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LMG se définit comme «névroplasticienne», terme inventé par elle en 2011. Elle fait de l’art avec les névroses, les siennes ou celles des autres. LMG, accessoirement, fait de l’art avec du sang menstruel et des fèces, matières transmutées en encres d’or.
Elle s’appelle Lolita M’Gouni mais signe ses oeuvres LMG, qui se prononce comme «Elle aime G», «en écho à une personne qui compte énormément pour moi». LMG n’en dit pas plus. Elle préfère garder certaines informations secrètes : date et lieu de naissance inconnus. De sa vie privée, elle ne dévoile que quelques bribes. «Enfant j’ai fait plusieurs tentatives de suicide pour des raisons qui m’appartiennent et que je n’ai pas envie ici de détailler. Mais je crois que c’est à ce moment là que j’ai “goûté“ et “projeté“ la mort. Entendre ses parents pleurer alors que vous êtes dans un semi-coma, c’est un peu comme assister à ses propres funérailles, sans être vraiment mort…». Ses parents étaient professeurs. Elle-même est professeur, agrégée, en arts plastiques et doctorante à la Sorbonne. Lorsqu’elle n’enseigne pas, elle consacre tout son temps libre à la collecte de névroses dont elle dissèque les symptômes dans des carnets de notes et de croquis.
«Sont principalement archivées des névroses existentielles et traumatiques liées à la peur de la maladie et des névroses timor mortis liées à la peur de mourir. Mes carnets détaillés précisent que les névroses employées à des fins plastiques proviennent d’expériences personnelles ou de confidences envoyées par des personnes désireuses de faire cesser leurs névroses ou tout du moins de mieux vivre avec.» LMG inscrit sa démarche dans la lignée des thérapies psychiques. Mettre des mots sur les maux, dit-elle, c’est déjà une manière de les circonscrire. Pour elle, d’ailleurs, tout a commencé dans le cadre des hôpitaux.
«Enfant, j’allais très souvent voir ma grand-mère maternelle, médecin, sur son lieu de travail. Parfois, elle se rendait dans un service gériatrique de l’Hôpital de Dieppe pour visiter d’anciens patients et je l’accompagnais. Mes premières expériences esthétiques avec la mort datent de cette période. Cet hôpital possédait un grand et vaste parc dans lequel je pouvais m’amuser avec les autres enfants. Je croisais souvent dans ce parc des hommes et des femmes appareillés ou équipés de perfusions mobiles dont l’apparent manège des fluides me fascinait». Naissance d’une vocation. Observant les poches à urine ou à sérum physiologique, LMG développe précocement son goût pour les liquides humains.
Les fluides ou les matières, lorsqu’ils sortent du corps, évoquent souvent la mort. La «merde », par exemple, – ainsi qu’LMG se plaît à la nommer – c’est «la fin d’un cycle de digestion, la sortie du rebut inutile à l’organisme». Tout juste un déchet puant… Mais «c’est aussi la vie, qui alimentera les égouts de Paris, nourrira les insectes coprophages, constituera l’humus des forêts, le purin-engrais des jardins… ou donnera naissance à mes images.» Pas de vie sans cette matière fécale, ni le sournois travail de la dissolution générale… Raison pour laquelle les images qu’elle produit (sous le nom générique «Les images de merde») représentent si souvent des pénis en érection sur lesquels se promènent des escargots baveurs ou des mouches grises à viande (sarcophagia carnaria)… Qui pourrait deviner la nature exacte des encres utilisées par LMG ? Tracés du bout de pinceaux fins, les images sont d’exquises reproductions de muqueuses et de velours.
Leurs couleurs peut-être ? LMG affirme que nous possédons tous-tes des trésors chromatiques en réserve dans les intestins. «Je fais des bocaux avec des échantillons. Ca va du presque noir (quand j’ai mangé du fer) à des ocres orangés (les lendemains de trop grande ivresse)». Elle s’est ainsi constitué «une palette de couleurs assez étonnante, littéralement des jus de merdes», obtenus sans recette aucune, par simples expérimentations. «Après de multiples tentatives, celle appliquée pour “Les images de merde“ consiste à déposer un échantillon de mes propres selles dans un petit pot hermétique avec du diluant à peintures. (J’ai tenté en amont avec de la pisse ou de l’eau, mais cela ne convenait pas). Techniquement, je prélève un échantillon directement dans la cuvette de mes WC à l’aide de petits outils chirurgicaux, je place cet échantillon en bocal avec le diluant, et je laisse faire le temps.» Le résultat : des gouaches et des aquarelles aussi délicates que les fines pattes de diptères.
Qu’elles soient des «images de merde» ne les empêchent donc pas d’avoir l’aspect de subtiles dentelles. Il y a d’ailleurs, entre elles et le tissage, une sorte de connivence. «J’ai toujours été fascinée par les insectes et les arachnides. Quel enfant n’a jamais arraché les pattes d’une araignée… pour voir ? L’araignée d’Odilon Redon m’a souvent accompagnée. Adolescente, je conservais dans des cahiers d’écoliers toutes les araignées mortes trouvées dans le sous-sol de mes grands parents… C’était comme un herbier d’arthropodes.» De ses première collections, LMG a gardé le goût prégnant. Maintenant, elle dessine le réseau vascularisé de certains tissu humains comme des toiles sécrétées par les glandes. LMG dessine aussi des yeux aux muqueuses humides contre lesquelles se lovent des larves ou des poumons dont la surface nervurée se confond avec les ailes d’insectes aux pattes crochues… Des malades intubés de son enfance, reliés à la vie comme par un fil, elle représente la fragile beauté par fragments épars. Chaque image montre un morceau d’anatomie. Chaque morceau est étiqueté, numéroté, daté… Jusqu’ici 29 «images de merde» ont vu le jour. Elles seront exposées dans le cadre de l’exposition collective «Suturation», à Tournai, en Belgique, du 19 juin au 4 juillet 2015.
EXPOSITION : «Suturation» («Poésie de l’abject et plaisir en coutures»). 19 juin - 4 juillet
L’exposition s’inscrit dans une réflexion artistique libre en réaction à l’asepsie générale. Avec les oeuvres de : Stéphane Blanquet / Bere / Els Brodelet / Dawamesk / Francesco Defourny / Charly Desoubry / Ellenore / Féebrile / Gordon War / Cécile Jarsaillon / Jika / Jürg / Emmanuel Kowandy / Lefaser / Lolmède / Elodie Moreau / Lmg Névroplasticienne / The Pit / Jef Palumbo / Toshy / Tristan des Limbes / Collectif Triii
Illustration-Peinture-Sérigraphie-Broderie-Céramique-Photographie-Vidéo
L’exposition est visible du 19 juin au 04 juillet 2015, du mardi au samedi de 13h à 18h30 ainsi que le dimanche 21 juin sur rdv.
Adresse: Tattoo Shop - 8, rue Royale 7500 Tournai - Belgique. Contact: 0032 (0) 69/212849. Vernissage le vendredi 19 juin 2015 en présence des artistes - D.J set par Comic D.J’s.