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Le Mouvement du Nid salue la détermination du Gouvernement et la mobilisation de femmes parlementaires de tous bords et des deux assemblées !
Alors que le Sénat examinera cet après-midi en seconde lecture la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel et le soutien à ses victimes, le Mouvement du Nid salue la détermination du Gouvernement à faire aboutir rapidement ce texte et permettre ainsi la mise en oeuvre des mesures attendues par les victimes et les associations qui les accompagnent.
En déposant hier un amendement gouvernemental rétablissant la sanction pénale de l'achat d'un acte sexuel et en annonçant simultanément le doublement de la ligne budgétaire dédiée au soutien aux personnes prostituées et victimes de la traite des êtres humains, le Gouvernement envoie un signal fort de mobilisation pour l'adoption définitive de la loi s'est félicité Jacques Hamon, président du Mouvement du Nid.
Au même moment huit femmes parlementaires de tous bords et des deux assemblées publient un appel pour l'adoption de la loi. Le Mouvement du Nid se réjouit de cette initiative transpartisane signée par Catherine Coutelle, députée socialiste, Chantal Jouanno, sénatrice UDI, Maud Olivier, députée socialiste, Michelle Meunier, sénatrice socialiste, Nicole Ameline, députée Les Républicains, Marie-George Buffet, députée communiste, Valérie Létard, sénatrice UDI et Laurence Cohen, sénatrice communiste.
Le Mouvement du Nid en appelle à la responsabilité de tou.te.s les sénateur.ice.s pour voter aujourd'hui en séance plénière un texte de loi global et cohérent, c'est-à-dire incluant notamment l'inversion de la charge pénale des personnes prostituées vers les clients de la prostitution.
Contact presse :
Elise Guiraud : 01 42 70 77 79
Grégoire Théry : 00 32 496 21 64 66
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Pornhub a récemment fait de la lutte contre le revenge porn son cheval de bataille. Il est désormais plus simple pour les utilisateurs du tube d’interpeler la direction du site sur une vidéo publiée sans le consentement de son modèle.
En plus de l’habituelle possibilité de signaler un contenu illicite (Flag – pour tout ce qui relève de la pédopornographie, de la zoophilie, etc) ou de revendiquer un droit commercial (via le formulaire DMCA « Copyright Issues »), Pornhub met en place une nouvelle alternative qui entend lutter contre le revenge porn. Bien qu’il ne soit pas estampillé ainsi, on sent que le formulaire « content removal contest« , qui ne rentre dans aucune des cases précédentes, relève bien d’un problème particulier.
Les victimes n’ont pas besoin de rendre compte de leur identité : le formulaire ne demande pas de photo ou de carte d’identité, seulement une signature virtuelle. La principale motivation du PDG de Pornhub, Corey Price, est en effet de mettre les internautes dans un sentiment de sécurité en protégeant leur anonymat.
Parce que finalement, au-delà de la nudité exposée aux yeux de l’Internet, c’est tout un pan de vie qui est dévoilé. Il faut savoir que la plupart des victimes de revenge porn sont des femmes qui se retrouvent, suite à cet abus d’image, harcelées par des inconnus, à l’image d’Emma Holten qui en a fait les frais pendant plus de deux ans.
Si Pornhub présente cette décision comme une « frappe préventive », l’expression apparaît paradoxale quand il est déjà possible d’y visionner ces vidéos. Faire de la prévention, c’est agir à la source : ces contenus ne devraient même pas se retrouver sur la plateforme en première instance. On avance, mais il reste du boulot.
Me voilà dans un relais H à la gare, je flâne pour trouver un truc sympa à lire… L’homme qui voulait être heureux, ce que l’on croit peut de venir réalité… tiens ? Le titre m’interpelle, un livre d’une centaine de pages, parfait pour le voyage et le week -end de détente. Quelle ne fut pas ma surprise à la lecture de ce petit bijou…
“J’ai voulu écrire l’histoire d’un homme qui n’est pas pleinement satisfait de sa vie alors qu’objectivement rien de l’empêche d’être heureux. Sa rencontre avec un vieux guérisseur va l’amener à prendre conscience des barrières qu’il se donne et de la manière de s’en libérer. A travers cette histoire, je voulais montrer à quel point ce que l’on croit sur soi, sur les autres et sur le monde n’est pas la réalité mais tend à le devenir. “ Laurent Gounelle
J’ai relu ce roman plusieurs fois, en soulignant des passages. Avec délicatesse et un brin d’humour, Laurent Gounelle nous amène sur la piste du bonheur. C’est avec délectation que nous découvrons qu’à force de chercher des réponses, nous oublions de nous poser les questions les plus simples, et d’oser… oser vivre, demander, partager, rêver, s’autoriser à être tout bonnement heureux.
Dans un contexte où nous sommes souvent happés par le quotidien, les contraintes et le plus souvent nos peurs, ce roman est une bouffée d’oxygène qui permet, à travers une histoire vivante et romancée, de remettre en question notre vision des choses et de se questionner sur ce qui nous rendrait profondément heureux (et si nous le sommes vraiment !).
Nous suivons le parcours initiatique de Julien en vacances à Bali, qui après sa rencontre avec un guérisseur célèbre, poursuit une sorte de thérapie du bonheur. L’idée est simple, rien ne nous empêche d’être heureux, à part nous-même, nos pensées limitantes et le regard que l’on veut bien poser sur le monde et les choses. Ce livre offre des perspectives et réflexions intéressantes et libératrices.
Je vous invite donc à plonger dans cette lecture aussi légère qu’intense et à découvrir cette initiation au développement personnel et à la pensée positive dès que possible !
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Et oui mesdames, à partir de 25 ans environ, la peau entame un processus de vieillissement. Si, si… 25 ans.
Bien sûr nous parlons de moyennes et chacun réagit différemment en fonction de son capital génétique et de son cadre de vie. Certains facteurs accélèrent le vieillissement comme la cigarette, le stress, la pollution… mais le sujet n’est pas de vous faire un article santé sur ce processus que nous expérimentons toutes à des phases différentes.
La plupart du temps, nous ne prenons pas soin de notre peau dans son ensemble. Les crèmes pour le visage passent encore, mais 3 heures à se tartiner des pieds à la tête tous les jours non merci ! Ça colle et on n’en voit pas forcément l’intérêt, sauf au mois de juin quand on se dit que ça fera plus joli dans le bikini.
Et à partir d’un certain âge, le soin apporté à nos pommettes est tout aussi visible que le manque d’attention porté à nos pommettes arrière… On ne parle pas de cellulite : oui, on en a toutes, même à 20 ans, et même Adriana Karembeu (merci Photoshop ou le collant gainant).
Mais à 25 ans, pour la voir, il faut pincer un peu … ah oui tu vois j’en ai là … Quelques années plus tard, il suffit de se mettre debout jambes nues pour avoir la peau qui gondole comme un lino des années 70… Et ce n’est pas une question de cellulite mais de peau. C’est là qu’on dit HALTE !
Comment lisser tout ça et redonner à votre corps un peu de fermeté, lisser votre silhouette callipyge et vous sublimer sans passer un après-midi par semaine en institut, ni faire appel à un coach sportif ? En premier lieu mesdames, aucun geste supplémentaire à prodiguer à votre corps mais quelques habitudes à faire évoluer. Tout d’abord, si vous êtes comme moi, vous avez une passion pour les douches ou bains brûlants qui vous donnent après quelques minutes sous l’eau cette jolie teinte cramoisie. Ça délasse, ça détend … mais ça détend aussi la peau !
Petit à petit, diminuer jour après jour, de degré en degré la température de votre douche : l’idéal est de parvenir à 30 degrés maximum… Mais ne soyons pas maso non plus, un jet d’eau fraîche après un bain à 36 degrés c’est déjà un premier pas !
Ensuite, l’hydratation… Bah oui, on ne vous apprend rien de révolutionnaire, le meilleur antirides, c’est l’eau ! Essayez donc de défroisser un papier tout sec… C’est beaucoup plus facile avec un papier humide. Pour la peau, c’est le même principe. Et ce qui nous empêche de le faire souvent c’est le côté pratique : prendre 5 ou 10 minutes matin et soir pour se tremper dans l’hydratant, on le vit toutes plus ou moins comme une contrainte et une perte de temps et donc sur la durée on ne s’y tient pas.
Pour faire simple, vous pouvez utiliser des gels douche spécifiquement hydratants ou pour les peaux sèches, des gels douches pour peaux atopiques (Neutralia Huile de douche, Aderma). Pour le petit plus, les huiles de douches et autres crèmes sous la douche, proposent aujourd’hui un vrai soin pratique et rapide. Nivea avec ses crèmes de douche, Mixa avec ses huiles de douche, et les inénarrables huiles Clarins (Huile Tonic, au top !).
Le principe : sur peau humide, passer sa crème ou son huile puis rincer à l’eau fraîche (oui FRAÎCHE). La texture de votre peau et le grain sont très rapidement lissés et raffermis, votre peau est plus douce et son aspect amélioré. Mais attention, c’est comme les abdos, il suffit d’arrêter pour que les effets bénéfiques disparaissent à grande vitesse !
Vous pouvez également en fonction de vos préoccupations choisir de vous concocter votre propre huile de corps. Elle se conserve environ 6 mois et est tout aussi efficace ! Il vaut mieux en réaliser de petites quantité et les renouveler au besoin, voire alterner.
Quelques recettes simples : une base neutre (huile d’abricot, coco, même pépin de raisin conviennent très bien), quelques gouttes de vitamine E, d’huile essentielle de menthe (15), arbre à thé (8, tea tree), romarin camphré (10) ajoutées à 50 ml d’huile pour un effet vivifiant parfait pour les jambes lourdes et la circulation. Préférez l’Ylang Ylang, la lavande et la vitamine E pour un effet relaxant et sublimateur, vous pouvez même rajouter des paillettes de corps dorées pour l’été pour rehausser votre bronzage !
Vous pouvez trouver très facilement ce type de produits dans les magasins bio, chez Nature & Découverte, même chez Gifi… Pour les recettes, n’hésitez pas à demander conseil et même à vous renseigner sur internet ou dans les livres qui proposent des recettes à base d’huiles essentielles.
Mon dernier point, car nous ne pourrons pas non plus faire le tour entier de la question, prévoyez 5 minutes une fois par semaine pour vous faire un gommage avant votre hydratation. De façon très simple, ma petite astuce c’est l’utilisation d’une bonne cuillère à soupe de miel liquide et de 2 cuillères à café de sucre fin mélangées.
Le sucre exerce un gommage mécanique, le miel apaise, répare, aseptise… et est utilisé depuis les pharaons comme élément central de nombreux cosmétiques ou cicatrisants. Vous pouvez indépendamment faire un gommage à la caféine : le café moulu de votre cafetière filtre en gommage circulaire qui donnera une jolie teinte hâlée et un parfum exotique à votre peau. Ou même additionner un peu de mou de café à votre mélange au miel !
Partagez vos recettes et astuces vous aussi et posez vos questions en commentaire !
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Alors que la loi antiprostitution revient aujourd'hui au Sénat, un projet inédit mené en Alsace aide les victimes à trouver un travail « normal ».
A l'initiative du Petit ensemble de l'Olivier (PEPO) avec l'Église protestante unie de France, une après-midi de réflexion et débats vous est proposé. Marie-Pierre Monier, sénatrice de la Drôme et maire de Vinsobres, est présente, de même que des militantEs de nos délégations des Bouches-du-Rhône et du Vaucluse. Après un état des lieux présenté par le responsable de notre délégation des Bouches-du-Rhône, place au dialogue avec le public.
Infos pratiquesDimanche 11 octobre 2015, 14H30
Salle polyvalente de Vinsobres
Réflexions à l'occasion du débat sur la nouvelle loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel : regards sur la marchandisation de l'être humain
Présentation par M. François Wioland, responsable de la délégation du Mouvement du Nid des Bouches-du-Rhône, échanges avec l'assemblée et avec madame la Sénatrice-Maire de Vinsobres qui participe actuellement au débat sur cette question au niveau national dans le contexte de l'examen par le Sénat de la proposition de loi.
Alors qu’elle mène une relation sexuelle épanouissante et sereine avec son amant marié, la narratrice décide de répondre à une petite annonce, un homme cherche une femme « docile ». Elle va alors vivre 2, 3 séances SM avec cet homme, petit, repoussant. Des pinces, des godes, du sang – on est loin de 50 nuances de Grey. Elle a mal, hurle mais en redemande et finit par lécher le petit corps blanc et glabre en le remerciant. A travers ces rapports, elle s’abîme, physiquement, moralement, mais redécouvre son corps en se faisant maltraiter par un homme qui la dégoûte.
Un très beau texte, d’une finesse rare. Pas un livre érotique (ça veut dire quoi, à la fin ?), mais qui place le sexe au cœur de l’introspection, qui en fait le vecteur de notre rapport au monde et aux autres, et ainsi le sublime.
Caroline Lamarche, La nuit l’après-midi, Editions de Minuit.
En vente dans toutes les bonnes librairies, sans doute, mais à coup sûr dans la meilleure : la librairie La Musardine et sur www.lamusardine.com!
Anne Hautecoeur
Créée en 1999 aux États-Unis, la journée de la bisexualité avait lieu pour la sixième année en France. Une édition qui apparaîtra peut-être comme un pivot : elle a en effet été l’occasion de la première marche bisexuelle à Paris et de la publication de la première enquête nationale sur la bisexualité (commandée par SOS Homophobie, Act Up-Paris, Bi’Cause et le MAG Jeunes LGBT). Parmi les multiples événements organisés en France (mais pas en Rhône-Alpes), l’université de Bordeaux accueillait une conférence, à l’initiative de Félix Dusseau, étudiant en sociologie dont le travail de recherche s’intitule Les Bisexualités : de l’identité à la révolution identitaire. Étaient invités Catherine Deschamps, sociologue, auteure du Miroir bisexuel, Arnaud Alessandrin, sociologue spécialiste du genre et des transidentités et Vincent/Viktoria Strobel, président de l’association Bi’Cause. Morceaux choisis.
Catherine Deschamps
«En matière d’études et de discours sur la bisexualité, il faut commencer par s’intéresser aux rapports Kinsey, sur la sexualité masculine en 1948, puis sur la sexualité féminine en 1953. Kinsey y développe la thèse d’un continuum allant de l’homosexualité exclusive jusqu’à l’hétérosexualité exclusive ; entre les deux, il décrit toute une gamme de comportements où chacun pourrait se situer ou être situé. Le sexologue et psychiatre américain Fritz Klein affina par la suite l’échelle de Kinsey en introduisant dans son analyse plusieurs variables liées à la sociabilité et à l’affectivité, quand son prédécesseur se focalisait sur les pratiques sexuelles. Dans les années 1980, le Journal of Homosexuality publie les premières recherches épistémologiques qui se demandent pour quelles raisons les travaux sur l’homosexualité ont bien souvent traité de bisexualité sans le dire.»
Bisexualité et homosexualité
«Les recherches sur la bisexualité se sont essentiellement développées dans les années 80 et 90 dans les pays anglo-saxons. On peut distinguer deux manières assez distinctes d’appréhender la bisexualité du point de vue de la recherche. La première a largement identifié la bisexualité à l’homosexualité, dans un contexte marqué par le sida. Même lorsque les recherches sur la bisexualité commencent à s’autonomiser dans les années 90, elles s’intéressent essentiellement aux hommes et aux partenaires masculins de ces hommes. C’est tout de même problématique : pourquoi nommer la bisexualité si l’on ne s’intéresse qu’aux partenaires masculins des hommes ? À la rigueur, recourir à l’expression de «sexualité des hommes entre eux» (ou plus tard d’«hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes») aurait été plus pertinent qu’utiliser le mot «bisexualité». En 1996, à l’occasion d’une grande conférence internationale sur le sida, Rommel Mendès-Leite et moi-même présentions un papier sur les partenaires femmes des hommes bisexuels. Notre proposition a été classée dans la catégorie «gestion par les femmes des risques VIH» plutôt que parmi les sujets sur la bisexualité. Cette anecdote me semble significative du fait qu’il était alors inaudible, dans un contexte marqué par le risque VIH, de s’intéresser aux partenaires femmes des hommes bisexuels.»
Des approches féministes de la bisexualité
«La seconde manière d’appréhender la bisexualité s’est développée dans un contexte féministe, souvent lesbien, autour de la notion d’identité. Ces recherches s’intéressaient davantage à des questions liées au genre (ce concept apparaissait tout juste) et pas du tout au sida. Le livre le plus emblématique de cette période sort en 1991 : Bi Any Other Name, de Loraine Hutchins et Lani Ka’ahumanu. Cette dernière a joué un rôle important pour les associations bisexuelles identitaires : elle a en effet réalisé, dans les années 80, un coming out bi assez retentissant. À la même période sont créés les archives bisexuelles de Boston et le Journal of Bisexuality. Il s’agit de jalons importants en termes de visibilité, qui ont accompagné le développement d’associations ou de groupes militants, pour la plupart féminins et non-mixtes. La France n’a pas connu une telle histoire. Restée marginale au sein de l’Université, la bisexualité a accédé à une première visibilité dans la sphère associative. En 1995, au sein du Centre gay et lesbien (CGL) de Paris, un groupe de femmes, dont je faisais partie, se rencontre pour préparer un numéro du journal Le 3 Keller sur la bisexualité. À quatre, nous avons créé le groupe bi au sein du CGL, qui a tout de suite été mixte. Nous avions chacune un parcours militant, au sein d’Act Up-Paris, du CGL ou d’associations lesbiennes. En 1997, le groupe bi devient une association loi 1901 autonome.»
Vincent / Viktoria Strobel
«La première chose que je voudrais dire, c’est que la bisexualité n’est pas une invention récente, elle est vieille comme le monde. Mais en effet, elle a été quasi-invisible jusqu’à très récemment. C’est comme si, pour combattre la société hétéro-sexiste dans les années 90, il avait fallu, pour un activiste, par ailleurs bisexuel, se couler dans les habits de militants homosexuels. Ce fut par exemple le cas de Daniel Guérin ; plusieurs chapitres de Son testament sont consacrés à sa bisexualité. C’est comme si, dans les années 60 et 70, pour combattre une société réactionnaire, il avait fallu qu’un grand poète ne mette en avant que ses relations avec les femmes (et avec la femme – Elsa) ; je parle bien sûr de Louis Aragon. Les années 70, c’est du passé très proche. Il faut attendre environ vingt ans pour que quelque chose évolue au sein de la sphère militante.»
Un manifeste
«Bi’Cause repose sur le manifeste français des bisexuelles et bisexuels, dont je me permets de citer un extrait : «nous sommes attirés affectivement et sexuellement par des personnes de tout sexe et de tout genre, sans nécessairement avoir de pratiques sexuelles, et nous l’assumons. Nous aimons vivre nos désirs, nos plaisirs, nos amours simultanément ou successivement. Nous les vivons comme chacun de façon permanente ou transitoire. Nous nous octroyons un large choix de possibilités sexuelles, de l’abstinence au multi-partenariat. Nous ne différons des personnes monosexuelles que par cette double attirance». Nous revendiquons donc un nombre infini de modalités, chacun-e construisant sa propre bisexualité. En juin 2011, une enquête Ifop / Têtu sur la façon dont la population déclarait sa sexualité dénombrait 3% de bisexuel-le-s et 3,5% d’homosexuel-le-s. Nous jouons donc en quelque sorte dans la même cour, bien que Bi’Cause ne compte que soixante adhérent-e-s.»
Des revendications
«Bi’Cause s’inscrit dans le mouvement LGBT et privilégie donc une approche inclusive. Nous travaillons, entre autres, avec SOS Homophobie, notamment pour la Journée de la bisexualité du 23 septembre et pour l’enquête nationale que nous avons lancée en 2012 et dont nous publions les résultats aujourd’hui. Cette année a aussi eu lieu, pour la première fois, une marche bisexuelle, qui en appelle évidemment bien d’autres. Pour une bonne part, nous portons les mêmes revendications que le mouvement LGBT. Il n’y a, par exemple, pas de différence objective entre un homme bisexuel et un homme homosexuel sur la question du droit au don du sang. Idem quant à la prévention sida. Les personnes trans bisexuelles sont aussi mobilisées pour l’Existrans [«la marche des trans et de celles et ceux qui les soutiennent», NdlR] le 17 octobre. Nous sommes attaché-e-s à la formulation de la résolution 1728 de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe en date du 29 avril 2010 : «l’orientation sexuelle est une fraction profonde de l’identité de chaque être humain et […] elle englobe l’hétérosexualité, la bisexualité et l’homosexualité». Il y a en effet beaucoup à faire pour que la bisexualité soit reconnue dans la société hétéro-normative mais aussi dans les milieux gays et lesbiens. Un jour, je l’espère, il ne sera plus utile d’afficher une catégorie spécifique mais, à mon sens, la bisexualité est encore aujourd’hui un mal nécessaire.»
Félix Dusseau
«Comme l’a suggéré Victoria, plus que de la bisexualité, il faut parler des bisexualités. Elles sont multiples à plusieurs égards : selon la façon dont les individus «entrent» en bisexualité comme dans la manière dont les gens la vivent. Selon l’enquête Contexte de la sexualité en France (CSF), les pratiques homo- et bisexuelles concernent 4,1% des hommes et 4% des femmes. 0,8% des femmes et 1,1% des hommes se déclarent bisexuel-le-s. À l’inverse, seulement 0,1% des femmes se déclarent homosexuelles et n’ont jamais eu de rapports hétéros avec des hommes ; 0,5% des hommes se déclarent homosexuels et n’ont jamais eu de pratiques sexuelles avec des femmes. Les catégories apparaissent donc bien plus poreuses qu’il n’y semble, comme le montraient déjà Kinsey et Klein. Si chaque parcours de vie est singulier, on peut identifier plusieurs profils de bisexualité, allant de l’attirance à l’égard des deux sexes à une bisexualité totale (très rare) où les pratiques homo- et hétérosexuelles seraient équivalentes. Entre les deux, de nombreux-ses bisexuel-le-s ne se reconnaissent comme tels qu’en termes de pratiques sexuelles et conservent une vie affective hétéro ou homo. D’autres font l’expérience d’une bisexualité «de fait» à l’occasion d’une «mise en couple» inattendue.»
Les vertus du flou
«On constate globalement une difficulté à se dire bisexuel-le, pas tant par honte que par volonté de ne pas se satisfaire des catégories. On entend souvent «ce n’est pas une question de sexe mais une question de personnes». Par ailleurs, beaucoup ne veulent pas se dire bi parce qu’ils considèrent que l’orientation sexuelle dépend de l’amour ; or, la bisexualité concerne pour eux uniquement leurs pratiques sexuelles. La bisexualité est parfois successive, parfois simultanée, on n’observe aucune règle en la matière. Certains sont «fidèles» au sens courant, d’autres revendiquent le polyamour, d’autres se reconnaissent comme libertins. Les bisexualités sont multiples dans leurs formes comme dans leur intensité. L’erreur serait d’envisager la bisexualité comme une simple orientation sexuelle. Elle est le liant entre hétérosexualité et homosexualité et peut aussi être envisagée comme une manière de construire un individu plus tolérant. Elle constitue pour certain-e-s un moyen de prendre conscience des inégalités de genre en favorisant une meilleure compréhension de l’autre. Elle peut être aussi un pas vers la pansexualité, ce qu’elle est parfois déjà pour certain-e-s. D’après moi, peu importe finalement qu’il s’agisse d’une donnée ou d’une mode. Le flou est justement ce qui la rend intéressante. Les individus peuvent composer à leur guise, s’accommodent avec les normes, expérimentent divers arrangements avec les sexes. Ce flou et cette invisibilité permettent probablement de comprendre et de contourner la norme.»
Aller plus loin
– Le Miroir bisexuel de Catherine Deschamps (éditions Balland), 2002
– Enquête nationale sur la bisexualité 2015
– Un blog consacré à la bisexualité : biplan.yagg.com
– Site de l’association Bi’Cause : bicause.webou.net
Photo de Une : drapeau de la fierté bisexuelle, conçu en 1998 par l’Américain Michael Page
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Située à 12 kilomètres du volcan le plus dangereux du monde, Naples est en attente de sa destruction. Mais elle bénéficie d’un puissant protecteur : Saint Janvier, un martyr dont le sang possède d’étranges pouvoirs. Régulièrement, ce sang se liquéfie.
En l’an 79, le Vésuve entre en éruption et ensevelit les villes d’Herculanum et Pompéi sous une couche de cendres brûlantes : 30 000 morts. Le réveil du Vésuve, programmé pour «bientôt», menace maintenant la vie de 700 000 personnes. «L’éruption attendue devrait dégager une énergie colossale, détruisant tout sur plusieurs kilomètres en quelques secondes». Comment faire pour vivre dans une ville qui peut, d’un moment à l’autre, être rayée de la carte ?
Cela fait plus de vingt-huit siècles qu’à Naples on conjure le sort. Les religions changent et mettent en place, chacune à leur tour, des dispositifs de protection puissants qui impliquent l’usage du sang. Le dernier dispositif à l’oeuvre est chrétien. Il s’appuie sur la mise à mort, au IVe siècle, d’un jeune aristocrate romain appelé San Gennaro (en italien). Saint Janvier en français (1).
Saint Janvier : un traitement préventif contre les éruptions
Le culte de Saint Janvier est attesté depuis le Ve siècle. A partir du moyen-age, ce culte prend pour support des images votives (2) qui servent à la fois de support à la piété et d’objet prophylactique : ces images sont chargées d’empêcher une éruption. De nos jours, sous la forme très populaire de petites cartes pieuses, elles représentent Saint Janvier sur fond de Vésuve. On voit un cône volcanique fumant derrière lui. Coiffé d’une mitre, parfois armé d’une crosse d’évêque, Saint Janvier est surtout reconnaissable au fait qu’il tienne, en équilibre sur une Bible, deux fioles remplies de son sang. Pourquoi deux ? Pour répondre à cette question, mieux vaut examiner sa légende. Elle est courte.
La légende de Saint Janvier
Héritier d’une très ancienne et noble lignée romaine, Saint Janvier se convertit au christianisme, est élu évêque puis se fait arrêter à l’époque des plus violentes persécutions. Par une belle matinée d’automne, le 19 septembre de l’année 305, il est conduit au forum de Vulcano, près d’un cratère à moitié éteint, dans la plaine de la Solfatare, pour y être décapité avec ses compagnons. Dans le dos des bourreaux, une femme nommée Eusebia recueille avec une éponge le sang du martyr et en remplit deux burettes. Les fioles sont celles que Saint Janvier avaient utilisées pour célébrer sa dernière messe. Mais cela n’explique pas leur nombre. Pour l’anthropologue Salvatore D’Onofrio, qui décrypte cette légende dans un ouvrage passionnant (Les Fluides d’Aristote), il faut s’intéresser à la femme pour comprendre.
Qui est Eusebia ?
Les récits de la vie du saint divergent sur ce point. Certains affirment qu’Eusebia était une «parente». D’autres disent qu’Eusebia était la nourrice de Saint Janvier, ce qui fait d’elle de facto une parente : elle est sa «mère de lait». Pour Salvatore D’Onofrio, il est significatif que la «mère de lait» soit si étroitement associée à cette figure de femme qui presse une éponge, près d’un cadavre, pour recueillir du sang. Un donné pour un rendu, en somme. Entre Eusebia et Saint Janvier, les relations sont bouclées. Eusebia lui a donné la vie par ses deux seins. Saint Janvier lui donne, en mourant, son sang dans deux ampoules. L’échange établit métaphoriquement l’équivalence entre sang et lait, explique l’anthropologue, avant de poser la question : pourquoi un tel échange ? C’est là qu’intervient le miracle.
Le prodige du sang liquéfié
Ce miracle n’est pas reconnu par l’Eglise, qui se contente de le nommer un «fait mirobolant» ou «événement prodigieux». Le fait mirobolant a lieu trois fois par an (3) : à dates fixes, le sang desséché du saint – collé sur les parois des deux ampoules – se liquéfie et parfois même, dit-on, se met à «bouillir». L’apparence habituelle qu’il offre, celle de grumeaux noirs, change de façon spectaculaire sous les yeux de milliers de fidèles qui peuvent tous vérifier les faits : brusquement le sang coagulé se transforme en liquide rouge. S’agit-il d’un tour de passe-passe ? Non. Les deux ampoules sont hermétiquement fermées, disposées dans une chasse de verre, tenue à bout de bras par le prêtre chargé de leur ostension. Aucune substitution n’a eu lieu. En présence d’une foule énorme, le sang se liquéfie.
Prodige n’est pas un miracle
En 1991, trois chercheurs italiens – Luigi Garlaschelli, Franco Ramaccini et Sergio della Sala – parviennent à reconstituer le «prodige» en mélangeant du chlorure de fer en solution aqueuse avec un peu de calcium. Ils précisent avoir utilisé des méthodes et des molécules existant déjà au Moyen-Âge. Or c’est justement lors de la terrible famine de 1389 que les ampoules de sang furent promenées pour la première fois en procession. A cette époque, le trafic de reliques, très rentable, peut fort bien avoir motivé la création d’un faux. Certains membres du Clergé protestent, arguant qu’une analyse du contenu des fioles prouve qu’elles contiennent de l’hémoglobine. Soit, répondent les chercheurs. Mais cette hémoglobine est mélangée avec des substances qui en font un «gel thixotrope». Immobile, la solution s’assèche. Agitée elle se liquéfie. Il s’agit d’un processus mécanique.
L’Eglise proteste… pour la forme
Ainsi que le relève D’Onofrio, il y a un paradoxe entre le refus de l’Eglise de «reconnaître» le miracle et le fait d’orchestrer en grande pompe les rites au cours desquels le sang se liquéfie. Comment comprendre ce double-langage ? «L’Église, prudemment, n’a jamais accordé à cet événement le statut de miracle, alors que pour satisfaire la “dévotion populaire“ et les enjeux de pouvoir qui en relèvent, elle se place au coeur des cérémonies qui périodiquement le renouvellent». Pourquoi ? Il serait réducteur de penser que l’Eglise trompe sciemment les fidèles à seule fin de s’accaparer un pouvoir d’emprise sur les foules… Le spectacle est collectif. L’Eglise l’encadre du mieux qu’elle peut, mais ne fait jamais qu’y participer – prisonnière d’une dynamique qui la dépasse. Même les hommes politiques, qui ne manquent jamais d’assurer leur présence le jour où a lieu le prodige, ne sont que les figurants dans ce drame antique. Les vrais acteurs, qui sont-ils ?
Qui sont les acteurs ? Des femmes ménopausées
Chaque 19 septembre, cela se passe ainsi : au Duomo San Gennaro (la Cathédrale de Naples), la niche qui se trouve derrière le maître-autel de la chapelle du Trésor est ouverte. On en sort un buste reliquaire en or qui contient le crâne de Saint Janvier et la chasse de verre qui contient les deux ampoules. Les reliques sont exposées, face à des milliers de personnes qui tiennent des mouchoirs blancs et pleurent. La chasse est élevée. L’attente commence. Au bout d’une heure, si le sang n’est toujours pas liquéfié, la foule s’énerve. Au premier rang, notamment, des petites vieilles nommées «les parentes» se mettent à crier des insultes au saint. Elles hurlent : Faccia ngialluta, «Visage jaune !» à l’adresse du buste-reliquaire qui subit l’assaut verbal… jusqu’à ce que son sang se liquéfie. Les principales actrices du prodige sont donc des femmes du même âge qu’Eusebia, considérées comme les descendantes de la nourrice. Elles sont ménopausées. Leur sang ne coule plus. Charge à elles de faire couler celui du saint !
Visage jaune : perte de sang
Lorsqu’on demande aux Napolitains pourquoi les parentes insultent Saint Janvier de «Visage jaune», ils répondent en hésitant : «parce que son visage est en or». La vérité est plus complexe. Pour Salvatore D’Onofrio, la vérité c’est que l’appellation «Visage jaune » s’applique en langue populaire aux femmes nerveuses et irritables lorsqu’elles ont leurs règles. Les voilà qui deviennent irrascibles, au point qu’on évite de les faire travailler aux vendanges : elles pourraient faire tourner le vin en vinaigre. Ainsi donc le prodige repose sur une allusion aux menstrues ? Oui, répond D’Onofrio : lorsque des femmes ménopausées traitent Saint Janvier de «Visage jaune», elles l’incitent par contagion à devenir une femme menstruée, énervée, dont le sang se liquéfie et coule. L’anthropologue ajoute : «N’oublions pas que dans beaucoup de dialectes de l’Italie du Sud, le terme parienti [“les parentes“] indique de manière métaphorique les menstruations. En sicilien on dira par exemple : “les parentes sont arrivées“ (mi vìnniru i parienti)».
Saint Janvier saigne-t-il comme les femmes ?
S’il fallait résumer l’histoire, on pourrait dire qu’à Naples, on fait symboliquement saigner un saint – plusieurs fois par an – afin de réactiver son pouvoir protecteur. Il est mort une fois en 305, la tête coupée, et depuis plus de 17 siècles on le refait saigner, régulièrement, en insultant sa tête jusqu’à ce qu’elle ait le sang qui bout… En 305, c’est sa mère de lait qui a recueilli le sang. En 2015, ce sont les parentes qui recréent les conditions propices à la liquéfaction. Le temps tourne sur lui-même, accomplissant la logique des cycles… La logique si rassurante des cycles. Reste à savoir pourquoi le sang devenu liquide de Saint Janvier peut protéger Naples ?
Pourquoi le sang protège de l’éruption ?
«Parce que le sang est semblable à la lave du Vésuve : on combat le même par le même». Prolongeant la réflexion de Salvatore D’Onofrio, le chercheur Youri Volokhine – professeur en histoire des religions à Genève – pousse l’idée initiale jusqu’au bout de sa logique. «Les pôles semblables s’annulent ou se repoussent. Voilà l’origine de nombreuses superstitions. On dit que le vin tourne lorsqu’une femme menstruée fait les vendanges : parce que le sang et le vin sont des équivalents. De même que le sang et le jaune de l’oeuf. Une femme qui saigne rate la mayonnaise, dit-on, parce que son sang entre en conflit avec le jaune d’oeuf. Voilà aussi l’origine de l’interdit posé sur la prêtrise des femmes chez les Chrétiens : une femme menstruée ne saurait toucher au sang du Christ sans en annuler le pouvoir…». Suivant la même logique du «même contre le même», sang et lave – étant de même nature – s’annulent. Pour empêcher la lave de couler, il faut donc que le sang du saint coule. C’est logique.
Un mort peut-il sauver 700 000 vivants ?
La logique est celle d’une équivalence posée entre les humeurs. Celles de la terre et celles de l’humain ne font jamais que circuler suivant des règles finalement très simples : les contraires s’attirent et les semblables se repoussent. Pour repousser la menace d’une éruption, il faut brandir face au volcan les images d’un saint qui saigne et agiter ses reliques jusqu’à ce qu’elles se remplissent d’un liquide cramoisi. Il faut que la foule, en état de choc, halète face au spectacle de cette métamorphose qui tarde à venir… Il faut que l’attente dure, autant que le suspens, jusqu’à ce qu’explose la colère des vieilles femmes. Colère purificatrice, capable de déclencher ce que tous, alors, nomment un «miracle» : à tout prix, il faut y croire. La mise en scène n’est efficiente que si chacun y participe, en respectant la règle du premier degré. Un mort ne peut sauver les vivants que si les vivants se persuadent que leur désir peut faire fléchir un saint et leur volonté vaincre le Vésuve lui-même. Magie opérative du spectacle sanglant.
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A LIRE : Les Fluides d’Aristote, de Salvatore D’Onofrio, éditions Les Belles Lettres, 2012.
CET ARTICLE est issu de notes prises dans le cadre du séminaire d’Histoire des religions de Youri Volokhine, séminaire intitulé «Les Poils et Le Sang» (Université de Genève, 2015-2016).
NOTES
(1) Le nom de Janvier n’a, semble-t-il, rien à voir avec les mois de l’année. La famille de Saint Janvier descend en droite ligne des Januari de Rome, dont la généalogie se perd dans la nuit des âges.
(1) Dès le XIIIe siècle, les images de dévotion se répandent à travers l’Europe. On les porte sur soi et on les place dans le foyer pour obtenir la protection spirituelle d’un Saint. («Les moyens de la protection privée», d’Edina Bozoky. Publié dans Cahiers de recherches médiévales, 2001).
(2) Le «miracle» a lieu trois fois par an en moyenne : le samedi précédant le premier dimanche de mai (date anniversaire du transfert de la dépouille du saint). Le 19 septembre (date anniversaire de son martyre en 305). Le 16 décembre (date anniversaire de l’éruption du Vésuve de 1631 qui fit 4 000 morts mais en épargnant la ville de Naples).
(De Londres) Au cœur du « Little India », l’un des fiefs de la diaspora indienne au Royaume-Uni, Parag Bhargava perpétue un commerce anachronique à l’heure de l’explosion des sites de rencontre.
Il tient le Suman Marriage Bureau, l’une des plus vieilles agences matrimoniales britanniques, spécialisée dans les mariages arrangés de la communauté sud-asiatique.
Ici, nul serveur pour héberger les profils des célibataires, mais des fiches manuscrites avec nom complet, couleur de la peau, religion, caste, régime alimentaire… Pas de tchats pour draguer sous pseudo, mais des...
Beaucoup ont tendance à voir les féministes comme un groupe monolithique, dont les membres seraient interchangeables. Le féminisme est, plus que jamais, riche de personnalités très diverses.
J'ai donc décidé d'interviewer des femmes féministes ; j'en connais certaines, beaucoup me sont inconnues. Je suis parfois d'accord avec elles, parfois non. Mon féminisme ressemble parfois au leur, parfois non.
Toutes sont féministes et toutes connaissent des parcours féministes très différents. Ces interviews sont simplement là pour montrer la richesse et la variété des féminismes.
Interview de Céline.
Bonjour Céline peux-tu te présenter ?
Je vais avoir 42 ans. En couple, j'ai un fils de 18 ans. J'habite dans l'Ouest depuis 10 ans, je suis née et j'ai grandi en région parisienne.
Depuis quand es-tu féministe ; y-a-t-il eu un déclic particulier ou est-ce venu progressivement ?
Il y a toujours eu un petit sentiment d'injustice. J'ai des souvenirs de réunions de famille où les femmes faisaient la vaisselle, sauf une de mes tantes ( qui passait pour une indigne paresseuse ). Cette façon de parler d'elle dès qu'elle avait le dos tourné, je ne comprenais pas. En cinquième, une prof de français nous a parlé de Simone de Beauvoir. Je me souviens juste de "on ne nait pas femme, on le devient " c'est banal mais c'est ce qui a commencé à me faire réfléchir.
Il y a eu quelques confrontations et agressions que j'ai pu subir dans les transports parisiens ou sur des parkings et les réactions de mes connaissances qui trouvaient ça "pas si grave". Parmi ces personnes, il y avait un copain qui venait d'avoir une petite fille. Je lui ai demandé de ne pas réagir comme ça si un jour par malheur ça devait lui arriver.
Quand je suis partie de chez mes parents, j'avais une voisine un peu plus âgée que moi. Elle parlait toujours de "sa" cuisine, "son" aspirateur et ça avait le don de me mettre hors de moi. Tous ces trucs qu'elle faisait pas par manque de temps, parce qu'il fallait s'occuper de tout autour en plus du travail. C'était un problème pour moi et je ne savais pas comment l'expliquer.
Est-ce-que ton compagnon est sensibilisé au féminisme ?
Il est sensibilisé mais pas assez. Il comprend mal la notion de viol conjugal par exemple. Il dit que j'exagère au sujet des publicités sexistes, mais je le soupçonne de vouloir me contredire. Il me rapporte des propos très violents entendus dans des conversations parmi ses connaissances mais ne leur dit rien pour autant. Pourtant ça le révolte. Je lui demande de réagir parce que c'est un des moyens de changer les choses.
Qu'as tu enseigné à ton fils en tant que féministe ?
Le consentement, autant que possible. Pour la théorie du genre, c'est difficile car je ne suis pas la seule à l'éduquer. Il y a son père qui rentre volontiers dans son jeu quand il s'agit de décider ce qu'aiment "les filles". Il y a aussi l'école qui fait beaucoup de dégâts. Je ne me fais pas de soucis car je sais qu'il est encore en train de se construire.
Te considères-tu comme une militante ? Que mets-tu derrière ce mot ?
Je me pose la question justement. J'ai longtemps cru qu'il fallait se structurer, maintenant je ne suis plus sûre. Militer au quotidien IRL ou derrière son écran, ça peut servir aussi. je côtoie des femmes féministes, mais pas hommes. Ce n'est pas voulu mais je crois que c'est mieux.
Est-ce-que des combats féministes te touchent plus que d'autres ?
L’accès à l'IVG, c'est vraiment un symbole pour moi, le droit pour lequel il faut toujours lutter. Les actions du planning familial qui doit encore se battre pour exister dans les territoires. Le traitement des médias sur les affaires de viol, et de féminicide est un phénomène qu'il me semble important de surveiller. On gagnerait à s'inspirer de la charte espagnole sur les violences conjugales.
Pourquoi penses tu que ton compagnon ne réagit pas aux propos sexistes qu'il entend ?
Je crois qu'il pense que ça ne sert à rien. C'est dommage car ils sont plus jeunes que lui et même si ça en fait réfléchir un seul, ce serait déjà pas mal. Ceci dit je constate avec mon fils que quand je lui explique ce qui est bien et mal, il me répond que les choses ont changé, les codes, les relations ont changé. Ce n'est pas toujours facile de transmettre dans la bienveillance quand plusieurs personnes ou groupes de personnes participent à la construction d'un individu.
Tu parles de féminicide : peux tu expliquer de quoi il s'agit ?
Je parle de féminicide pour ne pas dire violences conjugales répétées qui mènent à la mort. C'est ma définition maintenant je ne sais si tout le monde l'entend de cette façon.
As-tu vécu des situations de sexisme au travail ?
Pour mon premier entretien dans la boite où je suis toujours, on m'a demandé "je vois que vous avez un enfant, avez vous un mode de garde". Évidemment j'ai dit oui et je me suis écrasée. Par la suite, j'ai fait en sorte que tout le monde comprenne bien que je n'allais rien passer de sexiste, et ça s'est vite vu.
Comment es tu féministe au quotidien ?
Au quotidien je ne laisse rien passer. Des réparties pour chaque parole sexiste, en famille, au travail, avec les amis. Je ne sais pas si ça change quelque chose mais au moins ça me fait du bien. En tant que parents, on a fait en sorte que notre fils sache se débrouiller tout seul. S'occuper de son linge, se faire à manger si on est absent. Je connais des hommes de 60 ans qui sont incapables de se faire cuire un œuf. J'ai plusieurs amies plus âgées que moi, jusqu'à 87 ans. Quand elles se confient c'est "j'en ai marre, je suis fatiguée, il fait toujours la tête, je pensais que ça passerait avec l'age" etc. Non, ça ne passe pas avec l'âge. Le mec de 25 ans qui te reproche d'être allée faire des courses à la superette sans l'avertir, c'est le même à 89 ans. A part ça je voudrais bien écrire, mais je ne sais pas par où commencer et je trouve que d'autres le font beaucoup mieux que moi. Je réfléchis avec plusieurs autres féministes pour agir.
Comment expliques- tu que certaines femmes restent avec des hommes qui d'évidence sont machos comme par exemple ta voisine de 87 ans ?
C'est sûrement qu'on leur a toujours dit que c'était normal.( les hommes sont comme ça ) il y a aussi le milieu social ( rural ) la famille et "sa réputation". Une séparation impacte toute la famille, enfants comme beaux- parents. La famille au sens élargi s'en mêle, prend partie. Il y a aussi la question de l'indépendance ce financière, difficile à acquérir en raison du temps partiel imposé, des différences de salaire. J'ai connu des cas de séparation une fois que les enfants étaient "grands", et là j'imagine les années de souffrance en silence.
Certains te diraient que si un homme de 60 ans ne sait rien faire c'est bien que sa mère ne lui a rien appris plus jeune ; que répondrais tu à cela ?
Que je n'ai jamais entendu parler d'un homme qui s'est laissé mourir de faim dans des vêtements sales parce que sa mère ou sa femme était à la maternité ( par exemple ). Mais c'est vrai que j'ai déjà entendu des femmes dire que ce n'était pas très viril de faire la vaisselle ou d'éplucher des pommes de terre. Elles n’éduquent donc pas leurs garçons en conséquence. Quand c'est ma voisine et parce qu'elle a cet âge, je serre les dents, je lui dis que les choses ont changé, que maintenant on aime bien être indépendant(e). Un jour que j'étais en train de remplacer la batterie de ma voiture, elle m'a demandé pourquoi je ne laissais pas "mon mari" faire ça. Le paradoxe, c'est que si ma voisine se retrouve toute seule, elle aura largement les capacités de s'en sortir sur le plan domestique, alors qu'il faudra sûrement une aide extérieure si c'est son mari qui lui survit.
Je voudrais ajouter que ce n'est pas parce que en théorie homme et femme sont égaux en France qu'il faut cesser de réclamer son dû. On vous dira que vous exagérez, que décidément on ne peut rien vous dire et que vous n'avez aucun second degré. Oui on peut être féministe ET mariée, mère (parfois au foyer ) épilée, ou pas, maquillée, tatouée on s'en, fout. Ce n'est pas parce qu'un carcan est invisible qu'il n'existe pas.
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