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Si avec le confinement du mois de Mars, la vente de jouets érotiques avait explosé, le reconfinement sonne la cloche pour une deuxième vague… de plaisir ! Depuis fin octobre, la vente de jouets coquins va bon train.
Des nouveaux produits sur le marché qui attirentLe Passage du Désir, une chaîne de magasins érotiques, a vu ses ventes bondir de 185% pour son dernier jour d’ouverture avant le reconfinement. Patrick Pruvot, fondateur de Passage du Désir interrogé par France 3 a rapporté que « « Lors du premier confinement, les ventes avaient doublé. Cette fois-ci, elles ont augmenté fois six par rapport à une période normale« . Les sexshops n’étant pas considérés comme des magasins de « produits essentiels », la vente des objets coquins se passe maintenant en ligne.
La sexualité des femmes se libère de plus en plus : elles se masturbent et osent maintenant le dire et se faire plaisir ! Selon un sondage de l’Ifop, 74% des femmes avoueraient s’être déjà caressées au moins une fois dans leur vie. Les sextoys qui stimulent uniquement le clitoris s’avèrent alors très prisés, notamment les modèles ressemblant au Womanizer et autres jouets de ce type.
Du côté de la gente masculine, la découverte du plaisir anal semble aussi fortement appréciée : les tabous autour du plaisir prostatique tombent peu à peu. En 2 ans, Passage du Désir aurait enregistré une...Lire la suite sur Union
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Alors que la société devient de plus en plus transparente, les toilettes elles aussi se transforment : plus de murs, ni de séparations hommes-femmes. Des militant-es réclament le «droit de se soulager» dans des WC mixtes. Qu’en penser ?
La journée mondiale des toilettes (19 novembre) c’est demain. Des initiatives se multiplient en Europe pour que les pictogrammes homme-femme ne figurent plus à l’entrée des lieux d’aisance. La dernière initiative en date émane du parti des Verts de gauche, à Berne (Suisse). Le 27 octobre 2020, ils déposent une motion au Parlement vaudois en faveur des toilettes non-genrées, afin que les restaurateurs n’aient plus à dépenser des sommes folles dans des toilettes distinctes. Dans de nombreux pays européens, la loi en effet stipule que les cafés ou les restaurants (tout comme les entreprises, les musées, les gares, etc) doivent obligatoirement offrir deux systèmes sanitaires. Mais cette obligation est absurde : imaginerait-on des WC séparés dans les trains ou dans les avions ?
Femme : 2,3 fois plus de temps à uriner
L’idée des WC unisexes peut sembler choquante. Elle fait pourtant déjà partie de nos habitudes : les sanisettes ne sont pas réservées aux uns (ni aux unes). Et il arrive souvent que des femmes aillent chez les hommes, en catimini, pour éviter une file d’attente interminable. Aux Etats-Unis, des recherches ont établi que –pour des raisons bassement anatomico-logistiques– les femmes mettaient 2,3 fois plus de temps à se soulager comparé aux hommes (1). Pourtant, ainsi que le soulignent un nombre croissant d’enquêtes, les aménagements urbains et les infrastructures publiques ne tiennent pas compte de cette donnée. Alors qu’il faudrait 2,3 fois plus d’espace pour les femmes, les toilettes hommes et femmes sont conçues de façon symétrique. Injustice supplémentaire : quand les toilettes pour hommes sont équipées d’urinoirs, leur capacité d’accueil est doublée. Dans un article intitulé « analyse d’urine et d’inégalités », Anne-Laure Petit Hénon s’insurge : «Beaucoup ont connu ce moment : avoir envie d’uriner dans un bar, se rendre aux toilettes et voir une dizaine de personnes possédant une vulve faire la queue alors que chez les personnes possédant un pénis, l’enchaînement est bien plus rapide.»
Bricolons des solutions
«Posséder une vulve» et devoir «faire la queue» : il y a de quoi rager. Mais les WC séparés posent bien plus qu’un problème de temps. Sous couvert de protéger la pudeur et la sécurité des femmes, ils contribuent à perpétuer une vision réductrice du sexe dit faible. Il n’y a en effet rien de naturel, ni de normal, dans le fait d’aménager une séparation homme-femme en matière de commodités. Pour effectuer leurs besoins, les gens pourraient très bien disposer d’un espace commun à l’intérieur duquel des cabines seraient aménagées pour le faire, au choix, soit debout, soit assis. On pourrait aussi imaginer que, dans cet espace commun, une partie urinoir permette aux hommes comme aux femmes d’uriner debout. Il suffit d’un petit entonnoir pour qu’une femme dirige son jet. Rien n’empêche techniquement l’heureuse propriétaire d’une vulve de faire des ronds contre une paroi de porcelaine. Evidemment, elle verra les pénis de ses voisins (et réciproquement si j’ose dire), mais quoi ? Si les hommes sont capables d’uriner côte à côte, c’est en vertu d’une convention qui légitime des bouts de nudité. Pourquoi ne pas imaginer que les femmes, elles aussi, puissent se soulager en toute «convivialité» ? Pourquoi faudrait-il que les hommes et les femmes procèdent séparément aux rituels de miction et d’ablution ?
Le tabou sur la mixité aux WC
Ne plus séparer les toilettes par genre présenterait l’avantage d’obliger tous les gens à se croiser dans des lieux qui sont essentiels en termes de rencontres et d’échanges. «Ce sont des lieux d’interaction sociale», souligne Juliette Jouan. Auteure d’un mémoire sur les WC mixtes (à Sciences Po Rennes), elle explique sur la RTS : séparer les toilettes renforce l’idée qu’«uriner doit être gênant, que c’est lié à l’intimité». Effectivement, tout ce qui touche à la région génito-anale (les bruits ou les odeurs) relève du répugnant. Il est difficile de surmonter cette honte, si profondément enracinée dans l’enfance, associant les déjections au sale. Mais de quand date cette perception des fonctions corporelles ? Dans un ouvrage sur Les Lieux, l’historien Roger-Henri Guerrand rappelle que les «préjugés touchant l’exercice des basses fonctions» ne datent guère que du XIXe siècle. Dominé par la répression sexuelle, c’est le XIXe siècle qui invente conjointement les «chalets de nécessité» et… la clitoridectomie. «L’ordre sexuel bourgeois », dit-il, a érigé en dogme la «haine du naturel» et la «discipline des instincts».
Si les vécés mixtes se multiplient, cela signifie-t-il qu’hommes et femmes, maintenant, ont un rapport plus libre à leur corps ?
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A LIRE : « Les toilettes publiques : un droit à mieux aménager » , de Julien Damon, Droit social, n° 1, 2009.
A LIRE : Les Lieux. Histoire des commodités, de Roger-Henri Guerrand, Paris, La Découverte, 1985. Nouvelle édition 2009 avec une introduction de Thierry Paquot.
A LIRE : Marc Martin, Les tasses. Toilettes publiques, affaires privées, dirigé par Marc Martin, un beau livre de 300 pages, 240 photos (dont 120 d’archives), éd. Agua, 2019. Cet ouvrage a reçu le prix Sade en septembre 2020.
NOTE 1 : Ladies and Gents: Public Toilets and Gender, d’Olga Gershenson et Barbara Penner, Temple University Press, 2009.
POUR EN SAVOIR PLUS : «Pourquoi faire des toilettes séparées ?» ; «Plaidoyer pour des toilettes mixtes».
Alors que la société devient de plus en plus transparente, les toilettes elles aussi se transforment : plus de murs, ni de séparations hommes-femmes. Des militant-es réclament le «droit de se soulager» dans des WC mixtes. Qu’en penser ?
La journée mondiale des toilettes (19 novembre) c’est demain. Des initiatives se multiplient en Europe pour que les pictogrammes homme-femme ne figurent plus à l’entrée des lieux d’aisance. La dernière initiative en date émane du parti des Verts de gauche, à Berne (Suisse). Le 27 octobre 2020, ils déposent une motion au Parlement vaudois en faveur des toilettes non-genrées, afin que les restaurateurs n’aient plus à dépenser des sommes folles dans des toilettes distinctes. Dans de nombreux pays européens, la loi en effet stipule que les cafés ou les restaurants (tout comme les entreprises, les musées, les gares, etc) doivent obligatoirement offrir deux systèmes sanitaires. Mais cette obligation est absurde : imaginerait-on des WC séparés dans les trains ou dans les avions ?
Femme : 2,3 fois plus de temps à uriner
L’idée des WC unisexes peut sembler choquante. Elle fait pourtant déjà partie de nos habitudes : les sanisettes ne sont pas réservées aux uns (ni aux unes). Et il arrive souvent que des femmes aillent chez les hommes, en catimini, pour éviter une file d’attente interminable. Aux Etats-Unis, des recherches ont établi que –pour des raisons bassement anatomico-logistiques– les femmes mettaient 2,3 fois plus de temps à se soulager comparé aux hommes (1). Pourtant, ainsi que le soulignent un nombre croissant d’enquêtes, les aménagements urbains et les infrastructures publiques ne tiennent pas compte de cette donnée. Alors qu’il faudrait 2,3 fois plus d’espace pour les femmes, les toilettes hommes et femmes sont conçues de façon symétrique. Injustice supplémentaire : quand les toilettes pour hommes sont équipées d’urinoirs, leur capacité d’accueil est doublée. Dans un article intitulé « analyse d’urine et d’inégalités », Anne-Laure Petit Hénon s’insurge : «Beaucoup ont connu ce moment : avoir envie d’uriner dans un bar, se rendre aux toilettes et voir une dizaine de personnes possédant une vulve faire la queue alors que chez les personnes possédant un pénis, l’enchaînement est bien plus rapide.»
Bricolons des solutions
«Posséder une vulve» et devoir «faire la queue» : il y a de quoi rager. Mais les WC séparés posent bien plus qu’un problème de temps. Sous couvert de protéger la pudeur et la sécurité des femmes, ils contribuent à perpétuer une vision réductrice du sexe dit faible. Il n’y a en effet rien de naturel, ni de normal, dans le fait d’aménager une séparation homme-femme en matière de commodités. Pour effectuer leurs besoins, les gens pourraient très bien disposer d’un espace commun à l’intérieur duquel des cabines seraient aménagées pour le faire, au choix, soit debout, soit assis. On pourrait aussi imaginer que, dans cet espace commun, une partie urinoir permette aux hommes comme aux femmes d’uriner debout. Il suffit d’un petit entonnoir pour qu’une femme dirige son jet. Rien n’empêche techniquement l’heureuse propriétaire d’une vulve de faire des ronds contre une paroi de porcelaine. Evidemment, elle verra les pénis de ses voisins (et réciproquement si j’ose dire), mais quoi ? Si les hommes sont capables d’uriner côte à côte, c’est en vertu d’une convention qui légitime des bouts de nudité. Pourquoi ne pas imaginer que les femmes, elles aussi, puissent se soulager en toute «convivialité» ? Pourquoi faudrait-il que les hommes et les femmes procèdent séparément aux rituels de miction et d’ablution ?
Le tabou sur la mixité aux WC
Ne plus séparer les toilettes par genre présenterait l’avantage d’obliger tous les gens à se croiser dans des lieux qui sont essentiels en termes de rencontres et d’échanges. «Ce sont des lieux d’interaction sociale», souligne Juliette Jouan. Auteure d’un mémoire sur les WC mixtes (à Sciences Po Rennes), elle explique sur la RTS : séparer les toilettes renforce l’idée qu’«uriner doit être gênant, que c’est lié à l’intimité». Effectivement, tout ce qui touche à la région génito-anale (les bruits ou les odeurs) relève du répugnant. Il est difficile de surmonter cette honte, si profondément enracinée dans l’enfance, associant les déjections au sale. Mais de quand date cette perception des fonctions corporelles ? Dans un ouvrage sur Les Lieux, l’historien Roger-Henri Guerrand rappelle que les «préjugés touchant l’exercice des basses fonctions» ne datent guère que du XIXe siècle. Dominé par la répression sexuelle, c’est le XIXe siècle qui invente conjointement les «chalets de nécessité» et… la clitoridectomie. «L’ordre sexuel bourgeois », dit-il, a érigé en dogme la «haine du naturel» et la «discipline des instincts».
Si les vécés mixtes se multiplient, cela signifie-t-il qu’hommes et femmes, maintenant, ont un rapport plus libre à leur corps ?
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A LIRE : « Les toilettes publiques : un droit à mieux aménager » , de Julien Damon, Droit social, n° 1, 2009.
A LIRE : Les Lieux. Histoire des commodités, de Roger-Henri Guerrand, Paris, La Découverte, 1985. Nouvelle édition 2009 avec une introduction de Thierry Paquot.
A LIRE : Marc Martin, Les tasses. Toilettes publiques, affaires privées, dirigé par Marc Martin, un beau livre de 300 pages, 240 photos (dont 120 d’archives), éd. Agua, 2019. Cet ouvrage a reçu le prix Sade en septembre 2020.
NOTE 1 : Ladies and Gents: Public Toilets and Gender, d’Olga Gershenson et Barbara Penner, Temple University Press, 2009.
POUR EN SAVOIR PLUS : «Pourquoi faire des toilettes séparées ?» ; «Plaidoyer pour des toilettes mixtes».