En prévision des Assises contre les LGBT-phobies dans le monde du travail qui se tiendront les 28 et 29 novembre 2014 (voir ci-dessous), le premier questionnaire sur l’homophobie et la transphobie en milieu professionnel a été élaboré par l’Institut des Etudes Genre de l’Université de Genève, en partenariat avec la Fédération genevoise des associations LGBT. S’adressant à un public LGBT, l’enquête a pour but principal de dresser un portrait de la réalité telle que la vivent ces personnes dans leur quotidien professionnel. «Cela fait plusieurs années que l’on réfléchit à des Assises contre l’homophobie axées autour du monde du travail», note Delphine Roux, coordinatrice des Assises et coordinatrice de la Fédération genevoise des associations LGBT.
«Lorsqu’elle a entendu parler du projet, Lorena Parini de l’institut des Etudes genre à l’UNIGE a tout de suite été très motivée». Il n’existe en effet aucune donnée sur les questions LGBT dans le monde professionnel en Suisse, contrairement à d’autres pays comme la Belgique, la France ou encore le Canada.
Un questionnaire inclusif
«L’élaboration a été difficile, témoigne Lorena Parini, car nous avons voulu représenter toute la diversité des situations de la communauté LGBT. C’est pourquoi il y a toute une partie sur les trans et plusieurs questions sur les familles arc-en-ciel. Par ailleurs, il ne s’adresse pas qu’à des universitaires et nous espérons avoir un tableau complet, qui comporte des données aussi bien pour des mécaniciens que des cadres dans une entreprise ou des employés dans la restauration.» Sans compter qu’il ne fallait pas faire un questionnaire trop long, afin qu’un maximum de personnes puissent répondre. «Nous sommes pour le moment très satisfaits du taux de participation», exprime Delphine Roux. «A une semaine du lancement, près de 200 personnes ont déjà répondu.»
Participez!
Le questionnaire en lui-même est très complet et touche divers aspects de la vie professionnelle à travers une quarantaine de questions. Certaines sont très factuelles, sur le secteur de travail, la taille de l’entreprise ou le fait d’être hors du placard auprès des collègues et/ou de la hiérarchie. D’autres demandent une réponse plus nuancée, notamment en ce qui concerne les ambiances de travail, les mises à l’écart, les remarques ou les actes homophobes et transphobes explicites. «Il est important de pouvoir prendre en compte les impressions des personnes sondées, ce qu’elles ressentent contribue à leur bien-être et leur productivité», commente Lorena Parini.
Le but de cette démarche est donc de pouvoir identifier le quotidien d’une personne LGBT sur son lieu de travail, de comprendre quels types de discrimination sont vécus. «Les résultats permettront de faire ressortir quelques éléments facilitateurs d’homo et transphobie, et permettront d’exprimer la probabilité d’être discriminé», analyse Lorena Parini. A travers les données récoltées, il sera possible de classifier le secteur d’activité, l’âge moyen des collègues, l’ancienneté, la dominance masculine ou féminine ou si la personne est out ou non, et ainsi de dégager des tendances. Il y a également toute une batterie de questions sur l’employeur et les mesures existantes en matière d’information aux questions d’orientation sexuelle et d’identité de genre, ce qui peut donner des pistes aux employeurs qui ne font rien pour le moment. Les résultats préliminaires de l’enquête seront dévoilés lors des Assises, et donneront des outils pour sensibiliser les acteurs du monde du travail, tels que ONG, institutions publiques, PME, multinationales ou syndicats.
Le questionnaire est disponible en français, allemand, italien et anglais. A vous de jouer: lgbt-au-travail.questionpro.com
Rendez-vous en novembre
Les 28 et 29 novembre prochain se tiendront les Assises contre les LGBTphobies dans le monde du travail à la Haute Ecole de Travail Social de Genève. Deux journées de réflexions sont organisées pour comprendre les enjeux d’un cadre de travail ouvert et agréable et sensibiliser les actrices et acteurs clé du monde professionnel à aménager les lieux de travail en conséquence. En présence de nombreuses entreprises et institutions, se succèderont témoignages, tables rondes, ateliers et plénières, afin de dessiner le quotidien professionnel des personnes LGBT et faire l’état des lieux de l’homo et de la transphobie dans le monde du travail.