34739 éléments (3198 non lus) dans 75 canaux
Cet article Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? Extrait provient de Manifesto XXI.
Comprendre le désir des hommes pour les hommes serait-il la clé de la révolution féministe ? Dans son premier essai, Léane Alestra, média-activiste et fondatrice de Mécréantes, décortique le tabou de l’homosexualité masculine et la manière dont le désir non avoué des hommes pour leurs pairs façonne nos rapports sociaux.Avec un mélange d’histoires personnelles, de références en sciences sociales et en littérature, d’exemples tirés de la pop culture, et beaucoup d’humour, Léane Alestra articule une réflexion qui va faire des émules. On a aimé ce qu’on en a lu dans Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ?, en voici un extrait tiré du chapitre 1 en avant-première.
Ce qui a péché dans l’idylle virile – Saint Augustin et son héritageL’histoire de la condamnation de l’homosexualité en Europe occidentale est celle d’un basculement et d’un renversement idéologiques liés à l’arrivée de nouvelles théologies. Car si jadis, l’amour homo n’était pas toujours platonique et pouvait se vivre au grand jour, l’influence de saint Augustin ne tarda pas à gâcher la fête… Au IVe siècle, ce théologien majeur du christianisme imagine la doctrine du péché originel, associant le désir sexuel à la honte, prétendant que la libido est la marque du diable1. À la même époque, les mariages homosexuels sont officiellement interdits par le Code de Théodose, un recueil de décisions impériales romain promulgué par l’empereur romain Théodose II, et l’interdiction officielle entre en vigueur le 1er janvier 439.
Après le décès traumatisant de son « meilleur ami », un ami très, très, proche2, le philosophe Augustin, qui deviendra saint Augustin, se convertit à la tradition chrétienne : « Je sentis que mon âme et la sienne n’étaient qu’une seule âme en deux corps et la vie me devint donc intolérable, parce que je ne voulais pas vivre réduit à la moitié d’un tout ; et pourtant, j’avais peur de mourir de crainte que l’être que j’avais tant aimé ne meure complètement. »3 Il consacrera ensuite son existence à tenter d’éradiquer les pulsions sexuelles « du diable »4 touchant l’humanité, au lieu de raconter simplement son chagrin à une oreille attentive et de nous laisser en paix…
Pour comprendre ce basculement dont Augustin est à l’origine, il faut saisir le contexte historique et sa dimension misogyne. Sous l’Antiquité romaine, les philosophes justifient la suprématie des hommes par l’idée qu’ils sont plus forts et plus résistants que les femmes. On n’a pas de difficulté à imaginer qu’ils sont évidemment tous, sans exception, des ironmen indéfectibles… Car l’identité masculine hégémonique repose sur la maîtrise de soi, de ses affects, et le rejet absolu de toute trace de vulnérabilité. À cela on oppose des corps « féminins » qui, en raison de leurs menstruations et du lait coulant de leurs seins, ne sauraient se contenir. Mais Augustin se retrouve face à une contradiction : si les hommes se contrôlent, il y a pourtant quelque chose sur lequel ils n’ont pas une totale prise… Il existe une manifestation physique qui trahit leur vulnérabilité… Ce talon d’Achille, c’est l’érection. D’où viennent nos désirs ? Pour quelle raison je n’en suis pas complètement maître ? Pourquoi suis-je attiré par un corps ? Comment expliquer que je ne puisse maîtriser mes érections quand je suis entouré d’hommes aux thermes ?
Ces questionnements ne cesseront de hanter le philosophe5. Pour y répondre, Augustin va théoriser le péché originel, en remontant pour cela aux prémices de l’humanité. Et, spoiler alert : son analyse, qui influence encore nos sociétés, a désigné ces dames grandes coupables. Pour saint Augustin, si les hommes ne contrôlent pas leurs érections, c’est la faute d’Ève. Ce serait elle qui, en croquant le fruit défendu avant de le faire goûter à son compagnon Adam, aurait cédé à la tentation du serpent6. En trahissant Dieu, la femme originelle a ainsi condamné l’homme à porter la trace du péché dans sa chair. Le caractère involontaire de l’érection resterait un héritage honteux, le marqueur physique de la faiblesse d’Adam et la trace de son péché. En écoutant l’avis de sa compagne au détriment des instructions du Père tout‐puissant, il aurait conduit ses descendants masculins à subir la sanction du patriarche suprême. Les hommes sont dès lors punis, pour avoir privilégié le féminin à l’ordre patriarcal. Quant aux femmes, la faute originelle les condamne à accoucher dans la douleur et à aimer leur mari quoi qu’il leur en coûte…
Nos appétits érotiques deviennent ainsi la marque du mal, établissant la fin de l’innocence divine offerte par le paradis déchu. Nos désirs demeurent pour Augustin la preuve que nous appartenons à une espèce traversée par ce qu’il nomme en latin la massa peccati 7, une « masse de péchés ». Nous devons donc nous purifier et éviter d’aggraver notre cas en bannissant tout geste de luxure. Les considérations de saint Augustin seront reprises par les théologiens des générations suivantes, notamment pour dresser la liste des péchés capitaux. Dans l’énumération des actes pouvant nous envoyer directement en enfer, ils ajouteront alors la luxuria, à savoir le plaisir sexuel recherché pour lui-même…
Saint Augustin ne va pas se contenter de désigner les femmes comme étant à l’origine du péché, il va aussi lutter pour convaincre ses semblables que les hommes homosexuels sont des êtres contre nature. Pour ce faire, il va sélectionner dans le monde animal des exemples d’espèces qui sont selon lui strictement hétéros et décréter que c’est naturel puisque c’est comme cela chez les animaux8. Comme quoi, instrumentaliser la nature ne date pas d’hier… Une entreprise osée puisque, comme le rappelle l’historien John Boswell, à cette époque, les comportements homosexuels chez les animaux étaient déjà cartographiés par les naturalistes comme les comportements saphiques des pigeons qui étaient bien connus.
Malheureusement, dix sept siècles plus tard, ce type de propos perdure, et contient toute l’ambivalence des discours homophobes. Ainsi, d’un côté, les LGBT+ seraient des êtres contre nature9, mais, dans le même temps, ils seraient des êtres mal éduqués et bestiaux, qui cèdent à leur instinct comme des animaux. Paradoxal, n’est-ce pas ? Pour les homophobes, il suffirait d’ailleurs de quelques films LGBT+ à l’écran pour risquer de « contaminer » tous les hétéros. Preuve en est que l’hétérosexualité qu’ils clament comme étant « naturelle » leur semble pourtant bien fragile…
Notes de bas de page :
1) Stephen Greenblatt, « Comment Saint Augustin inventa le péché originel : En quoi l’érection spontanée d’un adolescent a‐t‐elle pu changer notre vision de la sexualité ? Au ive siècle, saint Augustin invente le péché originel et fait pleuvoir sur l’humanité une honte héritée d’Adam et Ève », Le Monde, 2020.
2) Ibid.
3) Saint Augustin, Confessions, 4, 6.
4) Ibid
5) Stephen Greenblatt, « Comment saint Augustin inventa le péché originel », art. cit.
6) Pour certain·es théologien·nes, si le diable s’est attelé à convaincre Ève de croquer la pomme la première, ce ne serait pas en raison de sa fragilité. Bien au contraire, c’est parce qu’elle était la figure la plus puissante et la plus dangereuse. Les stratèges militaires savent qu’on attaque le plus fort d’abord, mais ce n’est de toute façon pas ce qui intéresse notre Augustin.
7) Ibid
8)John Boswell, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité, op. cit.
9) Ibid
Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? Léane Alestra, coll. Nouveaux Jours, Edition J.C.Lattès, 324 p.
Rédaction du chapeau : Apolline Bazin
Image à la Une: © Yulia Matvienko, via Unsplash
Cet article Les hommes hétéros le sont-ils vraiment ? Extrait provient de Manifesto XXI.
Cet article Pourquoi je n’arrive pas à bander en pleine lumière ? est apparu en premier sur Union.
Vous les voyez sûrement partout, les sextoys à stimulation clitoridienne sont devenus les ambassadeurs de la masturbation féminine moderne. Moi la première, je n’avais jamais testé un sextoy uniquement pénétratif, et qui plus est, sans vibrations. Alors j’ai décidé de sortir de mon petit confort et de tester le Desire Wand de chez Idée du Désir !
Un beau jouet de boisEn terme d’expérience, Idée du Désir repousse clairement les limites design des sextoys actuels, car ils proposent une gamme entièrement en bois, sculptée par un ébéniste et pensée en fonction de l’anatomie féminine. Le mien est arrivé dans une belle boîte sobre et discrète, accompagné de sa grande pochette de rangement, d’un échantillon de lubrifiant, et d’une notice pour l’utilisation et l’entretien.
Boite contenant le Desire Wand d’Idée du Désir À l’ouverture, une notice, un échantillon de lubrifiant et le sextoy dans sa pochetteL’objet en lui-même m’a étonné par sa légèreté (110g) et sa douceur. J’étais curieuse de découvrir l’aspect et le toucher du bois, ici de l’érable, qui s’avère très agréable et élégant. On pourrait presque l’exposer telle une sculpture ! Il y a également une étiquette avec le numéro de lot et la date de fabrication, ce qui met encore plus en avant le côté unique et luxueux du produit.
Le Desire Wand et son étiquette de numéro de lotPour l’entretien, pas de panique, tout est écrit et globalement similaire à l’entretien de tous les sextoys. Non, il n’y a pas d’échardes qui risquent de transformer votre moment intime en film d’horreur. Oui, vous pouvez l’utiliser sous l’eau et le laver normalement, ça ne se transforme pas en planche de radeau façon Titanic. Nous voilà toutes rassurées !
La notice d’utilisation et d’entretien sous forme d’un joli parchemin Comprendre les règles du jeuJe vous disais, les godes, c’est pas ma tasse de thé. Mais celui-là propose tout particulièrement de stimuler le « point G » grâce à ces deux boules de diamètres différents (3 et 4 cm) placées à chaque extrémités (20 cm de long en tout). Ça tombe bien, c’est la zone que je voulais explorer en ce moment, alors je me suis employée à tester cet aspect du produit !
Un objet agréable à prendre en mainJ’ai trouvé que les sensations au contact de cette matière inhabituelle étaient très agréables voir bien plus perceptibles qu’avec un sextoy en silicone. En revanche, c’était un peu trop dur et « envahissant » pour moi, comme je m’y attendais, il m’a donc fallu un temps d’adaptation avant de pouvoir le bouger. Le côté très recourbé du Desire Wand permet effectivement d’atteindre plus facilement la paroi supérieure du vagin, au niveau du dit « Point G », mais demande un peu de pratique pour trouver le bon angle, la bonne profondeur et la bonne prise en main. La plus petite des boules m’a amplement suffi, mais on peut commencer par celle-ci puis, une fois habituée et bien détendue, l’autre boule un peu plus large.
Ce premier essai, un peu laborieux, s’est conclu tout de même par un orgasme, à ma grande surprise, mais fortement aidé d’un audio érotique Femtasy.
Ensemble des éléments reçus avec le Desire Wand d’Idée du Désir Conclusion sur le sextoy Desire WandJe ne suis pas encore complètement séduite, mais j’ai envie de retenter l’expérience, maintenant que je sais à quoi m’attendre et comment l’utiliser sur moi. Surtout que je suis convaincue que c’est une arme redoutable pour squirter, une fois que je serai devenue une jedi du Desire Wand !
Ce modèle semble plus s’adresser aux initié.e.s des godes et autres sextoys pénétratifs, mais si vous êtes débutantes vous pouvez aller lire l’article sur l’Orchidée N°5, également créée par Idée du Désir et qui semble plus adapté à une prise en main rapide !
Vous pouvez aussi découvrir l’ensemble de la gamme Idée du Désir sur ideedudesir.fr
L’article Test du Desire Wand, retour au naturel est apparu en premier sur Desculottées.
L’injonction à la jeunesse, la dictature du zéro poils, l’obsession phallique ou encore le stéréotype de la meuf bie super chaude, font partie des diktats de la sexualité déconstruits par la websérie féministe Libres ! . 10 courts épisodes sous forme de films d’animation, diffusés gratuitement sur Arte, réalisés par Ovidie et Josselin Ronse, avec les illustrations de Diglee et une co-écriture de la comédienne et journaliste Sophie-Marie Larrouy. La série est pédagogique, drôle, légère, super pertinente et aborde différents points de réflexions essentiels pour repenser la sexualité avec une vision féministe. On a binge-watché et adoré !
Libres ! contre les injonctions de la sexualitéCette petite série d’épisodes se gobe aussi facilement qu’un paquet de pop-corn ! C’est tellement bien fait et tellement génial, qu’on n’a même pas envie d’écrire d’article et juste envie de vous dire : allez regarder !
Ovidie dépeint de façon super fluide, juste et directe, sans perdre en légèreté, les travers et les oppressions existantes dans notre rapport normé à la sexualité. Elle arrive avec un humour décapant, à faire ressortir les injonctions sexistes et performatives de la sexualité et l’oppression générale du regard porté sur les femmes. « Même le mouvement body positive a été récupéré » comme elle le dit si bien !
Sans jamais donner de leçons ou pousser à des nouvelles injonctions, Ovidie vulgarise avec brio certains sujets au cœur des réflexions féministes, nous permet de prendre du recul sur les normes sexuelles et de les réinterroger en pointant leurs absurdités. C’est juste génial, allez regarder !
La saison 2 vient de sortir, rendez-vous sur Arte pour regarder la websérie Libres !
L’article Libres!, série d’Ovidie qui libère des diktats sexuels est apparu en premier sur Desculottées.
Cet article Le levrette et le féminisme sont-ils compatibles ? est apparu en premier sur Union.
De l’enfumage, encore et toujours. Par manque de volonté politique ou par mépris des luttes féministes. Le collectif #NousToutes n’est pas dupe : les mesures contre les violences de genre annoncées par le gouvernement, ne visent qu’à masquer son manque d’action à l’occasion du 8 mars. Cela était prévisible. A l’occasion de la journée internationale […]
L’article Du blabla mais pas de budget est apparu en premier sur 50 - 50 Magazine.
Ce dessin réalisé d’après un vase de l’Antiquité Grecque montre une femme tenant un « phallus-oiseau » et dévoilant une jarre qui en contient d’autres, semble-t-il prêts à bondir. Les représentations phalliques munies d’un oeil sont très fréquentes. Le phallus est symbole de vie, et, pour les grecs, la vue c’est la vie, il semble donc normal … Continuer la lecture de « « L’ angor de la verge » »
Cet article « L’ angor de la verge » est apparu en premier sur SEXOLOGIE MAGAZINE.
Coup de tonnerre chez les féministes européennes : en octobre 2022 le gouvernement suédois nouvellement élu, annonce que son pays va abandonner la diplomatie féministe, cette volonté d’agir pour promouvoir les droits des femmes sur la planète que sa précédente ministre des Affaires étrangères, Margot Wallstrom, avait imposée en 2014, surprenant le monde entier. Mais […]
L’article Quand la Suède abandonne la diplomatie féministe… est apparu en premier sur 50 - 50 Magazine.
Un jeune transgenre s'est vu refuser l'accès aux dortoirs des garçons, lors d'un séjour d'hivers organisé par une agence de voyages prestataire de la mairie de Puteaux. Sa mère dénonce une exclusion discriminatoire.
L’article Colonies de vacances : Une mère accuse la mairie de Puteaux de transphobie est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.