Après son suicide, Justine Jones, une vieille fille sexuellement frustrée est contrainte à errer dans les limbes du Purgatoire. Afin de mériter sa place en Enfer, on lui propose pour un court laps de temps de retourner sur terre et de s’adonner aux plaisirs de la chair les plus extrêmes.
Bienvenue dans la dimension suprême du X, à travers ce classique qui mérite sans conteste son statut. L’entame du film est douloureuse, authentiquement dramatique ; pas de second degré. Mlle Jones se coupe les veines dans sa baignoire, le sang se répand lentement dans l’eau chaude. La scène est pénible et l’actrice semble être une… actrice ! Puis le scénario prend forme, délivre son originalité. L’ambiance est étrange, le purgatoire est tenu par un suave et blond gentleman, expliquant à Mlle Jones que son suicide rend son cas compliqué malgré son dossier « exemplaire ». Les deux protagonistes trouvent une solution sous l’impulsion de Mlle Jones, qui propose de retourner sur terre et d’en quelque sorte, compléter son dossier en s’adonnant sans relâche à la luxure. Le prétexte est solide, magnifiant le scénario plus convenu de la gentille bourgeoise qui se dévergonde. La première scène explicite expose l’actrice acceptant d’être guidée par le professeur du purgatoire (Harry Reems), la sensibilisant à la fellation… et au reste. Excessivement chaud, dans une description virginale du plaisir buccal. La puissance érotique du film est une évidence à travers un constat sans appel : l’actrice Georgina Spelvin est d’une beauté doublée d’une jeunesse (37 ans) très relatives. Mais elle suinte la folie charnelle, la lubricité sans fond.
Parmi les scènes marquantes, celle, très humide, de masturbation au mini jet d’eau sur une musique inattendue d’Ennio Morricone que vous reconnaîtrez. L’actrice s’y contorsionne de plaisir, aux frontières de la douleur. Difficile de ne pas assimiler le jeu de Spelvin à une succession de performances. Attention ! Pas de celles à s’enfiler 120 males en ruts devant les photographes pour rentrer dans le livre pathétique des records du X. Non. De celles visant l’incarnation du plaisir et de ses frontières avec la perte du réel, ou de l’animalité. L’acte est d’ailleurs souvent marqué par la description en « live » et assez brute (voir la scène de double pénétration) des sensations de l’actrice.
Et quel final ! La désormais dépravée Mlle Jones rejoint l’enfer. Mais pas de crocs de boucher ni de démons en vue, encore moins de sorcières… je vous laisse découvrir ce qu’est l’enfer pour un… pornocrate. Mais ce talent n’aurait probablement pas dépassé les portes d’un quelconque sex-shop si Damiano n’avait été derrière la caméra. Les compléments DVD nous laisse apercevoir qui était le bonhomme, à travers la description de proches, des acteurs et de Jacques Zimmer, fameux historien du X. Damiano a fait un peu tous les métiers (marin, coiffeur, photographe…) et confirme rapidement sa thématique récurrente à travers deux films : l’un est un film phénomène (gorge profonde) par ce qu’il va rapporter financièrement, l’autre un film fondateur : l’enfer pour miss Jones. Zimmer souligne la lignée très sadienne du scénario du film, notamment par les thèmes de l’initiation, du cadre confiné et de la soumission à un règlement.
Un très beau film, historique, court, intense.
Format image : 1.77, 16/9 couleur. Langue : Anglais/mono. Sous-titre : français. Durée : 1h04. DVD Zone 2 disponible chez Wild Side dans la collection Age d’or du X américain.