers (qui ne sont peut-être pas si singuliers que cela…)
Ces corps qui en disent long sur notre société
«Lorsque les corps se trouvent placés dans des situations délicates, douloureuses, troublantes» ils deviennent le «miroir grossissant, parfois déformant» de nos existences tourmentées, explique Philippe Combessie, qui dirige l’ouvrage. Prenons l’exemple des escort boys. Le sociologue Vincent Rubio consacre depuis environ 10 ans toute son attention à ce phénomène mal connu : l’escorting non seulement est un phénomène récent, dit-il, mais «il a attiré des personnes qui n’étaient pas identifiées jusque-là comme fournisseurs de services sexuels rémunérés.» Les lois répressives ont donc paradoxalement favorisé une prostitution flottante, celle de jeunes adultes «issus majoritairement des classes moyennes, voire, pour une partie non négligeable d’entre eux (un peu plus d’un tiers), des catégories sociales supérieures.» Il peut s’agir de fils d’employé-e-s, d’aide-soignant-e-s mais également de chef d’entreprise, d’enseignant-e-s ou bien encore d’ingénieur-e-s. «Parmi ces “nouveaux visages” de la prostitution figurent de jeunes hommes (18-25 ans), le plus souvent des étudiants, et dont les services sont destinés à des hommes.»
Première surprise : les escort boys n’ont pas besoin d’argent
Non seulement ces escorts sont bien insérés socialement, mais bien intégrés du point de vue familial. Ils ne sont pas enfants battus, ni victimes de chantage. Ils ne sont pas aux abois sur le plan financier. Personne ne les force à exercer cette activité. «Si la dimension économique n’est pas absente de leurs préoccupations, elle n’y figure donc nullement au sens d’un revenu qui serait indispensable à leur survie, insiste Vincent Rubio. Ni en rupture, ni isolés, leur recours à la prostitution ne semble pas lié à une quelconque contrainte.(1)» On pourrait se demander «Mais pourquoi le font-ils ? ». A cette question, volontairement, le sociologue ne répond pas : ce serait trop facile. Il se contente de dire que le libre choix des escorts «n’est pas synonyme de choix professionnel. Aucun d’entre eux n’envisage l’activité prostitutionnelle comme un métier qu’il souhaiterait exercer et dans lequel il projette son avenir.» L’ironie veut d’ailleurs que les escorts aient eux-mêmes une vision «particulièrement négative de la prostitution», qu’ils assimilent le plus souvent à la traite forcée et exercée dans les pires conditions.
Deuxième surprise : ils font attendre le client
Ces jeunes qui se prostituent librement ne possèdent ni protecteur ni souteneur. Pour se protéger physiquement, mais surtout mentalement contre le stigmate du sexe vénal, ils mettent en place de multiple remparts. Pas facile de garder une image positive de soi quand on met son corps en location… Toute la stratégie des escorts repose sur l’idée du choix : ce sont eux qui choisissent non seulement le client, mais où, quand et comment la rencontre aura lieu. Vincent Rubio note avec surprise qu’il se passe parfois trois mois entre le premier contact et le premier rendez-vous. L’escort veut-il se faire désirer ? Non. Il veut surtout vérifier, par échanges de mails, à qui il a affaire : reculant le moment du «passage à l’acte», l’escort fait passer une batterie de tests aux hommes qui le contactent. «Je fais le tri, je sélectionne les profils», dit l’un d’entre eux. Il arrive même que ce soit lui qui, prenant l’initiative, contacte le premier des clients dont le profil lui plait.
Troisième surprise : ils choisissent le client
A l’inverse de ce qui se passe dans la rue (où le client a l’impression d’être celui qui décide), c’est l’escort qui fait son marché, donnant la préférence aux hommes «gentils, aimables» mais surtout avec lesquels il a l’impression d’avoir des affinités. Vincent Rubio souligne d’ailleurs avec sagacité que le choix en question est en tous points semblable à celui qui préside au choix d’un conjoint : les critères de sélection sont basés sur les points communs, les choix de vie, les goûts en matière de livre ou de musique, les lieux de vacances, le sport, la religion… Plus il y a de points communs, plus l’escort se sent rassuré. Le client aussi d’ailleurs. Voilà à quoi servent les échanges qui, parfois pendant plusieurs mois, précèdent la rencontre : il s’agit pour l’escort «de ne pas mettre son corps “entre les mains” – ou, a fortiori, “à la disposition” – de “n’importe qui” et, finalement, d’éviter de se sentir “sali”, “souillé” ou bien encore, […] “pas à sa place” dans ce type de relations.» Le libre-arbitre permet de mettre à distance la souillure. Le problème, c’est qu’à force de dialoguer avec leur client avant la passe… les escorts se mettent à nu
Quatrième surprise : ils ne se protègent pas
L’ennui avec les confidences : elles finissent par faire tomber la frontière entre vie privée et vie publique. L’escort et le client se parlent parfois tellement de ce qu’ils font – le boulot, les études, les sorties, les passions – qu’ils finissent par abolir la nécessaire distance qui permet à l’escort de se protéger. Dans la rue, les tapineuses mettent des vêtements voyants, se maquillent, refusent d’embrasser et ne donnent jamais leur vrai nom, ce qui leur permet de faire ce métier comme si elles jouaient un rôle, afin de préserver leur intégrité. Dans le milieu de l’escorting, le garçon vient au rendez-vous dans une tenue guère différente de celle qu’il porte tous les jours et sa performance sexuelle flirte dangereusement avec la «sincérité» : il se fait appeler par son vrai prénom, il embrasse, il «y va au feeling», parce qu’il s’agit d’être plus «vrai» que ces putes qui lui servent de repoussoir et dont il veut à toute force se démarquer. «Moi je ne suis pas une pute, je me donne par choix, je ne mens pas». Difficile de trouver la juste distance lorsqu’on prétend offrir du «cul» plus «authentique».
Cinquième surprise : ils se lavent beaucoup
Pour compenser cette forme de dégradation que représente le fait de se livrer intimement au client, les escorts insistent énormément sur la douche : elle est prise deux fois, avant et après la passe, autant par souci d’hygiène que pour «blanchir» leur âme. Par ailleurs, le préservatif est obligatoire, histoire de bien marquer l’aspect professionnel de l’étreinte. Ce qui, du coup, entraîne une prise de risque accrue lorsque l’escort se retrouve avec des amants. Avec ceux qui ne payent pas, ses compagnons ou ses sex-friends, l’escort aura tendance à ne pas prendre de préservatifs qui lui rappellent trop «le travail». Paradoxalement, le souci qu’il a de rejeter la souillure au loin lui fait donc adopter des conduites dangereuses. Il se met en danger pour garder son corps pur et son coeur immaculé… Ce n’est qu’une des multiples conséquences du déplacement de la prostitution sur Internet, indique Vincent Rubio. Les humains ont toujours besoin de se protéger contre la réprobation morale et cela peut les amener à y perdre la santé, voire la vie.
A LIRE : «Se protéger. Mais de quoi ? Corps, santé et commerce du sexe. Récit d’un jeune escort», de Vincent Rubio. Dans le livre Corps en péril, corps miroir. Approches socio-anthropologiques, sous la direction de Philippe Combessie, Presses universitaires de Paris Nanterre, Collection Le social et le politique.
NOTES
(1) Cette catégorie de prostitués n’est peut-être pas représentative de l’ensemble des travailleurs-ses du sexe, mais «rien n’assure, a contrario, qu’il s’agisse d’une niche tout à fait marginale.» (Vincent Rubio, dans Corps en péril, corps miroir. Approches socio-anthropologiques, sous la direction de Philippe Combessie, Presses universitaires de Paris Nanterre)
Haro sur le porno ! Le nouveau bouc-emissaire des maux de notre société s’invite dans le débat public à la faveur d’un récent combat de Laurence Rossignol, actuelle Ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes. Ses mots sont particulièrement durs : « Il faut lutter contre l’accès des jeunes, des mineurs à l’image pornographique qui est avilissante pour l’amour, l’égalité femmes-hommes et la représentation qu’on a de ce qu’est la sexualité ». Mais cohérents avec ses positions abolitionnistes (« Nous voulons l’extinction de la prostitution« ) et contre le sexisme (« La pornographie est une violence faite aux femmes« ). Toutefois, elle admet ne pas avoir encore les armes pour combattre l’industrie et regrette même que la liberté d’expression puisse servir « à tout, et aussi à défendre la pornographie et l’accès à la pornographie sur le net« .
Dans son esprit, le porno est unifié, globalisé, dégradant, violent, avilissant et la réponse est simple : interdire son accès coûte que coûte aux mineurs (et peu importent les conséquences sur les autres).
Dans le cadre des actions annoncées par la ministre dans son plan national des violences faites aux enfants, une étude a été commandée par l’association OPEN (Observatoire de la Parentalité et de l’Éducation Numérique) à l’Ifop, dont les résultats sont diffusés aujourd’hui. Réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 21 au 27 février 2017 auprès d’un échantillon de 1 005 personnes, représentatif de la population âgée de 15 à 17 ans, elle s’interroge sur « la consommation de pornographie chez les adolescents et son influence sur leurs comportements sexuels » et se demande si on se dirige vers une « Génération Youporn ».
Cette enquête ne tombe pas par hasard, car demain matin deux groupes de réflexion représentant « tous les acteurs économiques, associatifs et institutionnels impliqués » ont rendez-vous pour réfléchir au sujet des violences faites aux enfants. A l’issue de cette journée, l’association OPEN et la DGCS (Direction générale de la cohésion sociale) poursuivront ces réflexions avec un groupe de travail pour l’inscrire dans le temps.
La génération Youporn, c’est eux, c’est aussi nousÇa ne vous surprendra pas, les jeunes regardent du porno sur Internet. A mesure de l’arrivée d’Internet dans les foyers, de la généralisation du haut débit et des smartphones, les jeunes se sont tournés massivement vers le Net pour en regarder. 63% des hommes et de 37% des femmes interrogés ont par exemple déjà vu du porno sur Internet en 2017. Cette consommation se fait quasi-exclusivement sur des sites gratuits (97% surfent sur des sites porno gratuit, contre 78% pour le reste de la population), même s’il est important de rappeler qu’il est impossible de posséder une carte de paiement en France avant 16 ans.
A l’inverse, la télévision qui était l’ancien vecteur de pornographie chute de manière spectaculaire : en 2003, 70% des adolescents avaient vu un film X à la télévision au cours des 12 derniers mois. En 2017, ce pourcentage descend à 16%. Le support privilégié sur Internet reste le smartphone qui arrive en tête devant l’ordinateur portable et celui de bureau – discrétion oblige.
Leur première fois devant du contenu interdit aux mineurs se situe autour de 14,5 ans (en baisse de 0,3-0,4 points depuis 2013). Leur fréquence de visionnage n’est pas très intense : 36% des hommes interrogés disent en voir une fois par mois, contre 21% des femmes. Et les adolescents de plus de 15 ans qui en regardent plus d’une fois par jour ou presque sont seulement 4% (2% pour les femmes). Quand on les questionne sur la légalité du contenu qu’ils voient : ils sont 53% des hommes à trouver qu’ils étaient trop jeunes, 59% pour les femmes.
Quelle est l’influence du porno sur les jeunes ?La question principale qui anime cette étude porte sur l’impact de la consommation pornographique des mineurs de plus de 15 ans. On apprend que le porn a eu pour 12% des hommes et 18% des femmes une influence négative sur leur vie sexuelle. Cette donnée qui ne manquera pas d’être commentée nous laisse sur notre faim et on touche malheureusement la limite des enquêtes quantitatives : impossible de savoir précisément à quel niveau le porno a eu un mauvais impact sur leur vie sexuelle. En regardant autrement ces chiffres, on peut aussi constater que le porn n’a finalement pas d’influence négative pour 88% des hommes et 82% des femmes interrogés. Est-ce suffisant pour dire que le porno n’a pas d’impact négatif, car il est neutre ou positif pour la très grande majorité des interrogés ?
Il est assez logique de relier influence et éducation. Pour 48 % des hommes interrogés, le porno a participé à l’apprentissage de leur sexualité (mais seulement 10% admettent qu’il a participé pour « beaucoup ») et 37% pour les femmes (seulement 3% répondent « beaucoup »). Cette influence est particulièrement forte chez les minorités sexuelles et religieuses (73% des musulmans). Sur-représentation qui se retrouve également dans la reproduction de scènes ou de pratiques vues dans leur vie sexuelle chez les ados homosexuels. Ils sont 60% (presque trois fois plus que les autres) à avoir reproduit des actes vus à l’écran. Cette différence statistique mériterait également d’être approfondie. Est-ce que le porno est bénéfique pour les minorités sexuelles dans leur apprentissage au sein d’une société qui les stigmatise et où le dialogue avec les parents peut s’avérer particulièrement difficile ?
D’autres données méritent votre attention dans cette étude, on vous laisse les regarder en détail (et prendre les pincettes qu’il faut face à ce genre d’études). Maintenant passons au cœur du problème.
Quelles solutions aux problèmes des jeunes d’aujourd’hui ?Sommes-nous face à une génération Youporn ? Oui, les jeunes regardent du porno sur Internet et principalement sur les tubes : gratuits, mobile-friendly et accessibles. On pourrait s’interroger sur l’absence de disclaimer à l’entrée de ces sites, mais ce dispositif n’a jamais empêché personne d’en regarder. Le porno sur Internet a bientôt 20 ans et est aussi vieux que le sont nos historiques. Ceux qui avaient l’ADSL au début des années 2000 ne se privaient pas pour cliquer sur « Oui, je suis majeur », c’est donc un faux problème.
Par contre, l’influence du porno chez les jeunes pose de vraies questions. Nous avons essayé d’y répondre avec cet article de Ludivine qui remet dans son contexte social la création de contenu pornographique. Qu’en sera-t-il des des groupes de travail demain et de l’association OPEN ?
A ce sujet, nous avons eu Thomas Rohmer, président de OPEN et expert au Haut Conseil de la Famille de l’Enfance et de l’Âge (HCFEA), au téléphone. Il se défend d’être contre le porno et ne souhaite surtout pas tendre vers un modèle à l’anglaise pour lutter contre l’accès du porno aux mineurs. Nous sommes d’ailleurs d’accord sur beaucoup de choses. Par contre, qu’en sera-t-il de Laurence Rossignol ? La protection de l’enfance est un moyen particulièrement habile pour lutter contre l’industrie pornographique, c’est d’ailleurs la méthode employée par David Cameron pour convaincre l’opinion publique avec un certain succès, car personne ne se lève pour défendre le porno si on l’accuse de mettre nos enfants en danger.
Autre souci : cette étude est intéressante et a le mérite d’apporter des données concrètes sur la consommation du porno chez les mineurs, mais elle peut également servir d’arme pour défendre des intérêts personnels. On pense notamment aux principaux producteurs français qui ont toujours eu une attitude hostile vis-à-vis des tubes (à juste titre quand il s’agit de lutter contre le piratage de leur contenu, moins quand c’est juste un simple problème de concurrence).
« Il faudra contraindre et fermer l’accès à des sites Internet à des gamins »La méthode la plus simple défendue par notre ministre et par le gouvernement anglais pour interdire l’accès de ces sites aux mineurs serait d’entrer un numéro de carte bleue afin de vérifier l’âge des visiteurs. Si cette technique paraît difficile à mettre en place, elle arrangerait cependant bien des gens : elle mettrait un frein net au porno gratuit (vers lesquels les mineurs se tournent en priorité), renforcerait le positionnement des producteurs français (qui luttent contre les tubes) et conforterait Ovidie dans sa lutte contre « l’ubérisation du porno », ce « business de geeks et d’experts en montages financiers ».
Que deviendraient alors les pornographies disponibles et les représentations des minorités sur ces sites ? Des sites gratuits dont le seul but est le partage (sans forcément en tirer profit) ? De la webcam porno dont le modèle freemium est en pleine expansion ? Du porno indépendant qui se sert des tubes porno pour développer une pornographie différente ? Des amateurs qui postent du contenu sur les différentes plateformes à leur disposition ? Nous avons peur au Tag Parfait que la lutte légitime contre la violence faite aux enfants et aux femmes ne serve de caution pour imposer une vision moins libre de la société et finalement défendre d’autres intérêts économiques avec un cynisme redoutable.
Il est utile de répéter que la réponse à l’influence (négative ou positive) du porno sur les jeunes s’appelle l’éducation (qu’elle soit celle des parents ou celle à l’école dans le cadre des cours d’éducation sexuelle) ou bien le contrôle parental, mais pas l’excès de contrôle de la pornographie en ligne.
Cependant, malgré les nuages sombres qui s’approchent de la France, le contexte électoral change la donne. Dans trois semaines, Laurence Rossignol ne sera plus au gouvernement. Et on espère que le groupe de travail monté par l’association OPEN poursuivra ses réflexions et aura l’intelligence de considérer la pornographie en ligne dans son ensemble : c’est-à-dire la diversité des contenus qu’elle propose et des clients ou consommateurs qui la regardent.