La journaliste Amandine Jonniaux a décortiqué pour nous les mythes et évolutions du sextoy, depuis nos ancêtres préhistoriques jusqu’à l’essor de l’industrie sextech. Oh My Gode est une lecture très documentée et accessible, qui permet de mieux comprendre ce phénomène de société, dont l’usage en dit long sur nos moeurs, nos fantasmes et notre rapport au corps.
Des origines du sextoyLe premier objet masturbatoire de l’humanité date-t-il vraiment d’il y a 28 000 ans ? Les Grecs Antiques avaient huit mots différents pour désigner les sextoys, mais approuvaient-il vraiment la masturbation ? Pourquoi Cléopâtre est-elle plus réputée pour ses amants et son supposé sextoy en papyrus rempli d’abeilles, plutôt que pour ses exploits politiques ? Voici certaines des questions auxquelles répondront pour vous le livre Oh My Gode. Amandine Jonniaux revient également sur la propagande anti-masturbation occidentale au XVIIè siècle, sur l’avènement des vibromasseurs au début du XXè siècle, et l’autorisation des sexshops dans les années 1970.
Womanizer et la normalisation de l’usage des vibrosIl n’est pas exagéré de dire qu’aujourd’hui parler de masturbation féminine, rime souvent avec sextoys Womanizer. Cette marque allemande qui a révolutionné l’industrie du sextoy féminin en 2014 a créé une « norme » du stimulateur clitoridien. Son arrivée a marqué un précédent dans la sextech. L’autrice d’Oh My Gode détaille les bouleversements de l’industrie et pointe notamment la concurrence accrue, la course à la technologie la plus innovante et le consumérisme généré. Avec un discours qui promeut désormais le bien-être, on découvre que des boutiques comme Sephora, Monoprix ou Hema vendent des vibros, même si cela reste marginal. Pour autant, cette banalisation de l’usage des sextoys n’a pas encore touché le public masculin, malgré l’existence de marques comme Arcwave. Amandine Jonniaux aborde aussi très justement la question de la sexualité des seniors, des personnes handicapées et l’inclusivité LGBTQ+ encore timide dans la conception des nouveaux jouets.
Un outil de bien-être globalOn sait qu’un orgasme libère de l’ocytocine, de la dopamine, de la sérotonine et de l’endorphine. Un cocktail de bien-être en somme ! Ainsi, d’objet licencieux, le sextoy devient thérapeutique.
Cette levée des tabous autour de la masturbation fonctionne. Le plaisir passe au second plan, et le sextoy s’intègre désormais dans une routine bien-être. Pour s’endormir plus facilement, se détendre ou prendre soin de sa santé mentale, l’autoérotisme devient la recette miracle des maux du quotidien.”
Oh my Gode, enquête vibrante sur les sextoys, Amandine Jonniaux
Cependant, Amandine Jonniaux rappelle le retard des services publics sur l’éducation sexuelle, notamment en raison des attaques civiles dès qu’une mesure est proposée. La sexualité récréative souffre également des freins des investisseur-euses, qui financent très peu les innovations sextech et femtech. Oh My Gode décrypte comment la démocratisation du sextoy est au coeur des enjeux technologiques, féministes, écologiques et sanitaires. Trop marketer le sextoy tue-t-il le sextoy ? Quel cadre légal sur les données doit-on mettre en place pour les sextoys connectés ? Quel sera le sextoy du futur avec la croissance de l’IA et des humanoïdes ?
Oh My Gode, Une enquête vibrante sur les dessous des sextoys. Amandine Jonniaux. Editions La Musardine. 18 €.
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