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C’est le thème de la deuxième journée internationale des filles, ce 11 octobre.
Le 19 décembre 2011, l’Assemblée générale des Nations Unies, dans une résolution, a déclaré le 11 octobre Journée internationale de la fille, afin de reconnaître les droits des filles et les obstacles particuliers auxquelles elles se heurtent de par le monde.
Vendredi 11 Octobre 2013On entend très souvent dire "moi je ne suis pas féministe, je suis humaniste c'est moins excluant". Je vais donc essayer de préciser pourquoi ce terme ne fonctionne pas et pourquoi il neutralise les discriminations.
Lorsqu'on est féministe, on tente, entre autres, de montrer qu'une injure peut être sexiste. Ainsi traiter une femme de "pute" n'est pas la même chose que de la traiter de "conne". Ainsi tabasser une femme car elle veut vous quitter n'est pas la même chose que de tabasser quelqu'un (homme ou femme) dans la rue car il vous a refusé une clope. Il ne s'agit évidemment pas de dire que c'est plus ou moins grave mais de comprendre que cette agression a une spécificité et que, pour la combattre, il faut en étudier l'origine.
Si nous tenons à faire reculer le sexisme, il faut comprendre ce qu'ils ont de spécifique. Une personne victime de sexisme subit des oppressions spécifiques que ne connaîtra pas, par exemple, une personne victime d'homophobie. Ainsi l'excision est une agression liée au genre que ne connaissent pas les personnes victimes d'autres types de discrimination.
Dire qu'on est humaniste tend à dépolitiser les identités comme celle de genre. Cela tend à dire qu'on est tous égaux ; cela tend à dire que là, à l'heure actuelle on est tous égaux. Alors dans l'idée, dans notre volonté c'est peut-être le cas et c'est une très belle chose , mais dans les faits, non nous ne sommes pas égaux. Dans les faits, les femmes sont discriminées à l'embauche par rapport aux hommes et nous avons besoin, pour comprendre ce qui se joue dans le sexisme de l'étudier isolément.
Nous l'avons, je l'ai déjà dit, de nombreuses identités qui se croisent, pour le plus courantes, une identité de classe, de genre, de race, sexuelle. Toutes ces identités ne sont pas neutres ; être noir en France n'est pas comme être blanc. Etre femme n'est pas comme être homme. Etre une femme noire n'est pas comme être un homme noir, mais pas non plus comme être une femme blanche.
Il importe de comprendre ces identités, de les articuler et de les prendre en compte dans un contexte militant. Cela peut sembler très complexe (et cela l'est) dans un pays qui se revendique universaliste sauf que, comme le soulignait Delphy,notre universalisme est particulier et répond, avant tout, aux intérêts d'une partie de la population (blanche, d'origine catholique, masculine, hétérosexuelle etc). Beaucoup de militants de gauche nous renvoient sans cesse au contexte économique - la lutte des classes si on veut aller vite - en nous expliquant doctement que les autres inégalités disparaîtront avec. On les voit alors distordre l'histoire pour nous expliquer que le capitalisme remonte en fait à la nuit des temps quand on tente de montrer que le sexisme n'a pas attendu le capitalisme. Il est donc complètement inefficace de lutter seulement contre les inégalités sociales (de classe) puisqu'à partir du moment où il est ancré q'une femme vaut moins qu'un homme, y compris dans l'esprit même des femmes, on continuera à moins l'embaucher et moins la payer.
Essayons maintenant de comprendre que nos identités ne sont pas neutres. J'ai parlé dans cet article de la race et du sexe comme deux identités socialement construites, je vous y renvoie. Comme je le disais dans cet article, devenir homme s'accompagne d'une multiple de privilèges, d'avantages dont on n'est pas responsable mais dont on est bénéficiaire. Et c'est bien cela qu'il convient d'étudier et de comprendre pour mettre fin au sexisme. Qu'est ce qui fait dans une société donnée, ou des lois ont été votées qu'on ne parvienne pas à appliquer la parité ? Je cite souvent cet exemple car il me semble caractéristique ; les résistances mentales sont si fortes que les partis préfèrent payer - et donc enfreindre une loi ce qui devrait être un comble - que de la respecter.
Si être un homme ou être une femme est JUSTE une question de génétique, de gonade ou de phénotype alors qu'est ce qu'il y a à l'oeuvre dans le sexisme ? C'est bien beau de se dire qu'il suffit de voter l'égalité salariale et tout ira bien. Nous en sommes à un stade dans la reflexion féministe où nous progressons lentement mais durablement car ce sont les mentalités qui sont en train de changer et cela aucune loi ne pourra suffire. Et nous en sommes au stade où nous commençons à comprendre que ce qui discrimine c'est l'identité de genre et non pas le sexe ; les femmes ne sont pas discriminées parce qu'elles sont un vagin (possiblement) mais parce qu'on associe aux femmes, une identité, un genre donc, dévalorisée, méprisée.
L'humanisme ne permet pas ces études ; il permet juste de dire, rapidement et sans réflexion que toutes les identités se valent alors que cela n'est pas le cas. Comme le disent Baldwin et Stoltenberg (et Wittig après eux) dans mon texte précédent, les identités n'existent souvent que parce qu'elles assujettissent l'autre. Un homme existe et se construit (au sens collectif et pas individuel, merci) que parce qu'on lui apprend qu'il ne doit pas être une femme, qu'il ne doit rien avoir de commun avec une femme, et que si par hasard il avait des choses en commun avec une femme (c'est là qu'on explique que la sexualité masculine homosexuelle a quelque chose de féminin) on va vite lui faire comprendre que cela ne doit jamais être le cas. Les femmes doivent être à leur place et si par hasard elles s'avisaient de vouloir en changer, on les ramènerait par exemple à des idées plus normales à coups de caquètements.
Enfin et évidemment l'humanisme oublie une chose ; c'est que vouloir lutter "contre le sexisme" c'est bien beau mais dans les faits ce sont les femmes qui sont avant tout victimes de sexisme. On me rétorquera que les hommes souffrent aussi ; certes et le texte de Stoltenberg précédent qui insiste là dessus vous éclairera sur le sujet. Il n'en demeure pas moins qu'être un homme présente beaucoup plus d'avantages qu'être une femme et que le sexisme vécu par un homme ne l’entraîne pas à être moins payé, moins embauché, exercer des boulots plus précaires, être battu, être violé etc. Il est enfermé dans une identité oui ; mais une identité valorisée et qui pour se former, assujettit, blesse et tue. Avant de hurler sur cette ide, je vous incite à relire mon résumé de Stoltenberg ; je ne suis pas ici en train de vous attaquer en tant qu'homme, je suis en train d'expliquer comment se construit le masculin (sur la haine et la peur panique d'être une femme).
Vous me rétorquerez, à raison, qu'on peut reprocher au féminisme de ne pas prendre en compte toutes les oppressions et de faire comme si les femmes étaient une seule identité ; cela sera l'objet d'un prochain billet.
TweetVu sur Blog de Serena Monterra : interviews d’auteurs, présentation de livres
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Cet article provient de chocolatcannelle
Un professeur d’université en biologie réclame des dommages et intérêts au quotidien «La Repubblica» pour «atteinte grave à l’honneur et à la réputation». Le journal aurait-il égratigné le chercheur? mis en doute ses travaux? Pas du tout.
En cause: un article anodin racontant la galère des passagers d’un vol Palerme-Bari, annulé cet été. A côté du récit, une photo des voyageurs en rade et cette légende: «Parmi les passagers attendus à Bari, beaucoup de garçons qui venaient de participer à l’édition locale de la Gay Pride, mais également de simples vacanciers». L’honorable universitaire s’est senti classé dans la première catégorie.
Obligé de rendre des comptes à sa copine
Dans une lettre à «La Repubblica», son avocat prétend qu’«après la publication de l’entrefilet, [l'universitaire] a été contacté par des amis, des collègues, et même sa fiancée, qui lui ont posé des questions sur l’incident, et notamment sur sa participation éventuelle à la Gay Pride. Le scientifique s’est vu obligé de rendre des comptes sur les raisons de sa présence à Palerme», raconte Gay.it. La photo lui aurait également causé des «difficultés» sur son lieu de travail.
Moralité: quand on a une «réputation», mieux vaut se tenir à bonne distance de tout groupe de plus de deux homosexuels. Même si, bien évidemment, l’avocat assure que son client «a toujours eu le plus grand respect pour les gays». Qui sait ce qu’il aurait fait si cela n’avait pas été le cas, conclut le site italien…