Je ferme la porte de l’appartement et descends l’escalier d’un pas vif, mes clés cliquetant dans la poche de ma veste. Il est là, sur le palier du second. «Bonjour» lui dis-je mécaniquement en arrivant à la dernière marche.
Mes yeux s’écarquillent quand soudainement il entrouvre son trench-coat. Il avait tout prévu, ce satyre : il ne porte rien d’autre en dessous qu’un t-shirt qui lui arrive au-dessus du nombril et des tongs rose fluo. Sa queue est glabre et épaisse; elle bande en pointant dans ma direction. Il la saisit de sa main droite et, dans un soupir de contentement, la serre assez fort pour qu’une goutte opaline perle du méat.
Le rouge me monte au front. J’étouffe de chaleur. J’arrive à peine à articuler un « Monsieur Bouchard ! » tellement je suffoque. Il me dévisage en souriant. Moi, je n’arrive pas à détourner le regard de sa main qui va et vient langoureusement sur son engin. Une exhalation brutale accompagne chaque troisième coup de piston. Je me surprends à compter mentalement :
« Un, deux, HAH… quatre, cinq, HAH… sept, huit, HAH… »
Sans même prendre une pause, il tire avec sa main libre un mouchoir de sa poche. Il accélère ensuite le rythme.
« Vingt-huit, vingt-neuf, HAH… trente et un, trente-deux, HAH, Trente-quatre, Tr… oups. »
Mouvement saccadé des hanches. Son corps se tend comme un arc. Il tente d’éjaculer dans son mouchoir, mais le plus gros du foutre fait un vol plané et atterrit sur la rambarde.
La cage de l’escalier est remplie par l’écho de nos souffles oppressés.
« Je dois y aller, sinon je serai en retard au bureau… » lui dis-je en bafouillant, avant de prendre mes jambes à mon cou. En ouvrant la porte de l’immeuble, je me retourne, je lui jette un dernier regard et lui dis : « N’oublie pas : ce soir, c’est à mon tour. »
« Bien sûr. À tout à l’heure…» répond-t-il en rattachant son manteau.
Dehors, le ciel me semble d’un bleu plus éclatant que d’habitude.