Après une initiation fin 2021 pour ma « première Nuit Dèmonia », je me suis rendue à la soirée à plusieurs cette fois-ci. De notre groupe de 4, j’étais la seule « initiée » et j’ai adoré voir la découverte dans les yeux de mes compagnons d’aventure !
Un « deep-dive » dans l’univers BDSM, dans sa version la plus spectaculaire
Après une préparation à domicile ponctuée de « tu crois que ça va ces chaussures ? » et « je vais être dans le thème tu penses ? », nous sommes arrivés au Yoyo club un peu après minuit. Dans la queue devant l’entrée, l’escalier qui descend sous le Palais de Tokyo, les vestiaires. L’ambiance est particulièrement calme et silencieuse. Est-ce parce que nous attendons tous d’être entourées de nos pairs pour enfin « nous lâcher » ? Ou parce que la plupart des convives ne savent pas encore à quoi s’attendre et maintiennent un silence cérémonieux ?
Photo officielle de la Nuit Demonia par le
photographe Ressan
Une fois rentrés, nous en prenons plein les yeux : Les tenues sont toujours aussi incroyables, peut-être trop souvent noires (l’équipe organisatrice a tout fait pour encourager l’ajout de couleurs dans leur campagne sur les réseaux sociaux). Les corps sont modelés dans du cuir et du latex, les visages sont soulignés de masques, de couronnes, de maquillages, les fesses sont moulées ou tout simplement découvertes.
Par rapport au Faust de la dernière fois, le lieu permet d’avoir des espaces plus mixtes : les croix de Saint André se retrouvent dans les lieux de convivialité, mais aussi sur les côtés de la scène où se produisent les DJ et artistes aux performances diverses.
Les performances ont lieu : sur scène avec un show drag, des danses en tout genre, une sorte de strip-tease théâtralisé qui finit avec l’artiste brandissant un gode éjaculant des paillettes sur le public ; dans la fosse des femmes sur échasses dans des tenues futuristes ; sur les plateformes de part et d’autre de la scène, avec du shibari et puis surtout sur les côtés, partout où l’espace et l’intérêt du public le permet. Des fesses fouettées, des pénis sous la cire, des corps contraints mais consentants, il se passe tout le temps quelque chose. Les DJ se succèdent et imposent une ambiance particulièrement envoûtante pour ces quelques milliers de personnes qui bougent et se regardent intensément.
Photo officielle de la Nuit Demonia
Démocratier le BDSM, le démon du bien ?
L’événement semble attirer un public plus large et mainstream qu’avant. Ou bien est-ce parce que je parais moi aussi débarquer dans cet univers, que je ne suis interpellée que par des personnes qui sont là pour « leur première Dèmonia » ? J’ai trouvé de nombreux hommes plus « classiques » que la dernière fois : leur tenue est assurée, mais je me demande s’ils connaissent bien les codes du BDSM. Je me trouve surprise quand ils m’abordent, au détour d’une danse ou d’une pause nicotine.
Je m’interroge réellement sur l’intention des organisateurs : élargir le public pour que les pratiques puissent trouver de nouveaux adeptes… ok, mais si le public se diversifie, comment maintenir l’essence du milieu BDSM ? Notamment en s’assurant que ces pratiques sont bien réalisées dans un cadre sécurisé et sécurisant. Je serais curieuse de savoir si les femmes (qui sont parfois vêtues d’une simple bandelette de cuir autour du bras ou de la cuisse) se sentent autant en sécurité qu’avant ?
En tout état de cause, nous avons passé une soirée mémorable et incroyablement divertissante. Finalement, personne de mon groupe d’ami.e.s n’a eu de déclic pour aller plus loin dans la découverte du BDSM mais ça aurait pu être le cas. Et clairement la Nuit Dèmonia prévoit toutes les conditions pour le permettre !
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