L’éjaculation précoce est un trouble de la sexualité masculine, qui touche environ 20 à 35% des hommes.
Parmi les hommes concernés, certains refusent de s’avouer la réalité de leur trouble. Ils tentent tant bien que mal, de poursuivre leur sexualité comme si de rien. D’autres essaient de justifier la rapidité de l’arrivée de leur éjaculation, par « la fatigue », « une soirée trop arrosée », « la fréquence trop faible de leurs rapports sexuels »… tous les prétextes sont bons.
D’autres, reconnaissent leur problématique sexuelle. Ces derniers essayent alors de mettre en place des stratégies visant à améliorer la durée du rapport: Ils « jouent les prolongations » au moment des préliminaires, ou encore, s’adonnent à la masturbation avant de passer à l’acte. D’autres doublent le rapport sexuel considérant que le premier rapport « ne compte pas »… et qu’ils se rattraperont juste après. D’autre, encore, recherchent sur le net des remèdes miracles visant à insensibiliser leur pénis… Mais toutes ces stratégies se révèlent bien souvent infructueuses, n’apportant aucune réponse au problème de fond.
Enfin, certains hommes, rongés par la culpabilité de ne pouvoir satisfaire leur partenaire, finissent par s’en éloigner…
De leur côté, face à la précocité de leur compagnon, les femmes ne sont pas plus à leur aise. Peu nombreuses sont celles qui osent aborder ouvertement le problème avec leur partenaire. Souvent soucieuses de ne pas blesser l’égo de ce dernier, elles choisissent fréquemment d’adopter, dans la mesure du possible, une attitude compréhensive, espérant rassurer leur homme. Pourtant entre tabou et frustration, leur coeur balance. Mais, quel impact l’éjaculation précoce a-t-elle sur la sexualité de ces femmes ?
1/ L’absence d’intérêt pour la sexualité :
Lorsque l’éjaculation précoce intervient au début de la vie sexuelle d’une femme, inexpérimentée ou très peu au clair avec sa capacité à accéder au plaisir sexuel, la prise de conscience de la problématique de précocité peut prendre un certain temps voir des années. Ces femmes ne découvrant rien d’exaltant à l’acte sexuel (et pour cause, elles n’y prennent que peu ou pas de plaisir), finissent par reléguer cet acte au rang des « activités non prioritaires ». Elles font alors de leur sexualité un moyen de satisfaire les besoins de leur homme, ou pire encore d’apaiser les tensions nerveuses de ce dernier.
2/ La culpabilité:
Dire très souvent « non » face aux sollicitations sexuelles au sein du couple, peut devenir source de forte culpabilité pour certaines femmes. Compréhensives de la frustration qui en découle pour leur partenaire, elles souffrent de ne pouvoir ressentir un désir réciproque et ce, malgré la profondeur de leurs sentiments. Perdant confiance en elles, et dans la pérennité de leur couple, elles se retrouvent dans la crainte que leur homme aille assouvir ses besoins ailleurs. Afin d’éviter les infidélités, elles finissent par consentir à une fréquence minimum de rapports sexuels, auxquels elles se dévouent , se sacrifient.
3/ La dévalorisation :
Parmi les femmes conscientes de la précocité de leur homme, certaines rentrent dans un processus de comparaison négative. En effet, si ce trouble sexuel n’existait pas dans les relations précédentes de ce dernier, elles finissent alors par associer la défaillance sexuelle de leur couple à un « complexe » qui leur est propre. Ainsi, elles développent une mauvaise image d’elles mêmes, dans laquelle elles ne se trouvent jamais assez, belles, désirables, bonnes au lit… Bref, pas à la hauteur.
4/Le sentiment de souillure :
Si certains hommes pensent pouvoir compenser leur précocité en doublant le rapport, la réalité pour leur partenaire est bien souvent différente ! En effet, lors du premier « rapport », la précocité est parfois tellement forte, que certaine femmes finissent par se sentir tel un objet, dont la seule utilité est de servir de « réceptacle de sperme ». Totalement déconnectées de la notion de plaisir, certaines se retrouvent à simuler durant l’acte sexuel, espérant ainsi aider leur homme à accéder encore plus vite à la jouissance, et, par la même occasion, limiter la durée du « calvaire » pour elles.
5/ L’évitement :
Redoutant le moment du passage à l’acte sexuel certaines femmes « choisissent » par développer des stratégies d’évitement. Elles s’organisent pour dissuader toute éventuelle tentative d’approche sexuelle de leur partenaire. Pour se faire, elles évitent les tenues un peu suggestives, dédient tout leur temps et attention aux enfants, ou à leur activité professionnelles … D’autres deviennent de véritables fées du logis, astiquant leur maisonnée à en tomber de fatigue. D’autres encore, s’arrangent pour ne jamais se coucher en même temps que leur conjoint. A ce rythme, l’écart se creuse, s’installe progressivement, ne laissant même plus de place au moindre geste de tendresse ou d’affection.
6/ La somatisation :
Certaines femmes essaient de s’accommoder de la situation et continuent de répondre positivement aux sollicitations sexuelles de leur homme quand bien même elles n’y trouvent pas leur plaisir. Elles prônent alors l’importance des sentiments, la profondeur du lien amoureux et de la bonne entente conjugale, pour mieux masquer ce qui est de l’ordre du découragement ou de la résignation. Mais si l’on peut essayer de se masquer la vérité consciemment, le corps lui ne ment jamais. Face à cette résignation lui s’exprime par les moyens qui sont les siens : les symptômes. Ces femmes voient alors, leur corps exprimer sous forme de maux, le mal être qui est le leur. Les rapports sexuels se retrouvent précédés ou suivis de migraines, mycoses ou encore de cystites à répétition…Certaines arrivent même à « se déclencher » un trouble de la sexualité tel que les douleurs vaginales durant la pénétration, et ce, en l’absence de toute explication d’ordre physiologique !
7/ Le conflit :
Face à la détresse exprimée par leur partenaire, associé à une absence de recherche efficace de solution, certaines femmes se sentent rongées par la frustration et la colère. Vivant chaque rapport comme une privation de leur propre plaisir, elles finissent par adopter des attitudes agressives : l’intimité devient pesante, on dort à « l’hôtel du cul tourné » ; saisissant toutes les occasions de le « piquer au vif » sur le sujet, chaque rapport sexuel précoce, devient alors une occasion supplémentaire de l’humilier.
8/ Baisse de la libido :
Lorsque le goût de la nouveauté et de la passion commencent à s’estomper, et que les sentiments ne suffisent plus à masquer la réalité de sa frustration, la femme voit alors sa libido tomber en chute libre ! La fréquence des rapports sexuels diminue notablement. N’ayant pas ou peu de plaisir, elle voit ses espoirs de parvenir à l’orgasme fondre comme neige au soleil. C’est souvent l’heure de la déprime mais aussi parfois le motif pour se détourner purement et simplement de la sexualité du couple.
9/ L’infidélité :
Désespérées par la sexualité de leur couple, et de la dégradation des relations qui en découle fréquemment, certaines femmes baissent les bras. Entre rupture ou recherche de compensation, certaines finissent par se laisser séduire par d’autres prétendants. Ainsi, à défaut de prendre la décision d’une réelle séparation, il arrive que certaines se laissent glisser dans une relation extra conjugale, dans l’espoir de pouvoir se libérer de la frustration qui est la leur.
10 / La rupture:
La sexualité joue un rôle important dans l’équilibre psychoaffectif des individus. Lorsqu’elle ne peut s’exprimer et s’épanouir convenablement, elle devient alors source de conflits. La tension grimpe entre les deux partenaires et l’équilibre du couple peut se voir remis en cause, ou en est définitivement rompu.
En conclusion :
Que ce soit au niveau de la libido, de l’estime de soi, de l’épanouissement sexuel, ou encore de la santé, l’éjaculation précoce a des conséquences non négligeables sur la sexualité féminine mais aussi sur la pérennité même du couple. Pourtant elle n’est pas une fatalité ! Il s’agit d’un trouble de la sexualité que l’on peut traiter… à condition d’en parler.