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« Retrouvons-nous pour célébrer, plus que jamais, les puissances de nos vies queers et de nos élans hors-normes… » Le What the fuck ? Fest*** ! revient au Cirque Électrique le samedi 1er juillet pour une seconde édition attendue.
Initié par Marianne Chargois et floZif, le jeune festival queer des sexualités dissidentes fêtera la non-conformité des corps, des pratiques et de leurs représentations à travers des projections, des rencontres, des installations, des concerts et des performances d’artistes engagés.
Formes expérimentales, arty, documentaires ou Do It Yourself : l’été naissant accueillera ces travaux multiples dans un esprit d’inclusion et d’exploration. Vous aurez le choix entre un atelier d’initiation aux techniques du bondage sur le visage, des courts-métrages post-porn ou encore une performance questionnant les rôles de dominants et dominés dans les rapports BDSM… Le programme complet se trouve ici.
Infos pratiques
Samedi 1er juillet, de 14h jusque tard dans la nuit
Au Cirque Électrique
Place du Maquis du Vercors 75020 Paris
Métro Porte des Lilas
«Texte d’amour mystique, hymne à l’amour charnel, grandiose métaphore poétique de l'amour divin», Le Cantique des Cantiques vient d’être publié dans une version qui croise l’original en hébreu avec 5 traductions, plus 3 lectures : théologique, poétique, historique.
Dieu n’est jamais mentionné dans Le Cantique des Cantiques. Et pourtant… Lorsqu’on lit cet appel : «Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens !», on ne peut s’empêcher de se sentir saisi.e par la puissance de cette invitation à se mettre debout et venir, mais vers qui ? Cet appel, André Chouraqui le traduit ainsi : «Lève-toi vers toi-même, ma compagne, ma belle, et va vers toi-même !». L’éditrice Diane de Selliers commente : «Quelle plus belle déclaration d’amour peut-on faire à l’être aimé ?» Pour elle, Le Cantique des Cantiques relève de la convocation : il s’agit «d’aller à la rencontre du divin en soi». C’est en tout cas ainsi que la plupart des théologiens lisent ce texte, rédigé entre le VIIe et le VIIIe siècle avant Jésus-Christ, et dont le titre signifie littéralement «Le plus beau chant». Il compte 117 vers. C’est le poème qui inspire les mystiques : Sainte Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, notamment, puisent dans cette langue puissamment érotique l’inspiration vibrante de leur propres célébrations. Le Cantique des Cantiques donne la parole au corps. Le corps frémit, le coeur brûle. Le divin prend sa source là, dans cet élan vers l’autre comme lieu de communion possible avec… ?
«Tes yeux sont des colombes, derrière ton voile; tes cheveux comme un troupeau de chèvres»
Dans la grande tradition des bibles polyglottes de la Renaissance, les éditions Diane de Selliers fournissent le texte original (hébreu), accompagné en vis-à-vis des traductions en grec (la Septante), en latin (la néo-Vulgate) et en quatre versions françaises : celles de la Bible de Jérusalem (celle des catholiques), de la Bible Segond (des protestants), de la Bible du Rabbinat (des juifs) et de la Bible de Chouraqui (des linguistes ?). «Ces différentes traductions révèlent la beauté multiple de ce poème et l’importance de chaque interprétation», explique Diane de Selliers. Il est en effet fascinant de comparer les traductions : chaque variation enrichit le poème de significations nouvelles autant qu’énigmatiques. Pourquoi avoir choisi tel mot plutôt qu’un autre ? Quel sens caché se dissimule derrière l’apparente candeur de cette phrase o combien ambiguë : «Qu’il me couvre de baisers ! Oui, tes caresses sont meilleures que le vin» (Bible Segond). Ou encore : «Ouvre-moi, ma parfaite», quand l’amant se tient devant le jardin de cette femme comme devant un secret dont elle restera toujours la maîtresse.
Des papyrus érotiques aux fêtes funéraires d’Adonis
Pour autant qu’on puisse en sonder le mystère, le sens profond du poème s’éclaire à la lumière de ces lectures croisées. Mais –et c’est là où Diane de Selliers frappe fort– l’ouvrage propose aussi de comprendre Le Cantique en le restituant dans ses différents contextes d’apparition. Jean-Christophe Saladin –directeur de la collection «Miroir des Humanistes» aux éditions des Belles Lettres– raconte ainsi les possibles genèses de ce chant singulier, répondant à toutes les questions d’ordre historiques : quand est-il apparu ? qui l’aurait écrit ? qui l’a intégré à la Bible et pourquoi ? C’est l’occasion de découvrir la culture de la hiérogamie (mariage sacré) et de la prostitution sacrée chez les grecs ou les sumériens, ainsi que les chants d’amour égyptiens dont Jean-Christophe Saladin cite d’étonnants extraits : «Enivrantes sont les plantes du bassin de la soeur ; la bouche de la soeur est un bouton de lotus, ses seins sont des mandragores […] et moi je suis une sarcelle : mes pattes sont prises dans ses cheveux prises par un appât, soumises au piège de cèdre»…
L’hébreu : «une main tendue dans l’obscurité qui veut saisir sa part de grâce»
L’autre grand intérêt de cette édition du Cantique c’est le regard qu’y apporte Marc-Alain Ouaknin, docteur en philosophie et rabbin. Dévoilant les principes propres à la langue hébraïque dans l’exercice d’interprétation des textes sacrés, il pointe les difficultés : pourquoi tel mot en hébreu peut-il à la fois se lire «étreinte », «caresses », «amour» ou «jouissances», voire «mamelles» ? Comment choisir ? Faut-il choisir ? Dans un essai intitulé «La Danse des mots», il passe ensuite aux exercices pratiques, scannant sept mots hébreux emblématiques du Cantique des Cantiques. Chacun fait l’objet d’une exégèse : disséquant leurs nuances, Ouaknin propose parfois d’autres traductions que celles choisies par l’éditrice, ce qui augmente encore le spectre des interprétations. La toute première phrase du poème, notamment, lui inspire un vibrant éloge des jeux d’homophonie. Comment traduire la phrase : yichaquéni («qu’il m’embrasse»), minechiqot («des baisers») pihou («sa bouche») ?
«Qu’il me couvre de baisers ! Oui, tes caresses sont meilleures que le vin»
La majorité des traductions reprennent l’idée du baiser : «Qu’il me couvre de baisers» (Segond), «Qu’il me baise des baisers de sa bouche !» (Jérusalem), «Qu’il me prodigue les baisers de sa bouche» (Zadoc Kahn), etc. Pour Marc-Alain Ouaknin, c’est insuffisant : le mot yichaquéni est complexe. Il préfère donc, à toutes les autres, la traduction de Meschonnic qui «choisit un registre totalement différent, celui de la soif étanchée» : «Qu’il m’abreuve des baisers de sa bouche». Pourquoi ? Deux explications. La première est fournie par Meschonnic lui-même : «Le verbe yichaquéni contient en écho interne le verbe abreuver, donner à boire». La deuxième explication est celle d’Ouakni qui incite sur l’importance du premier mot dans tout texte, à l’instar de la première note dans une partition : il existe, dit-il, une règle concernant la lecture des textes, c’est «la règle de la première occurrence. Celle-ci énonce que le sens princeps d’un mot est celui de sa première apparition dans le texte biblique». Or la première occurrence du verbe chaqa (dont dérive yichaquéni), se trouve en Genèse 2,6… Suspens.
Embrasser, abreuver : le baiser qui hydrate
Ce mot apparaît au moment-même de la Création : tout d’abord il n’y a rien. «Une buée humide monta alors de la terre et abreuva toute la surface de la terre. Dieu pu alors former l’homme poussière de la terre et il lui insuffla dans les narines une respiration de vie et l’homme devint une créature vivante». Pour Ouaknin, le verbe «embrasser» doit donc, conformément, à la Genèse, se lire «abreuver» dans le Cantique. Mieux : on ne saurait comprendre le Cantique qu’à la lumière de ce passage de la Genèse au cours duquel, «pour rendre possible l’humain comme créature», Dieu y met de l’eau, afin que la poussière se transforme en matière cohérente. Abreuver quelqu’un de baisers, conclue Ouaknin, c’est lui donner cohérence : «L’amour pourrait se mesurer à l’aune, non du nombre de baisers, mais de la qualité de construction de soi et de l’autre qu’il rend possible.» Continuant sa démonstration, il se penche ensuite sur la plus célèbre occurrence du verbe «embrasser-abreuver» dans L’Ancien Testament –la rencontre entre Jacob et Rachel–, puis au terme d’infinies et délicates comparaisons intertextuelles, cite Lévinas pour livrer sa vision finale du Cantique : ce chant d’amour ne parle pas de possession, dit-il, mais de caresses.
Qu’est-ce qu’une caresse ?
«La caresse consiste à ne se saisir de rien, à solliciter ce qui s’échappe sans cesse de sa forme vers un avenir –jamais assez avenir–, à solliciter ce qui se dérobe comme s’il n’était pas encore.» (Lévinas, L’au-delà du verset, éd de Minuit, 1982, p. 163). Tel serait le sens de l’amour véritable : pousser l’aimé.e non pas à venir mais partir. Non pas vous appartenir, mais aller vers son avenir.
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A LIRE : Le Cantique des Cantiques, éditions Diane de Selliers, 2017.
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«N’éveillez pas, ne réveillez pas mon amour avant l’heure de son bon plaisir» (Jérusalem)
«N’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour, avant qu’il le désire» (Chouraqui)
«N’éveillez pas, ne provoquez pas l’amour, avant qu’il le veuille» (Zadoc Kahn)
«N’éveillez pas, ne réveillez pas l’amour, avant qu’il le désire» (Segond)
Ce 17 mai est la journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Il s’agit d’une journée de sensibilisation contre TOUTES les discriminations que subissent encore les LGBTQI. Le combat est loin d’être gagné. En France, l’association SOS Homophobie vient de publier son rapport sur la LGBTphobie et il y est constaté une hausse...
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