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Je viens de lire que « le porno est un milieu de marginaux, où se réfugient tous ceux qui sont cabossés par la vie. » Qu’est-ce qu’il ne faut pas lire quand même ! C’est tellement ne rien comprendre à l’histoire. Le X est un moyen de s’exprimer, il est mis à la marge par la société et les relents des cultures religieuses qui voient dans l’expression charnelle une mauvaise chose. C’est la base. Les personnes qui se sentent exclues de la société peuvent donc aller naturellement vers cet espace où on les acceptera avec leur différence.
Il y a bien des marginaux dans le porno, mais dire que c’est un milieu de marginaux, voilà une chose un peu simpliste. Dans la Porn Valley en Californie, je n’ai pas vu beaucoup de zadistes voulant détruire le système capitaliste, il s’agit plutôt d’un milieu d’entrepreneurs faisant de l’argent. Greg Lansky, Manuel Ferrara et Kayden Kross, les magnats du X sont loin d’être le stéréotype du marginal. Dans la nouvelle vague des amateurs produisant du porno indépendant, il n’y a pas que des punks avec des visions politisées de la sexualité. Non, il y a Leolulu, Luna & James, il y a Lindsey Love ou Danika Mori. Ce sont des personnes qui n’ont certainement pas voulu qu’on les catégorise comme marginaux. Mais faire du porno implique cette étiquette et c’est désespérant de voir des journalistes, qui chantent partout qu’ils ont vu le vrai visage du porno, parler comme cela. La société marginalise le X, mais les gens qui composent ce milieu ne sont pas des marginaux. Ce sont peut-être juste des artistes, des performeurs, des personnes qui aimeraient éviter de se coltiner cette étiquette.
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Retour de l’affaire Leigh Raven – Riley Nixon. Les personnes accusées par les deux performeuses ont balancé les coulisses filmées du tournage et ont fait un article pour prouver qu’elles mentaient et que tout s’était bien passé. C’est assez audacieux de s’exprimer sur ce genre de choses sur les réseaux, car le dossier devrait passer devant le juge. Leigh a répondu assez longuement, elle dit la même chose que dans la vidéo.
An open response to their statement. pic.twitter.com/tPgEMI67Y1
— Leigh Raven (@leighravenx) April 12, 2018
Kelly Pierce partage la position de Leigh, car elle avoue avoir été dans une situation similaire. Cliquez pour lire le reste.
I still believe @leighravenx – consent videos don't prove anything they happened before the action happened… she already said she was just trying to get off the set as fast as possible. She was surrounded by men.
— MrsKellyPierce (@MrsKellyPierce) April 12, 2018
Cette situation pose de vraies questions. Leigh n’a pas pu dire qu’elle se sentait en danger et qu’elle s’est sentie forcer à continuer. Après avoir révélé cela, Leigh et sa compagne Nikki Hearts affirment ne plus avoir de travail, personne ne les booke pour des tournages.
Really sad that since @NikkiHeartsx @RileyNixon_ and myself dropped our YouTube video describing our horrible experiences on an abusive set… we are struggling for consistent work. It’s infuriating to see my wife feel useless.
— Leigh Raven (@leighravenx) April 10, 2018
I have yet to be hired once since that video was released. And I still have Rico leaving us voicemails about how he is loosing work . I am feeling pretty broken tbh. Fuck it.
— Nikki Hearts (@NikkiHeartsx) April 10, 2018
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Il y a aussi un moratoire en cours aux États-Unis, car une personne s’est révélée contaminée par le VIH. Il s’agirait d’une infection hors des plateaux. En attendant, plus de tournages tant que les médecins n’ont pas fait le tour des individus en contact avec cette personne (qui ne souhaite pas que son identité soit révélée). Julia Ann remercie le système de dépistage PASS qui permet d’avertir en amont et de prévenir les transmissions dans le travail.
Moratorium my friends. I know these things are upsetting but it shows that our system is working. Please be safe & adhere to the moratorium. Please remember that someone's life might have just changed significantly and lets try to be compassionate. Love each other & yourself
— JuliaAnn (@therealJuliaAnn) April 12, 2018
Mike Quasar fait des vannes à ce sujet entre deux tweets dépressifs et parlant de son penchant prononcé pour la boisson.
Moratorium day 3: Step-daughters across America re-evalute their relationships with their step-fathers and decide to start dating boys their own age.
— Mike Quasar (@mikequasar) April 14, 2018
Il y a eu aussi ce coup de tonnerre dans le monde de la cam et un peu plus. La carte bancaire utilisée par les modèles pour rapatrier l’argent sur leur compte ne fonctionne plus. Chaturbate par exemple ne transfère pas d’argent vers l’Europe, il faut donc passer par une solution alternative. On vous parle des alternatives à l’alternative dans l’article sur la disparition de FirstChoice Pay.
In case you don't knowFirst Choice Pay has suspended all payments to prepaid fund cards. The company has gone into a "liquidity restrained position". Change your payment methods if you use FIrst Choice debit card withdrawl. https://t.co/9OOzYiwCIH
— KitcattNoir (@KitCatt3) April 10, 2018
Ce revers, les camgirls en rejettent la faute sur les lois SESTA/FOSTA, signée par Trump, et qui mettent en danger toute la communauté des sex workers.
Everyone feels the weight of #SESTA #FOSTA being passed. Sex worker resources are getting closed down. Women are losing the platforms they rely on for work. Banks are no longer working with the adult industry. We're losing support. It's really disheartening…
— JoeyKim.tv (@JoeyKimTV) April 12, 2018
#FOSTA & #SESTA are goldmines for pimps, traffickers & predators. No wonder Drumpf is "a 1000% behind them."
— Nina Hartley® (@ninaland) April 13, 2018
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Greg Lansky se fait moquer pour sa « positive attitude » et son obsession de montrer que le milieu du X est artistique. Le Raffarin du porno balance donc une pique bien sentie.
When you hear someone say “It was so much better back then when….”. You know you’re with a loser and you should move on quick! Successful people never dwell on the past they deal with the present and build the future.
— Greg Lansky (@GregLansky) April 12, 2018
Comme Janice Griffith, j’en ai marre de voir l’identité civile des actrices révélée. Elle parle pour les médias, je râle contre les contributeurs à Wikipedia qui balancent les noms, notamment de Françaises, sans se soucier que ce soit officiel ou non. Céline Tran/Katsuni ok, elle en parle elle-même, mais je ne suis pas certain que les autres qui n’en ont jamais parlé publiquement soient d’accord.
i am extremely weary of journalists who use adult performers or sex workers of any kind’s legal names when reporting on them. our legal names typically hold no bearing on the story itself – it just serves to put a layer of danger onto our choice to speak with you.
— janice (@rejaniced) April 13, 2018
Attention vous risquez d’être très étonnés. Cette jeune femme fait de la cam et bien d’autres choses. Elle a choisi d’être une travailleuse du sexe au lieu de se faire chier dans un taf ennuyant, mais plus conventionnel. Beaucoup font ça et vivent bien plus heureuses.
The internet right now: I don’t think ANYONE actually wants to be a sex worker! We must save these poor people!
Me: pic.twitter.com/HHERb5K5Iq
— 𝒸𝒽𝒾𝓁𝒹𝓁𝑒𝓈𝓈 𝓂𝒾𝓁𝒻 (@facelessfuckers) April 9, 2018
Cette même Erin Carroll met aussi l’accent sur le travail hors caméra que le métier de cam model représente. Il faut discuter beaucoup avec sa communauté et ceux qui souhaitent prendre des rendez-vous pour des shows privés. Il faut faire le SAV pour les vidéos, s’occuper des réseaux sociaux et d’autres tâches administratives. C’est un vrai travail.
A couple times a month I hear the good old “Haha wish I could get paid to just turn on my webcam and masturbate!”
Hi I just spent six hours answering emails. You were saying?? pic.twitter.com/xIut2KGqgD
— 𝒸𝒽𝒾𝓁𝒹𝓁𝑒𝓈𝓈 𝓂𝒾𝓁𝒻 (@facelessfuckers) April 11, 2018
Owen Gray en rajoute une couche en évoquant les performeuses qui ne viennent pas sur le tournage prévu.
Any time I hear people talking about “authentic porn” it makes me want to record a video of me sitting there looking at my phone for 30 minutes because the girl never showed up
— Owen Gray (@veryowengray) April 12, 2018
Le porno permet également de mieux s’accepter physiquement et ainsi de se libérer, comme le partage Trish Collins.
Working as an adult content creator taught me how to cope with self-consciousness. I'm more and more confident with myself, with my own nudity. Thank you for that. pic.twitter.com/Oa1VVNtLg4
— Trish Collins (@TrishCllns) April 15, 2018
Blacked recherche des performeurs. Ce n’est pas souvent que les studios passent des appels à casting en public. On me dit dans l’oreillette qu’Idris Elba aurait annulé un casting pour James Bond afin de se rendre à un essai chez Greg Lansky. J’espère que ça va le faire pour lui.
RT! ATTENTION PERFORMERS! Wanna be the next BIG PORNSTAR?! We are looking for male talent to join the @Blacked_com & @BlackedRaw team!
DM us or email casting@blacked.com w/ 3 xxx pics! 18+ ONLY! pic.twitter.com/1339OX2cQ7
— BLACKED RAW (@BlackedRaw) April 15, 2018
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Le London Porn Film Festival a vu beaucoup de ces « marginaux », « cabossés par la vie » se réunir pour célébrer ensemble et dans la bienveillance leurs multiples talents et des propositions X différentes de ce que le milieu prédominant américain a l’habitude de nous montrer.
Friday Night Late Porn Anyone?
The Jam Packed and Yummy programme All the Babes is all you need for a joyous evening in saucy company!
Get your tix here, https://t.co/PZuaOGdGcl pic.twitter.com/91OOzPLucB
— LondonPFF (@LdnPFF) April 12, 2018
Ils ont célébré Pandora/Blake, l’activiste queer, artiste de la fessée et parangon de la lutte contre les lois anti-porno en Grande-Bretagne.
Today we celebrate and highlight the importance of @pandorablake 's work! We are Proud that they are our Guest of Honour this year! Come and celebrate with us 8pm, Subversive Spanking Porn!https://t.co/de97YSo2gg pic.twitter.com/L5T8MBbqXh
— LondonPFF (@LdnPFF) April 14, 2018
Family portraits at @LdnPFF pic.twitter.com/xCeoX05MTN
— Vex Ashley (@vextape) April 14, 2018
Anoushka fait un porno discret en France. Elle a fait tourner Olly Plum et Marcus Quillan sur un thème autour de la peinture. Au début, j’ai cru que c’était du blood play, j’ai failli être traumatisé.
New movie is coming soon ! Meanwhile a gift. An incredible moment, sweet, tender with beautiful people. A sincere moment out of time @marcus_quillan pic.twitter.com/NiT9OjBazC
— Anoushka (@anoushka_nsp) April 10, 2018
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Allez vous inscrire sur la chaîne Pornhub de Veronica Chaos. On veut cette vidéo !
Have you followed me on @Pornhub yet? I'm at 1.4K right now and I'm gonna post another clip at 2,000 subscribers! ^_^ https://t.co/MEN73bjKN3 pic.twitter.com/oeRNwcHoID
— Veronica Chaos (@VeronicaChaos) April 14, 2018
Cet extrait est très excitant. Ayant un faible pour les endroits publics, j’ai sorti ma CB.
*NEW* video "Crazy Vlogger Sucks Cocks In Airport For Subs" available now!https://t.co/SyCHwaaCvo pic.twitter.com/VrRXo3ZbVb
— Emma Choice (@emmac_cb) April 12, 2018
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Il y a un sens caché à « tinting » où Paris Pierce a simplement repeint la Mustang de Chanel Santini ? Je suis perdu en traduction.
Thanks @PierceParisXXX for tinting my new Pony! pic.twitter.com/I70O9Cx20m
— Chanel Santini (@CCSantini) April 15, 2018
Là ? Comme ça ? On sort du resto et je me sens un peu ballonné…
Fuck me in the car pic.twitter.com/v7ZNfkZuhE
— Kissa Sins (@KissaSins) April 16, 2018
Eh non, chère Manon des Sources, nous ne le savions pas.
Le saviez-vous ? France se dit « Pháp » en vietnamien. Coïncidence ? Je vous en laisse juge.
— Manon des Sources (@SourcesDesManon) April 16, 2018
Coucou, nous dit la couille de Tommy Pistol.
Why?…… pic.twitter.com/LU3CumVgBs
— Tommy Pistol (@TommyPistol) April 12, 2018
La tendance de cet été, le cache-téton en sequin.
— Nia Nacci (@NiaNaccixxx) April 13, 2018
Brenna Sparks toujours dans le coin. Vous l’avez ?
Who wants a $ETH Brenna shirt??
Details soon! pic.twitter.com/FTObJ9sntP
— Brenna Sparks (@brennasparksxxx) April 13, 2018
On regarde l’été s’éloigner sur un pohutukawa tree en Nouvelle-Zélande. (En vrai, je ne suis pas sûr que ce soit cette espèce d’arbre, c’est peut-être une fake news.)
So long summer pic.twitter.com/7UhIOxXBMp
— forest nymph (@forestnymphmfc) April 14, 2018
Ce n’est pas du porno, mais on aimerait être à sa place, avouez-le ! Mangez une pizza au travail : un rêve pour certains, une réalité pour d’autres.
She’s out here living her best life pic.twitter.com/1Jh0DjFein
— 𝔣𝔢𝔞𝔯 𝔞𝔫𝔡 𝔩𝔬𝔞𝔱𝔥𝔦𝔫𝔤 𝔦𝔫 𝔞𝔯𝔢𝔞 51 (@corafine) April 15, 2018
Bong plug, c’est aussi ça vivre ses rêves.
Guess who got to be the first one to try out Glow Fuck Yourself’s Booty Bong?! Well… wear it at least. Who wants to smoke out of my ass? pic.twitter.com/6YUanpuq5r
— Emily Blacc attacc dicc (@emilyblaccxxx) April 10, 2018
Bonne vanne. Arrêtez de balancer vos bites à n’importe qui !
turned this meme into something we can all relate to pic.twitter.com/gcFj9FXllc
— VOTE LYDIA LOVE CLIP ARTIST OTY (@generichoe) April 15, 2018
Imagine, tu tombes sur Cloe Palmer sur Tinder, elle matche. C’est un peu le plus beau jour de ta vie. Faut pas dire de conneries après.
For the sake of clearing up any confusion spread via #Reddit: dis me. I am, in fact, on Tinder – no more robotic than usual. #PavlovsWhore
[stop reporting pls] pic.twitter.com/LP2obyliM5— 𝙲𝚕𝚘𝚎 𝙿𝚊𝚕𝚖𝚎𝚛 (@pavlovswhore) April 10, 2018
Vex a une grande passion pour les mèmes.
porncrastination pic.twitter.com/jhEUODvYH0
— Vex Ashley (@vextape) April 10, 2018
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En attendant le printemps :
— Miss Roper (@RaquelRoperxx) April 15, 2018
• photo by @LittleHollyBeth pic.twitter.com/w7ZjgS9aiL
— ANA (@anamercury_) April 13, 2018
chaotic neutral pic.twitter.com/1hBIXk79AT
— Jade Kush (@JadeKushXIII) April 9, 2018
I'm trying to make dick pics tasteful again #Blackpornmatters pic.twitter.com/73USIg0849
— Sir Jon Julius (@blkpornmatters) April 10, 2018
Je vous fait un petit #Tittytuesday Je vous couvre de pleins de gros bisous pic.twitter.com/7KM4xYG3sS
— 𝓐𝓷𝓷𝓪 𝓕𝓾𝓻𝓲𝓸𝓼𝓪 (@Annaxx220) April 10, 2018
Somewhere over the rainbow pic.twitter.com/K71i2kkHLl
— Skylar Parkar (@SkylarParkar) April 11, 2018
Anybody need a Secretary? pic.twitter.com/i2XRy34vhS
— Daisy Dabs (@DaisyDabs) April 13, 2018
Guess who I hung out with last night @Rooster_XXX pic.twitter.com/7BNIgEJHDI
— Liara Roux (@LiaraRoux) April 13, 2018
Getting ready for an 80s themed party last night pic.twitter.com/g3z36mA7d3
— Laney Day (@LaneyDayx) April 14, 2018
I can also count on @ImLlewynDavis to take amazing photos for me pic.twitter.com/c40zWXgTNx
— ♡jas♡ (@jasminegreyxxx) April 14, 2018
Some pics I took of @AlexDeLaFlor yesterday pic.twitter.com/nFSTgKtf7b
— Emily Bloom (@TheEmilyBloom) April 15, 2018
Wild card up my sleeve
Thick, heart of stone
My sins my own, they belong to me
-Patti SmithPhoto by: @BlueRita_x pic.twitter.com/AQ3NS0jLuN
— Thot Whisperer (@IloveAlexBishop) April 15, 2018
— Bridgette B (@iamspanishdoll) April 16, 2018
S/O to @Pornhub for the cute bodysuit pink hair by @bambiihair pic.twitter.com/pXcLs5NxMF
— Kendra Sunderland (@KSLibraryGirl) April 14, 2018
Photo de une : la fabuleuse Alex de la Flor par la somptueuse et talentueuse Emily Bloom.
L'argument le plus couramment utilisé pour s'opposer à la parité c'est de présumer de l'incompétence des femmes, et la crainte qu'elles ne méritent pas leur place. S'est-on déjà interrogé sur celle des hommes ?
- Politique QuébecAu XVIIIe siècle, Mme du Deffand, femme de lettres, déclare : «je ne crois pas aux fantômes, mais j’en ai peur». Comme elle, plusieurs anthropologues s’attaquent à ce sujet dans une revue consacrée aux choses étranges dont ils ont croisé la route à travers le monde.
«Les fantômes sont des choses qui arrivent» : dans l’article en introduction du numéro 69 de la revue Terrain qu’il coordonne sur le thème «Fantômes» (sortie en kiosque le 24 avril), Grégory Delaplace, anthropologue à l’Université de Nanterre, refuse de faire comme si les fantômes n’existaient pas. Qu’on y croit ou pas, peu importe. Partout dans le monde, des faits surnaturels sont vécus ou rapportés, qui affectent «réellement» les individus «et qui ont des conséquences sur leurs vies respectives».
Bunkers et fantômes de soldats allemands
Lorsque l’historienne Gilly Carr (Université de Cambridge), par exemple, se met en tête d’étudier la mémoire des bunkers allemands de la seconde guerre mondiale sur l’île de Guernesey et qu’elle enregistre la voix d’un homme invisible qui appelle au secours («Help us!»), bien mal lui prend d’en parler lors d’une conférence : la voilà discréditée. «Je fus tancée publiquement, devant tout l’amphithéâtre […]. Et pourtant, j’étais troublée, dit-elle. J’avais bien mis le doigt sur un phénomène qui, dans les îles Anglo-Normandes, semblait se situer au même niveau que les autres héritages de l’occupation que j’avais réussi à identifier». Cet héritage traumatique lui semble au moins aussi important à étudier que les vestiges en béton de la guerre. Pourquoi donc poser un tabou sur ce patrimoine-là ? Dans la revue Terrain, elle énumère toutes les traces recueillis à Guernesey par d’autres témoins de faits inexplicables : visions, voix, ampoules qui sautent, ombres, brumes vaporeuses dessinant des formes, odeur de tabac allemand, sensations d’étouffer… «Bunkers et fantômes sont bien partie prenante d’une même pratique de la mémoire», conclut-elle. On ne peut pas ignorer ces vestiges de l’histoire et faire comme si les expériences vécues dans les ruines des bunkers n’étaient que des fadaises : bien qu’elles constituent une «rupture d’intelligibilité», comme le dit Grégory Delaplace (1), ces expériences vécues ont du sens, ne serait-ce qu’à l’échelle des générations qui se transmettent le souvenir de l’occupation.
Il est dangereux de «jouer avec les fantômes»
Un autre chercheur, Ludek Broz, spécialiste de la Sibérie, relate lui aussi des récits étranges relatifs aux morts avec qui, il ne faut jamais partager un repas ni un verre. Gare à l’ivrogne qui, croyant trinquer avec de sympathiques inconnus, apprend le lendemain qu’il s’agissait de revenants : il ne tardera pas à mourir. Fréquenter les morts, c’est courir le risque de mourir à son tour, parce qu’ils ont le pouvoir de «rendre autre» ne serait-ce qu’en nous faisant douter de nos certitudes. Nous qui vivons, pour la plupart, dans un monde régi par des lois simples – où les morts sont morts – que nous arrive-t-il lorsque nous voyons brusquement une apparition ? Les fantômes nous exposent à devenir autre, c’est-à-dire à réviser nos positions. Mais une telle révision ne va pas sans risque : «Si nous commençons à porter un regard ouvert sur les fantômes, qui ne postule pas dès le départ leur non-existence, il nous faudra probablement [affronter] le discrédit potentiel de notre travail par nos collègues anthropologues». Craignant de perdre ses financements institutionnels et d’être mis au ban de la communauté scientifique, le chercheur n’est pas plus immunisé contre les fantômes que n’importe qui d’autre. C’est pourquoi, avec prudence, il ne peut parler de fantômes qu’«avec des pincettes» (2).
Qe font apparaître les apparitions ?
«C’est donc ainsi que ce numéro de Terrain a choisi de traiter de ces êtres singuliers, fuyants et pourtant impérieux que sont les fantômes : comme des événements», résume Grégory Delaplace, qui prône la possibilité de «faire avec» ces apparitions, c’est-à-dire de les intégrer à la recherche sans chercher à comprendre de quoi elles sont faites (5), mais plutôt ce qu’elles nous font : quelles «conséquences» peuvent-elles avoir sur la vie des personnes qu’elles croisent ? Comment gérer ces présences ? Les moments où les morts apparaissent, dit-il, sont des moments «où la composition du monde ne va plus de soi, où la réalité se fissure et s’effrite, où elle demande à être réévaluée. Même dans les contextes où l’existence des fantômes semble être la mieux établie […] les apparitions définissent un avant et un après dans la vie des familles chez qui un mort se manifeste» (4). Forçant les vivants à «recomposer le monde – [à] reconsidérer la possibilité que certaines choses invisibles puissent exister», les apparitions mettent en lumière ou, plutôt, «font apparaître» les lignes de fracture qui traversent des groupes ou des individus.
Le fantôme d’une femme jalouse et en colère ?
«Les morts ont un pouvoir sur les vivants». Grégory Delaplace en donne un exemple concret dans son introduction : il relate l’affaire du fantôme de Bethnal Green. En février 1938, à Londres, des milliers de curieux se précipitent devant une maison hantée située 132 Teesdale street. La police doit faire un cordon pour interdire l’accès à cette maison où se déroule des phénomènes étranges : «plusieurs fois par jour, un cri quasiment inhumain s’en échappe, suivi du fracas de meubles projetés au sol.» Au premier étage, régulièrement, des portes fermées à clé s’ouvrent, des chaises sont renversées, des draps de lit sont chamboulés, des objets se déplacent et cela date précisément du décès d’une dame épileptique, Mme Davis, dont un journaliste apprend qu’elle était en colère contre sa voisine, Mme Harrison : celle-ci est accusé d’avoir volé les bijoux de la défunte, d’avoir peut-être même détourné son mari du droit chemin… La morte est donc en rage. Un journaliste, d’abord incrédule, relate des faits inexplicables. Des enquêteurs, les gens du quartier, les milliers de curieux se questionnent. Jusqu’au jour où Mme Harrison déménage. Les phénomènes stoppent immédiatement. Ils avaient ouvert «une brèche dans le monde», dit Grégory Delaplace. Lorsque la brèche se referme, les vivants restent seuls avec leurs interrogations.
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A LIRE : revue Terrain, numéro 69 – «Fantômes» – coordonné par Grégory Delaplace, dirigé par Vanessa Manceron et Emmanuel de Vienne. Sortie en kiosque le 24 avril 2018.
NOTES
(1) Grégory Delaplace cite Alban Pensa et Eric Fassin, «Les sciences sociales face à l’événement», Terrain n° 38, 2002, p. 5-20.
(2) Gérard Lenclud «Vues de l’esprit, art de l’autre. L’ethnologie et les croyances en pays de savoir», Terrain n° 14, p. 5-19.
(3) Christophe Pons, «Réseaux de vivants, solidarités de morts. Un système symbolique en Islande», Terrain n° 38, 2002, p. 127-140.
(4) «comme en Islande par exemple où les interlocuteurs de Christophe Pons ne cessent de s’étonner de son étonnement face à ces choses – “Il y a des morts dans les maisons comme il y a des plateaux avec des fruits !” », explique Grégory Delaplace qui cite Christophe Pons : «Pour en finir avec la croyance. Une analyse anthropologique d’histoire de fantôme», Skírnir. Hins íslenska bókmenntafélags n° 172, 1998, p. 143-163.
(5) Les apparitions relèvent-elles de l’imaginaire collectif, de l’auto-suggestion, de la névrose, du phénomène physique ?
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