(Les candidatEs aux élections 2017 reviendront ils sur l’interdiction du travail sexuel en intérieur ?)
Tandis que le gouvernement appelle chacun à « rester au chaud chez soi » sans tenir compte des personnes travaillant en extérieur ou sans domicile fixe, nous tenons à rappeler certaines réalités de nos conditions de travail et de vie.
En France, les lois sur le proxénétisme (notamment dit hôtelier) forcent nombre d’entre nous à travailler dehors. En effet, il est interdit à nos propriétaires de nous louer un local ou de tirer profit des revenus de notre prostitution via un loyer. Il nous est aussi interdit de nous associer et de travailler ensemble pour notre sécurité en intérieur.
Pourtant, comme le souligne la Haute Autorité en Santé[1], il est prouvé scientifiquement que les travailleurSEs du sexe exerçant dans la rue sont davantage exposéEs à des risques de violence que celles exerçant dans des établissements (sauna, salon de massage).[2] L’exposition accrue aux violences est également un facteur de vulnérabilité supplémentaire aux infections VIH et IST.[3]
Depuis la pénalisation des clients, nous sommes obligéEs de rester plus longtemps dehors pour tenter de maintenir nos niveaux de revenus. Pendant ce temps, nous sommes toujours assujettiEs au paiement des impôts et cotisations sociales malgré des revenus en baisse d’une année sur l’autre. Si nous ne soumettons pas à ces contributions nous sommes alors condamnéEs pour « travail dissimulé ».
Comme toujours c’est donc l’hypocrisie et l’incohérence qui règnent de la part de ce gouvernement, d’un côté en prétendant se soucier des gens, tout en niant les réalités que nous vivons et celles qu’il nous fait subir, à nous, comme à l’ensemble des populations marginalisées.
[1] http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2016-04/rapport_etat_de_sante_des_personnes_en_situation_de_prostitution_et_des_travailleurs_du_sexe_vf.pdf
[2] Church S, Henderson M, Barnard M, Hart G. Violence by clients towards female prostitutes in different work settings: questionnaire survey. BMJ 2001
[3] Decker et al 2013 https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23387931