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Du 21 septembre 2016 au 23 janvier 2017, le Centre Pompidou a rendu hommage à Magritte, dans une rétrospective La trahison des images. J’ai aimé.
Magritte, illustrateur publicitaire et artiste peintre, a su mettre en image les mots, transfigurer les images, donner sens aux mots, jouer avec les contresens et surtout tout mettre sens dessus-dessous.
Rares sont les rétrospectives qui lui ont été consacrées car beaucoup de ses œuvres appartiennent à des collections privées. En 2016, le Centre Pompidou à Paris organise une nouvelle exposition réunissant des collections publiques et privées.
Les symboles, Magritte en distille dans chacune de ses toiles, de façon répétitive, redondante, presque obsessionnelle. Ainsi, le grelot qu’on croit reconnaître ici et là comme la métaphore des neurones se transforme au détour d’une autre toile comme un reflet indécis qui nous fait revenir à la case départ. Le ciel et les nuages sont d’un côté le décor au-dehors, parfois la matière en dedans. Un reflet sur un miroir peut être une vitre à travers de laquelle le regard ne sait plus s’il est tourné vers l’intérieur ou l’extérieur. Le rideau se dévoile ou cache avant devenir lui-même le sujet des regards, mis en scène dans un cadre accolé à celui du nuage…
Depuis que j’ai découvert Magritte, je m’amuse à chaque fois à essayer d’en décrypter entre autres les symboles : vaut-il mieux se fier aux mots ou aux images pour faire sens ? Un mot doit-il aider à comprendre le sens à donner à une image ou peut-il en détourner le sens profond pour servir une autre interprétation ? Peut-on parler de trahison des images ?
Car si on envisage le fait même qu’il peut y avoir trahison, c’est que la réalité à laquelle on s’attendait a été trahie, déviée de son sens (encore faut-il en avoir le bon), mais il semble que Magritte aime à suivre plusieurs pistes et ouvrir ainsi à plusieurs vérités… Où serait donc la trahison ?
Ce qui caractérise aussi l’œuvre de Magritte, ce sont les personnages scénarisés et qu’on croise au gré des tableaux : ainsi l’image de sa mère s’invite dans les toiles faisant allusion à sa disparition. La femme voilée. S’agit-il de représenter le suicide de sa mère portant son linceul, la pudeur de sa compagne ou une femme dont il protègerait l’identité ? L’ambiguïté semble s’infiltrer comme laisser un doute. Il ne s’agit pas d’exorciser la mort d’un proche, mais là encore de poser une énigme… Celle de l’identité et de l’anonymat, de ce qui est dévoilé ou caché, un niveau de vérité à deviner…
Magritte, comme toujours, même sur un sujet aussi délicat, ne dévoile pas sa vérité, il ouvre à l’interrogation, et joue entre l’image de la mère, la femme, l’épouse… Laquelle se cache, se dévoile, se dénude ou se met à nu ?
Une transition pour présenter un autre personnage omniprésent dans les toiles de Magritte, son épouse qui aura posé et travaillé avec l’artiste, comme une complice, une muse réelle, imaginaire, dessinée, peinte ou photographiée… Existant sur plusieurs niveaux de réalités, mais toujours présente. Elle est tout autant le modèle personnifié que l’objet du désir de tout homme, une réflexion plus large sur la place des femmes sur la toile, dans la créativité de l’artiste, dans la vie de l’homme, et plus largement dans la création du monde. La femme est donc porteuse d’un message qu’il soit écrit ou visuel, et au-delà d’un symbole, elle semble représenter tout un pendant de réflexion et de création.
Objet de désir, icône sacrée, ou complice amoureuse, la femme est au centre de son œuvre.
Également, Magritte se met en scène, lui l’homme, l’artiste, et le modèle… On trouve des autoportraits, Magritte reconnaissable par ses traits, ses caractéristiques propres, qui se démultiplie parfois jusqu’à l’infini, jusqu’à perdre sa propre identité, il devient l’autre, les autres hommes, tous les hommes. C’est le Sinnerman, l’homme au chapeau melon, l’homme sans identité, les Mr Doe dans lesquels chaque homme peut se reconnaître…
Personnellement, ce personnage qui se répète pourrait être le pendant d’Arman avec ses accumulations d’objets du quotidien mêlé à l’œuvre cinématographique de Spike Jonze avec son film Dans la peau de John Malkovich, Magritte accumulant l’homme singulier pour le perdre dans la masse. Une accumulation de personnages anonymes dans une société de consommation et où chacun est interchangeable jusqu’à la névrose, l’effacement du Moi.
Magritte, tout comme David Lynch au cinéma, semble vouloir inviter chacun à s’interroger en profondeur sur le sens même du mot « exister » pour qu’émerge le Moi. Est-ce ce que Magritte souhaite encourager à travers son œuvre ? Inviter celui qui regarde au questionnement ? Explorer les méandres d’un cerveau soumis au doute ? Se dévoiler à soi-même en dépassant ce qui est caché au fond de soi, derrière un rideau, en regardant à travers une fenêtre (que représente le monde extérieur qu’on observe tout en menant une réflexion sur son for intérieur) ? Quelle vérité dévoiler ou cacher ?
Ce n’est peut-être pas la réponse qui compte, car chaque réponse peut ouvrir à plusieurs niveaux de réalités, les images ne trahissent ni les mots ni leur sens. La réalité n’est pas tangible et unique. À chacun de cheminer pour libérer son Moi, et trouver ses propres réponses. L’œuvre de Magritte me semble construite ainsi, comme un parcours dans le Psyché vers une réelle libération intérieure.
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Ce texte a été présenté à l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes à la Sorbonne. Le STRASS y était invité par le bloc offensif antisexiste, collectif d’étudiantes féministes, à répondre à la question suivante:
comment se réapproprier son corps en tant que femme ou minorité de genre dans une société capitalo-sexiste et patriarcale?
Notre lutte pour la reconnaissance du travail sexuel, et particulièrement en tant que femmes cis et trans , dans une période de réappropriation du contrôle de la part du féminisme institutionnel qui juge notre activité et condamne à tour de rôle soit la « catin », soit la « victime » de prostitution, soit le client « prostitueur », doit être éclairée non seulement par notre expertise individuelle, mais aussi par une réflexion historique sur le lien entre la lutte féministe contre la domination patriarcale des femmes et le travail sexuel . L’analyse ci-dessous permet de mettre en lumière l’importance des luttes féministes intersectionnelles dans la réappropriation de nos corps, nos droits et combien le féminisme institutionnel actuel pour l’Egalité Femmes Homme, dans son souci d’avoir le contrôle sur les minorités, le contrôle sur nos droits et nos corps et de dicter sa vision de la dignité, applique une domination identique à la domination patriarcale concernant les Travailleuses du sexe.
Afin de définir ce que pourrait être un féminisme à partir de nos vécus de travailleuses du sexe, qu’on pourrait aussi appeler : « un féminisme pute », nous abordons 3 volets de réflexion :
– 1) rendre visible comme travail les services sexuels que les femmes sont contraintes à effectuer dans les systèmes patriarcal et capitaliste
– 2) comprendre le rôle de l’injure « pute », de la « putophobie », ou du « stigmate de putain » comme formes de contrôle sexiste sur le corps des femmes, et
– 3) envisager le travail du sexe comme un travail de genre : envisager comme travail la performance de la féminité dans nos vies de tous les jours, au travail et, y compris, lorsque nous sommes dans la sphère dite privée « hors travail »
Les premières organisations de travailleuses du sexe sont nées dans les années 1970 dans la vague des mouvements des femmes de cette époque. A ce moment là, des militantes et théoriciennes féministes ont analysé la division sexuelle du travail, notamment à travers l’exemple du travail domestique assigné à la sphère privée, et rendu invisible par des formules comme « maman ne travaille pas car elle reste à la maison s’occuper des enfants ». Dans certains pays, comme en Italie, au Québec, ou au Royaume Uni, des groupes de femmes ont revendiqué un revenu pour le travail ménager pour dénoncer cette assignation à un travail gratuit. En 1975, au moment où les prostituées françaises occupent les églises en protestation contre les lois répressives qu’elles subissaient, le collectif anglais des prostituées (English Collective of Prostitutes) nouait des alliances avec le mouvement en faveur d’un revenu pour le travail ménager. Parmi ces féministes, Selma James ou Silvia Federici, ont soutenu la revendication de reconnaitre la prostitution comme un travail, pensant que les services sexuels aussi, font partie des tâches considérées comme relevant « naturellement » du rôle dit féminin d’épouse et de mère. Elles déclaraient que le mouvement des prostituées, en rendant visible la prostitution comme travail, aidait l’ensemble des femmes, qui pouvaient ainsi mieux négocier les conditions de cette injonction à la sexualité pour leur propre plaisir et intérêt, ou bien, pour mieux la refuser.
Cette assignation à rendre des services sexuels aux hommes est un trait considéré comme universel. C’est en tout cas la conclusion des recherches de l’anthropologue Paola Tabet qui a théorisé ce qu’elle appelle le « continuum des échanges économico-sexuels ». Pour simplifier, Tabet observe que dans toutes les sociétés qu’elle a étudié, les femmes sont dépossédées de la plupart des richesses et moyens de production détenus en général par les hommes. Pour vivre ou survivre, elles sont contraintes à utiliser leur sexe et leur sexualité comme moyen d’échange avec les hommes afin d’accéder à des ressources ou des avantages comme la sécurité, ou une position sociale plus favorable. Au sein de ce continuum se situe évidemment la prostitution, mais également la plupart des institutions du patriarcat qui régissent et encadrent les possibilités de rencontres sexuelles entre les femmes et les hommes à savoir : le mariage, le couple, ou les rendez-vous amoureux. Les prostituées ne sont ainsi plus une catégorie à part des autres femmes, mais subissant une oppression commune, par l’extorsion de services sexuels.
En quoi notre oppression serait donc spécifique à celle des autres femmes ? Nous y venons dans notre deuxième point.
La putophobie ou le stigmate de putainLa psychologue Gail Pheterson, autre grande alliée féministe des mouvements de prostituées depuis les années 1970, a analysé les rapports femmes/hommes à travers ce qu’elle a nommé le « prisme de la prostitution ». A la suite des travaux de Tabet, elle définit la prostitution comme différente des autres formes d’échanges économico-sexuels, parce qu’étant la partie stigmatisée et illégitime au sein du continuum. Et la raison pour laquelle elle est stigmatisée, est parce que des femmes osent exiger explicitement une compensation financière ou matérielle pour les services sexuels rendus, et qu’en faisant cela, elles rendent visible le fait qu’il s’agisse d’un travail et non d’un cadre d’échanges « naturels ».
Elle montre cependant que le « stigmate de putain » n’est pas particulier aux prostituées mais est une arme du patriarcat contre toutes les femmes. En fait, la stigmatisation de la figure de la prostituée, permet de créer une identité de genre séparée au sein de la classe des femmes, et qui a pour fonction d’être un contre-modèle aux statuts légitimes par exemple d’épouse et de mère. Les femmes sont ainsi divisées schématiquement dans le patriarcat traditionnel en deux principaux blocs, selon le type de travail sexuel auquel elles sont assignées : travail sexuel de reproduction, ou travail sexuel ayant pour finalité la production de plaisir et de divertissement (masculin bien sûr). Ces deux types de travail sexuel sont distincts car les hommes veulent s’assurer de la transmission de leurs gènes et de leur nom, et limitent donc l’échange sexuel des femmes à un seul homme dans la sphère privée ou l’étendent à tous les hommes dans la sphère publique.
L’injure de pute ne sert donc pas seulement à stigmatiser les travailleuses du sexe mais toute initiative ou prise de liberté des femmes, toute forme de rébellion, toute forme de transgression de genre, notamment le fait d’occuper des espaces publics et nocturnes réservés traditionnellement aux hommes où seules les « putes » disponibles pour leur divertissement sont tolérées.
Face au stigmate de putain, la stratégie féministe « mainstream » est d’inciter les femmes à se distinguer le plus possible de la catégorie de « pute », allant même jusqu’à chercher à l’abolir. Or, tant que la structure économique du patriarcat et du capitalisme est en place, il y aura toujours des femmes qui auront besoin, ou trouveront intérêt, à gagner de l’argent par le biais du travail sexuel. Au lieu de lutter contre la stigmatisation, cette approche a plutôt tendance à la renforcer et à maintenir la dichotomie entre « femmes normales » et « femmes à part ».
Pour lutter contre la stigmatisation, une stratégie a été de créer le nouveau terme de « travail sexuel » au lieu de celui de prostitution. Ce terme a comme avantage comme nous l’avons vu de dénaturaliser l’assignation aux services sexuels et de rendre visible cette tâche comme un travail. Il permet aussi de reconnaitre la capacité d’agir des femmes, et de s’organiser pour exiger des droits et protections acquises par les mouvements ouvriers. Enfin, il permet de rassembler différentes catégories de travailleuses du sexe plus largement que la prostitution traditionnelle, qui sont habituellement isolées et divisées selon leur mode de travail.
Une autre stratégie de lutte contre le stigmate de pute est de nous le réapproprier en fierté. Lorsque nous disons que nous sommes des putes et que nous en sommes fières, nous ne portons pas de message sur les conditions d’exercice du travail sexuel, ou sur nos sentiments quant à celui-ci. Quelles que soient nos expériences, bonnes ou mauvaises, que nous aimions ou détestions notre travail, nous n’avons pas à nous en justifier. Ce que nous disons par ce message de fierté, est que jamais nous ne nous laisserons réduire à la honte et au silence, car comme nous allons le voir à présent dans notre troisième et dernier point, le stigmate de putain a également pour but de nous empêcher de révéler ce que nous savons des rapports de genre à travers notre expérience de confrontation quotidienne aux hommes.
Le travail du sexe comme travail de genreUne partie importante du travail sexuel est de performer du genre car l’espace de la sexualité est un de ceux où les possibilités d’expression de genre deviennent plus nombreuses, notamment dans les industries du sexe contemporaines et mondialisées, résultat du libéralisme, où les demandes se diversifient et où les sources d’accès à certaines formes de services sexuels comme la pornographie se démocratisent. Le travail sexuel évolue en effet comme le reste de la société, en négatif mais aussi parfois en positif, en particulier grâce aux apports des féministes et des courants dits « pro-sexe » qui essaient de changer les métiers du sexe de l’intérieur. Bien que les expressions de types de féminités (ou de masculinités) soient plus diverses, et que de plus grandes libertés sont possibles notamment avec l’essor de « niches commerciales », certaines représentations de genre peuvent être aussi beaucoup plus contraignantes et stéréotypées. En tout cas, il est évident pour beaucoup de travailleuses du sexe que la sexualité, la séduction, ou les émotions qu’elles mobilisent relèvent d’un travail de production d’une féminité.
Lorsqu’on est féministe pute, et qu’on travaille avec la sexualité, on observe peut être plus rapidement et facilement la facticité du genre, et de la féminité qu’on performe au quotidien. Le maquillage, les tenues, les accessoires, tout un support matériel vient quelques fois soutenir un édifice totalement construit au service des fantasmes et des représentations. Mais à force de performer cette féminité dans le cadre du travail, il devient parfois moins supportable de le faire en dehors du cadre du travail, et qui plus est, gratuitement. Pourquoi devoir être bien habillée, d’apparence sexy, devoir sourire, rester attentive et patiente à la conversation des hommes s’ils ne nous paient pas pour le faire ?
Autre constat, cette mobilisation de la féminité n’est pas uniquement le commun des travailleuses du sexe. Beaucoup d’entre nous avons exercé d’autres métiers dans lesquels nous devions là aussi faire attention à notre apparence, à nos tenues, à nos attitudes. Y compris dans les plus hautes sphères de pouvoir, il est exigé par exemple des femmes politiques d’être bien habillées, et elles se voient subir toutes sortes de commentaires sur leur apparence physique ou les émotions qu’elles expriment ou non publiquement. Et là encore, on retrouve une partie de travail spécifique aux femmes qui doit être réalisé gratuitement. En effet, les femmes ne sont pas davantage payées que les hommes lorsqu’elles doivent passer des minutes supplémentaires à « se préparer » pour « se présenter » au travail, lorsqu’elles doivent répondre à des exigences en termes de travail émotionnel qui ne sont pas requises de la même manière des hommes. En général, elles sont même moins bien payées.
Pour revenir au travail sexuel, ce qu’il révèle est également la production de la masculinité de la part des clients hommes. Comme certaines féministes du « care » l’ont souligné, le travail sexuel est un travail du care qui se situe dans le cadre général du travail de reproduction sociale. Cela signifie que pour que les hommes soient performants au travail, dans le travail de la sphère publique considéré comme productif, et qui est rémunéré, ils peuvent se reposer sur le travail gratuit et invisible des femmes, ou sur celui de professionnelles des soins et de l’attention, en général d’autres femmes. De cette manière, la masculinité d’apparence forte et performante dans la sphère publique, se révèle en revanche fragile, à consoler et à conforter via le travail d’attention et de soins, dont le travail sexuel.
Les textes de l’écrivaine et prostituée Grisélidis Réal révèlent en grande partie cette « fragilité masculine » à travers la sexualité. Un homme qui doit tenir un rôle social, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’une position de pouvoir, ne peut pas se permettre que soient exposés d’éventuels comportements sexuels en contradiction avec ce qu’il représente. Etre pénétré sexuellement, se faire pisser dessus, être soumis, ne pas être considéré comme performant sexuellement, ne pas réussir à bander dur et sur commande, avoir une sexualité qui ne permet pas de faire des enfants et donc d’être productif et reconnu comme père, toutes ces choses peuvent se faire avec une travailleuse du sexe qui apporte une garantie de non-jugement. De plus, comme nous l’avons vu, la stigmatisation de la pute permet d’empêcher toute expression de sa part, ou d’invalider sa parole au cas où celle-ci ne se tairait pas.
Pour conclure, et pour donner des perspectives plus concrètes sur ce que nous vivons actuellement, la pénalisation des clients ne permet pas de renverser les rapports de genre. Nous revenons aux injonctions à une sexualité dite gratuite et naturelle, sans se rendre compte ou en niant la part de travail encore pesante sur le corps des femmes. La stigmatisation ne diminue pas bien au contraire, car nous sommes renvoyées à une obligation de honte et de repentance au travers d’un « parcours de sortie de la prostitution », comme seule issue à notre condition. Aucun moyen réel n’est en place pour permettre d’améliorer nos conditions économiques pour refuser l’exploitation par le travail. On nous fait comprendre seulement qu’il est préférable de se faire exploiter ailleurs que dans le travail sexuel. La pénalisation a ironiquement réduit encore plus notre pouvoir, voire a inversé le rapport de force en faveur des clients, car elle conduit à une précarisation et à l’obligation d’accepter des hommes ou des conditions que nous pouvions mieux refuser auparavant. Pour se réapproprier le pouvoir sur nos corps, pour lutter contre les violences et l’exploitation, nous continuons de croire qu’une approche syndicale est plus efficace que les interventions policières et carcérales de l’état. Nous continuons de croire en un féminisme qui repose sur l’autodétermination des femmes, qui n’invalide pas leur parole, ni ne les infantilise. Nous croyons aussi que rendre visible le travail des femmes est le meilleur moyen pour permettre et organiser ensuite la grève des femmes.
Le concept du swipe démocratisé par Tinder est devenu un modèle et une norme. Applis de recrutement, de cinéma, de networking, de recherches immobilières : tout est prétexte à zapper du bout du pouce. Avec son interface rose et grise inspirée du géant du dating, l’application britannique Sextoii propose ainsi d’acheter sextoys et accessoires luxurieux parmi plus de 250 références.
Il y en a pour tous les genres et toutes les pratiques. Un bijou anal Julian Snelling, un dildo design Lelo, un boxer smoking LHM ? Faites vos jeux ! Dans ce supermarché du plaisir, on éjecte les joujoux qui nous indiffèrent d’un geste… Et l’on envoie ceux qui nous tapent dans l’œil direct dans une wishlist. C’est simple, ludique, rapide : une alternative aux stores classiques avec leur catégorisation rarement intuitive. Et la livraison est garantie « 100% discrète ».
Sextoii est disponible sur iOS et Android… Mais pour l’instant, les frais de port restent très élevés – la marque est implantée à Londres. Il faudra attendre un peu avant de voir la même chose arriver chez nous.
Coûts de production faibles, climat méditerranéen, fantasmes latinos… Le porno alternatif s’est mis à l’heure espagnole. En témoigne le très arty Darkness Studio lancé par le réalisateur et photographe barcelonais Nico Bertrand. Vitrine de son porn éthique, espace d’exploration, Darkness joue sur les faces claires et obscures de la sexualité. « Le consentement et l’égalité sont deux valeurs véhiculées par mes films. Le désir n’est pas un territoire réservé à un genre, » explique Nico. Ni à une pratique, nous fait dire son catalogue.
Sur son site, les abonnements de 1, 3 ou 6 mois ouvrent droit à tous les fétichismes : les pieds vernis d’Amarna Miller dans Smoking barefeet, la blouse d’infirmière en latex de Nenetl Avril dans Harpsichord, les larmes érotiques de Maria Riot dans Dacryphilia… Ici, les femmes sont les héroïnes ; la grâce, leur quête. « Depuis que j’ai étudié la photographie, capturer la beauté est au cœur de mon travail. J’applique le même concept en vidéo. L’esthétique est un outil qui aide à renforcer un objectif : dans mon cas, traiter le sexe pour ce qu’il est, un art. »
Nico a découvert sa vocation d’esthète avec le vieux reflex de son padre. Il a déployé ses talents dans la pub, la réalisation de clips et de courts-métrages, s’intéressant très vite à la nudité, avant de tourner sa première scène porno en 2014 avec Necro Annenke : Saliva – une histoire de bave dans les bois. « C’était juste une expérience pour moi, mais soudain je me suis fait connaître auprès de l’industrie et j’ai tourné avec des pros. » Depuis, Nico n’arrête pas. Et il marche clairement dans les pas d’Erika Lust, elle aussi basée à Barcelone… La nouvelle vague porno serait donc hispanique ?
Les membres de l’industrie pornographique ne parlent pas toujours d’une même voix. Certains personnages font débat ; certains sujets n’en finissent plus de susciter des controverses. Malgré ces différences, il semble que tous les pornographes s’accordent à dire que Christopher Mallick est l’escroc numéro 1 du X. Depuis 2010, cet entrepreneur spécialisé dans les services de paiement en ligne dans le milieu adulte est accusé d’avoir volé plusieurs dizaines de millions de dollars à des milliers de sites X. Mais est-il vraiment coupable ?
Un homme d’affaires médiocreChristopher Mallick en 2008
John Christopher Mallick est né au Texas en février 1959. Son père, George Mallick, était un authentique self-made man qui avait fait fortune dans le pétrole et l’immobilier ; en 1989, son “empire commercial” était évalué à 10 millions de dollars. A l’époque, ce père prodige était également suspecté d’avoir couvert de cadeaux son meilleur ami Jim Wright, alors président de la Chambre des Représentants, en échange de quelques faveurs politiques. Pendant qu’il se défendait maladroitement contre ces accusations, son fils accumulait les procédures judiciaires.
Au milieu des années 80, le jeune entrepreneur Christopher Mallick était déjà un habitué des tribunaux. Il a été poursuivi au Texas, en Californie et dans l’Etat de New York pour rupture abusive de contrat, harcèlement, fraude… Malgré la tutelle de son grand-père et de son père, un magnat de la viande, il manquait visiblement de compétence : les disputes financières et les banqueroutes se multipliaient dans son sillage. S’il n’avait pas lâché les études à 15 ans pour se lancer dans les affaires, il aurait peut-être pu s’épargner ces galères – et toutes les suivantes.
Premiers pas dans le bizLa carte ePassporte
Tous ces problèmes ne l’ont pas empêché d’être embauché en tant que consultant par le processeur de paiement Paycom en 1999 [désormais Epoch, plus gros PSP adulte, ndlr]. A l’époque, cette entreprise spécialisée dans la gestion des transactions entre internautes, sites pornographiques et établissements bancaires était en pleine santé. Trois ans après sa création par le programmeur Joel Hall et le développeur web Clay Andrews, elle employait déjà 170 personnes. Le meilleur restait à venir : en 2000, seuls 6,8% de la population mondiale avaient accès à Internet.
Mallick n’a pas tardé à atteindre le grade de PDG de Paycom. En 2005, il avait accumulé assez de parts pour être considéré comme le troisième propriétaire de l’entreprise. Malheureusement, ses relations avec Joel Hall et Clay Andrews étaient devenues si conflictuelles qu’il a été mis à la porte avant la fin de l’année. Dans une plainte déposée suite à cette séparation brutale, Paycom affirme que Mallick complotait en vue de prendre le contrôle du service. Il aurait essayé d’embaucher des proches et d’exploiter les problèmes d’alcool d’Andrews pour le faire licencier.
L’homme d’affaires douteux n’est pas parti de Paycom les mains vides. Ses indemnités de licenciement comprenaient ePassporte, un processeur de paiement qu’il avait lui-même lancé en 2003. Les pornographes s’étaient vite entichés de cette plate-forme, notamment parce qu’elle permettait d’effectuer des transactions rapides et discrètes. Elle était également simple d’accès et facile à utiliser : après avoir envoyé ses fonds vers un compte bancaire ouvert par ePassporte à la St. Kitts-Nevis-Anguilla National Bank (SKNA), chaque nouveau client recevait une carte de paiement Visa. Grâce à elle, il pouvait disposer de son argent à tout moment. En théorie, au moins.
Poker et pornoChristopher Mallick à Paris, en 2007
Les pornographes n’étaient pas les seuls fidèles d’ePassporte. En fait, ils étaient même loin d’être ses clients les plus juteux. Au milieu des années 2000, la mode du poker a poussé de nombreux sites de jeu vers le service de Christopher Mallick. L’argent des commissions coulait à flot quand le Congrès des Etats-Unis a décidé d’interdire les paris en ligne en adoptant l’Unlawful Internet Gambling Enforcement Act en septembre 2006. Malgré les risques de poursuites, deux processeurs de paiement ont continué à travailler dans le secteur : eWalletXpress et ePassporte, bien sûr.
Pendant un temps, cette décision a permis à la plate-forme de gagner encore plus d’argent. Les affaires n’avaient jamais été aussi bonnes. Et puis, en avril 2008, Christopher Mallick a décidé d’abandonner le marché du poker sur Internet après que le FBI lui a signalé qu’un procureur fédéral avait lancé une enquête sur les paris en ligne. “Ca représentait quelque chose comme 75% de nos revenus, a-t-il déclaré au journaliste Sanjiv Bhattacharya en 2011. Ca nous a coûté une fortune d’abandonner ce business. Et je suis convaincu que nous n’aurions pas eu de problème légal si nous avions persisté”.
ePassporte n’a fait parvenir aucun avertissement aux joueurs avant de les abandonner. Aucun de ses responsables n’a jugé bon de les prévenir, ni même d’avertir le service d’assistance. “Pourquoi ne pas avoir laissé un peu de temps à vos clients (…) pour qu’ils retirent leurs fonds des sites de poker ? s’était alors indigné l’administrateur du blog Poker King. Ça n’aurait pas fait de mal. A la place, nous avons eu droit à la fermeture sans préavis, à la mauvaise communication et au chaos général. Si j’avais encore de l’argent dans un compte ePassporte, je n’attendrais pas trop. Retirez votre argent tant que vous le pouvez encore”. Dans l’industrie du X, ces événements n’ont malheureusement pas inquiété.
Middle Men : sur, par et pour Christopher MallickChristopher Mallick sur le tournage de Middle Men, 2008
Ce revers n’a pas abattu les rêves de Christopher Mallick. En fait, les affaires ne l’intéressaient pas vraiment ; son plus vieux rêve, c’était le cinéma. “Je m’étais mis en tête de travailler pour ne plus avoir à travailler, a-t-il expliqué à Sanjiv Bhattacharya. De faire en sorte qu’ePassporte puisse tourner tout seul. Parce qu’en réalité, j’ai toujours voulu faire des films. (…) Je suis un écrivain frustré. J’ai des idées créatives”. C’est pour cette raison qu’il a créé la société de production Oxymoron Entertainment en 2005, quelques semaines après s’être fait virer de Paycom.
En 2006, alors que son entreprise empochait des millions de dollars grâce au poker, Christopher Mallick avait chargé son ami Andy Weiss d’écrire un scénario basé sur sa vie. George Gallo, l’auteur de Bad Boys et Midnight Run, s’était joint au projet peu de temps après.
Andy Weiss concevait Middle Men (« les intermédiaires ») comme une série pour la chaîne privée HBO. George Gallo l’a transformé en film dont il serait le réalisateur. Ensemble, ils ont imaginé l’histoire de Jack Harris, un homme d’affaire entraîné dans l’industrie du X par Wayne Beering et Buck Dolby, les inventeurs drogués et irresponsables du premier processeur de paiement de l’histoire – on vous laisse deviner qui est inspiré de qui. Pendant qu’ils écrivaient, Christopher Mallick délaissait ePassporte pour écumer Hollywood à la recherche d’acteurs. Tout se présentait bien.
Le début des ennuisLe tournage de Middle Men a pris fin en décembre 2008. Le rôle de Jack Harris avait été confié à Duke Wilson (La famille Tenenbaum, 3h10 pour Yuma). Giovanni Ribisi (Il faut sauver le soldat Ryan, Lost in Translation) incarnait Wayne Beering et Gabriel Macht (En territoire ennemi, La recrue) Buck Dolby. Le film a été diffusé à des spectateurs-testeurs au printemps 2009. Leurs notes étaient excellentes et les grands distributeurs commençaient à se montrer intéressés. Mallick était aux anges. En tant que seul producteur du projet, il avait déboursé 31 millions de dollars. Le retour sur investissement s’annonçait généreux.
En mai 2009, l’homme d’affaire, les trois acteurs principaux de Middle Men et une dizaine de membres de l’équipe de tournage se sont rendus à Cannes pour présenter leur travail, grosse soirée à l’appui. Malheureusement, le film n’a convaincu aucun acheteur potentiel. Il a fallu attendre le mois de mars 2010 pour qu’un contrat de distribution soit signé avec Paramount. Entre temps, Christopher Mallick a été visé par deux plaintes : la première accusait le prochain long-métrage d’Oxymoron Entertainment de viol de droits d’auteur, la seconde de rupture de contrat oral et de fraude dans une affaire de technologie 3D.
Middle Men est sorti en salles aux Etats-Unis en août 2010. Le bide a été immédiat. Les 250 salles qui ont projeté le film lors du premier week-end d’exploitation n’ont généré que 325 000$ de recettes malgré les bonnes critiques. Christopher Mallick, cloué au lit après s’être brisé le genou en tombant dans des escaliers quelques semaines plus tôt, n’a pu que constater l’ampleur des dégâts. Même romancée, sa vie n’intéressait personne. Il était temps de prendre des vacances. La vraie catastrophe approchait.
FiascoChristopher Mallick à Cabo San Lucas, septembre 2010
Cabo San Lucas, sur la côte Pacifique du Mexique, est une destination de stars. John Travolta, Oprah Winfrey et Cindy Crawford y ont leurs habitudes, Arnold Schwarzenegger s’y est fait construire une villa. En septembre 2010, Christopher Mallick pensait y trouver le calme après le fiasco de son film. Malheureusement, quelques minutes après l’atterrissage de son jet privé, son téléphone s’est mis à sonner sans relâche. ePassporte avait un problème majeur : Visa International avait décidé de rompre ses relations commerciales avec la St. Kitts-Nevis-Anguilla National Bank. Sans l’entreprise financière, son service de paiement en ligne ne pouvait pas fonctionner. Les comptes de ses 100 000 clients étaient désormais gelés. Plus aucun achat ou retrait d’argent n’était possible.
Cette fois, ePassporte s’est empressé de joindre ses clients par mail : “Ce 2 septembre 2010 à minuit, heure du Pacifique, nous avons été avertis que Visa International avait suspendu le programme qui le liait à notre banque partenaire (St. Kitts Nevis Anguilla National Bank). (…) Nous ignorons encore pourquoi Visa a pris une mesure aussi drastique. (…) Nous vous recontacterons dès que nous en saurons plus. D’ici là, soyez assurés que vos fonds sont en sécurité”.
Le 7 septembre 2010, le spécialiste de la cybersécurité Brian Krebs a publié un billet de blog dans lequel il montre que Visa International a cessé de collaborer avec ePassporte à la demande de la SKNA. L’entreprise financière lui a affirmé que la St. Kitts Nevis Anguilla National Bank attendait de cette rupture qu’elle “règle certaines déficiences”. Elle a ajouté : “Il est important de noter que les propriétaires de cartes prépayées SKNA sont toujours en mesure d’accéder à leurs fonds au travers de la SKNA ou de l’agent de la SKNA, ePassporte.com ».
Des millions dans la natureJack Harris (Duke Wilson), Wayne Beering (Giovanni Ribisi) et Buck Dolby (Gabriel Macht) dans Middle Men
ePassporte accusait Visa International, Visa International accusait la SKNA. La SKNA, elle, refusait de faire le moindre commentaire sur la situation. Pendant ce temps, les forums fréquentés par les webmasters porno s’enflammaient. Certains d’entre eux avaient entreposé de grosses sommes chez ePassporte, jusqu’à 250 000$. Entre 20 et 100 millions de dollars étaient retenus par le processeur de paiement. Certaines personnes ont supposé que tout ceci n’était qu’un coup de pub pour Middle Men. Leur thèse a été balayée par le passage du temps : les semaines s’écoulaient et personne ne parvenait à récupérer son argent.
Christopher Mallick a d’abord tenté de calmer la foule en publiant un message rassurant sur Go Fuck Yourself, l’un des forums de référence pour les professionnels du X en ligne : “Soyez assuré que quand nous saurons, vous saurez et que vous serez tous satisfaits par les résultats. Une fois de plus, votre argent est en sécurité”. Bien sûr, cela n’a pas convaincu grand-monde. Finalement, ePassporte a annoncé sa fermeture en octobre 2010.
Déjà très remontés, les professionnels du X se sont déchaînés après la mort d’ePassporte. Le compte Facebook de Christopher Mallick a été piraté, des menaces ont été envoyées à ses amis. Un groupe Facebook créé en 2011, Christopher Chris Mallick Hate Club, affirme qu’il s’est accaparé les fonds de ses clients pour créer un système pyramidal. Le compte Twitter Chris Mallick Scam l’affuble d’un masque de voleur. Les noms de domaine christophermallick.net et jchristophermallick.com ont été achetés et remplis de textes accusateurs par des webmasters rancuniers.
Et si ce n’était pas une arnaque ?Le siège social de Mastercard, New York
Plus de six ans après, difficile de dire si quiconque est jamais parvenu à récupérer ses fonds. Après tout, Christopher Mallick a déclaré en 2011 : “95% des gens qui réclament leur argent sont des menteurs”. Les forums français, américain et roumains s’énervent dès qu’il est évoqué. En Anglais, “Mallick” est devenu synonyme d’arnaque. Ne dites plus “I got ripped off” mais “I got mallicked”.
Les causes de l’effondrement d’ePassporte restent mystérieuses. Bien que cette hypothèse passe pour la plus vraisemblable, Christopher Mallick s’est-il vraiment enfui avec l’argent de ses clients ? Difficile de savoir ce qu’il est advenu de lui ; l’homme d’affaires semble avoir disparu d’Internet. Sur des blogs décrépits, ses détracteurs affirment qu’il devait être jugé en 2015. Nous n’avons pas trouvé de trace de son procès. L’autre hypothèse, c’est que Visa International ne répondait pas vraiment à une demande de la SKNA.
Comme Mastercard, Visa a souvent été accusée d’être responsable de la censure économique qui frappe parfois les sites X. Ces deux entreprises financières essentielles au traitement des transactions en ligne auraient des règles strictes concernant le contenu hébergé par leurs partenaires. En janvier dernier, le réseau social Fetlife a fait disparaître des centaines de groupes et des milliers de fétichismes de sa base de données pour contenter ses processeurs de paiement, qui auraient réclamé cette censure pour se plier aux directives de « l’une des deux sociétés de cartes bancaires ». Les fétichismes concernés étaient taxés d’« immoraux ».
Visa a-t-elle mis un terme à sa collaboration avec ePassporte pour se débarrasser des pornographes ? Depuis qu’elle s’est installée sur Internet, l’industrie est considérée comme une source de problèmes par les services de paiement. Nous y reviendrons dans un article plus approfondi à paraître bientôt.
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