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Voici un guide pratique et concret pour vous aider à vous lancer dans la domination de votre homme. Il s’agit d’une méthode qui fonctionne bien. Bien évidemment, cela demande un peu de temps et de l’investissement, mais en quelques semaines et mois, vous aurez des résultats. Les techniques que je présente sont tournées vers la…
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Cet article 5 questions à La Branlée sur leur nouveau porno queer et handi, à soutenir d’urgence provient de Manifesto XXI.
Le collectif queer de production porno La Branlée a lancé une campagne pour la réalisation de son deuxième court métrage intitulé Une Envie Pressante, the crip basement. Il ne reste plus que deux jours pour aider ce projet aussi excitant que politique à voir le jour !Fondé en 2020, La Branlée a déjà produit un premier porno lesbien, La cerise sur le gâteau. Fort·es de cette expérience, iels soutiennent aujourd’hui la production d’Une Envie Pressante, un film porté par Al Calin aka putain_en_petard, TDS handi militant. Le pitch ? « Avec ses béquilles dorées, Fox et sa.on copaine Lou rentrent d’une teuf le cœur et la vessie bien remplies lorsque leur nuit bascule. Sur fond de teuf techno, de sueur et de lumière flashy, Une Envie Pressante, the crip basement nous emmène dans une soirée d’anniversaire BDSM au cœur d’un disgrace party queer. » La réalisation de ce deuxième projet est conditionné à la réussite d’une campagne de crowdfunding. Pour vous mettre encore plus l’eau à la bouche, le réalisateur Al Calin, la cheffe opératrice Agathe NRV et la coordinatrice Petra von Schatz ont répondu à 5 questions sur le projet.
Manifesto XXI – Le film va se dérouler dans une « disgrace party queer », qu’entendez-vous par là ?
AL CALIN (réalisateur) : Avant la question du genre, la découverte du sexe et du BDSM a été un moyen d’empouvoirement pour moi en tant que personne handi. Pendant 6 ans j’ai découvert le milieu sexpo et BDSM, c’est ce qui m’a permis par exemple de sortir de mon fauteuil. J’ai longtemps expérimenté les orgies et les séances de fouet avec plein de gens autour et j’y trouvais beaucoup d’excitation, de sécurité et de consentement. Quand j’ai commencé le travail du sexe puis que j’ai transitionné, j’ai été un peu surpris de constater que dans le féminisme mainstream et queer le BDSM souffrait souvent d’une mauvaise image, que c’était vu comme une violence, à l’inverse de ma vision.
Une disgrace party c’est un espace où tu organises une séance d’humiliation, mais en réalité c’est un moment centré sur les désirs et envies de la personne humiliée. C’est une forme de célébration inversée ! En tant que personne trans et handi la teuf à été un moyen de créer du lien, un espace de joie. J’avais envie de mixer les deux : mettre en scène une disgrace party loin des cadres hétéronormatif et mêler à ça l’univers du “camp”, musique techno, BDSM hardcore et comédie !
Al, dans tes sources d’inspiration tu parles de la chercheuse Loree Erickson, peux-tu expliquer ce qui te touche dans son travail ?
AL CALIN (réalisateur) : Elle a une manière de présenter les corps handis dans ses films qui a été une révolution pour moi ! Elle fait des gros plans sur des corps qu’on n’a pas l’habitude de voir, d’une manière très organique. Et elle les présente d’une manière nouvelle, loin du stéréotype héroïque plein de pathos. C’est drôle, ça bave et ça s’amuse !
Pour moi son travail c’était une première. Et c’est ça qui m’a percuté : voir des films par et pour les personnes handis queer ! Être une personne handi aujourd’hui en France, c’est subir du validisme. Cette discrimination se déploie dans l’ensemble des représentations visuelles, qui sont dépeintes de manière binaire : soit corps à soigner, soit héros des paralympiques… Le prisme médical y reste omniprésent !
En France la lutte anti-valitiste reste très peu représentée. Ce qui n’est pas le cas au Royaume-Uni, au Canada ou encore en Allemagne, où les disability studies y sont, depuis plus d’une vingtaine d’années, absolument incontournables.
J’espère avec ce film lancer un pavé dans la mare, et contribuer en France à la lutte anti-putophobie et anti-validisme, en montant des corps trans, handi puissants ! D’ailleurs je voudrais remercier et souligner le travail de mon ami·e Lucie Camous, co-fondateur·ice du collectif Ostensible : structure de recherche et création dans les champs des disability et crip studies.
Quelles sont tes productions porno préférées, celles qui t’inspirent ?
La Branlée permet de sortir de l’isolement et de collectiviser les moyens de production. On le sait le porno a peu de moyens de financement, notamment quand on veut le faire de manière indépendante, puisqu’il est exclu des institutions cinématographiques en France. C’est pourquoi on se retrouve obligé de passer par des moyens communautaires d’entraide, comme les cagnottes participatives.
Comment envisagez-vous de filmer le corps queer et handi dans ce film ? Quelles sont vos réflexions sur l’éclairage, le cadrage…?
AGATHE NVR (cheffe opératrice): Avec Mélodie Preux, directrice artistique du film, nous avons choisi une approche à la croisée du documentaire et de la fiction. C’est-à-dire un travail de la lumière et de l’image proches des productions de fictions pour les scène de comédie et une configuration plus légère pour les scènes de sexe. L’idée c’est que ce soit la caméra qui suive le jeu plutôt que l’inverse. C’est une manière, pour les scènes de sexe, de laisser les acteur·ices s’exprimer comme iels le sentent, et présenter leur corps selon leurs termes. On n’a pas voulu leur imposer la représentation qu’on s’imaginait elleux, mais plus les laisser créer d’elleux-même ces moments, au plus proche de leur propre vision.
Ce choix entraîne forcément des risques à l’image. Par exemple on accepte qu’il se passera peut-être pas ce qu’on aurait souhaité. Les scènes se feront selon ce que les acteur·ices se sentent de proposer au moment du tournage. Mais c’est ça qui va rendre le moment incroyable ! On va découvrir et vivre les scènes en même temps qu’elleux, au lieu de les avoir écrit au mot près.
Le BDSM dans un spectre non hétéronormatif est clairement révolutionnaire, dans le sens où on sort la sexualité du sacro-saint pénétratif génital.
Al Calin
En quoi la domination-soumission peut être une sexualité d’empouvoirement pour les personnes queers et/ou handi·es selon vous ?
PETRA VON SCHATZ (coordinatrice d’intimité) : Il y a une possibilité de sortir de la vision premier degré qu’on a de la soumission-domination. L’empourvoirement dans ces pratiques se trouve dans la manière insurrectionnelle de les appréhender : renverser les rôles, se moquer d’eux, les emmener ailleurs… c’est faire fondre la rigidité des carcans pour les modeler à l’image de son corps. Et c’est un pouvoir phénoménal quand on a justement un corps que la société ne veut pas regarder.
C’est pour ça qu’en tant que coordinatrice d’intimité c’est important d’écouter ce que les acteur·ices ont comme limite mais aussi ce qu’iels ont comme désirs ! J’ai envie de célébrer les kinks et envies de chacun·es pour qu’à l’image on voit une explosion de plaisir !
AL CALIN (réalisateur) : Ça a toujours été frappant pour moi de constater qu’avec mon corps handi faire du BDSM était inconcevable pour la majorité des gens. En effet mon corps est vu comme fragile, un corps qu’il ne faut pas toucher ou regarder. C’est un objet de non désir, sans sexualité. Le BDSM m’a permis, dans un cadre sécurisant où le consentement est présent à tout moment lors de longues discussions et négociation, de comprendre que mon corps était beau, qu’il existait et qu’il pouvait susciter du désir. Selon moi on ne parle pas uniquement de la domination-soumission, mais du BDSM dans ce qu’il a de plus large et polymorphe (shibari, sensorialité, explorer ses ressentis…).
Le BDSM dans un spectre non hétéronormatif est clairement révolutionnaire, dans le sens où on sort la sexualité du sacro-saint pénétratif génital. D’un coup le sexe peut prendre à parti tout le reste du corps comme un espace de jeu infini, ce qui est parfois réjouissant pour les personnes trans qui vivraient de la dysphorie. Par exemple, il m’arrive de faire du needle play (jeu d’aiguille) avec des partenaires, dans un cadre sans désirs ou tensions sexuelles, mais qui procure mutuellement beaucoup de bien ! On pourrait presque rapprocher le BDSM à une pratique communautaire de soin. On devrait normalement voir un·e domina comme on voit un·e kiné !
Soutenir Une Envie Pressante !
Image à la Une : © Mélodie Preux @croptymelimelo
Cet article 5 questions à La Branlée sur leur nouveau porno queer et handi, à soutenir d’urgence provient de Manifesto XXI.
Bonjour docteur. Ma question est très simple, mes penchants sadiques durant l’acte sexuel, qu’il s’agisse de garçons ou de filles, font-ils de moi une méchante fille, sachant que dans la vie normale je suis plutôt gentille et à l’écoute ? (Maëlle 22 ans, Jonzac)
Comment appelle-t-ton ce syndrome ?C’est ce qu’on appelle le syndrome de Dr Jekyll and Mr Hyde, tiré d’un célèbre roman anglais du XIXe siècle racontant l’histoire d’un médecin ayant mis au point une drogue lui permettant de séparer son bon côté de son mauvais côté. Personne n’est complètement bon ou complètement méchant. Au sein d’une seule et même personne existent différents penchants qui s’expriment en fonction de son humeur et des circonstances environnantes. Dans la vie normale, comme vous l’appelez, où vous êtes une jeune femme gentille, douce et à l’écoute, c’est votre “moi social” qui s’exprime, c’est-à-dire cette partie de vous qui sait répondre au comportement adéquat pour une jeune femme comme il faut.
Mais lors des rapports sexuels, il y a une...Lire la suite sur Union
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Cet article Tal Madesta, La fin des monstres : plaidoyer pour le droit à se (re)trouver provient de Manifesto XXI.
Après Désirer à tout prix, sorti en avril 2022 chez Binge Audio, Tal Madesta journaliste indépendant spécialisé dans les luttes LGBTI publie La fin des monstres – Récit d’une trajectoire trans aux éditions La Déferlante.Nous l’avons rencontré afin de discuter de son second ouvrage, qui traite de son parcours en tant qu’homme trans dans une société où la transphobie fait rage.
Manifesto XXI – Bonjour Tal ! Qu’est-ce qui t’a amené à écrire ce livre ? Pourquoi ce sujet ?
Tal Madesta : Ce livre est né d’une suite de chroniques écrites en 2022 dans quatre numéros de La Déferlante. L’idée était de tirer de ces chroniques un format éditorial plus long afin d’y approfondir des thématiques en lien avec le rapport à l’espace public, à l’amour, etc. L’équipe m’a proposé d’ouvrir la maison d’édition, ce qui est une chance énorme. L’objectif est de faire un petit livre très pédagogique, qui soit une ressource pour les parents d’enfants trans, les personnes qui sont confrontées de près ou de loin à la transidentité et qui n’y connaissent rien, mais aussi un livre dans lequel les personnes trans puissent s’identifier. Bien sûr, je parle de mon point de vue situé, un parmi une multitude d’autres, mais l’idée était que ce soit une petite déclaration d’amour aux autres personnes trans.
Les arguments anti-trans sur les stéréotypes de genre sont invoqués au nom d’un prétendu féminisme, alors qu’il s’agit précisément d’un discours conservateur.
Tal Madesta
Le livre parle beaucoup des accusations faites aux personnes trans d’être responsables d’invisibiliser les femmes ou d’entretenir les stéréotypes de genre, alors que c’est précisément une pensée réactionnaire de calquer ce regard-là sur les personnes queers. Cette inversion de réalité est-elle un phénomène qui fait partie de ton quotidien ?
Je pense que cela touche plutôt les femmes trans. Les mecs trans, au contraire, vont être infantilisés lorsqu’ils disent qu’ils veulent transitionner à cause d’un sexisme intériorisé ou pour échapper à la lesbophobie. Je trouve que l’argument qu’on « renforcerait les stéréotypes de genre » n’est pas trop invoqué pour nous. Par contre, dans le cas des meufs trans, il y a effectivement une inversion de la réalité totale parce qu’on se retrouve avec un grand écart fabuleux, qui est de faire d’un des groupes sociaux les plus marginalisés du monde, des personnes qui auraient le pouvoir de détruire la classe sociale des femmes !
C’est très intéressant de voir ce retournement opéré dans le contexte de vie des femmes trans aujourd’hui. Je pense que cette inversion signifie deux choses : d’une part que les personnes qui mettent en avant ces arguments ne connaissent pas les parcours des personnes trans et sont dans un fantasme total, d’autre part, que les femmes trans sont instrumentalisées afin de faire avancer un projet politique anti-féministe. En effet, cet agenda réactionnaire vise à réaffirmer les rôles de genre dans la société et à naturaliser la division sexuelle. Les arguments anti-trans sur les stéréotypes de genre sont invoqués au nom d’un prétendu féminisme, alors qu’il s’agit précisément d’un discours conservateur.
Tu as écrit ce récit en parallèle de ta transition, est-ce que tu l’as vu plutôt comme un atout ou comme un inconvénient ?
Je l’ai vu comme un atout, parce que je l’ai écrit en plein cœur de ma transition qui est une période où l’on est très vulnérable dans l’espace public parce qu’on est perçu·e comme une personne trans. La rage de ce texte prend racine dans l’expérience de cette vulnérabilité et je n’aurais pas eu cette énergie si je l’avais écrit au bout de dix ans de transition. Mais un truc qui me faisait peur, c’était de me dire : est ce que tu vas le relire dans cinq ans et le trouver complètement à côté de la plaque ? Quand tu as encore la tête dans le guidon tu n’as peut-être pas le recul nécessaire pour voir comment la transition fait changer notre rapport au monde au fil des années.
La partie sur le doute d’être trans m’a particulièrement marquée. Est-ce que tu as l’impression que le climat politique actuel entrave le cheminement personnel des personnes queers ?
Le doute, on le rencontre surtout en début de transition. Il est une conséquence de l’absurdité que le monde nous renvoie comme image. Une fois que l’on est complètement installé·e dans son genre de destination et que l’on vit sa vie sans être immédiatement identifié·e comme personne trans, on ne se dit pas tous les trois jours « mon Dieu, est ce que j’ai fait la pire connerie de ma vie ? ». On ne peut pas formuler ce doute car les parcours sont très codifiés et obligent à adopter immédiatement des stratégies pour obtenir l’accès aux soins, aux chirurgies, aux changements d’état civil… Si tu arrives devant un·e psychiatre et que tu n’es pas vraiment sûr·e, tu peux dire adieu à tes chirurgies et aux accords tripartites entre le·la psy et l’endocrinologue.
Or on intériorise beaucoup cette honte du doute, et ce n’est pas une question beaucoup discutée entre personnes trans. C’est pour ça que j’ai voulu en parler, même si j’ai beaucoup réfléchi avant de le faire parce que j’avais peur que ça soit instrumentalisé. On nous entoure d’un imaginaire très pathologisant qui nous dit constamment qu’on est malade et à la fin tu te dis, mais ça se trouve, c’est vrai… Le doute réside dans l’absurdité d’être confronté·e à tant de violence pour le simple fait de transitionner. Cela empêche donc complètement de pouvoir tâtonner parce que pour tâtonner, il faut avoir l’espace et la confiance de le faire… On ne nous donne pas du tout les outils pour ça.
La violence du discours transphobe est terrible, et tu expliques dans ton ouvrage qu’il est couplé à une violence institutionnelle.
Le parcours de transition est tellement violent, que ce soit l’exclusion du marché du travail, du logement ou les rejets familiaux et amicaux. Pour être accepté·e, il faut respecter une espèce de narratif très précis sur ce que c’est d’être un homme ou ce que c’est d’être une femme. Il y a plein de personnes trans, même des mecs trans hyper masculins et des meufs trans hyper féminines, qui ne sont pas dans cette performance parfaite de la féminité ou de la masculinité, mais l’on y est obligé·e. Si tu es une femme trans butch, les juges et les médecins ne vont pas apprécier, donc on t’oblige à aller dans ce sens là.
J’ai écrit une phrase dans le livre où j’explique qu’on se rend compte du caractère absurde de la division sexuelle lorsqu’on se retrouve à expliquer pourquoi l’on veut transitionner au sein des murs de l’institution judiciaire. Les questions que te posent les psychiatres, les juges, ce qu’il faut dire ou faire pour avoir accès aux soins… Tout cela est sidérant. L’institution va tellement loin dans l’intimité des gens qu’on doit se justifier face à des inconnu·es pour obtenir le droit d’accéder à notre corps.
J’en avais rien à foutre de mes seins, j’ai fait une mamec parce que c’était plus simple dans l’espace public. J’aurais très bien pu rester avec ma poitrine mais pour eulleux, il faut absolument se détester et vouloir arracher sa peau. Tu es obligé·e d’inventer des trucs complètement faux pour rentrer dans le narratif tricoté par des personnes non concernées mais qui définissent ce qu’est une « vraie » personne trans.
Tal Madesta
Est-ce qu’il y a une question qui t’a particulièrement marqué ?
« À quel âge avez vous eu envie de vous arracher les seins ? » : question du psychiatre pour qu’il donne son accord pour une mammectomie. J’en avais rien à foutre de mes seins, j’ai fait une mamec parce que c’était plus simple dans l’espace public. J’aurais très bien pu rester avec ma poitrine mais pour elleux, il faut absolument se détester et vouloir arracher sa peau. Tu es obligé d’inventer des trucs complètement faux pour rentrer dans le narratif tricoté par des personnes non concernées mais qui définissent ce qu’est une « vraie » personne trans.
La logique est : on te laisse accéder à la transition pour rectifier une anomalie. Il y a une déviance qui doit être corrigée.
Au début de l’ouvrage et dans le titre il y a une référence au philosophe Paul B. Preciado et à son livre Je suis un monstre qui vous parle. De ton côté, tu souhaites en finir avec l’archétype du « monstre » pour désigner les personnes trans. Est-ce une critique que tu lui adresses ?
L’idée n’est pas de rejeter en bloc ce que dit Preciado. Simplement, je pense qu’il faut le contextualiser. Il s’inscrit dans une lignée de philosophes postmodernes qui voient le genre comme un exercice de subversion. Je ne dis pas que c’est faux, mais plutôt que ce genre de discours peut alimenter les rhétoriques transphobes parce qu’il participe à déshumaniser les personnes trans et à entretenir cet imaginaire du monstre ou du troisième sexe. Pour lui, l’enjeu est de s’approprier cet imaginaire du monstre et d’en faire un objet révolutionnaire. Pourquoi pas, mais aujourd’hui, on n’est pas en train de transitionner pour essayer de révolutionner le genre mais pour survivre en fait. J’ai envie de répondre que « non, je ne suis pas un monstre, ce sont les personnes aux propos et attitudes transphobes qui sont les monstres ».
Dans le cas précis de Preciado, il y a aussi un enjeu de classe qui se sent énormément. C’est un philosophe blanc et espagnol, un universitaire, sa réalité est éloignée de plein de personnes trans. Je ne pense pas que ses théories parlent à toutes les meufs trans qui sont au Bois de Boulogne et qui se font agresser sans arrêt. Pour elles, ce sont des enjeux de survie pure.
Quels sont tes souhaits pour la communauté trans ?
Je souhaite l’auto-détermination totale des parcours trans, la facilitation du changement d’état civil au tribunal, l’accès aux soins gratuits, la fin de la psychiatrisation des parcours, c’est-à-dire ne plus avoir à passer par des psychiatres pour chaque étape. Je souhaite la fin de la loi de pénalisation de 2016 pour les personnes trans qui sont travailleureuses du sexe et la régularisation de tous les sans papiers.
Tal Madesta, La fin des monstres – Récit d’une trajectoire trans, La Déferlante éditions, 81 pages, 15 euros.
Relecture et édition : Benjamin Delaveau et Anne-Charlotte Michaut
Image à la une : © Adeline Rapon pour La Déferlante
Cet article Tal Madesta, La fin des monstres : plaidoyer pour le droit à se (re)trouver provient de Manifesto XXI.
Cet article Marouane Bakhti : un auteur arrive au monde provient de Manifesto XXI.
Pour leur premier ouvrage, les Nouvelles Éditions du Réveil publient Comment sortir du monde de Marouane Bakhti. Un roman d’une sensibilité et d’une plume poétique rares qui explorent le désir gay, le métissage, la famille et les errements d’un jeune homme en devenir et qui, pendant longtemps, semblait ne pouvoir être entendu que par la nature et les animaux. Jusqu’à aujourd’hui.Il y a de ces écritures dont les premières phrases suffisent pour sentir que l’on a affaire à quelque chose d’un peu « hors du monde » comme lorsque l’on découvre Mathieu Riboulet (Le corps des anges), Abdellah Taïa (Celui qui est digne d’être aimé) ou, plus récemment, Juliette Rousseau (La vie têtue). Quand la langue d’un·e auteurice nous accueille et nous aspire avec autant de force qu’elle nous résiste, parce qu’elle exige notre participation active, parce qu’elle déclenche en nous un tourbillon d’émotions qui nous fait explorer une partie de nous-même, des autres et du monde. Le degré avancé d’écoute et de sensibilité de ces auteurices pour les méandres de la vie nous fait toucher du doigt le vrai et le beau.
© Jan AbellanMarouane Bakhti fait une entrée éblouissante parmi cette catégorie rare d’écrivain·es. À la fois lyrique et troublant, Bakhti écrit comme un murmure et nous partage une intimité pudique. Il donne à voir un récit tout en fuite, en recherche et en doute dont la tension réside entre la colère bouillonnante du personnage et sa retenue intérieure à la fois contrainte et stratégique. Entrer dans le monde de Bakhti, c’est faire la rencontre directe avec une plume bouleversante et poignante dont la délicatesse sonne comme une main tendue où le·la lecteurice peut se nicher. D’ailleurs, on notera l’absence de point d’interrogation à la fin du très beau titre Comment sortir du monde. Est-ce parce qu’il s’agit en partie d’un récit d’émancipation, d’un guide pour s’imposer dans le monde lorsqu’on en est exclu·e ? Et n’existe-t-il vraiment qu’un seul monde pour l’auteur ? Duquel parle-t-il ? Le monde intérieur de la psyché humaine ? Celui de la nature environnante ? Le monde de la blanchité coloniale avec lequel le personnage se débat comme un chewing-gum collé à sa chaussure ? Le monde des vivant·es ou celui de ses ancêtres ? Peut-être tous à la fois. Ces mondes dialoguent et deviennent, en alternance, des lieux de refuge, de désir, de violence, d’exploration, de deuil… mais tous façonnent le devenir au monde du personnage. Ce voyage intérieur est haletant alors que, ironiquement, nous connaissons déjà la fin de l’interrogation existentielle qui traverse le narrateur pendant la majeure partie du récit : que vais-je faire de ma vie ? Le livre en est la réponse : écrire, évidemment.
Plutôt que d’anticiper déjà, comme les journalistes ont la manie de faire, sur ce qu’un deuxième roman pourrait accomplir, contentons-nous de savourer l’extrait suivant. Il donne à voir l’étendue de la beauté du livre dont on pourra s’émouvoir encore pendant un moment :
Dans Paris, l’odeur des parcs la nuit. Je ne sais pas si les hommes que je croise veulent mon désir, ma mort ou le fond de mes poches Je vois des têtes de monstres en creux sur leur visage.
Mais ce que je veux c’est l’humus et les feuilles.
Les feuilles brunes qui pourrissent et font dans l’air revenir les souvenirs.
C’est l’humide des arbres qui s’acharne à tenir dans l’obscurité et démange le reste de mes souvenirs et l’énigme de ma présence.
De gros cratères noirs apparaissent dans le ciel de feuillages et on ne voit pas les étoiles.
Oui, c’est bien Paris.
Comment sortir du monde ?
Comment ne plus les entendre, ne plus les voir ?
Ces écrans qui virtualisent mes pensées, comment m’en débarrasser ?
Me déconnecter des injonctions intérieures comme des réseaux d’informations putrides où se roulent dans la boue les mecs trop musclés et les fascistes acharnés.
Comment sortir du monde ?
Comment pardonner et ordonner sa vie et avancer vers le soleil ?
Comment sortir du monde ?
Le brouillard, je marche au-dedans et je voudrais qu’il s’estompe.
Marouane Bakhti, Comment sortir du monde, Les Nouvelles Éditions du Réveil, 135 pages, 18€.
Relecture et édition : Anne-Charlotte Michaut et Apolline Bazin
Cet article Marouane Bakhti : un auteur arrive au monde provient de Manifesto XXI.
« Comment Timothée Chalamet m’a fait croire à l’homme nouveau » : c’est le sous-titre du nouveau livre d’Aline Laurent-Mayard. Son essai Libérés de la masculinité s’intéresse à la façon dont Chalamet et quelques autres (Tom Holland, Harry Styles…) contribuent à faire bouger les lignes en matière de masculinités. Le Podcast
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