L’association
l’Autre Cercle Rhône-Alpes, qui lutte contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle dans le milieu professionnel, organisait une rencontre au
Centre LGBTI de Lyon mercredi 17 juin pour débattre de l’homophobie que peuvent rencontrer certain-e-s professionnel-le-s de santé durant leur formation ou leur travail.
L’Autre Cercle Rhône-Alpes a décidé de se pencher sur la question de l’homophobie vécue par les professionnel-le-s de santé il y a déjà plusieurs mois de cela, à la suite de la parution en janvier 2013 d’un article de la revue des jeunes médecins What’s up doc ?. L’enquête, intitulée Sommes-nous homophobes ?, s’appuyait sur une dizaine de témoignages récoltés par les journalistes du magazine auprès de jeunes professionnel-le-s de santé. Laurent, l’un des auteurs de l’article, était l’un des invités de l’Autre Cercle Rhône-Alpes durant la rencontre qu’elle a organisé au Centre LGBTI de Lyon mercredi 17 juin. L’occasion pour lui d’expliquer que de nombreuses personnes parmi celles interrogées avaient été les témoins ou les victimes d’une sorte d’homophobie latente au sein du personnel soignant. Beaucoup témoignent de réactions et de propos inappropriés à l’évocation de leur homosexualité ou de celle d’un collègue, mais peu affirment cependant avoir subi des agressions homophobes, certainement parce que les professionnel-le-s de santé gays ou lesbiens préfèrent rester discrets sur leur orientation sexuelle au travail. Autre récurrence dans leurs propos : l’assimilation souvent faite de façon systématique (cette fois-ci, plutôt à l’égard des patients) entre séropositivité et homosexualité.
Même son de cloche du côté de l’Autre Cercle Rhône-Alpes, dont fait partie Marc, un ancien infirmier qui exerce aujourd’hui des fonctions dirigeantes au sein d’un centre hospitalier. Au cours de la rencontre, il a présenté les résultats d’une enquête similaire qu’il a lui-même réalisée. Là aussi, les témoignages récoltés se font le reflet d’une homophobie sous-jacente. Beaucoup de médecins, d’infirmièr-e-s et d’aides-soignant-e-s gays ou lesbiennes rapportent vivre des situations de malaise sur leur lieu de travail : des murmures dans leur dos, une exclusion systématique lors des sorties extra-professionnelles, des silences gênés à leur arrivée en salle de pause… Un témoin raconte également avoir été victime d’intimidations. Craignant pour sa sécurité, l’homme a préféré changer de poste. Les clichés aussi sont présents à l’hôpital : Marc se dit ainsi effaré d’avoir entendu une personne en formation lui déclarer qu’infirmier était « un métier de femme« .
Malgré ces témoignages inquiétants, Laurent estime que le personnel soignant dans son ensemble n’est pas foncièrement homophobe. Il explique que le corps médical s’est largement féminisé au cours de ces dix dernières années (même si les fonctions dirigeantes sont encore très majoritairement exercées par des hommes), ce qui a contribué à briser l’image virile et machiste de ce milieu professionnel. Un infirmier, présent à la rencontre, précise lui aussi que, bien qu’il ait été victime de quelques railleries homophobes sur son lieu de travail, il a fini par bien s’intégrer parmi le personnel soignant. Plus surprenant : si, dans bien des cas, l’homosexualité est un frein à l’avancement professionnel des professionnel-le-s de santé gays ou lesbiennes, il arrive (quoique beaucoup plus rarement) qu’au contraire elle se révèle être un accélérateur de carrière. C’est du moins ce qu’affirme une chirurgienne lesbienne interrogée par What’s up ?, qui estime que, connaissant son homosexualité, son recruteur a pu penser qu’elle serait moins encline à avoir des enfants. Ce qui apparaîtrait presque comme une vertu dans un milieu où les nuits de garde peuvent s’enchaîner…
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