Si je vous dis « Fils de »… vous penserez cerainement à une insulte des plus courantes dans les cours d’école, celle qui ferait de votre génitrice une femme prostituée.
C’est le titre qu’a choisi l’acteur-réalisateur de film X, Hervé-Pierre Gustave, surnommé HPG dans le milieu, pour son nouveau film. Il y réfléchit sur ce que va être l’enfance de sa progéniture : la problématique est posée avec beaucoup de sincérité et avec l’impudeur qui caractérise son auteur et dit en substance « Que va être la vie d’enfants d’un acteur X ? »
Il y filme ses enfants choupinets comme n’importe quelle tête blonde, leurs premiers pas, et ses questions sur ce qu’ils risquent de vivre plus tard. HPG propose un film de fiction autobiographique, souvent décousu car mélangeant fiction et réalité. Lorsque par exemple débute le tournage d’une scène porno absurde en costumes tyroliens avec en toile plastique de fond des montagnes peintes au rouleau, la femme d’HPG se pointe sur le tournage, fait mine de commencer à y participer, on ne sait pas si c’est du lard ou du cochon et le film en joue.
La trame narrative est confuse, mais le film est aussi émaillé de nombreux passages passionnants. HPG, qui adore son travail, s’interroge donc lors de son introspection publique sur ce que veut dire « être enfant d’acteurs X » et, conscient de ses contradictions, espère que sa fille ne fera pas ce métier mais ne le déconseillerait pas à son fils. Il s’interroge sur la reproduction sociale. « Est ce que les fils d’acteurs deviennent acteurs? », « Est-ce que les enfants de putes seront des putes? ». Il ne remet pas en cause la stigmatisation dont sont victimes les travailleurs du sexe pour lui-même parce qu’ils s’en fiche pour son propre cas, mais s’interroge pour ses enfants parce qu’il ne souhaite pas cela pour eux.
Autre questionnement d’HPG nouvellement père: comment expliquer son métier à ses enfants? Il interroge ses actrices et partenaires de film sur leur propre progéniture. Les réponses sont très variées. L’une d’elle explique qu’elle a découvert que son fils d’une douzaine d’années regardait des vidéos pornos sur Internet et qu’elle lui a alors expliqué que ce n’était pas la vraie vie d’une part et qu’il risquait de tomber sur sa mère, ce qui pourrait le choquer d’autre part. En conséquence, elle lui déconseillait donc de continuer à son âge et d’attendre d’avoir vécu une relation amoureuse. Bien joué!
Autre passage à la fois très léger et amusant mais questionnant : celui où HPG explique que sa compagne, la mère de ses enfants, ne supporte pas de savoir qu’il se masturbe en regardant des films avec des travestis ou des femmes « matures ». Il défend le droit de fantasmer comme il veut et de se palucher sur les films de son choix mais sa compagne ne supporte pas qu’il fantasme sur l’imperfection. A partir de là, HPG ébauche un questionnement sur le couple et ses conséquences.
Mettant à jour ses contradictions, son envie d’être « un bon père », sa passion pour son métier, son aversion pour les contraintes de la vie de famille, et son soucis de laisser libre ses enfants, HPG sert un film à son image : décousu, impudique et désarmant de sincérité.