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Pour ceux-celles qui ne comprendraient toujours pas pourquoi il faut demander avant de mettre la langue, la main, le doigt ou quoi que ce soit d’autre sur les fesses, dans la bouche ou dans l’anus de quelqu’un… un dessin animé rigolo explique ce que signifie «consentement».
«Je peux t’embrasser ?». Cela peut paraître maladroit, mais mieux vaut demander la permission. Beaucoup pensent que cela manque de romantisme. «Simple question de politesse» répondent les auteurs de cette petite vidéo qui, pour mieux faire passer le message, comparent l’acte sexuel avec une invitation à prendre du thé. Rafraichissant…
Mais qui diable est Ezra Furman? Un jour en robe, un jour en pantalon. Un jour au rouge à lèvre, un autre au charbon. Guitares hauts-les-cœurs, et paroles de plomb. Une minute rock en nylon, et l’instant suivant blues en blouson. Ici à blasphémer, là à embrasser la religion. L’auteur-compositeur-interprète originaire de Chicago, du haut de ses 28 ans, incarne délicatement ses contradiction à l’heure de vernir ce mois un sixième album – «Perpetual Motion People». Perpétuellement en mouvement Ezra Furman?
La vadrouille en tout temps, le changement constant, voilà son périmètre d’action. Ce nouvel album, Furman l’a voulu «pour les personnes qui se sentent incapables de s’établir», expliquait-il récemment. «J’ai tendance à ne jamais vivre longtemps dans le même espace. Je modifie sans cesse la manière dont j’exprime et je présente mon identité de genre. Et puis ma vie religieuse est faite d’intenses hauts et bas en termes d’observation des règles et de conviction personnelle…»
Juif pratiquant
Le rock, une histoire de sacrifice, de damnation et de rédemption? Ezra Furman, lui, se dit juif pratiquant – il est allé jusqu’à organiser une tournée entière sans donner le moindre concert le vendredi pour respecter le shabbat. Tout en hurlant son nihilisme sur des titres comme «I wanna destroy myself». Extrait : «I have fallen in love with nothing!»
Ezra raconte sa vie à la frange de l’absurde avec dans la voix quelques ébréchures sublimes
Cette esthétique du tout et son contraire est encore à l’œuvre sur «Lousy Connection», le premier extrait de «Perpetual Motion People». Quelque part entre un piano déglingué sorti du doo wop des années 50 et Lou Reed période Velvet Undergound, le tout teinté par quelques riffs de sax racoleurs, Ezra raconte sa vie à la frange de l’absurde avec dans la voix quelques ébréchures sublimes. Ça donne des envies de gueuler «Tell Em all to Go to Hell» (un morceau fantastiquement aboyé du précédent album, «Day of the Dog»), ou de descendre la rue en robe rouge et veste couleur fleur bleue (une combinaison que Furman pratique quelquefois sur scène) en effeuillant un tome entier de Dostoievski, comme dans la récente vidéo «Restless Year».
Petit côté maniaque
On y croise d’ailleurs la grande faucheuse au détour d’un tunnel sombre – «mon ancien employeur», dit la chanson. C’est qu’Ezra est sans cesse en phase de stabilisation. Au fil des interviews, il dévoile aussi ce petit côté maniaque qui l’empêche de tourner rond, la dépression, les béquilles chimiques, le sentiment de ne jamais être à sa place… et ses origines aisées (un père boursier, une mère dans le business) n’y changent rien, bien au contraire. «J’ai toujours considéré l’idée de vérité comme quelque chose de bancal, glissant, sans cesse hors de portée.»
La musique pour survivre et s’échapper. Ezra Furman a cette honnêteté. Avant d’être remarqué avec le précédent album, «Day of the Dog», il a fait trois disques à l’ombre de son ancien groupe, The Harpoons. Puis s’est tourné un temps vers le crowdfunding, tout en commençant à travailler avec sa formation actuelle (judicieusement baptisée The Boy-Friends). «La fuite, le camouflage dans un monde aliéné sont des thèmes essentiels pour moi. C’est de ça que parlent mes textes. Se sentir hanté. Evoluer dans une société à laquelle on ne peut pas s’intégrer. Vivre l’amour alors qu’on s’apprête sans cesse à se quitter.»
Ezra Furman, «Perpetual Motion People»