Jasna est une adolescente qui se cherche. Entre sa famille et les études qui la saoulent, elle préfère aller à des fêtes et tailler des pipes à Djole, son pseudo petit ami, tout en se filmant avec son portable… Malheureusement, Djole ne semble pas trop être intéressé par elle, si ce n’est pour en faire un objet sexuel.
A la manière d’un Kids ou d’un Ken Park de Larry Clark, Klip se donne comme ambition de brosser un portrait de la jeunesse serbe d’aujourd’hui. Jasna est entourée d’une bande de copines toutes plus superficielles les unes que les autres, passant leur temps à choisir des fringues, à se maquiller et à parler de leurs flirts. On peut y voir les diktats de la télé et des clips de dance (la BO est émaillée de tubes pop/dance chantés par les personnages) sur les jeunes filles qui veulent absolument se donner un look de pouf un peu destroy. Ca concerne non seulement les vêtements mais aussi la façon de se comporter, qui consiste à prendre des poses sexy toutes les cinq minutes et immortaliser l’instant avec les portables.
Dans une moindre mesure, on pourra aussi comparer le film au Spring Breakers, d’Harmony Korine. Mais là où le réalisateur américain emballe tout cela dans un rêve éveillé plus ou moins hermétique, Maja Milos, la jeune réalisatrice, se pose plus en observatrice extérieure. Elle partage avec Larry Clark cette fascination pour les comportements excentriques des ados. Néanmoins, Larry Clarke filme toujours frontalement ses adolescents, sans vraiment de recul, et va jusqu’à embrasser leurs idéaux et leurs obsessions. Les jeunes dansent, se droguent, boivent, se filment, font des expériences sexuelles, vont à l’école et on recommence. Rien de très neuf sous le soleil de l’adolescence. Kids et Ken Park ont déjà tout dit et mieux.
Reste le côté voyeurisme à outrance par le biais des téléphones portables mais qui n’est jamais réellement expliqué ou exploité. Simplement montré. L’érotisme, bien que présent, est assez glauque et étrange. On a droit quelques scènes de cul explicite (à priori simulées) et dont le côté gratuit donne au film un côté « exploitation » pas forcément mal venu. Pour certains plans, ce sont les acteurs et actrices qui se sont filmés mutuellement, ce qui donne un côté immersif à la chose. On retiendra aussi la grand spontanéité de l’actrice principale Isidora Simijonovic qui permet au film de vivre et de respirer. Sinon tout cela aurait été bien stérile. La mise en scène n’est pas inintéressante mais pas non plus passionnante. Là encore, on sent des inspirations, une impression de déjà vu, peut-être du côté de Sofia Coppola, pour la vision sensuelle et intime de la féminité. Dommage que le film peine à trouver quelque chose à dire et se limite à de l’illustratif.
Klip sera disponible en dvd le 11 juin chez l’éditeur américain Artsploitation. Il a eu les honneurs d’une petite sortie en salles dans notre contrée.