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Pour tous ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure en commercialisant un sextoy insolite et tous ceux qui veulent simplement en acheter un, la plateforme de crowdfunding Indiegogo vient d’inaugurer une nouvelle catégorie nommée « After Dark ». Face à l’afflux de projets concernant nos galipettes nocturnes, en solo ou à plusieurs, le site n’a pu que reconnaître l’ampleur du phénomène et lui bricoler ce petit nid douillet qui centralise les projets. Pour le moment, After Dark n’est accessible que sur le pendant anglophone d’Indiegogo, mais on ose espérer que la version française arrivera prochainement.
Le sexe, ce n’est pas saleComptant une industrie du sextoy à plus de 15 milliards de dollars par an dans le monde, les joujoux vibrants arrivent en n°1 sur les ventes en ligne. Entre les jouets télécommandés et autres amusettes VR, les campagnes s’accumulent sur le site de crowdfunding.
Ce n’est pas Brian Sloan qui vous dira le contraire. Concepteur du sextoy pour homme Autoblow, cet ex-avocat a profité de l’émergence du phénomène crowdfunding pour lancer son projet en 2014 sur la plateforme Indiegogo. C’était bien vu : son produit s’est vendu à plus de 50 000 exemplaires en un an, sept fois plus que ses objectifs originels.
Depuis, 15 campagnes de sextoys sur Indiegogo ont été proposées aux consommateurs. Plus qu’actifs, ceux-ci ont été près de 18 300 à contribuer au mouvement pour une levée de fond totale de 1,6 millions de dollars.
Contrairement à son concurrent Kickstarter où il très difficile de proposer un projet lié au sexe, Indiegogo montre officiellement avec After Dark que le plaisir (pour adulte) n’est plus une cible à abattre. Le constat est d’ailleurs des plus simples, le site est devenu avec le temps une vraie porte d’entrée pour la création et la commercialisation de sextoys, voire un passage obligatoire pour s’assurer des pré-commandes ou obtenir des retombées presse.
Nouveau rituel de passageIndiegogo devient le coeur du dispositif de lancement d’un produit adulte, que ce soit pour avoir une nouvelle poitrine ou proposer un nouveau masturbateur « révolutionnaire« . Cependant, toutes les campagnes ne réussissent pas. On se souvient du monstrueux coup de pub de Pornhub avec son projet de sextape dans l’espace qui n’arriva pas à atteindre les 10% de financement. Pareil chez HoloFilm Production, dont la campagne fut malheureusement un énorme bide (et effacée depuis), ou plus proche de nous, du projet brestois B.Sensory (dont l’échec de la campagne n’a pas empêché le Little Bird de sortir).
L’officialisation de cette catégorie chez Indiegogo est une très bonne chose et donne un signal intéressant aux autres plateformes qui refusent les projets liés au sexe. Cependant, on notera que After Dark se contente de répertorier les sextoys, la partie la plus sage de l’iceberg, les campagnes liées au porno ne semblant pas encore jouir du même traitement.
Le 12 septembre, Chaturbate annonçait sur son blog l’arrivée d’un site cousin « pour votre plaisir » : Camgasm, basé sur le même modèle technique. Il propose des shows webcam classiques, à une (importante) différence près : on demande expressément aux modèles de ne jamais se dévêtir. De la webcam porno sans nudité ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas si surprenant.
La reconquête du show privéPour le moment, c’est pas trop le feu
Le site a annoncé la couleur dès son arrivée : la nudité n’est pas tolérée. La limite maximum acceptable est le string, même les cache-tétons sont refusés. Impossible d’esquiver en se cachant avec les mains, c’est également interdit. La raison de cette règle est donnée sur leur blog : « Nous encourageons les modèles et les fans qui souhaitent tenter une expérience plus privée à visiter camgasm.com ». Le site chercherait donc à marcher sur les plates-bandes de son concurrent : Live Jasmin, le leader du show webcam privé. Sur la homepage de LiveJasmin en effet, les modèles doivent obligatoirement rester habillés. Pour en voir plus, il faut payer et passer en privé.
Une autre fonctionnalité déjà en place chez des sites concurrents comme My Free Cams, a été implémentée sur Camgasm : le camscore. Il s’agit d’un système de notation et de classement des rooms. Contrairement à ce dernier, les modèles doivent décider elles-mêmes de leur camscore de départ. Plus on choisit un camscore élévé, plus la room sera bien positionnée sur le page d’accueil, et logiquement recevra plus de visiteurs.
Whoa ya'll Camgasm is charging guys twice as much & we get the same % or less to get a better camscore @chaturbate pic.twitter.com/3D9ktEJRhi
— Audrey Madison (@AudreyMadisonSM) September 14, 2016
Mais attention il y a un piège : demander un camscore haut implique de renoncer à une partie de ses gains car il est lié au taux d’encaissement des tokens pour les modèles. Concrètement, plus on veut se positionner haut, moins les tokens valent d’argent pour le modèle (bien que leur prix ne varie pas à l’achat pour les spectateurs). Ensuite, le camscore est censé évoluer en fonction du nombre de tokens reçus par le modèle pendant les shows.
Faire du ménage sur Chaturbate
#camgasm Ohmibod & Lovense Lush are allowed to be used in public chat as long as theres no nudity
— Roʎdz [Mᴉuᴉou] (@highr0ydz) September 16, 2016
Avec l’arrivée de cette nouvelle plateforme, certaines modèles espèrent le départ des nombreuses camgirls qui usent et abusent du OhMiBod, afin de revenir à des shows plus actifs et plus variés. On vous en avait parlé il y a quelque temps, la folie du OhMiBod est toujours là et elle ne s’est pas calmée. Il est habituel de voir des modèles faire des shows que d’aucuns pourraient trouver monotones : assises, avec le jouet en place dans la culotte, elles attendent le token et gémissent (de façon quelque peu exagérée pour certaines) à la moindre petite vibration provoquée par les spectateurs.
Ce type de shows est omniprésent et accapare le trafic d’autres modèles qui sont un peu plus inventives et se donnent entièrement pendant les live. Or, il est assez évident que ce type de jouet est idéal dans un show orienté teasing : on peut tout à fait le porter tout habillée sans que cela gêne le plaisir du spectateur. Sans surprise, les premières rooms ouvertes sur Camgasm sont déjà en majorité des rooms OhMiBod, ou Lovense (un jouet similaire qui réagit aux tokens, mais qui lui se place dans le vagin et non dans la culotte).
Un pied dans le mainstream@damagedlilfkkr camgasm should be strictly for ohmibod members & models imo…chaturbate needs to be chaturbate again, like old times.
— AmyValentine ❤ (@xoAmyValentine) September 14, 2016
Si on pousse la réflexion un peu plus loin, on peut aussi envisager Camgasm comme une façon de tester le marché du streaming « soft », en gardant un pied dans le sexe, qui est quand même le cœur de métier de Chaturbate. Mais si on demande aux modèles de se rhabiller, il ne serait pas surprenant qu’arrive dans le futur une plateforme ou non seulement il faudra être vêtu, mais où il serait interdit de parler de sexe. On arriverait alors à quelque chose de très ressemblant à YouNow ou YouTube Live mais avec un système de paiement intégré.
Il serait alors possible de streamer son art, son karaoké, ses états d’âmes ou ses plateaux de sushis (comme sur Chaturbate finalement, je parle d’expérience) contre des tokens. Le futur de la cam qui nous apparaissait pourtant comme l’avenir du porn pourrait peut-être s’avérer bien plus mainstream que prévu.