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Source: golem13.fr
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By: association luttant contre la nudité
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Cet article est la deuxième partie de “Peut-on faire du porno et être en couple ?”
Au premier abord, sortir avec une actrice porno peut paraître fun et rock’n roll. Un homme venant de conquérir une star du X (et qui l’a abordée en connaissance de cause) aura souvent tendance à s’en vanter. Une telle conquête lui permet en effet de s’afficher comme “mâle dominant” devant ses potes. « Si je me tape la championne, c’est que moi aussi j’en suis un. »
Et puis arrive que le « coup d’un soir » devienne plus que cela. Elle devient votre amante, elle devient votre “petite-amie”. La poupée sexuelle reprend son visage de femme. Vous la voyez différemment, vous aimez la voir sans maquillage, vous réveiller à ses côtés, son pseudonyme sonne de plus en plus faux ; vous rencontrez ses amis, ses parents, son petit-frère, connaissez ses doutes, ses complexes, vous la consolez quand ça ne va pas, souriez quand vous pensez à elle. Elle vous manque quand elle s’en va et votre coeur se serre lorsqu’elle évoque sa dernière scène. Il s’arrête quand elle parle de la prochaine. Vous êtes amoureux. Vous ne l’avez pas vu venir.
Votre relation a pris une toute autre dimension. Vous restez fasciné par cette icône sexuelle devenue si accessible, vous haïssez que d’autres veuillent à leur tour la conquérir, la posséder. Vous êtes jaloux. Le “mâle dominant” que vous pensiez être, réalise que sa conquête “Star du X” n’est pas “star” par hasard. Elle l’est pour les multiples rapports qu’elle a avec d’autres mâles eux aussi très dominants, elle l’est tous les jours en se retrouvant nue sur un plateau de tournage, dans les bras d’un autre, dans la bouche d’un autre; et presque tous les jours son corps jouit, souffre, s’ouvre sous l’emprise d’un homme qui n’est pas vous ; leurs chairs et leurs sueurs se mélangent entre un “action” et “coupez”. Ils ne font que leur boulot.
N’empêche que. Le soir, quand vous la regardez s’endormir dans vos bras, sa peau encore marquée d’une bouche, de doigts, vous avez du mal à croire que votre protégée est une prédatrice. Vous la connaissez, vous l’aimez, mais chaque jour où vous la voyez partir, elle vous échappe, une fois de plus. Puis elle vous retrouve, son amour et, vous l’espérez, son désir intacts. “Je t’aime, je suis à toi.” Vous êtes amoureux et vous avez mal. Vous sortez avec une star du X.
Vivre avec une pornostar (homme ou femme*) : “Ne pas voir, ne pas entendre, ne pas parler ?”
- Jongler avec son emploi du temps instable : pas de jour de travail ou d’horaires fixes, peu de week-ends ; elle est souvent partie : tournages, salons, spectacles, séances de dédicaces, interviews… Son travail précaire la pousse à accepter de surcharger son emploi du temps. “Il faut prendre l’argent tant qu’il est là.” La notoriété d’un acteur ou d’une actrice X, ses aptitudes physiques sont limitées dans le temps. Il faut continuer de tourner tant qu’on peut, tant qu’on veut… tant que les autres veulent de vous.
- Faire abstraction du regard des autres : Vous avez beau vous dire que vous n’en avez rien à foutre du regard des autres, votre vie sociale implique que vous supportiez le comportement de votre entourage. Votre père a peut-être déjà vu des scènes de votre petite-amie, votre maman rêve d’avoir des petits-enfants et s’inquiète : sera-t-elle une bonne mère ? Compte-t-elle arrêter les tournages pour fonder une famille ? Saura-t-elle préserver sa santé et celle de son bébé ? La vôtre ? Des amis de vos amis vous demandent des autographes, vous demandent si, au moins, elle vous ramène des copines à la maison (“Elle te doit bien ça”), vous demandent quand est-ce que vous aussi vous vous mettez à tourner, question d’honneur. Du coup vous y songez sérieusement. Tourner rendrait les choses plus équitables et après tout, si elle ne tournait qu’avec vous ? Votre ego est bancal. En plus d’être actrice porno c’est une personnalité publique. Le personnel des restaurants se relaient pour servir votre petite chérie, vous interrompent en pleine discussion pour une énième photo, la serrent par la taille, lui donne leur numéro de téléphone sous vos yeux. On vous prend en photo sur la plage, dans le métro, à travers la vitre d’un café. Vous avez l’impression que votre environnement ricane en permanence et si vous tendez bien l’oreille, vous vous apercevez que ce n’est pas toujours une impression.
- Accepter les restrictions sexuelles : votre petite-amie actrice peut rentrer de sa scène avec les marques de suçons collectionnées l’après-midi, avec ses fesses rougies ou un sexe irrité qui lui impose du repos et un peu d’abstinence d’ici le prochain tournage. Vous êtes une femme et votre petit-ami est hardeur ? Il n’est pas toujours simple, pour des raisons purement physiques, d’enchaîner un second rapport avec vous le soir après sa longue journée de tournage. Que le travail nuise à la libido d’un couple, rien de plus normal. Sauf que le lendemain, vous aimeriez vous “rattraper”, faire un gros câlin au réveil mais ce n’est pas possible. Il doit “s’économiser” pour la scène qui a lieu dans quelques heures avec deux, trois, peut-être même quatre filles. Ou il peut céder à la tentation mais doit se retenir de jouir. C’est le boulot.
- Ravaler votre fierté : vous devez manipuler vos pulsions liées à votre jalousie et que vous soyez libertin ou que vous tourniez vous aussi des scènes ne vous épargne pas forcément. Vous tombez sur l’une de ses vidéos. Grosse erreur. La curiosité est un vilain défaut qui peut vous coûter cher. Vous la voyez sourire, jouir, dire les mêmes mots de la veille… Sauf que la veille vous n’avez pas même fait l’amour. Vous la voyez avec un acteur ( ou une actrice) que vous aviez rencontré. Le courant n’était à vrai dire pas bien passé. Il vous avait regardé de haut. Il vous a même provoqué… ou alors il est aussi un bon pote à vous. Vous la voyez dans ses bras. Vous vous rappelez que ce jour-là, le soir-même vous faisiez un tennis avec lui, et elle s’était endormie, fatiguée.
- Fuir l’esprit de compétition ; c’est peine perdue. Commencer à se comparer c’est s’exposer aux complexes et à une quête de la perfection et de la performance qui ne peut aboutir. Si elle/il vous a choisi c’est qu’il y a une raison. Même si les gestes, les regards, certaines sensations sont les mêmes, un rapport sexuel avec un partenaire de film et celui avec la personne qui vous aime n’ont pas à être comparés. L’essence doit précéder les apparences.
- Vous blinder face au milieu du porno lui-même, à vos collègues (qu’ils soient intentionnés… ou pas du tout). Fuir les commentaires plus ou moins détaillés des autres acteurs et actrices sur leur dernière scène avec lui/elle, ceux des fans, les photos et messages explicites qui défilent sur votre timeline Twitter. Aujourd’hui, tout se dit, se montre, se sait. Et vous avez de fortes chances de cliquer sur un lien, une photo, une vidéo qui ne vous laissera pas indemne.
Un métier comme les autres ? Je ne crois pas. Des angoisses de couple comme les autres ? J’ai bien peur que l’on n’y échappe pas. Alors, est-il vraiment possible d’être en couple et d’être heureux quand on fait du porno ?
Ovidie associe le porno à un “tatouage social”. Je crois que concernant les relations amoureuses, on peut en effet dire que la lettre X reste marquée au fer rouge. Tourner un film X, c’est perdre une seconde virginité. Une fois que vous avez fait le grand saut, même pour une petite durée, il y a peu de chances que vos prochaines conquêtes passent l’éponge, et comme nous l’avons vu, être en activité implique des situations complexes, en contradiction avec le sentiment amoureux qui peut de manière naturelle rendre quelque peu possessif et exclusif. Quelle est donc la méthode pour vivre un tel métier sans pour autant le subir, sans en vouloir à l’autre, à soi ? Faut-il être en immersion et faire nécessairement le même métier ? Faut-il tout voir, tout savoir ? Est-ce que tout affronter c’est tout maîtriser ? Est-ce que maîtriser permet réellement d’ accepter ? Faut-il au contraire se préserver et fermer les yeux ?
Je crois qu’il n’y a pas de modèle. Chaque couple a ses règles, ses limites, son champ de tolérance, sa manière de partager sa sexualité. J’ai vu des couples se raconter avec complicité leur scène de la veille, d’autres vivre sur un mode très conventionnel en faisant totalement abstraction des activités de l’autre et en se concentrant sur leur foyer. Dans tous les cas il m’a semblé que les personnes épanouies étaient celles qui vivaient dans un rapport équitable où la communication, le respect et l’honnêteté régissaient le couple.
Ce n’est pas un hasard si l’on dit “faire l’amour” lorsqu’il s’agit d’un rapport avec la personne aimée. Et cela n’a pour moi rien à voir avec une quelconque notion de romantisme, ni avec le degré ou l’intensité “hardcore” des pratiques sexuelles. On peut baiser mollement comme on peut faire l’amour avec violence et perversion. Avoir un rapport sexuel est un acte intime, même lorsqu’il est pratiqué sans émotion (voire même sans plaisir) dans un cadre professionnel. Il demeure concret, explicite. Il a lieu. Mais il prend un sens tout différent lorsqu’il réunit deux personnes qui s’aiment. Là est la différence. Les actes comptent, mais plus encore c’est le sens qu’on leur donne qui importe.
Faire du porno et être en couple ? Oui c’est difficile, mais oui, c’est possible. Expérience extrême qui implique un amour extrême. Si une telle relation peut s’avérer destructrice elle peut aussi donner naissance à un amour véritable, fusionnel, total. La preuve ? Je la vis aujourd’hui. Mais ceci est déjà une autre histoire…
Katsuni
*Ce texte est écrit de manière à se mettre dans la peau d’un homme qui sort avec une actrice porno mais l’inverse (une femme sortant avec un hardeur) est aussi valable.
A suivre : le témoignage de Vincent et de Lou, star du X. Et amoureuse…
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