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Beaucoup de femmes, dont je suis, ont observé, poings serrés et cœur au bord des lèvres, tous les témoignages déposés sur les réseaux sociaux par des victimes de violences sexuelles. Ces femmes témoignaient de tous les pays, avaient toutes les couleurs, les origines, tous les âges, toutes ou aucune religion.
C'était difficile.
Difficile parce que chaque témoignage ramenait chaque femme à ce qu'elle a vécu.
C'était difficile de voir des femmes se souvenir.
C'était difficile de voir des femmes, qui habituellement ne veulent pas parler de tout cela, qui habituellement font "comme si", témoigner.
C’était difficile de voir des hommes feindre de s’étonner alors que c’est le 50eme hashtag sur le sujet et qu’on ne peut plus faire en 2017 comme si on ne savait pas.
C’était difficile de voir des hommes louer cette libération de la parole, alors que chaque témoignage me donnait envie de hurler à n’en plus finir.
C’était difficile de voir des hommes m’expliquer que « les choses avancent » au moment où l’on est noyé sous les témoignages de viols et d’agressions. Et il faut se taire parce qu’ils sont gentils ceux-là ; si on les agresse, il ne restera personne.
Difficile parce que j’ai été témoin au début des années 2000 de la première prise de parole collective de victimes de violences sexuelles, sur le forum des Chiennes de garde et que très peu a changé depuis lors : nous avons parlé, on nous a dit qu’on nous écoutait, il ne s’est rien passé.
C’était difficile d’avoir à la fois envie que la parole se libère et qu’elle s’arrête, qu’on se taise toutes, parce que c’est trop, trop de souffrance et surtout trop d’indifférence.
C’était difficile de voir chaque insulte et chaque moquerie adressée à chaque victime parce qu’elles font écho à beaucoup d’histoires personnelles. Comment « se foutre des trolls » quand votre père, votre mère, vos amis, votre mari, la police, la justice ont eu le même discours ?
C’était difficile de voir les injonctions à porter plainte alors qu’on est tant à avoir tenté de le faire et tant à avoir été dissuadées.
C’est difficile de retrouver sous les traits d’un troll de 17 ans ce que vous ont dit votre mère, votre mec ou votre meilleure amie.
C’est difficile de lire les posts d’hommes, même bardés des meilleures intentions. Il aura fallu un tsunami pour qu’ils écoutent au lieu de simplement entendre ? Il aura fallu que des femmes raisonnables s’y mettent - et pas seulement des féministes semi hystériques - pour qu’ils écoutent ? Je ne sais même plus quels mots employer pour décrire la souffrance qui prend, qui tord, qui vrille à comprendre qu’il n’y a pas de vrai espoir, que toutes les femmes y ont droit, y auront droit et que voilà c’est comme ca.
C’est difficile de constater que les violences sexuelles restent « un problème de femmes » alors que 98% des auteurs sont des hommes.
C’est difficile de voir que nos amis, nos collègues, nos pères, nos frères, nos maris et nos amants vivent au fond très bien en sachant qu’on sera toutes agressées sexuellement à des degrés plus ou moins divers au cours de notre vie.
Je suis toujours stupéfaite de lire que nous féministes faisons notre buzz et notre business avec les violences sexuelles alors que cela fait si mal, si mal, c’est une douleur sans fin, une injustice telle qu’elle laisse le souffle court. Chercher les bons mots toujours pour qu’on écoute enfin, qu’on mette les moyens qu’on engage une vraie politique, car oui c’est possible d’arrêter tout cela pour peu qu’on le veuille.
Et puis il y a la colère.
La colère de voir des salopards refuser de voir que les violences sexuelles sont présentes dans toutes les couches de la société et pas seulement chez les riches juifs d’Hollywood et les pauvres arabes musulmans de banlieue. La colère donc devant l’instrumentalisation des violences faites aux femmes ; pour assoir son racisme, son islamophobie ou son antisémitisme.
La colère devant ces media hypocrites qui invitent les pires misogynes pour parler des violences sexuelles.
La colère devant ces media qui accordent, de temps à autres, des articles à leurs journalistes engagé-es contre les violences sexistes/racistes etc, pour mieux, ensuite, inviter des chroniqueurs sexistes et racistes.
La colère devant ce foutu concept de débat contradictoire où l’on considère que la parole sexiste doit avoir le même poids que la parole féministe.
La colère qu’on préfère disserter sur les mots d’un hashtag plutôt que sur les violences subies par les femmes.
La colère qu’on refuse à employer le bon mot pour qualifier les violences sexuelles à l’égard des femmes : du terrorisme. Nous apprenons très tôt aux femmes à vivre dans la peur, nous ne les armons pas pour lutter contre les agresseurs, nous instillons un climat oppressant, violent, lourd afin que les femmes se contiennent, se surveillent, contrôlent leurs mouvements, leurs gestes et leurs vêtements. Et les femmes qui ne respectent pas ces règles implicites, changeantes, mouvantes sont agressées, violées, tuées. Et c’est bien l’exacte définition du terrorisme ; mais pas d’état d’urgence pour celui-là. Quand un homme me saute dessus dans la rue avec un couteau et me viole, et que la terre entière m’explique que c’est au fond un peu normal, qu’est-ce que j’avais à faire là ; qu’est-ce que sinon une politique de terreur à l’égard des femmes ? Est-ce normal d’envisager que la rue n’appartient pas aux femmes ?
La colère devant ce gouvernement de tartuffes. Il faut de l’argent. De l’argent pour mener des campagnes d’éducation ou de prévention. Comme le rappelle Caroline de Haas c’est ce qu’on a fait pour la sécurité routière, le préservatif. On y a mis les moyens et cela a fonctionné. Il faut de l’argent pour des spots télé, des spots radio, des spots Internet, de la publicité diverse. Il faut des cours à l’école, au collège et au lycée. Il faut de l’argent pour les associations qui vont dispenser des cours d’éducation sexuelle. Il faut prévenir avant de seulement penser à guérir. Et bien sûr il faut de l’argent pour les associations d’aide aux victimes. Il faut davantage former policiers, gendarmes et juges.
La colère devant les hommes qui se réjouissent devant cette « libération de la parole ». Vous êtes indécents. Vous êtes ignobles. Vous vous fichez bien des souffrances que certaines ont endurées à parler. Vous vous fichez bien des insultes qu’on a reçues. Vous vous fichez bien des cauchemars qui reviennent pour certaines. Vous vous fichez bien des trolls dont les paroles font écho à ce qu’on a pu entendre à l’époque. Nos témoignages sont vos sujets d’étude. Nos témoignages étaient nécessaires pour que « vous vous rendiez compte ». Et on ne peut rien dire car on en est au stade où on devrait être contentes que vous écoutiez. Je vous vois pontifier, écrire de doctes longs posts pour expliquer combien "tout cela vous a fait du bien", "vous a permis de vous rendrez compte", "d'ailleurs vous avez en 2003 vous avez peut-être fait un truc mais vous n'êtes plus comme cela". Nos récits vous ont fait du bien.
La colère devant ces hommes qui témoignent qu’ils ont agressé, violé, harcelé mais qui jamais n’emploient ces mots-là. Ils minimisent encore et toujours. Et ils reçoivent plus de soutiens et d’encouragements que n’importe quelle victime. "Quel courage" entend-on. Courage de quoi ? Vont-ils perdre quoi que ce soit à dire, à mots couverts, qu'ils ont violé ou agressé des femmes ? Vont-ils être insultés comme le sont les victimes ? Encore une fois l'éclatante démonstration de la culture du viol. Des hommes avouent qu'ils ont violé, qu'ils ont agressé et l'on les loue de le faire. Limite des héros. Bientôt des articles pour faire parler ces hommes qui "ont osé rompre le silence".
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Au Tag Parfait, on aime les tags, vecteurs de fantasmes et de transgressions, mots magiques qu’on décoche sur les tubes comme autant de bouteilles à la mer. Mais ils ont leurs limites et leurs excès. Les tags du porn mettent dans des cases, étiquettent, catégorisent les individus. Parfois jusqu’au contresens le plus absurde – à s’en mordre la queue. C’est le cas de « l’interracial« . Un article édifiant du Los Angeles Weekly nous le démontre par A+B.
Trop « multiracial » pour « l’interracial »« Les pornstars Honey Gold et Donny Sins sont-ils trop « multiraciaux » pour le porno interracial ? » se demande à juste titre le reporter Gustavo Turner. Dans la vraie vie, ils forment un couple. Lui, Donny Sins, natif du New Jersey, se considère à moitié Espagnol, à moitié Irlandais-Dominicain. Honey Gold aime à dire qu’elle est un peu Cantonaise, noire, Indienne Cherokee, Mongole et Irlandaise. Mais dans l’univers du porno, tous deux sont d’accord sur un point : ils ne sont pas assez « black » pour entrer dans la catégorie interracial des sites pour adultes.
Il faut dire que l’interracial est un peu le dernier degré de ségrégation du fap. Les Blacked de Greg Lanksy nous en dévoilent les stéréotypes, codifiées et immuables. Ironie du sort parmi mille autres, les comédiennes et comédiens que l’on voit s’énamourer à l’écran vivent pour la plupart à Los Angeles, terre du brassage des cultures par excellence.
Honey Gold et Donny Sins © Gustavo Turner
« La catégorie Interracial creuse un fossé entre les vies réelles des performers et les scénarios qu’ils doivent interpréter » nous rappelle-t-on. Malgré ce que suggère son nom, l’interracial ne prône pas la diversité mais se réduit à une niche marketée d’un fantasme rigide et hétéro de la femme blanche – jeune et frêle – offerte aux mains de l’homme noir. Inversez la situation, les mots changent : si actrice de couleur il y a, nous glissons plus souvent dans le champ du tag « ebony ». Plus incompréhensible encore, une séquence mettant en scène un couple afro peut-être considérée sur les tubes comme de « l’ebony / interracial ».
Le tabouSi elle prône l’innovation, l’industrie du X demeure parfois archaïque. L‘interracial est encore un tabou. Si l’on sait que certaines actrices refusent de tourner sous prétexte que la couleur de peau de leur collègue pourrait nuire à leur carrière, la vérité mise à nue par le L.A Times est peut être pire : nombreuses sont les comédiennes à accepter l‘interracial, pour la bonne raison que les tarifs sont plus conséquents qu’une bonne performance hardcore.
Quant à ceux et celles qui incarnent ce tag, ils se retrouvent généralement cantonnés aux mêmes personnages d’intrus violents, de dealers menaçants et de « putes renoies du ghetto« . Détail malaisant de cet interracial aux frontières tenues, c’est la taille du pénis qui fait de vous une vraie pornstar « black » – ou non – aux yeux des producteurs (et des consommateurs ?).
Le couple en photo pour leur agence OC Modeling
« Les boîtes de production font ce qu’elles veulent. Parfois, elles emploient le tag « Ebony », puis les fans deviennent fous car ils attendent une actrice avec une peau plus obscure. Parfois, elles obscurcissent ou éclairent certain(es) comédienne(s) avec des filtres digitaux » déplore Honey. L’actrice décrit l’interracial comme un milieu de niche, aberration lexicale jaugée en fonction d’un échelon du « plus ou moins noir« , gangrenée par la concurrence, traversée par les mêmes fantasmes récurrents – big black cock et black on white en amont. Mais au fond, à qui la faute, s’interroge le L.A Times ?
A un public cultivant une étrange obsession pour l’aberration interracial, mais se révèle tout aussi divers que ce que nous montre le porn lui même ? A tous ces producteurs qui ressortent incessamment l’argument du « le public aime ça » pour expliquer leurs choix artistiques ? « Un producteur vous dira : « Ouais, c’est ridicule, mais c’est ce pourquoi les consommateurs paient » conclut Donny Sins. Ou, suggérons-le, à un imaginaire collectif plus insidieux ? Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : quand vous regardez une vidéo interracial, dites vous qu’elle n’est jamais assez multiracial.
L’orgasme est une « petite mort« , à en lire Georges Bataille (Madame Edwarda, 1937). D’accord, mais quid du « mort de rire » alors ? Ouf, les loustics de Kantoutacou viennent justement éclaircir ce dilemme existentiel, merci à eux, avec un jeu de société et d’obscénité pour petits et (surtout) pour grands. Chaleur humaine garantie.
Si vos plus cul-tes soirées arrosées d’alcool se résument à enchaîner les parties de Blanc Manger Coco entre ami(es), le concept de Kantoutacou vous sera familier. Ce « jeu de cartes dont le monde a besoin« , dixit Kassovitz (oui, rien que ça), repose sur un principe simple et plutôt identique : on commence par piocher des cartes, en majorité délirantes, à base de « gang bang« , de « lubrification » et de « dans le cul« . Puis à la carte-pivot déposée par le maître de cérémonie viennent s’ajouter les cartes personnalisées des autres joueurs, ponctuées des noms de proches, de people, de descriptions du quotidien. Le tout provoque les combinaisons les plus absurdes. Le plus drôle des mixs remporte un point, et ainsi de suite – il vous en faut trois pour gagner la partie. C’est un peu le cadavre exquis des poètes surréalistes remanié à la sauce paillarde bien de chez nous, pour amateurs d’apéros grivois.
https://ksr-video.imgix.net/assets/018/683/740/61b2c0363926603b10c27fbe469a80eb_h264_high.mp4L’un des points forts du jeu est ce décalage constant entre les dessins d’enfants recouvrant les cartes et les potacheries d’adolescent potache écrites dessus. Une bonne façon de transgresser les tabous à coups de combos, comme lors d’une bonne vieille partie de Limite Limite, ce jeu à succès « que vous aurez honte d’aimer ». Sur KickStarter, ce projet collégial monté à huit mains a déjà passé le cap des 100 %. Il ne tient qu’à vous pour qu’il caresse celui des 150.
Si des femmes vous invitaient dans leur chambre et se mettaient à vous raconter honnêtement et en détail leurs mésaventures sexuelles, que diraient-elles à votre avis ? Ina Mihalache, plus connue sous son pseudo de Youtubeuse Solange Te Parle, a interviewé durant deux ans des femmes âgées de 18 ans à 48 ans et les a écouté raconter leurs plaisirs et leurs galères sexuelles. Son livre Très Intime nous retranscrit sans ambages leurs récits et il n’y a pas à dire, c’est détonant !… Lire la suite
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Image from the Heart Throbs and Hounds 2018 calendar, via Hornet.
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