C’est dans une tenue décontractée que Frédéric Manthé m’a ouvert la porte de son studio, à deux pas de la Défense. J’entre sur la pointe des pieds. C’est le lundi de Pâques, il est 10:00 du matin et à cette heure-ci tout le monde dort encore. Personnellement, j’aurai bien prolongé ma nuit d’une heure ou deux. Je baille, Frédéric ferme les volets et allume le petit radiateur chauffant près du matelas qui occupe la pièce principale. Il me demande de me mettre nue « si ça ne te gêne pas », bien sûr, pour qu’il puisse être entièrement libre durant son massage. « Tantrique, le massage » précise-t-il. Tantrique, ça rime dans ma tête avec érotique et ça me rend un peu nerveuse. Frédéric me sourit alors avec bienveillance, lance un album de musique » zen » et m’invite à prendre place sur le matelas. « Allez » me dis-je en prenant mon courage à deux mains « de un, c’est pour la bonne cause (vous, bien sûr) et de deux, qui ne tantra n’a rien ! »
(Pour les réclamations sur la qualité de mes jeux de mots, vous pouvez toujours me laisser un commentaire en bas de page…)
C’est quoi le tantrisme ?Le tantrisme, d’après mon cher Wiki, c’est « un ensemble de textes, de doctrines, de rituels et de méthodes initiatiques, qui ont pénétré de façon diffuse la plupart des branches de l’hindouisme.» En bref, (pour largement vulgariser le tout), c’est un guide spirituel qui donne à l’être humain des moyens de s’élever spirituellement (comme toute religion qui se respecte, en somme). Ce courant a pris naissance en Inde, il y a plus d’un millénaire. Et là, vous allez me dire : « Mais alors, si je le compare à l’islam ou à la chrétienté, ce n’est pas forcément basé sur le sexe, donc ? » Et vous avez… raison !
D’ailleurs, selon Alexandre Astier (l’historien, pas le roi Arthur), si le tantrisme a très souvent revêtu cette connotation érotique c’est que « la transgression d’interdits sociaux et moraux, ainsi que l’utilisation de la force sexuelle dans le tantrisme ont beaucoup fait fantasmer les Occidentaux. Il s’agit cependant d’une vraie démarche religieuse et spirituelle complexe, très rigoureuse et très difficilement accessible ».
Bref, si le mot « tantrique » est si sulfureux de nos jours, c’est donc que nos siècles de frustrations sexuelles religieuses y sont peut-être pour quelque chose…
Et le massage tantrique, ce n’est pas sulfureux peut-être ?Oui … et non ! Le massage tantrique n’est pas aussi « charnel » et « sexuel » que l’on peut se l’imaginer, c’est avant tout une quête spirituelle de soi. (ouiii, même si tout rapport sexuel peut aussi s’inscrire dans une (qué-) quête personnelle et spirituelle, je vous l’accorde.) Simplement, ici, on fait abstraction de ses projections et de ses fantasmes (Bye, bye Johnny Depp !) et on se concentre sur soi et son petit nombril. Je vous explique comment cela s’est passé :
Durant les 3/4 de mon massage, mon « énergéticien » (comme il aime être appelé) n’a pas touché à mes zones érogènes (seins, fesses, sexe), il s’est surtout attardé sur mes mains, mes pieds, mon dos, ou encore mes reins. Ce massage, contrairement à ceux que l’on peut recevoir en spa, n’étais pas forcément « relaxant ». Je sentais peu à peu ma peau qui s’éveillait à toutes ses « caresses », mes sens qui se décuplaient progressivement. Au lieu de m’endormir profondément (comme cela peut m’arriver dans ce genre de situation), j’étais dans un état de semi-conscience et mon corps frissonnait à la moindre goutte d’huile de massage ou au plus subtil effleurement de peau. D’après Frédéric :
« Quand on vient chercher un massage tantrique, il faut ne rien chercher en particulier. Le corps doit s’ouvrir naturellement à tous ses déclencheurs. C’est un massage qui va permettre de développer une énergie de transformation pour chercher son « moi suprême » : savoir qui l’on est vraiment pour mieux se comprendre et se construire. Le masseur n’est que l’accompagnateur de ce voyage. »
Durant le dernier quart, Frédéric a posé sa main sur mon sexe, en la laissant immobile. De cette façon, j’avais l’impression que tout mon corps (et pas simplement mon sexe) se transformait en « récepteur à plaisir ». J’ai découvert que mes mains, par exemple, pouvaient être de puissantes zones érogènes. A la fin de la séance, Frédéric a laissé glisser une serviette sur mon corps, très lentement de haut en bas. J’étais dans un état sensitif tel que cela m’a procuré un effet incroyable ! Oui, une simple serviette… (comme quoi, les Lelo, c’est surfait )
Mais, c’est de la masturbation ?!Pour Frédéric c’est loin de résumer l’étendue de cette pratique. C’est une façon de partir de l’excitation clitoridienne (j’imagine que sur l’homme, c’est sur un autre organe) pour éveiller l’ensemble du corps et surtout de l’esprit. A l’inverse, la masturbation « classique » (s’il existe une masturbation « classique ») tend plutôt à nous centrer sur le plaisir exclusif et très intense de notre entrejambe, en vue de l’orgasme. Ce qui n’est pas le cas lors d’un massage tantrique.
Selon mon masseur :
« Souvent le massage tantrique tel qu’il est proposé part dans une sensualité et reste dans cette sensualité. L’idée c’est de pouvoir s’échapper pour explorer d’autres plans plus subtils, plus spirituels et plus émotionnels. Rester dans cette sensualité, cela peut nous faire beaucoup de bien certes – même parfois plus qu’avec son partenaire – mais cela nous rend dépendant de notre masseur. Là, il s’agit de s’évader. »
Et pour ceux qui veulent aussi s’évader, voici la clé —> site web de Frédéric, gérant de Ayuneda.
Et Joyeuses Pâques à tous !
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