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Il a fait beaucoup moins chaud aujourd’hui. Non seulement on respire mieux car il y a de l’air qui circule, N/nous nous sentons beaucoup moins moite mais en plus on reprend plaisir à se coller l’un contre l’autre pour une petite sieste détente et là…
J’ai navigué entre les caresses de mon Maître sur ma poitrine, mon corps et ma chatte. Lorsqu’Il a glissé un doigt inquisiteur au creux de mon intimité, Il a pu se rendre compte du plaisir que je ressentais et sa tendresse s’est alors transformé en une activité beaucoup moins douce et câline. Que vous dire de plus en dehors du fait que mon orgasme fut intense et particulièrement libérateur (hihihi).
Petit rajout, hier j’ai reçu 4 coups de cravaches en punition pour avoir omis de prévenir mon Maître lors de deux pipis.
Cet article 13 Juillet 2016 – Se coller l’un contre l’autre est apparu en premier sur La Part De L'Ombre.
Un jour historique… ou une occasion manquée? Difficile de déterminer si le mardi 12 juillet restera gravé dans les mémoires comme le jour où la France a fait un pas en avant contre la transphobie institutionnelle et la stigmatisation des personnes trans en adoptant un amendement sur le changement d’état civil (lire notre article Changement d’État Civil pour les personnes trans: tout sur la séance «historique» à l’Assemblée nationale hier). Car aujourd’hui, les associations ne parlent pas d’une seule voix pour commenter le vote d’hier. Certaines sont très enthousiastes, d’autres plus mesurées.
UNE «JOURNÉE HISTORIQUE»
Plusieurs associations trans, Acthe, En Trans, Le Jardin des T, Trans 3.0, Prendre Corps, ainsi que l’Inter-LGBT, ont signé un communiqué commun pour saluer cette «journée historique»: «Nous nous félicitons que le travail de sensibilisation, d’information et d’analyse que nous menons depuis des années et intensivement depuis plusieurs mois porte enfin ses fruits. Nous nous réjouissons que les député.e.s aient défendu et adopté tous les amendements que nous soutenions dans le cadre du compromis issu de la rencontre avec le cabinet du ministère de la Justice.»
Les associations expriment toutefois quelques réserves, notamment sur le fait que la démarche devra toujours se faire sous contrôle judiciaire: «Nous regrettons cependant que la déjudiciarisation du changement d’état civil n’ait pas été envisagée malgré l’amendement des deux députées socialistes Mme Khirouni et Mme Le Houérou. Enfin, nous sommes déçu.e.s que l’amendement ouvrant la procédure de changement d’état civil à tout.e.s les mineur.e.s du député Sergio Coronado n’ait pas été adopté.»
«PAS UNE VICTOIRE»
Soutien affiché aux associations trans qui défendent un changement d’état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil, la Fédération LGBT veut poursuivre la mobilisation au regard d’un texte qui ne remplit pas les attentes des personnes trans: «L’affaire semble pliée, mais tout n’est pas bouclé, assure à Yagg la présidente Stéphanie Nicot. On va continuer à faire pression jusqu’au vote en septembre et jusqu’au décret d’application. Je ne dis pas qu’il n’y a rien de positif dans le texte voté hier, il y a bien des améliorations de détail, mais la dynamique globale est mauvaise. L’imprécision, le fait que la procédure ne soit pas automatique provoque une insécurité juridique et une disparité de traitement encore plus importante. Le seul point positif, c’est le changement de prénom.»
Au-delà de son insatisfaction quant au texte, la militante ne peut contenir une certaine exaspération: «Le fait que l’Inter-LGBT se réjouisse de ce texte, c’est indécent et scandaleux! Ce n’est pas une victoire: la France est le premier pays depuis 10 ans qui ne fait pas une loi déclarative sur le changement d’état civil. On ne peut pas parler d’un jour historique, le jour où l’on vote un texte qui va obliger les personnes trans à passer en justice pour leur changement d’état civil!»
Elle cite pour exemple les lois votées en Irlande, à Malte, au Danemark ou encore en Norvège, «des pays où même les conservateurs ont porté ces mesures» et fustige un Parti Socialiste qui a fait l’économie de ce combat pour l’égalité.
Stéphanie Nicot salue néanmoins le travail de la députée Chaynesse Khirouni qui a porté un amendement pour un changement d’état civil fondé sur l’autodétermination: «Elle est très engagée sur les discriminations. Son amendement, l’amendement 174, c’était ça le texte de référence. Il a d’ailleurs eu un effet déstabilisant en séance.» Elle remercie en outre les trois autres députés qui ont «compris l’enjeu» et voté en faveur de l’amendement, l’écologiste Sergio Coronado, et les député.e.s PS Jean-Patrick Gille et Patrick Mennucci, ce dernier ayant d’ailleurs pris la parole pour soutenir Chaynesse Khirouni.
Stéphanie Nicot, présidente de la Fédération LGBT: «On ne peut pas parler d’un jour historique, le jour où l’on vote un texte qui va obliger les personnes trans à passer en justice pour leur changement d’état civil!»
LA QUESTION EST LOIN D’ÊTRE RÉSOLUE
Dans un communiqué commun, OUTrans, Acceptess-T et l’Association nationale transgenre (ANT) affirment qu’elles entendent bien garder l’œil ouvert sur l’application de la loi: «Nous resterons mobiliséEs et vigilantEs pour que cet objectif soit systématiquement respecté dans les demandes de changement d’état civil des personnes trans. Surtout nous dénonçons le blocage systématique du gouvernement pour empêcher une procédure de changement d’état civil libre et gratuite en mairie qui seule serait à même de répondre avec certitude à cet objectif, en respectant réellement l’auto-détermination des personnes, comme préconisé par le Défenseur des Droits.»
Au delà de regretter que l’amendement n’aille pas aussi loin que ce qu’elles demandaient, les associations trans contestent les propos tenus hier dans l’hémicycle par le député PS Erwann Binet: «NON, Monsieur Binet, le tissu associatif trans français n’a JAMAIS demandé à faire l’impasse sur la déjudiciarisation de nos changements d’état civil. Vous affirmez avec aplomb que “dès le début de nos discussions, nous avons, en accord avec les associations, écarté l’idée de la déclaration devant l’officier d’état civil”. Or, dès notre courrier interassociatif envoyé aux parlementaires fin 2015 et cosigné par la quasi totalité des associations trans, nous recommandions exactement l’inverse de ce que vous prétendez défendre en notre nom. Et nous n’avons eu de cesse de le répéter depuis.»
Pour Giovanna Rincon d’Acceptess T, il n’est pas juste de parler de «jour historique»: «Je crois qu’il faut reformuler, ce n’est pas une victoire ou une réussite, on ne peut pas appeler “victoire” un résultat qui va à l’opposé de ce qu’on demande depuis 20 ans, affirme-t-elle à Yagg. En disant cela, sans s’en rendre compte, on envoie un message qui va être mal interprété, celui que la question est résolue. Ça va affaiblir la continuité de notre combat.»
Pour la militante, les personnes trans vont continuer d’être «en danger» avec l’application incertaine du texte. «Mais ce qui est historique, reconnaît-elle, c’est que pour la première fois, il y a eu un débat sur les personnes trans à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, une députée a choisi de défendre nos revendications de façon honnête et à l’écoute de nos besoins.»
Giovanna Rincon d’Acceptess T: «Ce qui est historique, c’est que pour la première fois, il y a eu un débat sur les personnes trans à l’Assemblée nationale.»
«Si nous saluons le fait qu’on s’achemine vers une démédicalisation du processus, plusieurs inquiétudes demeurent, notamment sur les délais des tribunaux pour vérifier la légitimité des demandes», explique Max de l’associations OUTrans à Yagg. Nous nous interrogeons aussi sur l’accessibilité de la démarche, qui peut contribuer à marginaliser davantage des personnes déjà précarisées qui n’ont pas les moyens de se tourner vers un tribunal. Enfin, nous sommes particulièrement déçu.e.s concernant les mineur.e.s et la situation absurde qui fera que seul.le.s les mineur.e.s émancipé.e.s pourront effectuer une demande. Cela envoie un très mauvais signal aux parents, mais aussi aux adultes qui accompagnent ces mineur.e.s.»
Pour le militant, il est regrettable que le gouvernement ne soit pas à l’écoute et oppose systématiquement l’argument d’indisponibilité de l’état des personnes: «Notre revendication n’était pas déraisonnable, ni une excentricité du milieu associatif, puisque qu’elle faisait consensus chez les associations et était soutenu par la CNCDH, puis par le Défenseur des droits», déplore-t-il.
L’adoption définitive du texte doit avoir lieu à l’automne prochain à l’Assemblée nationale.
Un jour historique… ou une occasion manquée? Difficile de déterminer si le mardi 12 juillet restera gravé dans les mémoires comme le jour où la France a fait un pas en avant contre la transphobie institutionnelle et la stigmatisation des personnes trans en adoptant un amendement sur le changement d’état civil (lire notre article Changement d’État Civil pour les personnes trans: tout sur la séance «historique» à l’Assemblée nationale hier). Car aujourd’hui, les associations ne parlent pas d’une seule voix pour commenter le vote d’hier. Certaines sont très enthousiastes, d’autres plus mesurées.
UNE «JOURNÉE HISTORIQUE»
Plusieurs associations trans, Acthe, En Trans, Le Jardin des T, Trans 3.0, Prendre Corps, ainsi que l’Inter-LGBT, ont signé un communiqué commun pour saluer cette «journée historique»: «Nous nous félicitons que le travail de sensibilisation, d’information et d’analyse que nous menons depuis des années et intensivement depuis plusieurs mois porte enfin ses fruits. Nous nous réjouissons que les député.e.s aient défendu et adopté tous les amendements que nous soutenions dans le cadre du compromis issu de la rencontre avec le cabinet du ministère de la Justice.»
Les associations expriment toutefois quelques réserves, notamment sur le fait que la démarche devra toujours se faire sous contrôle judiciaire: «Nous regrettons cependant que la déjudiciarisation du changement d’état civil n’ait pas été envisagée malgré l’amendement des deux députées socialistes Mme Khirouni et Mme Le Houérou. Enfin, nous sommes déçu.e.s que l’amendement ouvrant la procédure de changement d’état civil à tout.e.s les mineur.e.s du député Sergio Coronado n’ait pas été adopté.»
«PAS UNE VICTOIRE»
Soutien affiché aux associations trans qui défendent un changement d’état civil libre et gratuit devant un officier d’état civil, la Fédération LGBT veut poursuivre la mobilisation au regard d’un texte qui ne remplit pas les attentes des personnes trans: «L’affaire semble pliée, mais tout n’est pas bouclé, assure à Yagg la présidente Stéphanie Nicot. On va continuer à faire pression jusqu’au vote en septembre et jusqu’au décret d’application. Je ne dis pas qu’il n’y a rien de positif dans le texte voté hier, il y a bien des améliorations de détail, mais la dynamique globale est mauvaise. L’imprécision, le fait que la procédure ne soit pas automatique provoque une insécurité juridique et une disparité de traitement encore plus importante. Le seul point positif, c’est le changement de prénom.»
Au-delà de son insatisfaction quant au texte, la militante ne peut contenir une certaine exaspération: «Le fait que l’Inter-LGBT se réjouisse de ce texte, c’est indécent et scandaleux! Ce n’est pas une victoire: la France est le premier pays depuis 10 ans qui ne fait pas une loi déclarative sur le changement d’état civil. On ne peut pas parler d’un jour historique, le jour où l’on vote un texte qui va obliger les personnes trans à passer en justice pour leur changement d’état civil!»
Elle cite pour exemple les lois votées en Irlande, à Malte, au Danemark ou encore en Norvège, «des pays où même les conservateurs ont porté ces mesures» et fustige un Parti Socialiste qui a fait l’économie de ce combat pour l’égalité.
Stéphanie Nicot salue néanmoins le travail de la députée Chaynesse Khirouni qui a porté un amendement pour un changement d’état civil fondé sur l’autodétermination: «Elle est très engagée sur les discriminations. Son amendement, l’amendement 174, c’était ça le texte de référence. Il a d’ailleurs eu un effet déstabilisant en séance.» Elle remercie en outre les trois autres députés qui ont «compris l’enjeu» et voté en faveur de l’amendement, l’écologiste Sergio Coronado, et les député.e.s PS Jean-Patrick Gille et Patrick Mennucci, ce dernier ayant d’ailleurs pris la parole pour soutenir Chaynesse Khirouni.
Stéphanie Nicot, présidente de la Fédération LGBT: «On ne peut pas parler d’un jour historique, le jour où l’on vote un texte qui va obliger les personnes trans à passer en justice pour leur changement d’état civil!»
LA QUESTION EST LOIN D’ÊTRE RÉSOLUE
Dans un communiqué commun, OUTrans, Acceptess-T et l’Association nationale transgenre (ANT) affirment qu’elles entendent bien garder l’œil ouvert sur l’application de la loi: «Nous resterons mobiliséEs et vigilantEs pour que cet objectif soit systématiquement respecté dans les demandes de changement d’état civil des personnes trans. Surtout nous dénonçons le blocage systématique du gouvernement pour empêcher une procédure de changement d’état civil libre et gratuite en mairie qui seule serait à même de répondre avec certitude à cet objectif, en respectant réellement l’auto-détermination des personnes, comme préconisé par le Défenseur des Droits.»
Au delà de regretter que l’amendement n’aille pas aussi loin que ce qu’elles demandaient, les associations trans contestent les propos tenus hier dans l’hémicycle par le député PS Erwann Binet: «NON, Monsieur Binet, le tissu associatif trans français n’a JAMAIS demandé à faire l’impasse sur la déjudiciarisation de nos changements d’état civil. Vous affirmez avec aplomb que “dès le début de nos discussions, nous avons, en accord avec les associations, écarté l’idée de la déclaration devant l’officier d’état civil”. Or, dès notre courrier interassociatif envoyé aux parlementaires fin 2015 et cosigné par la quasi totalité des associations trans, nous recommandions exactement l’inverse de ce que vous prétendez défendre en notre nom. Et nous n’avons eu de cesse de le répéter depuis.»
Pour Giovanna Rincon d’Acceptess T, il n’est pas juste de parler de «jour historique»: «Je crois qu’il faut reformuler, ce n’est pas une victoire ou une réussite, on ne peut pas appeler “victoire” un résultat qui va à l’opposé de ce qu’on demande depuis 20 ans, affirme-t-elle à Yagg. En disant cela, sans s’en rendre compte, on envoie un message qui va être mal interprété, celui que la question est résolue. Ça va affaiblir la continuité de notre combat.»
Pour la militante, les personnes trans vont continuer d’être «en danger» avec l’application incertaine du texte. «Mais ce qui est historique, reconnaît-elle, c’est que pour la première fois, il y a eu un débat sur les personnes trans à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, une députée a choisi de défendre nos revendications de façon honnête et à l’écoute de nos besoins.»
Giovanna Rincon d’Acceptess T: «Ce qui est historique, c’est que pour la première fois, il y a eu un débat sur les personnes trans à l’Assemblée nationale.»
«Si nous saluons le fait qu’on s’achemine vers une démédicalisation du processus, plusieurs inquiétudes demeurent, notamment sur les délais des tribunaux pour vérifier la légitimité des demandes», explique Max de l’associations OUTrans à Yagg. Nous nous interrogeons aussi sur l’accessibilité de la démarche, qui peut contribuer à marginaliser davantage des personnes déjà précarisées qui n’ont pas les moyens de se tourner vers un tribunal. Enfin, nous sommes particulièrement déçu.e.s concernant les mineur.e.s et la situation absurde qui fera que seul.le.s les mineur.e.s émancipé.e.s pourront effectuer une demande. Cela envoie un très mauvais signal aux parents, mais aussi aux adultes qui accompagnent ces mineur.e.s.»
Pour le militant, il est regrettable que le gouvernement ne soit pas à l’écoute et oppose systématiquement l’argument d’indisponibilité de l’état des personnes: «Notre revendication n’était pas déraisonnable, ni une excentricité du milieu associatif, puisque qu’elle faisait consensus chez les associations et était soutenu par la CNCDH, puis par le Défenseur des droits», déplore-t-il.
L’adoption définitive du texte doit avoir lieu à l’automne prochain à l’Assemblée nationale.
Certaines associations parlent d’un «jour historique» pour décrire la séance qui s’est tenue hier 12 juillet à l’Assemblée nationale, d’autres se veulent plus mesurées. L’article 18 quater du projet de loi Justice du 21e siècle, qui vise à fixer un cadre légal aux démarches des personnes trans pour effectuer leur changement d’état civil, a de nouveau été discuté devant la chambre basse du Parlement cette semaine, qui l’a adopté hier après-midi.
UN FEUILLETON DE PLUSIEURS SEMAINES
La séance d’hier s’inscrit dans un feuilleton qui dure depuis plusieurs semaines. Déposé par des député.e.s PS, emmenés Pascale Crozon et Erwann Binet, il y a deux mois, l’amendement est dès le début jugée largement insuffisantes au regard de la situation actuelle des personnes trans. Ces organisations exigent du gouvernement la mise en œuvre d’une procédure libre et gratuite pouvant s’effectuer devant un officier d’état civil, en mairie, alors que le texte prévoit une démarche certes démédicalisée, mais encore soumise à une décision de justice bien trop arbitraire, toujours selon les associations.
Sous-amendé par le gouvernement le 19 mai, le texte de l’amendement est déjà sensiblement modifié, avant son adoption en première lecture à l’Assemblée nationale. Il est ensuite examiné en commission mixte paritaire au Sénat, où les deux parties ne parviennent pas à un accord. Il revient fin juin pour une nouvelle lecture à l’Assemblée nationale. Entretemps, le Défenseur des droits a fait part de ses recommandations, invitant le gouvernement à légiférer pour mettre en œuvre une procédure fondée sur l’autodétermination. Le 5 juillet, plusieurs associations trans sont reçue par le ministère de la Justice. Certaines en ressortent avec le sentiment de ne pas être suffisamment écoutées, d’autres se montrent un peu plus positives. Le texte est ensuite examiné en commission des lois lundi 11 juillet, alors que plusieurs député.e.s, tous partis confondus, ont déposé pas moins d’une trentaine d’amendements visant à le modifier.
Il s’agit du «pire texte jamais proposé dans le monde depuis 20 ans», estiment en début de semaine plusieurs associations co-signataires d’un communiqué publié ce lundi 11 juillet par l’Association nationale transgenre (ANT), C’est Pas Mon Genre, OUTrans, Trans Inter Action et la Fédération LGBT. Les associations Acthe, Le Jardin des T, Prendre Corps, Trans 3.0, En Trans, ainsi que l’Inter-LGBT signent elles aussi un communiqué en réaction aux nouveaux amendements, exprimant leur soutien à une partie d’entre eux. Treize sont acceptés lundi en commission.
Enfin, l’amendement est examiné hier en fin d’après-midi en séance. Yagg vous raconte ce qui s’y est passé.
DES AMENDEMENTS PROGRESSISTES… TOUS REJETÉS
La députée PS de Meurthe-et-Moselle Chaynesse Khirouni et la députée PS des Côtes d’Armor Annie Le Houérou avaient déposé l’amendement 174, qui selon l’ensemble des associations, est totalement en adéquation avec ce qu’elles préconisent, soit un changement d’état civil fondé sur l’auto-détermination: «La députée Chaynesse Khirouni est la seule qui ait pris en compte les recommandations des associations» a expliqué à Yagg Delphine Ravisé-Giard, présidente de l’ANT. Cependant, l’amendement a été repoussé par la commission des lois, au même titre que certains amendements du député écologiste Sergio Coronado. En séance hier après-midi, la députée Chaynesse Khirouni a défendu cet amendement avec conviction comme étant une «occasion historique», rappelant qu’il est cohérent avec les demandes des associations. «Je ne crois pas que ce soit complètement décalé par rapport à notre réalité juridique, a-t-elle insisté, la France se doit d’être aux avant-postes de ce combat pour l’égalité». L’amendement a été voté en scrutin public (réclamé par l’opposition) après que le gouvernement a demandé à la députée de le retirer. Il a été rejeté à 29 voix contre 4.
Autre enjeu de ce texte, la possibilité pour les mineurs de pouvoir débuter une procédure de changement d’état civil. Le député Sergio Coronado avait déposé des amendements permettant d’abaisser l’âge légal de 18 à 16 ans pour effectuer une demande, et pour que les mineurs âgés entre 6 à 16 ans puissent le faire en présentant une autorisation parentale (les amendements 138, 139 et 141). Ces amendements ont été rejetés, après que le rapporteur Jean-Yves Le Bouillonnec a affirmé que cela n’était «pas envisageable» et que le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a décrété que cette mesure ne représente «pas un besoin»: «Il n’y a eu qu’un seul cas de personne trans mineure en France», a-t-il affirmé.
Le gouvernement n’a pas hésité à affirmer en outre qu’il tient particulièrement à maintenir une judiciarisation de la procédure, coupant court à tout espoir de mettre en œuvre des démarches fondées sur l’autodétermination devant un officier d’état civil. Défendant ses amendements, le député PS Erwann Binet, à l’origine avec Pascale Crozon de la première version de l’article, a lui aussi affirmé que le changement d’état civil ne pourrait pas être déjudiciarisé: «Nous avions indiqué dès le départ aux associations trans que le changement d’état civil ne pourrait pas se faire devant l’officier d’état civil», a-t-il justifié.
Le député PS Erwann Binet: «Nous avions indiqué dès le départ aux associations trans que le changement d’état civil ne pourrait pas se faire devant l’officier d’état civil»
L’OPPOSITION CONTRE L’ARTICLE 18 QUATER
Plusieurs député.e.s de droite ou d’extrême-droite avaient eux/elles aussi présenté des amendements à l’article 18 quater, notamment la frontiste Marion Maréchal-Le Pen. La députée a voulu faire accepter un amendement affirmant que «l’identité sexuelle» est définie par les organes génitaux:
Le député Jacques Bompard (Ligue du Sud) a présenté plusieurs amendements dont un visant à obliger les requérant.e.s au changement d’état civil à apporter «des preuves scientifiques». L’une de ses propositions avait été acceptée par la commission ce lundi:
Ni l’une, ni l’autre des député.e.s d’extrême-droite n’étaient présent.e.s en séance ce mardi 12 juillet pour défendre ces amendements. Mais plusieurs député.e.s de l’opposition étaient bien là pour contrer la modification de l’article 18 quater, comme le député LR Philippe Gosselin, qui a critiqué une «simplification à l’extrême» et une mesure «qui ouvre la boîte de Pandore». D’autres ont évoqué le «danger» que représenterait une telle mesure, usant d’éléments de langage alarmistes et réactionnaires déjà entendus pendant les débats sur le mariage pour tous.
QUE RESTE-T-IL DANS L’ARTICLE 18 QUATER?
C’est donc devant un tribunal de grande instance qu’une personne pourra déposer une demande d’état civil. Jusqu’ici rien de très nouveau, puisque les demandes s’effectuent déjà à l’heure actuelle dans le TGI du lieu de résidence de la personne, ce qui représente une inégalité de fait entre les requérant.e.s. L’article 18 quater voté hier ne permet donc pas de déjudiciariser la procédure comme le réclamaient les associations trans. Néanmoins, elle sera désormais démédicalisée, ce qui signifie que les requérant.e.s n’auront plus à fournir d’attestation d’ordre médical pour justifier cette demande: «Le fait de ne pas avoir subi des traitements médicaux, une opération chirurgicale ou une stérilisation ne peut motiver le refus de faire droit à la demande», reste-t-il écrit dans le texte. Enfin, seuls les mineurs émancipés pourront effectuer une demande.
Lire la tribune de Changement d’état civil, encore un effort pour une procédure à la hauteur des enjeux pour les personnes trans!, signée par OUTrans (Paris), Acceptess T (Paris), C’est pas mon genre (Lille), TRANS INTER Action (Nantes), Ouest Trans (Bretagne), Les Myriades trans (Limoges), Association Nationale Transgenre (ANT), Observatoire des Transidentités (ODT), collectif Existrans.
Certaines associations parlent d’un «jour historique» pour décrire la séance qui s’est tenue hier 12 juillet à l’Assemblée nationale, d’autres se veulent plus mesurées. L’article 18 quater du projet de loi Justice du 21e siècle, qui vise à fixer un cadre légal aux démarches des personnes trans pour effectuer leur changement d’état civil, a de nouveau été discuté devant la chambre basse du Parlement cette semaine, qui l’a adopté hier après-midi.
UN FEUILLETON DE PLUSIEURS SEMAINES
La séance d’hier s’inscrit dans un feuilleton qui dure depuis plusieurs semaines. Déposé par des député.e.s PS, emmenés Pascale Crozon et Erwann Binet, il y a deux mois, l’amendement est dès le début jugée largement insuffisantes au regard de la situation actuelle des personnes trans. Ces organisations exigent du gouvernement la mise en œuvre d’une procédure libre et gratuite pouvant s’effectuer devant un officier d’état civil, en mairie, alors que le texte prévoit une démarche certes démédicalisée, mais encore soumise à une décision de justice bien trop arbitraire, toujours selon les associations.
Sous-amendé par le gouvernement le 19 mai, le texte de l’amendement est déjà sensiblement modifié, avant son adoption en première lecture à l’Assemblée nationale. Il est ensuite examiné en commission mixte paritaire au Sénat, où les deux parties ne parviennent pas à un accord. Il revient fin juin pour une nouvelle lecture à l’Assemblée nationale. Entretemps, le Défenseur des droits a fait part de ses recommandations, invitant le gouvernement à légiférer pour mettre en œuvre une procédure fondée sur l’autodétermination. Le 5 juillet, plusieurs associations trans sont reçue par le ministère de la Justice. Certaines en ressortent avec le sentiment de ne pas être suffisamment écoutées, d’autres se montrent un peu plus positives. Le texte est ensuite examiné en commission des lois lundi 11 juillet, alors que plusieurs député.e.s, tous partis confondus, ont déposé pas moins d’une trentaine d’amendements visant à le modifier.
Il s’agit du «pire texte jamais proposé dans le monde depuis 20 ans», estiment en début de semaine plusieurs associations co-signataires d’un communiqué publié ce lundi 11 juillet par l’Association nationale transgenre (ANT), C’est Pas Mon Genre, OUTrans, Trans Inter Action et la Fédération LGBT. Les associations Acthe, Le Jardin des T, Prendre Corps, Trans 3.0, En Trans, ainsi que l’Inter-LGBT signent elles aussi un communiqué en réaction aux nouveaux amendements, exprimant leur soutien à une partie d’entre eux. Treize sont acceptés lundi en commission.
Enfin, l’amendement est examiné hier en fin d’après-midi en séance. Yagg vous raconte ce qui s’y est passé.
DES AMENDEMENTS PROGRESSISTES… TOUS REJETÉS
La députée PS de Meurthe-et-Moselle Chaynesse Khirouni et la députée PS des Côtes d’Armor Annie Le Houérou avaient déposé l’amendement 174, qui selon l’ensemble des associations, est totalement en adéquation avec ce qu’elles préconisent, soit un changement d’état civil fondé sur l’auto-détermination: «La députée Chaynesse Khirouni est la seule qui ait pris en compte les recommandations des associations» a expliqué à Yagg Delphine Ravisé-Giard, présidente de l’ANT. Cependant, l’amendement a été repoussé par la commission des lois, au même titre que certains amendements du député écologiste Sergio Coronado. En séance hier après-midi, la députée Chaynesse Khirouni a défendu cet amendement avec conviction comme étant une «occasion historique», rappelant qu’il est cohérent avec les demandes des associations. «Je ne crois pas que ce soit complètement décalé par rapport à notre réalité juridique, a-t-elle insisté, la France se doit d’être aux avant-postes de ce combat pour l’égalité». L’amendement a été voté en scrutin public (réclamé par l’opposition) après que le gouvernement a demandé à la députée de le retirer. Il a été rejeté à 29 voix contre 4.
Autre enjeu de ce texte, la possibilité pour les mineurs de pouvoir débuter une procédure de changement d’état civil. Le député Sergio Coronado avait déposé des amendements permettant d’abaisser l’âge légal de 18 à 16 ans pour effectuer une demande, et pour que les mineurs âgés entre 6 à 16 ans puissent le faire en présentant une autorisation parentale (les amendements 138, 139 et 141). Ces amendements ont été rejetés, après que le rapporteur Jean-Yves Le Bouillonnec a affirmé que cela n’était «pas envisageable» et que le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a décrété que cette mesure ne représente «pas un besoin»: «Il n’y a eu qu’un seul cas de personne trans mineure en France», a-t-il affirmé.
Le gouvernement n’a pas hésité à affirmer en outre qu’il tient particulièrement à maintenir une judiciarisation de la procédure, coupant court à tout espoir de mettre en œuvre des démarches fondées sur l’autodétermination devant un officier d’état civil. Défendant ses amendements, le député PS Erwann Binet, à l’origine avec Pascale Crozon de la première version de l’article, a lui aussi affirmé que le changement d’état civil ne pourrait pas être déjudiciarisé: «Nous avions indiqué dès le départ aux associations trans que le changement d’état civil ne pourrait pas se faire devant l’officier d’état civil», a-t-il justifié.
Le député PS Erwann Binet: «Nous avions indiqué dès le départ aux associations trans que le changement d’état civil ne pourrait pas se faire devant l’officier d’état civil»
L’OPPOSITION CONTRE L’ARTICLE 18 QUATER
Plusieurs député.e.s de droite ou d’extrême-droite avaient eux/elles aussi présenté des amendements à l’article 18 quater, notamment la frontiste Marion Maréchal-Le Pen. La députée a voulu faire accepter un amendement affirmant que «l’identité sexuelle» est définie par les organes génitaux:
Le député Jacques Bompard (Ligue du Sud) a présenté plusieurs amendements dont un visant à obliger les requérant.e.s au changement d’état civil à apporter «des preuves scientifiques». L’une de ses propositions avait été acceptée par la commission ce lundi:
Ni l’une, ni l’autre des député.e.s d’extrême-droite n’étaient présent.e.s en séance ce mardi 12 juillet pour défendre ces amendements. Mais plusieurs député.e.s de l’opposition étaient bien là pour contrer la modification de l’article 18 quater, comme le député LR Philippe Gosselin, qui a critiqué une «simplification à l’extrême» et une mesure «qui ouvre la boîte de Pandore». D’autres ont évoqué le «danger» que représenterait une telle mesure, usant d’éléments de langage alarmistes et réactionnaires déjà entendus pendant les débats sur le mariage pour tous.
QUE RESTE-T-IL DANS L’ARTICLE 18 QUATER?
C’est donc devant un tribunal de grande instance qu’une personne pourra déposer une demande d’état civil. Jusqu’ici rien de très nouveau, puisque les demandes s’effectuent déjà à l’heure actuelle dans le TGI du lieu de résidence de la personne, ce qui représente une inégalité de fait entre les requérant.e.s. L’article 18 quater voté hier ne permet donc pas de déjudiciariser la procédure comme le réclamaient les associations trans. Néanmoins, elle sera désormais démédicalisée, ce qui signifie que les requérant.e.s n’auront plus à fournir d’attestation d’ordre médical pour justifier cette demande: «Le fait de ne pas avoir subi des traitements médicaux, une opération chirurgicale ou une stérilisation ne peut motiver le refus de faire droit à la demande», reste-t-il écrit dans le texte. Enfin, seuls les mineurs émancipés pourront effectuer une demande.
Lire la tribune de Changement d’état civil, encore un effort pour une procédure à la hauteur des enjeux pour les personnes trans!, signée par OUTrans (Paris), Acceptess T (Paris), C’est pas mon genre (Lille), TRANS INTER Action (Nantes), Ouest Trans (Bretagne), Les Myriades trans (Limoges), Association Nationale Transgenre (ANT), Observatoire des Transidentités (ODT), collectif Existrans.
http://next.liberation.fr/images/2016/07/08/genres-humains_1464987|A voir dans le cadre des Rencontres d’Arles (et sous forme de livre aux Ed. Textuel), le cinéaste Sébastien Lifshitz a rassemblé des clichés amateurs de drag-queens et de travestis, de 1900 à nos jours. Images hiératiques de femmes en galurin, photo de Crun-Crun, ce comédien burlesque chauve des années 1900 qui pose en tutu, clichés d’héroïnes de cabaret aux faux airs de Liz Taylor ou de Dietrich, on ne sait rien des histoires que charrient ces 200 photos amateur, prises au cours du XXe siècle…
"Mauvais genre " chinées par Sébastien Lifshitz @rencontresarles Poke @frangeliers @Siaudebert pic.twitter.com/FrbG5dZyu5
— AnneSophie Bruttmann (@annesobru) 4 juillet 2016
Une érection dans la presse quotidienne régionale ? Aux Dernières Nouvelles d’Alsace, c’est possible. Le 11 juin 2016, les DNA publient (sans censure) un tableau-choc du peintre Antoine Bernhart, pour illustrer un article sur la «rigidité cadavérique».
Dans la page «Arts» des DNA, le journaliste Serge Hartmann annonce l’ouverture d’une exposition intitulée Rigor mortis, par allusion à ce raidissement du corps qui survient 3-4 heures après la mort, puis disparaît au bout de 2-3 jours, laissant place au phénomène de putréfaction. L’article est illustré d’une œuvre présentée comme «la plus forte de l’accrochage». Elle montre un couple de cadavres qui danse, tout en forniquant, reliés par un pénis gonflé de veines rouges. Au premier plan, deux jeunes filles impassibles rendent l’âme : des crânes ricanants sortent de leur vulve, environnés de flammes. Le tableau est actuellement exposé dans le cadre d’une exposition au Musée Ungerer portant sur les dessins macabres du dessinateur strasbourgeois Tomi Ungerer, bien connu pour la fascination qu’exercent sur lui les instruments de torture, les scènes de SM hardcore, la sexualité violente et la cruauté des normes sociales.
De Hans Holbein à Tomi Ungerer : filiation macabre
Enfant, Ungerer se nourrissait d’images de squelettes. Les dessins au vitriol qu’il publie en 1983 (sous le titre Rigor Mortis), s’inspirent directement des danses macabres de Hans Holbein (Les Simulachres et historiees faces de la mort), qui figurent dans la bibliothèque paternelle et qu’il consulte en cachette, comme s’il s’agissait de photos pornographiques. Adulte, Tomi réinterprète ces images à l’aune de sa haine des conventions sociales. Il caricature les dames du monde, les prêtres et les officiers en squelettes. Ses dessins satiriques se nourrissent d’angoisses et d’horreur. Certaines images sont tellement insupportables que l’éditrice refuse de les publier. On peut maintenant toutes les voir au Musée Ungerer, qui les dévoile au grand public, accompagnées de huit œuvres originales spécialement commandées pour l’occasion à des artistes, vivant et travaillant pour la plupart dans la région de Strasbourg : Antoine Bernhart, Hervé Bonhert, Marie-Amélie Germain, Julien Kuntz, Laurent Impeduglia, Daniel Depoutot, Pascal Poirot et Jakob Kirchmayr.
La charogne n’aura pas sa peau
Invité à donner sa vision de la Danse macabre, Antoine se réjouit. Enfant, déjà, il était fasciné par les «bagues à tête de mort exposées aux fêtes foraines». Pour lui, les crânes c’était les bikers, la drogue et le rock’n’roll. Ses premiers dessins montrent des Elvis Presley ou des Betty Page au visage écorché, les mandibules à nu, les orbites vides, fixant sur le spectateur un regard d’outre-tombe. Antoine se représente aussi volontiers en cadavre, mais phallique. Ses morts bandent. Dans des tableaux à la noirceur grinçante, il ne met jamais en scène que cette forme de bravade qui consiste à «crâner», littéralement : même pas mort ! Avec «un esprit frondeur qui fait écho à l’humour médiéval» (1), Antoine Bernhart s’inscrit dans la lignée des artistes qui exorcisent l’horreur en la représentant, dans toute sa théâtrale démesure, sur fond de punkitude.
Totentanz, version érotique
Lorsque Thérèse Willer, la Conservatrice du Musée Ungerer le contacte pour passer commande d’une danse macabre, il saute de joie. «Un ami photographe m’avait sollicité pour poser nu avec la danseuse Geneviève Charras, sur le thème des Amants Trépassés, un tableau du XVe siècle. Une fois la photo faite, j’avais suggéré à Geneviève de bouger un peu et nous avons esquissé quelques pas de danse devant l’appareil du photographe. Quand on m’a soumis le projet «Rigor Mortis», ces attitudes me sont revenues en mémoire. Elles collaient parfaitement.» Antoine décalque les clichés, substitue aux visages des crânes aux langues dardantes, rajoute un pénis diabolique à son personnage et compose la danse en un dessin géant (1,40 mètre) que le Musée dispose en bonne place. On n’a pas froid aux yeux à Strasbourg. Cette ville qui fait partie du bassin rhénan se rattache culturellement à toute la région qui voit naître l’imagerie anticonformiste de la jeune fille et la mort.
La dérision par le sexe
Montrer du sexe sous couvert de leçon morale, quel plus beau pied de nez faire à la mort ? Lorsque le thème de la jeune fille et la mort apparaît (Baldung, 1517), il s’agit d’une subversion : les images de beautés dénudées, caressées ou violentées par des zombis putrides stimulent clairement le voyeurisme. La présence des morts ne fait que pimenter l’érotisme parfois provocateur de la scène. Rien à voir avec les danses macabres, qui ne montrent des charognes que pour inciter à la pénitence. Dès le XVIe siècle, les artistes séditieux qui mélangent érotisme et mort, le font avec la volonté manifeste de transgresser le message originel des danses macabres. Ces artistes appartiennent presque tous au sud germanique (dont Strasbourg) et aux villes gagnées par les multiples hérésies (dont la Réforme protestante), qui prolifèrent entre deux épidémies de peste, guerre, famine ou crise collective de folie. Il faut croire que depuis 5 siècles cette «tradition» se soit maintenue car c’est dans les Musées allemands et ceux de Strasbourg qu’ont toujours lieu les plus belles expositions d’art macabre et contestataire.
L’homme qui rit
C’est aussi, toujours dans cette aire culturelle, qu’on trouve les artistes contemporains les plus noirs et les plus radicaux dans le genre «suce des queues en enfer». Antoine Bernhart, probablement, remporte la palme. A l’âge de la retraite, ce grand diable maigre et balafré ne songe qu’à poser nu avec des femmes maigres et scarifiées, afin de comparer ses cicatrices aux leurs, «émerveillé», dit-il par la beauté des structures osseuses qui percent sous l’enveloppe de leur peau. La vérité de l’humain, c’est le squelette, dit-il. Car le squelette, lui, rit. A la question de savoir s’il peut bander pour un squelette, Antoine répond : «Le désir n’est pas domesticable, son champ d’action est immense. Tout peut me séduire, je suis un enfant qui découvre le monde comme un réservoir inépuisable de jouets louches et de sensations délicieuses et perturbantes».
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EXPOSITION : RIGOR MORTIS (15 avril - 16 octobre 2016). Ce thème inspiré à Tomi Ungerer par Hans Holbein, a donné naissance en 1983 à un recueil de dessins satiriques et macabres. L’ensemble de la série est exposé en résonance avec des œuvres d’autres illustrateurs contemporains qui ont renouvelé le thème. Musée Tomi Ungerer : 2, avenue de la Marseillaise, Villa Greiner, 67000 Strasbourg. Té. : 03 69 06 37 27
NOTE 1 : je cite Elise Canaple (assistante principale au Centre de l’Illustration, Strasbourg), dans le catalogue consacré à l’exposition Dernière danse, l’imaginaire macabre dans les arts graphiques.
ILLUSTRATION : Antoine Bernhart, sans titre (Totentanz), encres, aquarelle, crayon de couleur et gouache sur papier, 140 x 62cm, 2015-2016, photo Mathieu Bertola. Photo : Olivier Lelong.
DEUX AUTRES EXPOSITIONS :
DERNIERE DANSE, L’IMAGINAIRE MACABRE DANS LES ARTS GRAPHIQUES (21 mai - 29 août 2016). L’exposition propose une déclinaison des variantes iconographiques des Danses macabres, depuis ses formes primitives jusqu’aux crises et conflits ayant ponctués le XXe siècle. Galerie Heitz, Palais Rohan : 2, place du Château, Strasbourg. Tél. : 03 68 98 51 60.
MACABRES DESSINS. Salon de lecture de la Dernière Danse (1er juin - 20 août 2016). Quand les créateurs contemporains récupèrent la mort et, pour certains, en font des livres pour enfants, ça donne quoi ? Médiathèque André Malraux : 1 presqu’île André Malraux. Strasbourg. Tél. : 03 88 45 10 10.