D’un bout à l’autre de l’échiquier social, des militants aux naïfs, monte et gronde une même lamentation, qui a tous les avantages de l’épouvantail :
« Ah les femmes entre elles, c’est pire que les hommes !«
… la division des opprimées, ma bonne Dame…
Noues serions toujours à une mauvaise femme de notre liberté ou de notre solidarité.
Les gauchistes noues ont habituées à agiter le spectre de la femme-plus-dangereuse-que-les-hommes, ils l’ont appelée la Bourgeoise.
Les radicaux antiracistes (androcentrés) ont construit un autre mythe de la nuisible : la Blanche.
Les hommes auto-célébrés « pro-féministes » ont défini les contours inhospitaliers de la Radicale, objet hurlant non-identifié qu’il faut absolument neutraliser, si possible à l’aide d’autres femmes, bouclier ou kamikaze.
Enfin… l’affaire n’est pas nouvelle, le mari et son père ont déjà bien bavé sur la Belle-Mère (dont ils se partagent tout deux les fruits de l’esclavage) et les autres s’acharnent depuis des siècles sur la Maîtresse (cette co-victime d’un collectionneur d’objets humains) et la Lolita (la persécutée parmi les persécutée, dans une culture pédocriminelle).
Les uns font mine de noues prévenir du danger (sur le ton paternaliste propre à nos « camarades » de lutte) pour se dresser comme un ultime rempart neutre et bienveillant; les autres noues préviennent comme le fait un coup de fusil tiré en l’air : noues pourrions lui ressembler, à Elle, la Ève … alors faudrait quand même pas trop noues rebiffer …
Tous organisent la dépendance apeurée et la division entre femmes.
Tous, ils utilisent ces mythes pour blanchir et leurs crimes et leurs bénéfices. Voues voulez parler violences sexuelles masculines ? On voues parlera du racisme contre les hommes et la sur-représentation des hommes racisés et prolétaires en prison (on oubliera de dire que pour des crimes, souvent aggravés, ils ne feront que quelques mois fermes, au pire 3 ans), de la stigmatisation des « clients » du viol, de la persécution des hommes injustement accusés de proxénétisme, de la souffrance des gays et autres hommes « queer » à être stigmatisés par les méchantes « sexophobes » pour leurs « sexualités périphériques », etc. Voues voulez parler exploitation domestique et organisation mondiale de l’esclavage des femmes ? On voues parlera de ces femmes qui exploitent des femmes migrantes, de ces femmes qui sont patronnes …
Devant chaque charnier, voues trouverez un petit viril tout recroquevillé qui geint et pointe son doigt d’inquisiteur sur une femme.
Devant chaque armée d’hommes, voues trouverez un arbre criblé de balles : une femme, La Femme.
…
A l’amie qui, par désespoir et résignation, me disait qu’entre les femelles chimpanzées, elle existait une solidarité qui n’existait pas entre les femmes, je réponds ceci : les hommes ont de tout autres moyens de terreur et de lavage de cerveau que les animaux. La méchanceté (ce que les philosophes des catastrophes nomment le mal absolu et banal), le sadisme, la barbarie, la persécution génocidaire, la spiritualité nécrophile, la socialisation sociopathique, la psychologie psychopathique … ce sont des caractéristiques historiques et psychologiques des virils.
La vérité est que noues sommes toutes à au moins un mâle de notre soeur, à au moins un mal absolu de notre vie.
Noues méritons l’espoir.