Le « quadra » a reçu les signes de mon émoi comme un encouragement. Une de ses mains vient se poser sur ma cuisse. Même si mon jean fait barrage, le contact avec sa paume électrise mon épiderme. Son visage est proche du mien, j’oublie toute morale et lui offre mes lèvres sans qu’il n’ait besoin de les demander.
Ce baiser efficace me fait perdre pied et me transporte vers un plaisir inattendu. Sa main remonte le long de mes cuisses ignorant les voyageurs présents dans les autres rangs. La nuit est tombée, l’éclairage des néons veille sur notre découverte réciproque. Le « quadra » me couvre de sa veste, cachant ainsi des regards ses gestes de plus en plus osés.
Ses doigts se sont aventurés sous mon pull-over et font connaissance avec mes seins réceptifs. Un toussotement discret vient interrompre une vague de désir brûlant. Le contrôleur droit comme un i attend que nous lui présentions les billets. Il m’est demandé de régulariser ma situation illégale en m’acquittant du reste à payer pour Valence - Marseille. Son regard sévère ne laisse aucun doute sur l’avis qu’il porte sur nos ébats. Il part rapidement en ne nous souhaitant pas un bon voyage.
A peine le contrôleur a t-il tourné le dos que mon voisin reprend là où il en était resté. Il dirige les opérations avec habileté. Une bosse est apparue sous son pantalon, le plaisir a été partagé, même si j’ai été passive.
« Je vais dans les toilettes, rejoins moi dans deux minutes. »
L’invitation est claire. Je ne réponds pas tellement je suis soufflée par la proposition qu’il vient de me faire, avec le même aplomb que s’il venait de me proposer de jouer au tennis. Tout va trop vite, je n’y suis pas préparée. Je n’étais pas une fille facile et pourtant le « quadra » me fait découvrir les sentiers non balisés d’un plaisir sur le grill. Il est parti sans se retourner.
Les deux minutes se sont écoulées. Je sais que je n’ai pas le culot de le rejoindre et encore moins d’affronter son regard lorsqu’il regagnera son siège déçu par ma fébrilité. Je m’empare de mon sac, le manteau sur le bras, je m’enfuis à l’opposé des toilettes. Le cœur battant, je traverse les wagons, paniquée et honteuse d’avoir perdu le contrôle. Le visage de mon copain vient de surgir dans mon esprit. La culpabilité au corps, je cherche un espace discret où me cacher.
Je suis essoufflée comme si je venais de courir un marathon, le stress m’oppresse. Je me suis posée entre deux wagons, dans l’espace dédié au stockage des bagages. Le temps me semble long, les minutes s’égrènent comme des heures. Je suis sur le qui vive et guette avec crainte l’arrivée du « quadra ». Mon inquiétude s’avère infondée.
Une demi-heure plus tard, Marseille est annoncée. Je descends la première du TGV, et sans réfléchir, je cours à en perdre haleine vers la sortie. Je dévale les immenses escaliers de Saint Charles. Il fait nuit, je suis seule dans une ville que je ne connais pas.
Machinalement, je remets mon téléphone portable en route, poursuivant ma fuite éperdue vers l’obscurité. J’ai peur, peur de ce que je viens de commettre et peur de recroiser le chemin du « quadra ».
Plusieurs appels en absence de mon copain s’affichent, me jetant au visage ma tromperie. Je m’assois sur un banc pour écouter la messagerie. Le ton de mon copain est à la fois inquiet et en colère de ne pouvoir me joindre. Je reste perdue dans mes pensées, réfléchissant à comment je vais pouvoir gérer les retrouvailles avec mon copain, après ce qu’il vient de se passer.
Un SMS sonne dans la nuit. Il est de lui et sa lecture me scotche. « Tu n’es qu’une salope. Adieu. » Un lien me dirige vers le site d’une agence spécialisée pour tester la fidélité des conjoints.
Je viens de me faire piéger avec succès. Le « quadra » a joué son rôle de tentateur à la perfection.
FIN
(cc) Gustavo Minas