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C’est une école pas comme les autres qui a ouvert ses portes à Medellin, en Colombie. Amaranta Hank, bombe colombienne connue pour ses vidéos consacrées à l’art de la masturbation, a décidé d’ouvrir une Université consacrée à l’industrie du film X. Au programme : des conférences et des ateliers à destination de celles et ceux qui rêvent de faire carrière dans le porno.
Une école pour enseigner le porno ? Dit comme ça, cela ressemble presque au scénario d’une production X. Et pourtant, c’est la réalité ! En Colombie, dans la ville de Medellin, la cam model et performeuse porno tout juste retraitée Amaranta Hank a décidé de consacrer son temps non plus aux tournages de vidéos pour alimenter ses chaînes, mais bien à former la nouvelle génération de performeurs et performeuses de l’industrie du X.
Les universités pornos, un sujet qui inspire
Amaranta Hank n’est pas la première à s’intéresser au concept d’une école qui enseignerait l’art et la manière de tourner dans un film X. En octobre 2015, Rocco Siffredi avait lui-même inauguré sa « Hard Academy » : un établissement destiné à « sublimer le talent » des 30 étudiant·es ayant réussi les épreuves de sélection pour intégrer ce programme. Il s’agissait plus d’un programme de télé-réalité que d’une véritable volonté de transmettre le savoir du métier de performeur. En 2018 sortait la cinquième édition en DVD de ce programme.
Toutefois, si l’acteur se focalisait plus sur l’aspect visuel – comment tenir une érection le plus longtemps possible, comment bien se placer face à la caméra pour se mettre en valeur et exciter les spectateurs et spectatrices – la Colombienne a une autre idée en tête. Si l’aspect visuel est bien entendu évoqué, elle ne compte pas s’arrêter là : plusieurs conférences et ateliers seront dédiés au business du porno. Comment produire un film, le vendre, en faire la publicité ? Autant d’aspects importants qu’elle compte bien évoquer, de manière à permettre à ses élèves d’avoir une vision complète du monde du X, au-delà de la performance.
Cela s’inscrit dans un contexte particulier à la Colombie. La sexcam a connu un essor phénoménal. Les studios, citons Studio 20, AJ Studios, Lollipop, envahissent les plateformes avec leurs décors kitsch et reconnaissables. Il y a également pléthore de modèles. Certains qualifient même le pays de « capitale mondiale du webcamming« . Des stars sortent du lot et travaillent pour le milieu du X local (ces productions sont vendues aux networks américains ou européens comme Bang Bros ou Porndoe). Amaranta en fait partie. Esperanza Gomez, Juliana ont vécu la même expérience. D’autres modèles se développent en indé comme Andrea Garcia ou Gaby Ferrer.
Al aire en @LaTertuliaRCN con @amarantahank pic.twitter.com/5DixXDPYPH
— Daniel Faura (@danielfaura) July 5, 2019
Des cours spécialement conçus pour les femmes
Forte de sa propre expérience, Amaranta Hank compte bien tout mettre en œuvre pour aider les femmes à trouver leur place dans le monde encore très machiste du porno, de façon à ce que ces dernières se sentent en sécurité. L’un de ses objectifs est de leur fournir des outils pour lutter contre l’exploitation, tout en protégeant leur image et leur réputation. Un bon moyen de lutter contre les abus dont sont souvent victimes les jeunes femmes qui veulent débuter dans le monde du X mais ne savent pas comment s’y prendre, ou quelle rémunération demander.
Le cursus prévoit également un cours « pratique » décrit comme un « tuto pour une scène de sexe réussie ». Les cours doivent commencer le mois prochain. À vos cartables !
« J’ai rêvé parfois d’élaborer un système de connaissance humaine basé sur l’érotique, une théorie du contact, où le mystère et la dignité d’autrui consisteraient précisément à offrir au Moi ce point d’appui d’un autre monde. »
Cet article reprend le passage intégral sur l’amour de « Mémoires d’Hadrien » (1951), par Marguerite Yourcenar.
Les cyniques et les moralistes s’accordent pour mettre les voluptés de l’amour parmi les jouissances dites grossières, entre le plaisir de boire et celui de manger, tout en les déclarant d’ailleurs, puisqu’ils assurent qu’on s’en peut passer, moins indispensables que ceux-là.
Du moraliste, je m’attends à tout, mais je m’étonne que le cynique s’y trompe.
Mettons que les uns et les autres aient peur de leurs démons, soit qu’ils leur résistent, soit qu’ils s’y abandonnent, et s’efforcent de ravaler leur plaisir pour essayer de lui enlever sa puissance presque terrible, sous laquelle ils succombent, et son étrange mystère, où ils se sentent perdus.
Je croirai à cette assimilation de l’amour aux joies purement physiques (à supposer qu’il en existe de telles) le jour où j’aurai vu un gourmet sangloter de délices devant son mets favori, comme un amant sur une jeune épaule.
Les voluptés de l’amourDe tous nos jeux, c’est [l’amour] le seul qui risque de bouleverser l’âme, le seul aussi où le joueur s’abandonne nécessairement au délire du corps.
Il n’est pas indispensable que le buveur abdique sa raison, mais l’amant qui garde la sienne n’obéit pas jusqu’au bout à son dieu. L’abstinence ou l’excès n’engagent partout ailleurs que l’homme seul : sauf dans le cas de Diogène, dont les limitations et le caractère de raisonnable pis-aller se-marquent d’eux-mêmes, toute démarche sensuelle nous place en présence de l’Autre, nous implique dans les exigences et les servitudes du choix.
Je n’en connais pas où l’homme se résolve pour des raisons plus simples et plus inéluctables, où l’objet choisi se pèse plus exactement à son poids brut de délices, où l’amateur de vérités ait plus de chances de juger la créature nue.
Je m’émerveille chaque foisÀ partir d’un dépouillement qui s’égale à celui de la mort, d’une humilité qui passe celle de la défaite et de la prière, je m’émerveille de voir chaque fois se reformer la complexité des refus, des responsabilités, des apports, les pauvres aveux, les fragiles mensonges, les compromis passionnés entre mes plaisirs et ceux de l’Autre, tant de liens impossibles à rompre et pourtant déliés si vite.
Ce jeu mystérieux qui va de l’amour d’un corps à l’amour d’une personne m’a semblé assez beau pour lui consacrer une part de ma vie.
Les mots trompentLes mots trompent, puisque celui de plaisir couvre des réalités contradictoires, comporte à la fois les notions de tiédeur, de douceur, d’intimité des corps, et celles de violence, d’agonie et de cri.
La petite phrase obscène de Poseidonius sur le frottement de deux parcelles de chair, que je t’ai vu copier avec une application d’enfant sage dans tes cahiers d’école, ne définit pas plus le phénomène de l’amour que la corde touchée du doigt ne rend compte du miracle des sons. C’est moins la volupté qu’elle insulte que la chair elle-même, cet instrument de muscles, de sang, et d’épiderme, ce rouge nuage dont l’âme est l’éclair.
Et j’avoue que la raison reste confondue en présence du prodige même de l’amour, de l’étrange obsession qui fait que cette même chair dont nous nous soucions si peu quand elle compose notre propre corps, nous inquiétant seulement de la laver, de la nourrir, et, s’il se peut, de l’empêcher de souffrir, puisse nous inspirer une telle passion de caresses simplement parce qu’elle est animée par une individualité différente de la nôtre, et parce qu’elle présente certains linéaments de beauté, sur lesquels, d’ailleurs, les meilleurs juges ne s’accordent pas.
Un point de rencontre du secret et du sacréIci, la logique humaine reste en deçà, comme dans les révélations des Mystères. La tradition populaire ne s’y est pas trompée, qui a toujours vu dans l’amour une forme d’initiation, l’un des points de rencontre du secret et du sacré.
L’expérience sensuelle se compare encore aux Mystères en ce que la première approche fait au non-initié l’effet d’un rite plus ou moins effrayant, scandaleusement éloigné des fonctions familières du sommeil, du boire, et du manger, objet de plaisanterie, de honte, ou de terreur. Tout autant que la danse des Ménades ou le délire des Corybantes, notre amour nous entraîne dans un univers différent, où il nous est, en d’autres temps, interdit d’accéder, et où nous cessons de nous orienter dès que l’ardeur s’éteint ou que la jouissance se dénoue.
Cloué au corps aimé comme un crucifié à sa croix, j’ai appris sur la vie quelques secrets qui déjà s’émoussent dans mon souvenir, par l’effet de la même loi qui veut que le convalescent, guéri, cesse de se retrouver dans les vérités mystérieuses de son mal, que le prisonnier relâché oublie la torture, ou le triomphateur dégrisé la gloire.
Une théorie du contactJ’ai rêvé parfois d’élaborer un système de connaissance humaine basé sur l’érotique, une théorie du contact, où le mystère et la dignité d’autrui consisteraient précisément à offrir au Moi ce point d’appui d’un autre monde.
La volupté serait dans cette philosophie une forme plus complète, mais aussi plus spécialisée, de cette approche de l’Autre, une technique de plus mise au service de la connaissance de ce qui n’est pas nous.
Dans les rencontres les moins sensuelles, c’est encore dans le contact que l’émotion s’achève ou prend naissance : la main un peu répugnante de cette vieille qui me présente un placet, le front moite de mon père à l’agonie, la plaie lavée d’un blessé.
Même les rapports les plus intellectuels ou les plus neutres ont lieu à travers ce système de signaux du corps : le regard soudain éclairci du tribun auquel on explique une manœuvre au matin d’une bataille, le salut impersonnel d’un subalterne que notre passage fige en une attitude d’obéissance, le coup d’œil amical de l’esclave que je remercie parce qu’il m’apporte un plateau, ou, devant le camée grec qu’on lui offre, la moue appréciatrice d’un vieil ami.
Avec la plupart des êtres, les plus légers, les plus superficiels de ces contacts suffisent à notre envie, ou même l’excèdent déjà.
Qu’ils insistent, se multiplient autour d’une créature unique jusqu’à la cerner tout entière ; que chaque parcelle d’un corps se charge pour nous d’autant de significations bouleversantes que les traits d’un visage ; qu’un seul être, au lieu de nous inspirer tout au plus de l’irritation, du plaisir, ou de l’ennui, nous hante comme une musique et nous tourmente comme un problème ; qu’il passe de la périphérie de notre univers à son centre, nous devienne enfin plus indispensable que nous-mêmes, et l’étonnant prodige a lieu, où je vois bien davantage un envahissement de la chair par l’esprit qu’un simple jeu de la chair.
« Il n’est pas indispensable que le buveur abdique sa raison, mais l’amant qui garde la sienne n’obéit pas jusqu’au bout à son dieu. »
De telles vues sur l’amourDe telles vues sur l’amour pourraient mener à une carrière de séducteur.
Si je ne l’ai pas remplie, c’est sans doute que j’ai fait autre chose, sinon mieux. A défaut de génie, une pareille carrière demande des soins, et même des stratagèmes, pour lesquels je me sentais peu fait.
Ces pièges dressés, toujours les mêmes, cette routine bornée à de perpétuelles approches, limitée par la conquête même, m’ont lassé.
La technique du grand séducteur exige dans le passage d’un objet à un autre une facilité, une indifférence, que je n’ai pas à l’égard d’eux : de toute façon, ils m’ont quitté plus que je ne les quittais ; je n’ai jamais compris qu’on se rassasiât d’un être.
L’envie de dénombrer exactement les richesses que chaque nouvel amour nous apporte, de le regarder changer, peut-être de le regarder vieillir, s’accorde mal avec la multiplicité des conquêtes. J’ai cru jadis qu’un certain goût de la beauté me tiendrait lieu de vertu, saurait m’immuniser contre les sollicitations trop grossières.
Mais je me trompais.
L’amateur de beauté finit par la retrouver partout, filon d’or dans les plus ignobles veines ; par éprouver, à manier ces chefs-d’œuvre fragmentaires, salis, ou brisés, un plaisir de connaisseur seul à collectionner des poteries crues vulgaires.
« Dernières paroles de l’empereur Marc-Aurèle », par Eugène Delacroix — Œuvre appartenant au Musée des Beaux-Arts de Lyon, Domaine public. Le mépris de la contrefaçonUn obstacle plus sérieux, pour un homme de goût, est une position d’éminence dans les affaires humaines, avec ce que la puissance presque absolue comporte de risques d’adulation ou de mensonge. L’idée qu’un être, si peu que ce soit, se contrefait en ma présence, est capable de me le faire plaindre, mépriser, ou haïr.
J’ai souffert de ces inconvénients de ma fortune comme un homme pauvre de ceux de sa misère. Un pas de plus, et j’aurais accepté la fiction qui consiste à prétendre qu’on séduit, quand on sait qu’on s’impose.
Mais l’écœurement, ou la sottise peut-être, risquent de commencer là. On finirait par préférer aux stratagèmes éventés de la séduction les vérités toutes simples de la débauche, si là aussi ne régnait le mensonge.
Les vérités (et les mensonges) de la débaucheEn principe, je suis prêt à admettre que la prostitution soit un art comme le massage ou la coiffure, mais j’ai déjà peine à me plaire chez les barbiers et les masseurs. Rien de plus grossier que nos complices. Le coup d’œil oblique du patron de taverne qui me réserve le meilleur vin, et par conséquent en prive quelqu’un d’autre, suffisait déjà, aux jours de ma jeunesse, à me dégoûter des amusements de Rome.
Il me déplaît qu’une créature croie pouvoir escompter mon désir, le prévoir, mécaniquement s’adapter à ce qu’elle suppose mon choix. Ce reflet imbécile et déformé de moi-même que m’offre à ces moments une cervelle humaine me ferait préférer les tristes effets de l’ascétisme.
Si la légende n’exagère rien des outrances de Néron, des recherches savantes de Tibère, il a fallu à ces grands consommateurs de délice des sens bien inertes pour se mettre en frais d’un appareil si compliqué, et un singulier dédain des hommes pour souffrir ainsi qu’on se moquât ou qu’on profitât d’eux.
Et cependant, si j’ai à peu près renoncé à ces formes par trop machinales du plaisir, ou ne m’y suis pas enfoncé trop avant, je le dois plutôt à ma chance qu’à une vertu incapable de résister à rien. J’y pourrais retomber en vieillissant, comme dans n’importe quelle espèce de confusion ou de fatigue.
Mémoires d’Hadrien, qui est à la fois roman, histoire, poésie, a été salué par la critique française et mondiale comme un événement littéraire. En imaginant les Mémoires d’un grand empereur romain, l’auteur a voulu «refaire du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors». Jugeant sans complaisance sa vie d’homme et son œuvre politique, Hadrien n’ignore pas que Rome, malgré sa grandeur, finira un jour par périr, mais son réalisme romain et son humanisme hérité des Grecs lui font sentir l’importance de penser et de servir jusqu’au bout. «… Je me sentais responsable de la beauté du monde», dit ce héros dont les problèmes sont ceux de l’homme de tous les temps : les dangers mortels qui du dedans et du dehors confrontent les civilisations, la quête d’un accord harmonieux entre le bonheur et la «discipline auguste», entre l’intelligence et la volonté.
L’article Un système de connaissance humaine basé sur l’érotique est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.