34739 éléments (3198 non lus) dans 75 canaux
L'irrésistible Willeke Van Ammelrooy.
Retour sur la collection Jean-Marie Pallardy de l’éditeur Le Chat qui Fume, avec le thriller érotique Love Connection (alias L’amour aux trousses, 1975), qui synthétise une bonne part des obsessions du cinéaste (complot, manigances féminines, étreintes en bord de mer, …). Pour les complétistes, sachez que sont aussi disponibles, entre autres fleurons « Pallardiens », les incontournables L’amour chez les poids lourds, relecture inspirée de l’Odyssée d’Homère dans le milieu des camionneurs, Une femme spéciale ou le sulfureux La donneuse. Pour en savoir plus, rendez-vous ici.
Love Connection se paye une distribution solide (Pallardy, piètre acteur, ne s’y octroie – une fois n’est pas coutume – qu’un minuscule second-rôle), qui réjouira les cinéphiles déviants, où l’égérie du réalisateur, la gironde Willeke Van Ammelrooy (Règlements de femmes à OQ Corral, L’arrière-train sifflera trois fois, L’ascenseur de Dick Maas) cotoie la divine Corinne Marchand (Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, le western spaghetti Arizona Colt, Borsalino, le sublime Innocence de Lucile Hadzihalilovic), l’habitué du Bis Michel Lemoine (Hercule contre Moloch de Giorgio Ferroni, Arizona Bill de Mario Bava, Les yeux verts du diable de Jess Franco) – qui réalisa en personne le porno Les désaxées & la pépite Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff (sortie en DVD par Mondo Macabro), et Jean Luisi, habitué des œuvres de Pallardy (L’arrière-train sifflera trois fois, Prends-moi de force, La donneuse).
Michel Lemoine, au visage reptilien.
Les accompagnent le routard du porno hexagonal Jacques Insermini (Langue de velours de Jean-Claude Roy, Mes nuits avec… Alice, Pénélope, Arnold, Maud et Richard, Le bouche-trou), Jean-Claude Strömme (L’amour chez les poids lourds, Une si jolie petite fille ; réalisateur des Brigades roses & de l’inénarrable Bactron 317 ou L’espionne qui venait du show) et la hardeuse Claudine Beccarie – non créditée (Suce-moi vampire de Jean Rollin, Couche-moi dans le sable et fais jaillir ton pétrole, Les jouisseuses, Prostitution clandestine d’Alain Payet), à qui Jean-François Davy consacra son (excellent) documentaire Exhibition.
« Belle… Le Saint-Bernard idéal pour un désespéré… »
Comme souvent chez Pallardy, le protagoniste de L’amour aux trousses, Francis (incarné avec fièvre par Michel Lemoine), est issu de la petite bourgeoisie et se débat au départ avec des problèmes dont le commun des mortels se soucie peu, ce qui n’est pas pour susciter l’empathie du spectateur… A la mort de son frère (bassement assassiné), il se verra rapidement en proie à deux femmes (son épouse et sa tante) aux obscurs desseins, en un schéma narratif rappelant vaguement La donneuse (Pallardy semble très attaché à cette dualité féminine). Il est d’ailleurs dommage que les personnages s’embourbent dans des dialogues souvent peu crédibles et trop écrits (une des vilaines manies du réalisateur, avec les transitions sonores « à la serpe »), quand les situations ne flirtent pas avec un manichéisme outrancier.
Claudine Beccarie et Robert Leray, en action!
Le jeu de Michel Lemoine, d’une intensité « autre » confinant parfois au grotesque, n’est pas la moindre des curiosités de cet Amour aux trousses, voyant Claudine Beccarie s’ébattre joyeusement dans une baignoire, en compagnie d’une autre naïade et d’un vieillard s’égosillant, qui n’aurait jamais imaginé se taper pareil morceau à son âge (bien que l’acteur soit coutumier du fait, cf. ci-bas). Le tout sous l’objectif du photographe campé par Pallardy, se délectant face à cet étalage de chairs en mouvement… Une mise en abîme (consciente ?) des méthodes du réalisateur et de son art ?
Il est à noter que le « vieux hardeur » est incarné par Robert Leray (Le Ray), qui démarra sa carrière dans le traditionnel avant de bifurquer vers le porno. Les plus pointus d’entre vous l’auront remarqué dans La pipe au bois (Maxime Debest, 1975), Les tripoteuses (Lucien Hustaix, 1975), Sensations (Lasse Braun, 1975), le classique Je suis à prendre (Francis Leroi, 1978) avec la déesse Brigitte Lahaie, ou encore Marie salope (Alain Payet, 1979).
Willeke Van Ammelrooy, en plein coït.
D’autre part, Pallardy se fait une fois de plus le chantre de l’incommunicabilité hommes-femmes, présentant ces dernières comme perfides et manipulatrices (Laurence ne s’intéresse au fond qu’à la fortune de Francis, tout comme Agnès), menant les mâles par le bout du nez, qui se retrouvent seuls face à leurs désirs/pulsions… Pas étonnant dès lors qu’ils forcent leurs compagnes à accomplir l’acte conjugal, dans des accés de brutalité éhontée (postulat partagé par La donneuse). Une vision des choses profondément noire, machiste, voire « monolithique » (engoncée dans ses certitudes). A fortiori, tout cela n’arrange pas la santé mentale vacillante de Francis, fragilisé par un trauma familial enfoui dans son esprit ; la résolution de l’intrigue prendra donc place sur les lieux du drame originel, un aspect que n’aurait pas renié de nombreux gialli.
Au rayon fesses, l’(a)mateur se régalera de la croupe joliment rebondie de Willeke Van Ammelrooy, qui ne serait rien sans ce visage de tragédienne antique, et d’une agréable série de nudités généreuses. Cette édition DVD offre en bonus le journal érotique de Jean-Marie Pallardy (60 min.), un module dédié à la restauration du film (14 min.), 100 photos extraites de la collection privée du réalisateur et les 10 bandes-annonces de la collection.
La belle Corinne Marchand (non, elle ne se désape pas dans le film!).