En 2001, le mix euphorisant de l’album «Since I Left You» en avait soufflé plus d’un. Les Australiens de The Avalanches y avaient créé leur légende de géniaux bidouilleurs de sons, aidés par deux clips très inspirés (celui du titre éponyme de l’album et de «Frontier Psychiatrist»). Allez savoir pourquoi, il a fallu plus de quinze ans au trio de Melbourne pour sortir son deuxième album, «Wildflower».
La méthode reste la même: une orfèvrerie de samples, qui puisent dans les phonothèques oubliées de la pop psychédélique, de la soul, des B.O. et même des disques pour enfants. Si «Since I Left You» tenait de la farandole, «Wildflower» s’apparente plutôt au corso fleuri sous acide: un peu moins frénétique, mais tout aussi dansant. Y défilent des disco hits mutants («Subways» et «Going Home»), un vinyl rayé de 1971 transfiguré en ballade mélancolique («Sunshine»), une pub imaginaire pour des cornflakes («The Noisy Eater»), un poème brutaliste («Saturday Night Inside Out»), un pastiche de disque éducatif («Harmony») ou un ébouriffant hymne soul, «Because I’m Me», basé sur une improvisation chantée par un gamin new-yorkais, enregistrée en 1955.
Réminiscences
Qu’on se rassure: on est loin du bric-à-brac ou du patchwork musical. Le travail de The Avalanches est un tissage de sons empreint d’humour, de nostalgie et d’émotion. Au final, il déroule une folle poésie. Et comme la poésie – ou certains psychotropes auxquels l’album fait des allusions répétées –, «Wildflower» invoque des images, des réminiscences, des flashs. On se laisse entraîner vers ces paysages singuliers, où poussent de ces fleurs sauvages qui donnent à rêver.
» The Avalanches, «Wildflower». XL Recordings