THAïLANDE… Est-ce que je peux y retourner, maintenant ? C’est un an après que le manque se fait ressentir.
J’y suis arrivée le 1er janvier 2015, l’envie d’en découdre avec l’aventure comme cheval de bataille. Quelques mois oscillant entre grosse fatigue et émerveillement, d’un côté les cours, l’ambiance, de l’autre l’étranger et ces appréhensions.
Mais un an après, je n’ai pas d’autre constat à faire que le manque terrible d’une situation qui, finalement, me convenait à merveille. Aucune autre obligation que 3 jours de cours par semaine et la vie en communauté qui parfois était pesante. Le soleil, la chaleur, la nourriture en abondance pour des sommes ridicules, le confort et l’accueil thaï inimitable.
Tout de suite je donnerais tout pour y retourner, m’allonger à nouveau dans mon immense lit trop chaud, la fenêtre ouverte sur les moustiques, et le bruit doux des gens autour.
Je n’ai pas assez voyagé, pas assez découvert, pas assez profité, facile à dire plusieurs mois après mon retour.
Mais j’y ai vécu, j’ai bu l’eau du robinet, j’ai mangé dans la rue, assise sur un trottoir partagé par les rats, j’ai pris le métro bondé de Bangkok en maudissant la clim’, traversé les autoroutes à pieds, maudissant la chaleur accablante. J’ai pris des taxis, fait demi-tour sur une six voies, pris en contre-sens la route, en robe sur un scooter et sans casque, parce que le casque là bas, c’est juste pour les conducteurs, même pas pour les enfants.
J’ai vu des singes, des éléphants, des chats et des chiens errants, j’ai vu la pauvreté, la misère, mais pas de mendiants, j’ai vu des gens vivre ensemble de 1 à 99 ans, parce que c’est normal de prendre soin des vieux et des enfants, dans la même pièce, dans la même vie.
J’ai senti la crasse, le poisson, l’eau croupie, mais j’ai humé les fleurs, les fruits et les épices. J’ai marché dans l’herbe mouillée en priant pour ne pas croiser de serpents et j’ai couru pieds nus dans mon village, juste pour le plaisir d’être un peu sauvage.
Il y avait des temples en ruine, plein de touristes dedans et des motels plein de locaux qui me regardaient d’un oeil bienveillant. Je n’avais pas l’impression de déranger, j’aimais me faire une place entre tous ces gens, ceux qui comme moi étaient venus pour l’aventure, pour étudier, se faire un bagage culturel et ceux qui m’accueillaient, simplement, sans excès, mais avec une confiance sans limite.
J’ai partagé plus de choses avec des profs dont j’ignorais le langage et les coutumes, qu’avec mes profs de France qui souvent m’ont balancé leur savoir avec dédain, en ignorant nos détresses d’incompréhension.
J’ai dîné avec eux, ils m’ont appris à dire bonjour, merci, avec leurs formes, leurs rites. Une passation de culture, une envie de tout apprendre, tout connaître. De l’adoration de Buddha, au respect des anciens, des traditions culinaires, aux tissage des liens.
Pendant ces mois en Thaï, j’ai vu qu’il m’était possible de surmonter toutes mes peurs, de vivre ailleurs, de changer de confort, j’ai exploré les frontières de mon possible et les ai étendues encore plus loin.
Bien sûr, j’ai eu mal, j’ai pleuré, j’ai été choquée, j’en ai eu raz-le-bol, j’ai déprimé, mon pays me manquait. Mais j’ai vécu une expérience extra-ordinaire, que seuls ceux qui l’ont peuvent comprendre. Une aventure que je souhaite à tous, car c’est le mot humanité qui a pris tout son sens pour moi :
« Disposition à la compréhension envers ses semblables, qui porte à aider ceux qui en ont besoin. »
Je ne pourrais pas décrire ces semaines avec exactitude tant j’ai vu et vécu de belles choses, mais j’en ressors grandie, mûrie, adulte.
(cc) Chere-Charlotte
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