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Tiffany Doll a débuté sur les plateaux de tournage en 2010 et n’a pas cessé d’explorer depuis. Elle a tourné avec les plus grands studios de production, dans de nombreux styles, du plus soft au plus rough, de la douceur au BDSM extrême. Maman depuis quelques temps, elle a accepté de répondre à quelques questions sur son parcours et sur sa vision de l’industrie.
Salut Tiffany, avant de commencer cette interview, félicitations pour la naissance de ton bébé ! Penses-tu que le porno est un acte de libération de la femme dans un monde où perdurent les inégalités entre femmes et hommes ?
Je ne pense pas que le porno est un acte de libération de la femme. La femme n’a pas besoin de ça pour se sentir et être libre. Par contre, je pense qu’une femme a le droit de vouloir faire ce qu’elle veut de son corps – c’est pour ça que je ne cautionnerai jamais les soi-disant féministes anti-porno et que je salue celles qui montrent une autre image du milieu du X en valorisant la femme.
Tu as tourné enceinte, peu d’actrices le font. Comment ont été accueillies ces scènes ? La reprise des tournages est-elle prévue ?
La reprise des tournages était prévue, mais l’événement avec Nacho a un peu tout chamboulé (Nacho Vidal avait été testé positif au test VIH, information démentie depuis ndlr) . J’ai fait une grosse pause et maintenant je reprends doucement. Je choisis vraiment plus ce que je veux faire et je ne cherche pas à travailler à tout prix. J’ai aujourd’hui d’autres priorités mais je n’arrête pas ma carrière.
Sold! This vid is on fire! 9 months pregnant belly and pussy play https://t.co/HrzPckK79G #MVSales pic.twitter.com/m9mc5amGdG
— Tiffany Doll (@Tiffanydollxxx) November 16, 2019
Chaque actrice, en activité ou non, annonçant sa grossesse est la cible de nombreuses critiques, plus ou moins virulentes, la dernière en date étant Nikita Bellucci. Est-il réellement possible de l’ignorer ? Faut-il être armé psychologiquement ?
Malheureusement, les réseaux sociaux ont ouvert une boîte de pandore. Beaucoup de personnes s’amusent à insulter les autres grâce à l’anonymat et la sécurité qu’elles ressentent derrières leurs écrans. Actrices porno ou pas, tout le monde peut être visé par ces personnes malveillantes. On en parle d’ailleurs beaucoup à propos du harcèlement scolaire. Je pense que c’est vraiment la même chose. La différence, c’est que moi je ne rencontre jamais mes harceleurs ou détracteurs – appelez-les comme vous voulez – et qu’il m’est facile de les ignorer. C’est ce que je fais, car je n’accorde que peu d’importance à ce qu’ils peuvent penser et dire de moi. Ce sont souvent des personnes frustrées avec une vie merdique, donc bon… Ma seule réponse aujourd’hui, c’est de les bannir et de les signaler. Je ne m’attarde plus à répondre. Il faut être armé psychologiquement car il faut être assez fort pour n’en avoir rien à foutre et ce n’est pas toujours évident.
On parle d’un gel total des productions pendant 8 semaines en Europe lors d’un cas de VIH. Le cas Nacho Vidal a résonné comme un coup de tonnerre dans l’industrie. Comment vit-on cela de l’intérieur ? Les productions ont-elle de l’avance pour pallier un manque temporaire de sorties ?
Les productions ont toujours de l’avance, mais ce n’est pas en prévision de ce genre d’événements. Un film est tourné des mois à l’avance donc elles n’ont pas de problème de ce côté-là. Ce qui pose problème, c’est plus l’argent dépensé dans une production qu’on doit arrêter ou annuler, sachant que le milieu du X ne rapporte plus autant qu’avant.
Tiffany chez Evil Angel avec Misha Cross
Il semble plus compliqué d’être contaminé dans le milieu du porno – où les tests de dépistages sont fréquents, que dans la vie courante – que penses-tu de cette idée ?
Je le pensais aussi pendant un moment, mais les récents événements m’ont fait changer d’avis. Le souci, c’est qu’on ne peut pas surveiller ce que les autres font en privé et que certains se foutent royalement de la santé de leur partenaire. Dans le privé comme dans le porno, il faut faire attention.
Mounir Mahjoubi, ancien secrétaire d’État au numérique, avait déclaré que la lutte contre l’accès à la pornographie aux mineurs était à l’étude. Que penses-tu de l’impact de la pornographie sur les plus jeunes ?
Le vrai problème n’est pas le porno en soi mais plutôt son accessibilité. Il est tellement facile de voir du X aujourd’hui que les actes sexuels pratiqués dans les vidéos se sont banalisés. Les jeunes pensent qu’il faut baiser comme dans les pornos et ne savent pas que ce sont avant tout des films. Le porno gratuit rend les jeunes abrutis tout comme les émissions de télé débiles et les jeux vidéo comme Fortnite ou Apex. Même si j’ai eu accès à du porno gratuitement dans mon adolescence, ce n’était pas le même genre de scènes. C’était les films disponibles sur Canal+, où l’acte le plus extrême était une petite sodomie.
Tiffany secrétaire pour Dorcel
Parmi les propositions envisagées, la première est la vérification d’une empreinte de carte bleue avant la connexion à un site pornographique, la seconde repose sur une carte à gratter disponible chez un buraliste. Qu’en penses-tu ?
Je n’ai aucun avis sur ces solutions, je ne saurais dire si c’est une bonne chose ou pas. Je ne pense pas être qualifiée pour trouver la bonne réponse à ce problème. Mais je pense qu’il peut y avoir un impact positif sur le business du porno, peut-être que les gens voudront se remettre à voir du porno de qualité.
Tu apparais dans de nombreux genres et sous-genres du porno, mainstream ou de niche. Y a-t-il une niche que tu n’as pas encore pratiquée et que tu aimerais expérimenter ?
Je suis une personne très ouverte et j’aime expérimenter de nouvelles choses. Comme tu le dis, j’apparais dans beaucoup de niches. Si je ne suis pas dans toutes, c’est sûrement que je ne veux pas ou ne me sens pas prête à franchir ce cap. J’ai essayé des choses qui ne m’ont pas plu, le BDSM par exemple, mais je ne regrette pas car j’étais curieuse et je le faisais car je le voulais. Aujourd’hui, je pense connaitre mes limites, mais qui sait, il ne faut jamais dire jamais.
Tu as tourné pour plusieurs productions américaines, notamment pour Evil Angel,Jules Jordan, Kink… Tu apparais aussi chez Joy Division, dans les productions d’Ovidie et pour Xconfessions ainsi que pour les prods de l’Est. Ça te donne une vision complète de la pornographie actuelle. Peux-tu nous parler de ces expériences et des différences notables entre les différentes prods ?
Entre les productions américaines citées et celle d’Europe de l’Est, il n’y a pas beaucoup de différence si ce n’est peut être que le budget. Les productions européennes font souvent des films/scènes avec des plus petits moyens que les Américains. C’est souvent du gonzo, facile à tourner, le genre de scènes que vous trouvez sur les tubes gratuits. Pour les productions comme celles d’Ovidie, Erika Lust ou Joy Division, il y a plus d’investissement personnel et de travail en amont. Il y a parfois du texte à apprendre, des rendez-vous par skype ou par téléphone pour discuter vraiment du projet. C’est un porno plus underground où il n’y a pas vraiment de stéréotypes et où tout le monde est accepté comme il est. On essaye de montrer une sexualité plus proche de la vérité et c’est pourquoi je pense qu’il est plus difficile de faire ce genre de films. Montrer aux gens qui nous sommes vraiment, ne plus se cacher derrière un personnage, n’est pas toujours évident.
Erika Lust propose du contenu à l’image très travaillée. Son contenu est directement adressé aux femmes, mais les hommes ne sont-ils pas friands de ce genre de proposition?
Je ne sais pas si Erika Lust s’adresse seulement aux femmes, je pense qu’elle s’adresse à ceux qui ne regardent pas du porno seulement pour se branler, mais qui aiment aussi l’esthétique, la beauté de la sexualité. J’aime beaucoup tourner pour elle et j’aime sa vision de la pornographie. C’est pour cela que j’ai pensé à elle lors de ma grossesse : je savais qu’elle saurait comprendre ce que je voulais montrer. J’aime beaucoup son style et je voulais vraiment faire une belle vidéo montrant pour une fois la sexualité d’une femme enceinte.
XConfessions – Pregnancy Sex Doc
Ne penses-tu pas que le porno manque parfois d’humour ?
Pas du tout, je pense qu’il y a encore beaucoup d’humour dans le porno. Peut-être que je ne saisis pas ta question, mais si nous parlons de films alors je dois te contredire. Les films porno français sont souvent pleins d’humour, comme ce qu’on peut parfois voir dans le cinéma plus traditionnel à la française. Les Américains ont un humour qui leur est propre, différent du nôtre mais je pense que le gonzo nous montre des situations assez humoristiques.
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Tu fais partie du cercle des actrices qui durent, quel est ton secret ? Des projets futurs ?
Il n’y a pas de secret, il faut juste avoir envie de rester dans ce milieu. Souvent, les actrices arrêtent car elles veulent simplement changer de vie. Pour la suite, pas de gros projets, plutôt une continuation. Je souhaite continuer à travailler comme je le fais en me concentrant sur mon compte Onlyfans.com pour partager avec ceux qui me suivent des détails croustillants de ma vie privée. Je suis sur Cam4 tous les mois, 3 fois par mois et je m’y plais à rencontrer les fans de manière différente. Et bien sûr, j’essaye d’être une bonne maman.
Un mot pour finir ?
Carpe Diem.
Le Mouvement du Nid a activement contribué au « Grenelle des violences conjugales » aux niveaux national et local, parce que la lutte contre la prostitution des femmes et des enfants est intimement liée à la lutte contre les violences conjugales et les féminicides.
Aujourd'hui, notre association demande au Premier ministre qu'il soit rappelé, au coeur des conclusions du Grenelle, que la prostitution est une violence sexuelle et sexiste, dans la continuité des engagements et de la mobilisation du gouvernement français depuis 2010. Nous demandons en particulier que le proxénétisme par conjoint soit explicitement intégré aux mesures qui seront prises, et qu'un chapitre et des mesures spécifiques soient dédiées à la lutte contre la prostitution des femmes et des enfants.
“La prostitution est une forme répandue de violence conjugale, et de nombreuses mineures sont prostituées sous l'emprise d'un petit-ami”, explique Claire Quidet, présidente du Mouvement du Nid. Chaque année, plusieurs milliers de femmes sont en effet amenées, maintenues et exploitées dans la prostitution par leurs maris ou conjoints violents. En France, les adolescentes et très jeunes femmes sont les premières victimes du proxénétisme par « conjoint ».
“La violence conjugale et intrafamiliale constitue un facteur décisif d'entrée dans la prostitution”, poursuit la présidente. La très grande majorité des personnes prostituées accompagnées par les associations de terrain ont subi des violences au sein du couple (viol, coups, menaces) ou dans la sphère familiale avant leur entrée en prostitution. Les enfants témoins et victimes de violences conjugales ou fuyant ces violences ainsi que les mineur·es placés auprès des institutions de protection de l'enfance sont les premières cibles des proxénètes de mineur·es.
La dernière étude en date, réalisée par l'Observatoire des violences faites aux femmes de Seine-Saint-Denis met en évidence que dans 61% des cas, les mères des victimes subissaient elles-mêmes des violences conjugales.
Ensuite, le recours à la prostitution d'autrui est un facteur aggravant des violences conjugales. La grande majorité des « clients » de la prostitution sont mariés ou vivent en couple. Des études internationales montrent que ces hommes se coupent de toute empathie et n'hésitent pas à recourir à la violence pour parvenir à leurs fins.
Enfin, les personnes prostituées sont exposées de façon disproportionnée aux féminicides, suicides et violences. Chaque année en France, plusieurs personnes prostituées sont assassinées. En 2014 par exemple, au moins sept d'entre elles avaient été tuées dans notre pays. A chaque fois que le meurtrier a pu être identifié, c'était un « client » de la prostitution.
Le Mouvement du Nid demande donc solennellement au Premier ministre de :
✅ Prendre en compte la prostitution dans les violences conjugales traitées par le Grenelle (et de l'intégrer aux formations, aux protocoles mis en place…) pour améliorer l'accueil des victimes et le traitement judiciaire des plaintes ainsi que l'accès aux soins.
✅ Former les professionnel.les pour une prise en charge spécifique sur la prostitution des mineur.es et améliorer la prise en charge sanitaire et psychotraumatique.
✅ Donner les moyens d'identifier, puis de proposer un accompagnement éducatif et thérapeutique aux enfants co-victimes de violences.
✅ Appliquer strictement la législation concernant l'achat d'actes sexuels de mineur·es et de majeur·es sur l'ensemble du territoire : dans les affaires judiciaires, particulièrement celles concernant des mineur·es en prostitution, les “clients” doivent systématiquement être interpellés (via leurs adresses IP, n° de téléphone, etc.) et pénalisés. La gravité de la violence prostitutionnelle, ses conséquences sur les victimes et la société justifient que l'impunité des « clients » soit pleinement levée.
✅ Changer d'échelle en matière de prévention en milieu scolaire sur les causes et les conséquences des violences sexistes et sexuelles (incluant la prostitution)
✅ D'accélérer la mise en œuvre homogène de la loi du 13 avril 2016 sur l'ensemble du territoire.
Le Mouvement du Nid est une association reconnue d'utilité publique, qui agit avec les personnes prostituées et contre le système prostitueur. Chaque année, les bénévoles rencontrent 5000 personnes sur les lieux de prostitution, et en accompagnent 1300 dans leurs démarches diverses.
La première pénétration vaginale, ça fait vraiment mal, quand on est une femme ? Queen Camille répond à cette question qui a causé bien des angoisses !
Cet article Est-ce que la première fois, ça fait mal ? est apparu en premier sur madmoiZelle.com.
Une exposition consacrée aux WC publics ? C’est l’occasion ou jamais de se demander à quoi rime la séparation entre toilettes pour hommes et pour femmes. Cette séparation, qui date du XIXe siècle, ne repose sur aucune logique rationnelle.
Au XIXe siècle, lorsque les pouvoirs publics, soucieux d’hygiène, installent des WC dans les rues, ils les réservent aux hommes. Mais pourquoi ? «Les vespasiennes devaient répondre aux besoins naturels de la population masculine. Et tant pis pour les femmes, qui se voient littéralement interdites d’uriner à l’extérieur de chez elles, assignées au statut de passantes furtives dans la ville.» Pour le photographe Marc Martin, commissaire de l’exposition Les Tasses, qui commence le 19 novembre au Point Ephémère, l’histoire des pissotières c’est avant tout l’histoire d’une ségrégation. «Pisser en ville au XIXème siècle reste une affaire de mecs qui renvoie aux prémices du féminisme et au questionnement sur les genres», explique-t-il, dénonçant avec virulence cette injustice qui consiste à exclure les dames des toilettes publiques, «sous prétexte de sécurité et de bienséance».
Les pissotières : symbole du patriarcat ?
L’exposition qu’il consacre aux pissotières, de fait, ne cesse de perturber. Elle remet en cause tous nos a priori. Vous pensiez que les lieux d’aisance ne présentaient aucun intérêt ? Pourtant, ils ont permis aux féministes de faire entendre leurs premières revendications. Elles se révoltent de ne pouvoir librement uriner : les rares lieux qu’on leur réserve sont payants, dans les parcs ou les grands magasins. En dehors ? Rien. De nos jours encore, lorsque la Mairie de Paris lance la très bonne idée des urinoirs écolos («qui changent le pipi en engrais pour fleurs»), Mymy, une journaliste de MadmoiZelle, s’offusque : ils sont trop hauts pour les femmes ! Elle critique «ces urinoirs, considérés par certaines comme des rappels que l’intimité des hommes est bienvenue dans l’espace public, alors que celle des femmes est vue comme honteuse.» Quelle injustice, souligne-t-elle : d’un côté les femmes sont critiquées lorsqu’elles sortent un sein pour allaiter, de l’autre «ces messieurs peuvent sortir leur teub en toute détente».
Que faire en cas d’urgence ?
Ce problème d’inégalité est ancien. Dans le catalogue de l’exposition, un beau-livre de 300 pages, abondamment documenté, Marc Martin rapporte qu’en 1850, une sage-femme dépose un brevet d’urinoir portatif féminin, une culotte étanche avec réservoir. Sans succès. «En 1859, des pavillons pour dames sont à l’étude ; ils le resteront des années durant, jugés trop encombrants pour être installés sur les trottoirs. En 1878, des water-closets ambulants, trainées par deux chevaux sont dessinés pour remédier à l’encombrement… des trottoirs ; mais pas à celui des boulevards. Les voitures à 6 cabines, dont une partie était réservée aux dames, ne vont pas circuler longtemps. C’est alors que des chalets d’aisance mixtes sont apparus. Aucun d’eux n’a donné entière satisfaction, ni sur le plan de la décence, ni sur le plan de la morale : “Dans les couloirs toujours trop étroits des chalets, les deux sexes se coudoient, […] non sans toujours choquer le sentiment très naturel et très légitime de la pudeur féminine”… rapporte-t-on au conseil Municipal de Paris en 1901.»
Toilettes communes : ça vous choque ?
Officiellement, ce sont les dames qui trouvent indécent d’avoir à faire leurs besoins dans des lieux de promiscuité. De nos jours encore, il semble d’ailleurs scandaleux que des hommes et des femmes puissent être amenés à faire leurs besoins dans un espace commun. La vision d’un pénis émergeant d’une braguette pourrait probablement heurter la sensibilité des femmes ? De même, les hommes pourraient trouver dégoutant que des beautés manucurées fassent entendre les bruits de leur défécation ? Il est courant de penser que la mise en place des toilettes séparées, si possible par une cloison parfaitement insonorisée, est quelque chose d’indispensable au maintien des bonnes relations hommes-femmes. Et si c’était faux ? L’exposition Les Tasses force le visiteur à réviser ses idées reçues : qu’est-ce qui justifie vraiment qu’on sépare les hommes des femmes, alors qu’il suffirait de séparer la position debout de la position assise ?
Les femmes aussi peuvent le faire debout
À Paris, c’est à la Mutinerie que ça passe. Pas besoin d’avoir un pénis pour utiliser l’urinoir. C’est écrit sur la porte ! «Le bar queer derrière Beaubourg instaure le concept des toilettes non-genrées et remplace les traditionnels pictogrammes Hommes/Femmes par la distinction pipi assis.e/pipi debout. L’enthousiasme d’une cliente est pragmatique : “C’est génial ! Je suis trop contente quand je peux passer avec mon pisse-debout devant toutes les filles qui font la queue.” L’équipe du bar a tout prévu : “les personnes qui ne posséderaient pas cet urinoir portable peuvent prendre un gobelet mis à disposition. Sur le côté, une affiche montre un schéma explicatif clair : il suffit de se positionner comme une chaise contre le mur, pour se soulager dans le gobelet que l’on vide ensuite dans l’urinoir”.» Hélas, ainsi que le souligne Marc Martin, «les perspectives de voir en France ces toilettes mixtes devenir une norme au-delà des murs de la Mutinerie restent faibles.» Pour quelle raison ?
La réponse mercredi.
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A VOIR : « Les tasses », exposition gratuite du 19 novembre au 1er décembre, de 13h à 20h, au Point Ephémère (200 quai de Valmy, Paris 10).
A LIRE : « Marc Martin, Les tasses », un beau livre de 300 pages, avec la contribution de Christophe Bier, Michael Bochow, Patrick Cardon, Sophie Danger, Ralf König, Gerard Koskovich, Bruce LaBruce, Sébastien Landrieux, Philippe Olivier, Florent Paudeleux, Didier Roth-Bettoni, Régis Schlagdenhauffen, Florence Tamagne, Claude-Hubert Tatot…
A PREVOIR : Conférence de Régis Schlagdenhauffen, le 22 novembre à 19h : « Quand le tribunal de Paris juge les outrages publics à la pudeur : archives de la drague homosexuelle dans les vespasiennes » (Accès gratuit dans la limite des places disponibles). Point Ephémère (200 quai de Valmy, Paris 10).
NOTE 1 : La prochaine étape de l’exposition de Marc Martin « Public Toilets, Private Affairs » aura lieu au Musée Leslie-Lohman, à New York, en septembre 2020.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN DEUX PARTIES : «Pourquoi faire des toilettes séparées ?» ; «Plaidoyer pour des toilettes mixtes».
POUR EN SAVOIR PLUS : «Tasse : le dernier salon où l’on ose ?» ; «Les pissotières : paradis perdu ?» ; «Pourquoi les autorités ont détruit les pissotières»; «Hygiénique ? Moi, jamais»
Une exposition consacrée aux WC publics ? C’est l’occasion ou jamais de se demander à quoi rime la séparation entre toilettes pour hommes et pour femmes. Cette séparation, qui date du XIXe siècle, ne repose sur aucune logique rationnelle.
Au XIXe siècle, lorsque les pouvoirs publics, soucieux d’hygiène, installent des WC dans les rues, ils les réservent aux hommes. Mais pourquoi ? «Les vespasiennes devaient répondre aux besoins naturels de la population masculine. Et tant pis pour les femmes, qui se voient littéralement interdites d’uriner à l’extérieur de chez elles, assignées au statut de passantes furtives dans la ville.» Pour le photographe Marc Martin, commissaire de l’exposition Les Tasses, qui commence le 19 novembre au Point Ephémère, l’histoire des pissotières c’est avant tout l’histoire d’une ségrégation. «Pisser en ville au XIXème siècle reste une affaire de mecs qui renvoie aux prémices du féminisme et au questionnement sur les genres», explique-t-il, dénonçant avec virulence cette injustice qui consiste à exclure les dames des toilettes publiques, «sous prétexte de sécurité et de bienséance».
Les pissotières : symbole du patriarcat ?
L’exposition qu’il consacre aux pissotières, de fait, ne cesse de perturber. Elle remet en cause tous nos a priori. Vous pensiez que les lieux d’aisance ne présentaient aucun intérêt ? Pourtant, ils ont permis aux féministes de faire entendre leurs premières revendications. Elles se révoltent de ne pouvoir librement uriner : les rares lieux qu’on leur réserve sont payants, dans les parcs ou les grands magasins. En dehors ? Rien. De nos jours encore, lorsque la Mairie de Paris lance la très bonne idée des urinoirs écolos («qui changent le pipi en engrais pour fleurs»), Mymy, une journaliste de MadmoiZelle, s’offusque : ils sont trop hauts pour les femmes ! Elle critique «ces urinoirs, considérés par certaines comme des rappels que l’intimité des hommes est bienvenue dans l’espace public, alors que celle des femmes est vue comme honteuse.» Quelle injustice, souligne-t-elle : d’un côté les femmes sont critiquées lorsqu’elles sortent un sein pour allaiter, de l’autre «ces messieurs peuvent sortir leur teub en toute détente».
Que faire en cas d’urgence ?
Ce problème d’inégalité est ancien. Dans le catalogue de l’exposition, un beau-livre de 300 pages, abondamment documenté, Marc Martin rapporte qu’en 1850, une sage-femme dépose un brevet d’urinoir portatif féminin, une culotte étanche avec réservoir. Sans succès. «En 1859, des pavillons pour dames sont à l’étude ; ils le resteront des années durant, jugés trop encombrants pour être installés sur les trottoirs. En 1878, des water-closets ambulants, trainées par deux chevaux sont dessinés pour remédier à l’encombrement… des trottoirs ; mais pas à celui des boulevards. Les voitures à 6 cabines, dont une partie était réservée aux dames, ne vont pas circuler longtemps. C’est alors que des chalets d’aisance mixtes sont apparus. Aucun d’eux n’a donné entière satisfaction, ni sur le plan de la décence, ni sur le plan de la morale : “Dans les couloirs toujours trop étroits des chalets, les deux sexes se coudoient, […] non sans toujours choquer le sentiment très naturel et très légitime de la pudeur féminine”… rapporte-t-on au conseil Municipal de Paris en 1901.»
Toilettes communes : ça vous choque ?
Officiellement, ce sont les dames qui trouvent indécent d’avoir à faire leurs besoins dans des lieux de promiscuité. De nos jours encore, il semble d’ailleurs scandaleux que des hommes et des femmes puissent être amenés à faire leurs besoins dans un espace commun. La vision d’un pénis émergeant d’une braguette pourrait probablement heurter la sensibilité des femmes ? De même, les hommes pourraient trouver dégoutant que des beautés manucurées fassent entendre les bruits de leur défécation ? Il est courant de penser que la mise en place des toilettes séparées, si possible par une cloison parfaitement insonorisée, est quelque chose d’indispensable au maintien des bonnes relations hommes-femmes. Et si c’était faux ? L’exposition Les Tasses force le visiteur à réviser ses idées reçues : qu’est-ce qui justifie vraiment qu’on sépare les hommes des femmes, alors qu’il suffirait de séparer la position debout de la position assise ?
Les femmes aussi peuvent le faire debout
À Paris, c’est à la Mutinerie que ça passe. Pas besoin d’avoir un pénis pour utiliser l’urinoir. C’est écrit sur la porte ! «Le bar queer derrière Beaubourg instaure le concept des toilettes non-genrées et remplace les traditionnels pictogrammes Hommes/Femmes par la distinction pipi assis.e/pipi debout. L’enthousiasme d’une cliente est pragmatique : “C’est génial ! Je suis trop contente quand je peux passer avec mon pisse-debout devant toutes les filles qui font la queue.” L’équipe du bar a tout prévu : “les personnes qui ne posséderaient pas cet urinoir portable peuvent prendre un gobelet mis à disposition. Sur le côté, une affiche montre un schéma explicatif clair : il suffit de se positionner comme une chaise contre le mur, pour se soulager dans le gobelet que l’on vide ensuite dans l’urinoir”.» Hélas, ainsi que le souligne Marc Martin, «les perspectives de voir en France ces toilettes mixtes devenir une norme au-delà des murs de la Mutinerie restent faibles.» Pour quelle raison ?
La réponse mercredi.
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A VOIR : « Les tasses », exposition gratuite du 19 novembre au 1er décembre, de 13h à 20h, au Point Ephémère (200 quai de Valmy, Paris 10).
A LIRE : « Marc Martin, Les tasses », un beau livre de 300 pages, avec la contribution de Christophe Bier, Michael Bochow, Patrick Cardon, Sophie Danger, Ralf König, Gerard Koskovich, Bruce LaBruce, Sébastien Landrieux, Philippe Olivier, Florent Paudeleux, Didier Roth-Bettoni, Régis Schlagdenhauffen, Florence Tamagne, Claude-Hubert Tatot…
A PREVOIR : Conférence de Régis Schlagdenhauffen, le 22 novembre à 19h : « Quand le tribunal de Paris juge les outrages publics à la pudeur : archives de la drague homosexuelle dans les vespasiennes » (Accès gratuit dans la limite des places disponibles). Point Ephémère (200 quai de Valmy, Paris 10).
NOTE 1 : La prochaine étape de l’exposition de Marc Martin « Public Toilets, Private Affairs » aura lieu au Musée Leslie-Lohman, à New York, en septembre 2020.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN DEUX PARTIES : «Pourquoi faire des toilettes séparées ?» ; «Plaidoyer pour des toilettes mixtes».
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Cyrille nous raconte ce qu’il s’est passé, comment sa compagne et lui ont géré ces événements, et comment, 6 mois plus tard, ils s’en remettent, petit à petit. Merci à lui d’être venu témoigner, je crois que ce témoignage est vraiment précieux.
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