D’un point de vue occidental, les Japonais ont un rapport étrange avec les créatures marines, et plus généralement avec les choses de la nature, qu’elles soient animales ou végétales. Dans le folklore nippon, un kappa est un petit esprit de la nature, qui se matérialise sous la forme d’une tortue anthropomorphe. Pour survivre, le kappa doit être humidifié en permanence. Il se nourrit exclusivement de concombres.
Underwater love est un authentique Pinku Eiga, qui respecte le cahier des charges du genre. Doté d’un petit budget, le film doit contenir au moins trois ou quatre scènes de sexe, plutôt explicites. Généralement, on obtient une espèce de mutant qui se situe entre sexploitation et film d’auteur.
Asuka travaille chez un poissonnier installé au bord d’un lac. Fiancé au patron de l’entreprise, elle souhaite se marier très prochainement. Mais c’est à ce moment qu’Asuka rencontre un kappa. Elle découvre que la créature s’appelle en fait Aoki, et qu’il est un ancien amoureux du lycée, mort noyé dans un marécage, puis réincarné en tortue. Aoki va tout faire pour passer du temps avec Asuka et il va même tenter de la séduire. C’est sans compter le Dieu de la mort (un fumeur rasta japonais à la robe bariolée) qui va bouleverser le destin du couple.
Le look du kappa constitue déjà une bonne tranche de rigolade puisqu’il s’agit clairement d’un homme dans un costume vaguement bricolé (une carapace collée sous la chemise, un bec accroché avec des élastiques). L’intrigue amoureuse est un peu simplette et donne lieu à quelques instants comiques légers. Le kappa tient plus du reptile que de l’humain et son organe sexuel est aussi impressionnant que monstrueux. Pourtant, cela ne rebute pas les jeunes filles qu’il croise, bien au contraire. Même si le membre a l’air d’être fait de plastique, les scènes érotiques impliquant le monstre sont clairement à connotations zoophiles !
La plus-value du film vient de ses incursions dans la comédie musicale. Les chorégraphies sont loin d’être professionnelles, d’ailleurs souvent c’est un peu n’importe quoi, mais elles sont faites avec un enthousiasme très communicatif. On finit par adhérer totalement au trip grâce à la musique de Stéréo Total, groupe electro-punk au genre indéfinissable. La chanteuse, Françoise Cactus, a interprété des chansons dans plusieurs langues : français, anglais, allemand et elle n’hésite pas à se lancer dans la pop japonaise avec un fort accent français. Peu importe, car associé à des rythmes entraînants, cela donne un charme kitsch irrésistible à l’ensemble.
OFNI à découvrir pour se changer les idées, underwater love rejoint dans son final la mythologie japonaise lorsque Aoki et Asuka s’enfoncent dans la forêt, à la rencontre d’autres kappas (avec toujours plein de costumes sophistiqués tels que des peignoirs). Ce patchwork foutraque est mis en scène par Shinji Imaoka, réalisateur d’autres films roses, et photographié par le célèbre Christopher Doyle (chef photo australien expatrié en Asie), et donc mis en musique par Stereo Total.
Ca se regarde sur dvd, au Royaume-Uni, chez l’éditeur Third Window Film. Des sous-titres anglais sont disponibles. Disponible à partir du 21 novembre 2011.