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Initialement cité à comparaître le 18 juin 2020, Marcel Campion, célèbre forain et candidat à la mairie de Paris, comparaîtra ce jeudi 15 octobre 2020 à 13h devant la 14e chambre correctionnelle du Tribunal judiciaire de Bobigny pour injures homophobes.
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En 2003, sortait Lucky de Alice Sebold. Elle y racontait le viol qu’elle avait subi et ce qui en avait découlé. « Lucky » parce que lorsqu’elle avait porté plainte, les flics lui avaient dit qu’elle avait au fond de la chance car la dernière à avoir été violée à cet endroit-là avait aussi été coupée en morceaux.
Je me souviens, lorsque je lisais le récit du viol, que je la trouvais chanceuse moi aussi. Je me disais qu’avec un viol pareil (elle était vierge, c’était un inconnu, il avait un couteau, il l’a massacrée de coups des poings et le viol en lui-même était physiquement très brutal), elle serait soutenue. Quelle naïveté ; son père s’est indigné qu’elle ne se soit pas davantage débattue lorsque le violeur a lâché son couteau et sa mère lui a dit qu’il valait mieux que cela arrive à elle, qu’à sa sœur, qui ne l’aurait pas supporté.
Mais je me disais qu’Alice Sebold était la bonne victime, celle qu’on croit et qu’on plaint.
Dans un viol il faut deux partenaires ; un bon violeur, qui correspond à tous les stéréotypes sur le sujet et une bonne victime. C’est un jeu où il faut cocher toutes les cases pour espérer un peu de soutien. J’avais tort, il n’existe aucune bonne victime, sauf si elle a eu le bon goût de mourir pendant l’agression. On adore les victimes mortes, on peut les parer de toutes les vertus et surtout elles sont silencieuses, elles n’emmerdent personne avec leurs traumas, leur féminisme.
J’ai attendu que ma mère meure pour témoigner d’un des viols que j’ai subis, en 1992 parce que notre relation face à ce qui m’est arrivé était trop complexe pour que je le fasse de son vivant. Même si elle m’a enfin crue en décembre 2019, je sais qu’elle n’aurait pas aimé que « je parle de ces choses-là » et pour une fois je lui ai fait ce plaisir.
Sans doute y-avait-il un peu de lâcheté de ma part aussi parce que je sais qu’en racontant ce viol, je perds de ma qualité de témoin impartial qui peut parler des violences sexuelles (à peu près impartial, je ne suis qu'une femme). On associera désormais mes propos à mes traumas, mon passé, un passif psychiatrique ou que sais-je.
Mais je considère qu’il est important de témoigner si l’on a un petit impact médiatique. Déjà il est arrivé assez souvent que des très jeunes femmes me contactent pour parler des violences sexuelles qu’elles avaient subies en me disant qu’elles savaient que moi je ne me « serais pas laissée faire ».
Parce que témoigner que ce que vous avez vécu est un viol (même si c’est mon cas puisqu’il est stéréotypé c’est assez facile de le comprendre) aide les jeunes femmes qui ont été, sont ou seront victimes du même type de viol, à le savoir.
Ensuite je veux interroger cette notion de courage entourée au fait de témoigner. Si je parle de mon agression en 2001 avec un scalpel sous le gorge, pour de l’argent, vous ne trouverez pas courageux que je témoigne. Si je dis avoir insulté un skin head en 1992, qui m’a tabassée ensuite, vous ne me trouverez pas courageuse. Pourquoi serait-il courageux de témoigner dans le cas spécifique du viol sauf si vous pensez que c’est honteux de l’avoir été. Associer du courage au fait de témoigner en dit davantage sur le malaise que vous avez à entendre des récits de viol ; l’idée d’un pénis, d’un doigt ou d’un objet introduit dans une bouche, un vagin ou un anus met davantage mal à l’aise que celui d’un couteau dans de la chair. Parce que beaucoup de gens ne trouvent pas courageux qu’on se remémore le viol, puisqu’on le raconte, ca ils s’en contrefoutent mais qu’on expose « ce qui doit rester du domaine privé ».
Il n’y a pas de plainte à déposer ici, pas d’enquête à mener, personne à condamner. Juste je suis une de plus.
Enfin je veux témoigner parce qu’il y a toujours les bonnes et mauvaises victimes, que j’en ai toujours été une mauvaise, y compris parfois au sein des mouvement féministes.
Et, bien évidemment, je ne témoigne pas pour les hug et autres soutiens virtuels qui ne sont pas le sujet face à un propos certes ancré sur un cas individuel mais bien politique.
C’était en 1992, j’avais 18 ans. Ce soir-là pour ceux qui connaissent Lyon, j’étais au fin fond du plateau de la Croix-Rousse chez un mec avec qui je me suis disputée. Je suis donc repartie saoule, défoncée au cannabis, habillée court sexy et transparent à une époque sans uber, sans téléphone portable et sans internet. J’habitais sur la colline de Saint Paul. Presque arrivée un homme m’a sautée dessus, armé d’un couteau. Je ne me suis pas débattue, je ne dirais pas qu’il y avait là une décision consciente, mais je n’étais pas non plus en état de sidération. Je dirais simplement qu’entre être violée et peut-être rester vivante, et être violée et en plus poignardée ou morte, j’ai pris, en un quart de millionième de seconde, l’option 1.
Lorsqu’il est parti, malgré toute l’éducation patriarcale que j’avais reçue, j’étais forte de la conviction inébranlable que ce n’était pas de ma faute ; le couteau et le côté très inquiétant (même si cela peut paraitre surprenant pour un violeur, le fait est que celui-ci était quand même dans son attitude, très particulier) y ont aidé.
Je suis arrivée dans ce commissariat où 3 hommes étaient à l’accueil. Revenaient-ils d’une opération ? Vu l’heure et leur état d’excitation virile c’est bien possible. J’avais l’attitude d’une personne qui a minima a été agressée ; bras abimés, vêtements sales et déchirés. Je me souviens de ce regard goguenard qui m’a toisé de haut en bas. J’ai dit « j’ai été violée ». L’un d’entre eux m’a répondu que s’il avait été mon père il m’aurait mis une paire de claques pour sortir vêtue ainsi. Les comparaisons entre hommes qu’ils adorent pour voir qui a la plus grosse. La violence physique sur « leurs » femmes. Le transfert de responsabilité. Je suis repartie.
J’ai longtemps pensé, parce qu’on en est là, parce que le viol fait partie de la vie collective des femmes, que j’avais eu de la chance. De ce type, mon violeur comme je l’appelle, je n’attendais rien. C’est un inconnu, je peux le qualifier à loisir de psychopathe, ca m’arrange, c’est plus facile que de le penser inscrit dans un monde où les hommes, psychopathes ou non, violent les femmes sous le regard des hommes psychopathes ou non qui détournent les yeux, les applaudissent ou les trouvent par ailleurs vachement sympa alors bon tu comprends ca va rester mon pote. « Et puis qui me dit que tu ne l’as pas provoqué cet homme », me disaient des potes, qui n’avaient d’autre lien que le sacro saint lien viril avec un type qui viole des femmes armé d’un couteau.
Mais j’attendais plus des gens que j’aimais et qui m’aimaient ; j’attendais qu’on rassure cette part infime de moi qui disait « quand même tu auras hurlé peut-être qu’il serait parti ». Peut-être oui. Ou pas. Et on hurle moins bien avec un couteau dans la gorge.
Bien évidemment parce que c’est ce qui arrive à l’immense majorité des victimes de viol ce n’est pas ce qui est arrivé ; personne n’a eu une attitude correcte a minima. Je mentais, j’avais beaucoup d’imagination, je cherchais l’attention, c’était une occasion pour ne pas aller en cours, je faisais mon intéressante.
Je me souviens des moments que j'ai passés à errer dans Lyon à la recherche de mon violeur pour qu'il me confirme que oui j'avais bien été violée puisqu'il était désormais le seul qui allait me croire.
J’ai découvert au fil des années que je n’étais pas également assez traumatisée, y compris au sein des mouvements féministes. On m’a soupçonné de ne pas vouloir voir en face le traumatisme que j’avais forcément (je souffre d’un long traumatisme dû à la déportation de mon père dont je n’arrive pas du tout à me défaire. Après son suicide, j’ai eu une période de six mois de traumatisme très profond suivi d’une dépression de deux ans. A l’heure actuelle j’ai un traumatisme du à l’agonie difficile de ma mère, je pense donc avoir une légère idée de ce qu’est et n’est pas un traumatisme). Et le fait est que je n’ai pas été traumatisée par ce viol ni pas l’autre. Et le fait est que pour beaucoup de gens cela fait de moi une personne dégénérée, une salope qui doit aimer être violée par des hommes avec des couteaux.
Alors je témoigne aussi pour celles-là, celles qui vont bien mais pour qui cela n’enlève rien à la gravité du viol qu’elles ont subi. Celles qui ont ri, bu, fumé sont sorties en robe ras la chatte et qui ont été violées et vous emmerdent qui plus est.
On doit avoir honte d’avoir été violées, on doit se sentir mal d’avoir été violées, on doit avoir un traumatisme (pas trop long ni profond non plus sinon on emmerde tout le monde avec).
Les femmes violées qui parlent sont haïes déjà parce qu’on n’aime pas bien les femmes qui parlent, ensuite parce qu’elles dérangent cet ordre établi où les hommes aiment les femmes dans cette hétérosexualité rose bonbon. A la limite les femmes comme moi auraient pu servir puisqu’on a été violé par des hommes à la marge, le fameux inconnu au grand couteau. Mais non même pas puisqu’on a l’outrecuidance de ne pas s’être suicidé ensuite, de ne pas s’en vouloir une seconde et d’inscrire notre violeur dans la communauté des hommes.
Je ne suis pas en train, bien évidemment, de jeter l’opprobre sur les victimes qui sont traumatisées. Mon livre Une culture du viol à la française est dédiée à deux combattant-e-s, qui luttent contre les traumatismes profonds que leur ont causé leur viol.
Il n’y a pas de bonne victime dans une société patriarcale parce qu’elle dérange la sacrosainte hétérosexualité ; ou l’exploitation des femmes par les hommes est appelée le mariage, où la violence des hommes sur les femmes est appelée passion ou drame familial, où le viol est appelé « sexualité un peu rude » ou « tu l’as quand même bien cherché salope ».
Plus nous témoignons, plus notre nombre croit, plus nous sommes haïes parce qu’il devient très difficile de détourner les yeux en hurlant « c’est pas moi ».
Lorsque je définis la culture du viol je dis que c’est l’ensemble des idées reçues sur le viol, les victimes et les auteurs et que, invariablement ces idées reçues contribuent à déculpabiliser les violeurs, culpabiliser les victimes et invisibiliser les viols eux-mêmes. Si je devais resserrer cette définition, je dirais que la culture du viol est la haine profonde, terrible, des femmes violées qui ont le toupet de s’exprimer. De nous déranger dans notre monde confortable où les pères aiment leur fille, les frères leur sœur, les maris leur femme et les inconnus dans la rue toutes les femmes. Chaque témoignage de plus est un clou dans le cœur des hommes, qui ne supportent décidément plus qu’on les embête autant avec nos petits problèmes qui relèvent de la misandrie.
Nous sommes toutes des mauvaises victimes parce que nous reconnaitre victimes légitimes ferait admettre qu’il y a un problème, réel, que ce problème s’appelle la virilité, l’hétérosexualité, l’exploitation.
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Le port du masque pourrait induire en erreur. Si le virus se transmet via les gouttelettes projetées dans l’air, il se propage aussi par un contact des mains avec des surfaces infectées portées à la bouche, au nez ou aux yeux. Et comme les scientifiques ont également détecté le virus dans les liquides biologiques : sang, sperme et selles, cela signifie que toutes les formes de contacts sexuels sont potentiellement contaminantes.
Que faire avec mon partenaire ?Si les partenaires ne sont pas infectés et qu’ils vivent sous le même toit, ils peuvent avoir des rapports sexuels dès lors qu’ils respectent strictement les gestes barrières tout au long de la journée. Les personnes qui ne vivent pas sous le même toit doivent éviter les rapprochements physiques de moins de deux mètres, incluant les contacts sexuels. Cette consigne s’applique à tous les partenaires sexuels qui ne vivent pas sous le même toit, qu’il s’agisse de nouveaux partenaires, de partenaires occasionnels ou réguliers.
Bien sûr, si l’un des deux est infecté, il convient de procéder à un isolement complet. C’est-à-dire, même pas de caresse, de baiser, d’étreinte ou de câlin quelconque. Comme pour toutes les IST, si l’un des partenaires est infecté sans le savoir, il risque de transmettre la COVID‑19 à son ou ses partenaires.
Si l’un des partenaires est en contact avec d’autres personnes, par exemple d’autres partenaires sexuels, les personnes avec qui il vit ou travaille ou qu’il croise au supermarché, etc., les risques qu’il attrape la COVID‑19 et la transmette sont augmentés.
Enfin, si vous avez des relations sexuelles avec des partenaires anonymes ou des partenaires dont les renseignements personnels sont inconnus vous empêchez les autorités sanitaires d’assurer le suivi approprié en cas...Lire la suite sur Union
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Changer la couche, donner le bain, gérer les pleurs, préparer le biberon… « C’est pas trop mon truc » rétorquent certains pères. Pourtant, ces tâches relèvent moins du loisir que de la nécessité pratique. Et surtout, elles cristallisent un grand angle mort de l’égalité femmes-hommes : aujourd’hui encore, en France, les hommes s’occupent moins de leurs enfants que les femmes, en particulier lorsqu’ils sont tout petits.
Un samedi matin de septembre, Victoire Tuaillon a assisté, en spectatrice, à un Atelier du futur papa, animé par Gilles Vaquier de Labaume. Ce père de trois enfants et spécialiste de la petite enfance enseigne toute sorte de techniques, savoirs et pratiques, qui, selon lui, sont indispensables à acquérir avant l’arrivée d’un nourrisson. Que faut-il savoir et apprendre à faire lorsque l’on devient père ? Comment construire un lien avec son enfant ? Qu’est-ce que ça veut dire, s’impliquer ? Comment prendre sa place de père ?
Pour répondre à ces questions, Victoire Tuaillon et son invité sont de retour aux studios de Binge Audio. Alors, biberon en verre ou en plastique ?
RÉFÉRENCES CITÉES DANS L’ÉMISSION
Retrouvez toutes les références sur https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/papa-mode-demploi
CRÉDITS
Les couilles sur la table est un podcast de Victoire Tuaillon produit par Binge Audio. Cet entretien a été enregistré le 8 juillet 2020 à Binge Audio (Paris 19e). Prise de son : Quentin Bresson. Réalisation et mixage : Solène Moulin. Générique : Théo Boulenger. Identité graphique : Sébastien Brothier (Upian). Chargée de production : Camille Regache. Chargée d’édition : Naomi Titti. Direction des programmes : Joël Ronez. Direction de la rédaction : David Carzon. Direction générale : Gabrielle Boeri-Charles.
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