Vous vous rappelez de la merveilleuse époque où le porn était roi sur Tumblr ? A condition de connaître les bons tags, on pouvait trouver du contenu incroyable, et le grand ménage fait lors du rachat de la plateforme par Yahoo! a été un crève-cœur pour bon nombre de personnes. Mais à l’heure où le sexe n’est plus le bienvenu sur les réseaux sociaux, sur TikTok, les internautes ont trouvé un bon moyen de parler cul et kink en évitant la censure.
Quand j’ai découvert TikTok, je pensais naïvement que cette plateforme était un truc pour les ados, où on trouvait des memes, des danses et des lip-syncs. J’ai commencé par curiosité, puis je me suis rendue compte que l’algorithme m’avait plutôt bien cernée avec des vidéos qui m’intriguaient ou me faisaient marrer. Et puis un jour de scroll nonchalant, un visage et une voix m’ont fait lever un sourcil. Ça ne serait pas French Brutus, cet acteur porno qui m’a un peu donné chaud l’autre jour sur Pornhub ? Eh oui. Curieuse, je scroll un peu plus sur sa page, et je découvre ce hashtag : #KinkTok. Le côté obscur de TikTok ou le sexe est évoqué sans tabou, mais avec discrétion pour éviter la censure des réseaux sociaux.
@frenchbrutus If u relate I’m sorry just teach him ok ? #fypシ #foryou #foryoupage #kinktok #hub
♬ Alex Jones get it through your head. – Nick Taylor
L’art de dévier la censure
On aurait pu s’y attendre : toutes sortes de communautés se sont créées sur TikTok, que ce soit le « BookTok » (TikTok du livre) ou encore le « FoodTok » (TikTok de la cuisine). Pourquoi le sexe ferait-il exception ? Bien sûr, ce n’est pas là-bas que vous allez trouver des vidéos NSFW ou du contenu graphique. Mais cela n’empêche pas les créateurs et créatrices de contenus de parler d’étranglement, de fellation, de fessées et autres joyeuses activités. Le seul problème ? Trouver l’art et la manière d’éviter la censure.
Eh oui, TikTok a beau être un tout nouveau réseau social (comparé à Instagram et Twitter, par exemple), il n’est pas à l’abri du puritanisme ambiant qui touche Internet depuis quelques années. Les conditions d’utilisation de la plateforme sont claires : « La nudité, la pornographie ou les contenus sexuellement explicites sont interdits sur notre plateforme », et on ne compte plus le nombre de comptes (principalement féminins, quelle surprise), bloqués pour cause de nudité, à cause d’un décolleté trop profond, d’un bikini trop échancré ou d’un short un peu trop court. D’ailleurs, en théorie, il est également interdit de poster « tout contenu évoquant un fétichisme sexuel »… Ce qui n’empêche pas les Tiktokeurs de parler de BDSM.
Pour éviter de se faire striker, les KinkTokeurs utilisent une technique vieille comme le monde (ou vieille comme Internet, c’est selon) : remplacer des lettres. Porn devient pron, Kink devient k!nk, et ainsi de suite. Ce qui évite de se faire épingler pour des légendes ou des sous-titres un peu trop coquins. Il en va de même pour les prononciations, légèrement modifiées pour rester compréhensibles pour les néophytes, sans pour autant être considérées comme indécentes par les bots de la plateforme.
On trouve quoi sur le KinkTok ?
Un peu comme sur le TikTok classique, il y a à boire et à manger sur le KinkTok, et les premiers moments peuvent être compliqués, le temps que l’algorithme comprenne que vous n’êtes pas là pour le kinkshaming (comprendre, déningrer les fétiches), mais plutôt justement pour le contenu spicy. Dès lors, vous devriez pouvoir trouver votre plaisir avec des vidéos de POV ou de JOI qui sont coquines sans être totalement graphiques, mais aussi des listes de fantasmes qui défilent sur les derniers tubes du moment, des confessions intimes réalisées avec plus ou moins d’humour, des vidéos transitions entre tenue de ville et tenue sexy, conseils en matière de sextoys, et bien sûr les « thirsttraps » les vidéos crées pour se la jouer dans sa tenue la plus hot et donner chaud au spectateur par la même occasion… Le thème est d’ailleurs de plus en plus populaire, puisqu’à l’heure actuelle, les vidéos utilisant le hashtag #Kinktok regroupent plus de huit milliards de vues.
Pour les travailleurs et travailleuses du sexe, c’est un espace génial qui permet d’être sexy et d’éventuellement trouver une communauté et donc des clients, sur une plateforme où une simple vidéo peut devenir virale du jour au lendemain. La seule règle qui prévaut reste la prudence histoire d’éviter de se faire bannir. Mais les codes restent assez faciles à intégrer pour s’y retrouver sans trop se prendre la tête.
@_noteddyn_ I’m still a potato #kinktok #goodgirl #goth #alternative #fyp #brat
♬ ShiloPotato – Kayla Haynes
Un TikTok décomplexé
On ne va pas se mentir : comme bien des réseaux sociaux, TikTok peut vite devenir un lieu de complexes quand tout ce que l’on voit c’est des vidéos de garde-manger bien rangé, de salle de bain nettoyée à la brosse à dent ou d’hygiène de vie bien rangée. Le KinkTok, lui, a un côté décomplexant où l’on peut parler de sexualités encore un peu taboues, et surtout réaliser que ce ne sont pas les adeptes de ces pratiques qui manquent. Bref, si vous aimez vous faire étrangler, vous faire cracher dans la bouche ou déguiser votre partenaire en soubrette, ce n’est pas là que l’on va vous juger, bien au contraire.
Encore une fois, le chemin a été tracé par les créateurs et créatrices de contenus pour adultes avant que la tendance ne soit reprise par les gros comptes d’influenceurs. Comme quoi, il y a des choses qui ne changent pas.