34713 éléments (3171 non lus) dans 75 canaux
Thanks to our sponsor in Spain, women-run Lust Cinema.
Much gratitude to our thoughtful sponsor, Nubile Films.
The post Sex News: BBC’s Versailles, Mormons on the anti-porn warpath appeared first on Violet Blue ® | Open Source Sex.
La semaine dernière, nous avons pu lire, écouter et voir beaucoup de documentaires, articles, réflexions sur la condition de la femme dans le monde à l’occasion du 8 mars, journée internationale pour les droits des femmes. Nous nous sommes demandées au CCF s’il fallait nous exprimer car nous ressentions des choses ambivalentes autour de cette...
The post Sexorama : ce que vous avez (peut-être) loupé ces dernières semaines appeared first on Le Cabinet de Curiosité Féminine.
Mercredi 9 mars, l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) a appelé la société de production de James Deen à comparaître pour violations multiples des lois de Californie, et notamment celles qui rendent obligatoire le port du préservatif sur les plateaux de tournage du conté de Los Angeles. Le studio de l’acteur, James Deen Productions, est suspecté de ne pas avoir forcé ses employés à enfiler des capotes et de ne pas leur avoir fourni de vaccins ou de suivi médical lorsqu’ils ont été exposés à l’hépatite B. La structure encourt une amende de 77 875$.
Ces poursuites sont l’aboutissement d’une plainte déposée au début du mois de décembre dernier par l’AIDS Healthcare Foundation. Cette organisation réputée pour sa volonté d’imposer le préservatif à tous les acteurs pornographiques de Californie avait signalé James Deen aux autorités pour “violations sérieuses des conditions de santé et de sécurité du lieu de travail”. L’enquête a été ouverte le 8 décembre. L’acteur a d’abord refusé de collaborer en ne fournissant pas les document réclamés par l’OSHA, ce qui a abouti à une perquisition à son domicile le 12 janvier suivant.
Le magazine professionnel AVN précise que la sanction financière réclamée par l’OSHA à James Deen Productions n’est qu’une proposition pour “violations potentielles”. “Bien que nous ne puissions évoquer les détails de ce dossier, cette amende n’est qu’une évaluation préliminaire soumise à d’importantes variations, a expliqué l’une des responsables de l’agence gouvernementale. Elle n’est pas nécessairement liée à un danger réel ou à une menace aux professionnels sur le lieu de tournage.”
Le jeudi 10 mars, James Deen a “vigoureusement démenti” avoir mis ses employés en danger en manquant à ses obligations dans les colonnes du Daily News : “J’ai proposé aux acteurs de tourner avec des préservatifs, a-t-il affirmé. Ils ont refusé d’en utiliser et j’ai respecté leur décision. (…) Ils n’ont jamais été exposés à une maladie pendant qu’ils travaillaient pour James Deen Productions. Personne n’est tombé malade ou n’a subi des blessures”.
Ce n’est pas la première fois qu’un producteur de contenus pour adultes est poursuivi pour avoir tourné sans préservatif malgré la mesure B. Au début de l’année 2014, le studio Kink avait écopé d’une amende de 78 000$ parce qu’il avait choisi de ne pas respecter la loi californienne. La sanction financière avait ensuite été ramenée à 27 000$.
Du lundi 21 au 26 mars, la Queer Week revient ! Pour sa septième édition, cette semaine de de conférences, d’ateliers, d’expositions, de projections, de débats et de rencontres dédiée aux genre et à la sexualité a choisi le thème Espace/Ecrans. Elle ricochera entre les locaux Sciences Po, le “lieu de vie alternatif” Péripate, l’espace féministe La Mutinerie et le lieu d’engagement artistique Confluences.
Le programme de la Queer Week 2016 brosse large et actuel : de l’éco-orgasme (“Comment jouir dans le respect de l’environnement et de soi ?”) à l’asile en France pour les LGBT+ (“Entre contraintes administratives, pressions sociales et solidarité”), il y aura matière à discuter, réfléchir et réagir.
Bien sûr, les événements de la Queer Week ne s’arrêteront pas au coucher du soleil. Le vendredi 25 mars, Et Le Queer Etait en Chair placera votre soirée sous le signe de la transgression et de la créativité en compagnie de Juriji Der Klee, Madmoizel, Apoplexie, Sophie Morello et Pussy Cherie. Des activités inédites viendront également égayer cette semaine studieuse : un atelier tatouage, une vente de zines queer et même un atelier “Hacke Ta Chatte”.
Vous pouvez retrouver le programme complet de l’événement sur le site officiel de la Queer Week.
Cette journée de formation réservée aux professionnels des champs médico-psycho-sociaux fait intervenir le Mouvement du Nid des Bouches-du-Rhône pour évoquer les échanges menées avec des garçons lors de séances de sensibilisation à la prostitution.
Infos pratiquesLundi 14 Mars 2016 de 8h30 à 16h00
Journée d'échanges de pratiques professionnelles autour de l'éducation à la sexualité organisée par le Réseau Santé Ouest Etang de Berre (RSOEB)
Salle des Conférences - Hôtel de Ville de Martigues
Entrée libre.
Inscription obligatoire, par courriel ou par téléphone au 04 42 44 11 62.
François Wioland, délégué départemental du Mouvement du Nid des Bouches-du-Rhône, et Hélène Rémond, psychologue et intervenante pour le Mouvement du Nid, viennent présenter leurs échanges avec les garçons rencontrés lors de séances de sensibilisation autour de la prostitution et du sexe tarifé animés par le Mouvement du Nid : les week-ends, on part à la Jonquera pour s'éclater
Cette journée est tout particulièrement destinée aux professionnels de proximité, travailleurs sociaux, animateurs, éducateurs… Le programme complet est disponible sur le site du Réseau Santé Ouest Etang de Berre (RSOEB).
Pénélope Sweetheart a commencé les live shows en octobre 2015. Après avoir été deux ans modèle pour Suicide Girls, elle a décidé de passer à autre chose en se lançant sur Chaturbate. Jeune brunette tatouée et piercée, amoureuse de culture pop et geek, elle fait clairement partie de cette génération de jeunes femmes qui vont marquer la scène de la cam française. Elle nous fait part aujourd’hui de son ressenti sur cette nouvelle expérience d’animatrice de shows sexy, de sa vision du monde de la webcam et de ses projets pour le futur.
Certains de nos lecteurs te connaissent peut-être car tu étais une Suicide Girl…
Oui je l’ai été pendant 2 ou 3 ans, mais je voulais arrêter car cela a trop changé depuis ces dernières années. Avant on était vraiment sur un site « amateur punk », où on mettait en avant des girl-next-door, naturelles et authentiques. Maintenant, la sélection est trop stricte on ne voit quasiment plus que des filles blanches à la plastique parfaite qui se ressemblent toutes. Il n’y a plus de diversité et il faut correspondre à un certain morphotype pour être publiée. Cela ne correspond plus à ce que j’aime et à ce que je veux.
Peux-tu nous raconter comment tu en es venue à la webcam ?
Je suivais des camgirls américaines sur Tumblr ou Instagram sans forcément regarder leurs shows. J’adorais leur univers et cette capacité qu’elles avaient à se mettre en scène. J’ai tout de suite accroché à leur esprit sex-positif, leur façon d’assumer leur corps et leur sexualité. J’ai particulièrement aimé le décalage entre l’esprit enfantin d’Ashe Maree, et le vrai sexe qu’on voyait dans ses shows. Puis j’ai vu le documentaire Camgirlz, qui résumait exactement ce que j’aimais chez ces filles.
Un soir, un peu au hasard, j’ai essayé. Ce qui m’a tout de suite surpris c’est la bienveillance des gens. On me faisait beaucoup de compliments vraiment mignons sur mes yeux, ma voix. On me disait que j’étais douce et gentille, alors que je m’attendais à ne lire que des choses très sexuelles. À mes débuts, je prenais vraiment le temps de parler avec chaque spectateur mais maintenant que j’ai beaucoup de monde, je ne peux plus le faire pour ne pas trop faire attendre les autres. Cela m’ennuie car j’ai tout de suite senti que les gens te considèrent réellement comme une personne, et s’inquiètent pour toi. Je commence à avoir des spectateurs réguliers, des personnes qui me suivent et sont toujours présentes, et qui en plus me soutiennent dans tous mes projets. On sent une réelle reconnaissance des gens envers soi, et c’est réciproque. On tisse des liens qui peuvent aller jusqu’à l’amitié, notamment avec les autres camgirls. On pense à tort que les modèles sont harcelées ou encore qu’elles n’ont affaire qu’à des pervers, mais ce n’est pas le cas. Les voyeurs sont des personnes qui sont seules comme moi je peux l’être devant la caméra, et on passe un moment ensemble, voilà tout.
Ce que j’aime le plus dans la webcam c’est cette liberté incroyable, on peut laisser libre cours à ses envies et ses fantasmes, tout en étant son propre patron. C’est un peu déroutant finalement, car comme on peut tout faire, il faut trouver quoi faire. J’aime beaucoup le fait qu’on puisse aller chercher des idées loin, que ce soit des accessoires, du cosplay… mais paradoxalement j’ai envie que cela reste naturel et ne fasse pas trop préparé. Je pense qu’en France c’est ce que les gens recherchent, alors qu’aux États-Unis tout est hyper calculé et ça devient un spectacle. Là-bas les filles ont souvent une pièce dédiée à leurs shows dans leur appartement, ce qui n’est pas le cas chez nous. Mais je vais essayer de faire des shows qui sortent un peu de l’ordinaire, notamment pour mon anniversaire !
On voit beaucoup de modèles proposer du contenu hors-show, qu’en penses-tu ?
La plupart des camgirls vendent leur Snapchat ou leur Kik et ça marche très bien. C’est une manière de garder le contact après le show et c’est important à mon avis. Les gens ont envie d’avoir des nouvelles de la modèle ou d’avoir une manière de la contacter de façon privée. Personnellement, j’ai créé une Team Pokémon : mes followers peuvent choisir leur Pokémon pour un certain nombre de tokens, faire partie de la team et recevoir ainsi du contenu supplémentaire. Je pense le côté jeu plaît énormément, notamment celui qu’on retrouve dans les shows « Roll the dice » ou « Token Keno ». Les tombolas marchent très bien aussi car on peut faire gagner du contenu physique qu’on envoie chez les gens et ça fait super plaisir autant à moi qu’à eux ! Certaines modèles font gagner des truc fous, comme un Mac Book (!?) ou bien un tête-à-tête avec elles, mais ça personnellement je ne pourrais pas. Par contre, je ne fais pas de shows privés car j’ai essayé une ou deux fois et je suis tombé sur des gens qui n’avaient pas envie de voir mon visage en fait. Ils voulaient juste des gros plans anatomiques, et clairement ça ne m’intéresse pas de poser mes fesses devant la caméra et de rester comme ça pendant un quart d’heure.
Prochainement, je pense mettre des vidéos sur ManyVids, mais je suis très perfectionniste donc je n’ose pas me lancer. J’ai beaucoup d’idées, mais je ne suis pas sûre de réussir à faire ce que je veux toute seule, et c’est un peu délicat de demander de l’aide à quelqu’un. C’est là que je me rends compte que quand on commence la cam, on doit faire mille choses que l’on n’aurait jamais pensé faire… on doit vraiment toucher à tout. Rien que pour une vidéo, on doit écrire un scénario, jouer dans la vidéo, la réaliser, la monter, etc… C’est pareil pour un show : il faut promouvoir son image constamment, faire des photos, etc… Les gens pensent à tort qu’on gagne notre vie en passant deux heures de temps en temps devant l’ordinateur, alors que c’est faux. Il faut aussi prendre le temps de répondre à ses mails, faire des snaps tous les jours et être active sur les réseaux, se préparer, envoyer du contenu aux tippers réguliers, puis après le show, on remercie par messages privés, on envoie des photos de bonne nuit, et on commence à réfléchir à des idées pour le lendemain… C’est vraiment un travail. Un travail plutôt cool certes, mais un travail.
Je conseille à toutes les filles qui veulent se lancer de regarder beaucoup de shows, des choses très différentes même si elles ne leurs plaisent ou ne les touchent pas forcément. On se rend compte de ce qui se fait ou pas, et ça va non seulement nous donner des idées mais aussi nous décomplexer sur certaines pratiques. Personnellement, je regarde beaucoup les shows de Miss Noir car j’adore ce qu’elle fait et elle m’inspire vraiment. C’est un peu comme faire de la veille. Parfois je regarde aussi des shows parce que ça me plaît, même si j’ai du mal à me masturber devant une cam. Je suis beaucoup trop intimidée par le fait que les filles sont vraiment là en face de moi en direct, et si jamais j’ose lui dire qu’elle est jolie et qu’elle me répond, je file me cacher sous le bureau en rougissant.
Qu’est-ce que la webcam t’a apporté ?
Pour commencer, je suis beaucoup plus à l’aise avec ma sexualité. J’ai eu comme un déclic, j’ai découvert mon corps. Je n’étais pas du tout sûre de moi ni de mon fonctionnement, mais j’ai pris confiance. Avant la webcam, je ne me masturbais jamais, et je n’avais pas de sextoy. Je n’en avais jamais vu et encore moins essayé. J’ai eu la chance qu’un spectateur m’en offre depuis ma wishlist, ça a été toute une découverte ! Maintenant j’ai même un plug anal alors que je ne pensais jamais acheter ça de ma vie. Je me rends compte que mon corps plaît et que je peux donner et prendre du plaisir.
Comment envisages-tu ton avenir ?
J’ai envie de faire de la sexcam mon activité principale. Quand j’ai commencé, je n’en faisais que le soir, car j’avais un travail à plein temps. Le problème c’est que ça a été tout de suite très addictif. J’avais envie de me connecter tout le temps ! Comme j’avais déjà des journées de sept heures, quand je rentrais directement pour me préparer et faire un show, je me rendais compte que je ne voyais pas le jour. Alors je me suis imposée un planning. J’étais très frustrée de devoir faire un boulot qui me barbait, alors que j’avais envie de diffuser sur Chaturbate. Du coup cela imposait d’y passer toutes mes soirées et de ne rien faire d’autre.
J’aimerais aussi continuer à poser, et me mettre enfin à ManyVids, faire des shows avec d’autres filles pourquoi pas des hommes. Pour l’instant je ne diffuse que sur Chaturbate, mais j’aimerais essayer d’autre sites. Cam4 ne me plaît pas trop a priori… Et MyFreeCams, ça a l’air spécial. Je n’ai pas trop envie de devenir « Miss Camgirl » et j’ai l’impression que MyFreeCams c’est un peu ça. Mais cela dit quand on essaie un nouveau site on a un peu le frisson de la nouveauté comme lors d’une première diffusion, et rien que ça c’est excitant.
Quel est ton rapport au porno ?
J’en ai toujours regardé. Je m’intéresse depuis toujours à la culture porno, j’ai même un Tumblr personnel spécial porn rempli de gifs. Ceci dit j’ai toujours eu une sorte de retenue entre le porn et ma vraie vie. J’en regardais sans me toucher en fait. Surtout des gifs donc, pour s’exciter l’un l’autre avec mon copain de l’époque.
Mais je pense que ma consommation a augmenté depuis que je fais des live shows… puisque maintenant j’ai compris comment fonctionnait mon corps et que je peux me donner des orgasmes en veux-tu-en-voilà, j’en regarde souvent oui (rires).
Dans les scènes hétéro, je suis souvent déçue car le porn classique s’attarde beaucoup sur la fellation et oublie souvent les cunnis et le plaisir féminin en général. Bien sûr je pourrais regarder ce qu’on appelle à tort le porno pour femmes, mais je déteste le côté cucul qu’on a parfois dans les vidéos de X-art. Il ne faut pas croire qu’une femme a uniquement envie de voir des pétales de roses partout et du romantique ! J’aime aussi le BDSM et le gonzo ! Du coup je regarde du porno lesbien, même si c’est clairement tourné pour être regardé par des hommes, au moins il y a plus de cunnis.
Tu te vois devenir actrice ?
Je ne pense pas, je suis en couple et je n’arrive pas à m’imaginer coucher avec d’autres hommes. Je ne pourrais le faire qu’avec mon copain, ou avec des femmes à la limite. J’ai déjà eu des propositions, et j’y réfléchis beaucoup. Cela me plairait de tourner, mais le cap est difficile à passer, je pense que j’aurais trop peur du regard des autres. Quelque part je pense que j’essaie de me protéger pour ne pas être malheureuse dans le futur si jamais mes proches le prennent mal. J’ai la chance aujourd’hui d’être entourée de gens ouverts et tolérants, mais tout le monde ne l’est pas. Qui sait, mon avis changera peut-être à l’avenir…
Miniatures et gif fournis par Penelope
Image en une et photos par Monsieur Bazin
On ne compte plus les séries dont des femmes violentes sont les héroïnes. Dark angel, Alias, Vip, Relic Hunters… Pourquoi ? Parce qu’en nous tous sommeille un viragophile, explique Noël Burch, auteur de L’Amour des femmes puissantes et promoteur d’un fantasme singulier : celui de l’homme terrassé-anéanti-broyé par une beauté.
Enfant, le réalisateur et essayiste Noël Burch connait son premier émoi sexuel en lisant, dans une bande dessinée, l’histoire d’un homme qui se fait «valdinguer» par une solide femelle, professeur de jiu-jitsu. «J’avais sept ans, c’était un dimanche matin dans ce modeste appartement de Berkeley.» Encore aujourd’hui, le mot jiu-jitsu lui fait l’effet d’une décharge électrique. Cinq ans plus tard, Noël Burch a son «premier orgasme un dimanche de 1944 en parcourant les pages magazine du Daily News : une série de photos montrait une jolie femme […] qui exécutait un circle throw sur un athlète.» Pour le dire plus clairement : la femme faisait une prise de judo, envoyant son «agresseur» à terre d’une pirouette, avant de se jucher triomphalement sur lui, en amazone (image ci-dessous). Noël Burch est fasciné. Depuis 1944, il ne s’intéresse plus qu’aux girlie magazines, peuplés de femmes adeptes d’arts martiaux.
Aux Etats-Unis, les viragos font un carton
Hasard ? «Aux États-Unis, la passion «honteuse» pour les femmes capables de battre physiquement les hommes était l’objet d’un florissant commerce postal de ce que l’on désignait alors sous le vocable de smut (cochonneries). Je me souviens de Peerless Sales, commercialisant les bandes dessinées de Stan (Eric Stanton) et d’autres dessinateurs plus ou moins habiles. Mais moi qui étais terriblement spécialisé, je m’intéressais peu aux catcheuses bodybuildées. Je recherchais des judokates exerçant leur art contre des mâles non initiés ou des scènes de self-défense où le jiu-jitsu pouvait paraître. Je possède encore de cette époque et de ces sources une série d’une quarantaine de photos ayant la forme d’instruction de self-défense mais qui étaient faites et vendues «sous le manteau» uniquement pour nous exciter». Nous qui ? Les viragophiles.
Les Américains aiment-ils les femelles fortes ?
Noël Burch est persuadé que la patrie des viragophiles se trouve aux Etats-Unis. C’est dans ce pays, dit-il, que l’on recense le plus grand nombre de «battantes» au cinéma. Dans un ouvrage d’érudition, abondamment documenté (L’Amour des femmes puissantes), il fait le compte : dès 1905, les femmes violentes débarquent à Hollywood sous le nom de «filles athlétiques» (The Athletic Girl and the Burglar). Dans les années 1910, elles prolifèrent dans les motions pictures. Ce sont «des petits films où une jolie femme a le rôle central et se comporte héroïquement face à toutes sortes de dangers, naturels, accidentels ou criminels. […] Emblématique ici est le film de Griffith, The Lonedale Operator (1911) où une modeste télégraphiste déjoue une tentative de vol à main armée par deux vagabonds. Ce modèle de la femme en danger, qui parvient souvent à se tirer d’affaire toute seule avant l’arrivée du mâle sauveteur est celui de toute une série de grands feuilletons américains pendant la période de la guerre et jusque dans les années 1920».
«Mettez la fille en danger»
Projetés en feuilleton, à raison d’un épisode par semaine, ces petits films d’action sont immensément populaires. Noël Burch souligne qu’ils sont créés par un réalisateur français, Louis Gasnier, mais sur le sol américain : les séries intitulées Les Périls de Pauline ou Les Exploits d’Elaine, sont en effet inaugurés (par Louis Gasnier) dans les studios de Max Linder, dont le mot d’ordre est sans appel : Put the girl in danger. La demoiselle en détresse voit le jour, ligotée aux rails du chemin de fer. Au début, c’est son amoureux qui la sauve, mais dès 1916, avec «l’immortelle Pearl White», dans la série Pearl of the army, la demoiselle prend son propre salut en main. On l’appelle «Pearl Dare» parce qu’elle «ose» faire de la boxe, lutter au corps à corps, chevaucher des locomotives, tomber d’une falaise et monter sur un beffroi par les câbles électriques… Les spectateurs en redemandent.
Des domina-karatekates en tournée mondiale
Après une petit éclipse, dans les années 1930 (2), les viragos réapparaissent, à la faveur de la Seconde Guerre Mondiale, mais dans la bande dessinée cette fois. Elles sont dotées d’une force surhumaine comme Wonder Woman ou Supergirl, rompues au jiu-jitsu comme The Black Cat ou Lady Luck et elles envahissent les comics. Puis la télévision. Puis l’univers du catch. Puis la scène SM… Maintenant, des viragos gagnent leur vie «dans le privé». Aux États-Unis, ainsi que l’indique Noël Burch, «des catcheuses amateurs proposent leurs services depuis une trentaine d’années, et l’on a vu récemment l’apparition de karatékates dominatrices. Si en France cette forme de domination rémunérée est très récente, le terrain s’est révélé propice, et de redoutables spécialistes états-uniens font aujourd’hui de lucratives tournées européennes». Les séances de «combat-domination» se déroulent sur des tapis de mousse, comme dans un dôjo. Les soumis n’ont pas forcément envie de se faire démonter les articulations, ni écraser le larynx. C’est tout l’art de ces femmes que de battre leur client sans l’envoyer aux urgences.
La virago originelle : maman
D’où vient ce fantasme ? Pour Noël Burch, il y a plusieurs réponses. La première, d’inspiration psychanalytique, touche à la figure maternelle : «La viragophilie – goût essentiellement masculin, mais qui n’est pas inconnu dans la communauté lesbienne – est assurément une sous-catégorie du masochisme au sens large (Sacher-Masoch lui-même engageait des bonnes musclées pour «lutter» avec elles) et sa genèse symbolique est essentiellement la même. Cette mère préoedipienne, toute-puissante, source invincible de nos plaisirs et déplaisirs, qui nous emportait dans ses bras comme fétu de paille, qui faisait de notre corps tout ce qu’elle voulait, c’était assurément notre virago à tous et à toutes…». La deuxième réponse, qui replace le fantasme dans un contexte historique et culturel, touche à l’idée de compensation : il y a des sociétés dans lesquelles les hommes, confrontés au pouvoir des femmes, érotisent une relation d’inégalité afin de surmonter l’obstacle. C’est le cas aux Etats-Unis, insiste Noël Burch.
Y’a-t-il du plaisir à se faire battre ?
Quand il décrit la sensation d’être «dépossédé» de lui-même par une femme, Noël Burch devient troublant. On prend un puissant plaisir à lire les nouvelles érotiques qui accompagnent son essai. Les viragophiles sont de plusieurs sortes, explique-t-il. Certains aiment les Valkyries androgynes, les culturistes ou les boxeuses, qui imposent leur supériorité à la force du biceps. Noël Burch cite à ce sujet une «impressionnante karatékate californienne qui «rosse» des clients emmitouflés dans d’épaisses protections…». D’autres viragophiles «préfèrent les femmes plus «féminines», capables de les dominer par leur seule science du combat» : celles-là luttent en talons hauts et n’ont besoin d’aucune force physique. Il leur suffit de «faire s’évanouir un homme en lui pinçant quelque tendon sous l’aisselle, comme cela s’apprend dans la discipline chinoise du qin na, ou le tuer d’une manchette au coin de l’œil selon une technique du dim mak ou «main empoisonnée»». D’une seule torsion sur le pouce, ces expertes peuvent mettre un homme à terre, le subjuguer, l’anéantir, le réduire à l’impuissance.
Les spécialités pour viragophiles
«Il existe aussi toute une série de spécialités extrêmement pointues : citons les amateurs de ballbusting (coups plus ou moins violents, portées uniquement à l’entrejambe), de prises «en ciseaux», jambes gainées de nylon qui vous étranglent, expression directe du désir de fusion exquise et mortelle avec la mère, tout comme le facesitting, où fesses et sexe étouffent la victime.» Tous ces différents goûts sont aujourd’hui «satisfaits» grâce à de nombreux sites Internet, dont Noël Burch donne sa liste des favoris : «Celui qui m’est le plus cher, c’est Skilled Girl. Ce site russe a pour particularité unique d’avoir été fondé par une femme, c’est probablement le seul sur la toile. Helen Bearsky, qui a été longtemps prof de jiu-jitsu à Saint-Pétersbourg (elle a récemment émigré en Bulgarie), a commencé par mettre en ligne de petites vidéos pédagogiques de self-défense féminine. Mais bientôt un abondant courrier lui a appris qu’il y avait un marché à conquérir parmi les viragophiles du monde entier. Alors elle a créé son site, l’alimentant de temps en temps de petits sketches où elle démontre sa très réelle maîtrise de son art».
Le best of des sites de battantes
Noël Burch cite aussi Girl Power, «créé et géré par Bruno Estagier, qui propose aujourd’hui, après plus de six années d’existence, plus de quatre cents petites histoires» dont la durée varie entre trois et quinze minutes. Bruno, ancien mécanicien automobile, est Français, mais Noël Burch insiste : 60% des visiteurs du site viennent des Etats-Unis. Son troisième site préféré, cependant, n’est pas américain mais français… «Non loin de la petite ville où Girl Power fait désormais partie du paysage (la camionnette affichant le logo de Bruno sillonne les rues de la ville!), un certain Tozani opère à partir d’une petite villa haut perchée dans les Pyrénées. Une demi-douzaine de jeunes femmes, de moins en moins nombreuses, hélas ! mais toutes sérieusement entraînées, travaillent ou ont travaillé pour lui, produisant des vidéos parmi les plus réalistes dans ce domaine, fort bien filmées et où l’humour est souvent au rendez-vous.» Noël Burch ajoute à sa liste des favoris quatre studios intitulés Kicks Movies Clips, Lethal-Girls, Girls Beat Men, et Sexy Mixed Fighting Store, dont on peut trouver les vidéos sur le site Clip4sale. Sur certains de ces sites, il est même possible de commander ce que les amateurs les plus pointus appellent des customs : des vidéos tournées spécialement pour un unique client, qui indique le scénario et les dialogues de ses rêves.
-
A LIRE : L’Amour des femmes puissantes, de Noël Burch, éditions Epel, nov. 2015.
PLUS DE RENSEIGNEMENTS : «Mauvais genre», émission de France Culture, en mars 2016, sur Noël Burch. ;
NOTES
(1) La télégraphiste de la célèbre série The Hazards of Helen, qui évite (dans chacun des 119 épisodes, chiffre record pour une série) une catastrophe ferroviaire sanglante impressionne les spectateurs. Cocteau lui rend hommage dans Carmagnole (vers 1920) : «Il nous faut aujourd’hui des muses plus actives / Comme la télégraphiste de Los Angeles / Qui boxant, galopant, sautant sur un express, / Épouse d’un regard le jeune détective».
(2) «Sur 305 serials muets, produits entre 1914 et 1929, 42 tournent autour d’une héroïne, voire près de 50 si l’on se souvient de ce que The Hazards of Helen compte pour 8 séries de 15 épisodes chacun», dit Noel Burch. Les serials queens disparaissent cependant du cinéma après la crise de 1929 : l’Amérique veut du rêve et des femmes-femmes. La Seconde Guerre Mondiale redonne un coup de fouet à l’amour des battantes (les hommes partis au front, les femmes deviennent plus actives et plus indépendantes), mais pas au cinéma, en tout cas pas dans le domaine des feuilletons, ainsi que le note Noel Burch : «Sur 177 serials produits par les trois majors qui monopoliseront le genre du feuilleton (serial), à partir de l’introduction de la parole et jusqu’à sa disparition en 1956, seuls 9 offrent une héroïne centrale et active, dont 6 ont été produits pendant la guerre ou immédiatement après celle-ci». C’est la bande dessinée qui prend la relève du cinéma, puis les feuilletons TV (Buffy et les Vampires, etc.).
À l'heure de cette délocalisation massive des cultures qu'on aime nous présenter comme une mondialisation, je vous garantis que la lutte des femmes ne fait que commencer, car le machisme venu d'ailleurs est mis à l'abri de la critique féministe.
- Féminisme - Rapports femmes/hommes, masculinisme, stéréotypes