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Si vous nous demandez quels sont nos tags de soirées, on vous répondra certainement #tropicale #hypnotique #défoulement #mixité #décadence #transe #liberté #sexe, et pour faire simple : VOODOOHOP, le tag parfait venu du Brésil. Ce collectif explose la fête dans les quatre coins du Brésil depuis 3 ans : des favelas, aux quartiers chauds, dans un déluge bordélique et jouissif de corps, de performances musicales et visuelles.
Hédonisme et magie noire.
Ils débarquent à Paris le 14 juillet avec Soukmachines, pour réchauffer les mornes parisiens qui tirent la tronche en soirées en rêvant d’autres capitales. L’herbe est forcement plus verte ailleurs, surtout quand râler est un sport national.
Ils seront donc là pour vous expliquer comment on s’éclate en Amérique du Sud, le 14 au 6b.
Line up :
– Djs –
Thomash (Samba Krautrock Dub House)
A Macaca (Cabaret Disco Bongo)
Dj Abud (Funk Soul Jazz Tropical beats)
Urubu (Dreaming electronic music on the amazonian river)
Pilantropov (Rare african and psychedelic world music)
Piero Chiaretti
O Jardim Eletrico (Brazilian Mash Up)
Timalina
Birdizzie
– PERFORMANCE –
– VIDEO ART / MAPPING –
Daniel Lie
Jardim eletrico
Voodoohop video mapping
– DANSE –
Tumblr de Euromacumba – Facebook de VOODOOHOP – Twitter de VOODOOHOP
Les Kaïra, long métrage issu de la websérie Kaïrashopping, est annoncé comme étant LA comédie de l’été et promet d’être bien plus encore. Film ovni à l’humour trash, il nous propose de retrouver ses trois lascars Moustène, Abdelkrim et Momo, trois mecs de banlieue désœuvrés aussi exaspérants qu’attachants, et dont nous allons suivre les aventures à travers une quête commune : s’accomplir à travers le sexe. Le statut d’acteur porno devient alors le but ultime, tourner des scènes hards étant selon eux la solution à toutes les frustrations où ils se sentent enchaînés : manque d’argent, manque de reconnaissance, absence de considération de la part de leurs proches, des mecs de quartier, mais surtout des femmes qu’ils ne parviennent pas à approcher.
Le réalisateur Franck Gastambide m’a proposé de participer au film pour y jouer mon propre rôle et incarner le fantasme de Momo, personnage de petite-taille aux qualités insoupçonnées. J’ai accepté avec plaisir, le clin d’œil était drôle et cohérent. Mais je ne vous en dis pas plus sur l’intrigue. Le film est à voir et à revoir, et nul besoin d’être une kaïra je vous rassure. Ce film est avant tout une très belle comédie qui nous parle des hommes, de leurs rapports au sexe, aux femmes, et qui nous propose d’en rire sans aucune limite. Humour hardcore mais humour intelligent… vous l’avez compris, il a déjà tout du film culte. Entretien avec son auteur-réalisateur Franck Gastambide alias Moustène.
Tu as choisi l’axe du porno pour aborder la sexualité des personnages. Pourquoi ?
Il y a deux raisons principales. La première est sociale : je voulais faire une comédie qui ose aller loin, qui soit délirante et qui en même temps soit en corrélation avec ce que vivent les trois personnages c’est à dire à dire trois mecs qui sont en galère, qui se sont auto exclus, désociabilisés : pas de nanas, pas de boulot, pas d’argent. Au bout d’un moment ils se rattachent au porno puisqu’ils sont célibataires. Le porno, d’autre part, fait partie de la culture du hip-hop même s’il y a certainement des rappeurs qui ont une image plus intello, plus consciente, mais les personnalités les plus célèbres dans le rap comme Snoop ou 50 cents ont tous les deux produit leur propre film X . Et en France comme aux US les rappeurs ont été les premiers à mettre des actrices porno dans leurs clips. On t’a vue toi dans un clip de Doc Gynéco (Funky Maxime) et on a vu à l’époque Ministère A.M.E.R. s’afficher aux Hot d’Or. Je raconte aussi une aventure, un parcours initiatique qui parle de mes personnages et de leurs rapports aux filles. La deuxième, pour moi qui écrivais ma première comédie, c’ est de jouer des ressorts comiques qu’il y a dans le milieu du porno et son image. Il y a déjà matière à rire dans le porno. D’ailleurs, les parodies X cartonnent. On s’amuse à faire des films X rigolo. C’était forcément drôle d’y emmener mes personnages de banlieue qui pensent connaître le porno mais qui finalement n’y connaissent rien. Je voulais aussi faire une comédie qui se rapproche des films américains. L’un de mes films de chevet est Supergrave. Dès le début Judd Apatow pose la problématique des personnages Toute leur discussion est basée sur les sites porno qu’ils préfèrent. Quand je l’ai regardé je me suis rendu compte que le porno est omniprésent chez une grande majorité des adolescents et j’avais une légitimité à l’utiliser auprès de mes personnages qui sont influencés par le porno. Au final celui-ci est une excuse pour les sortir de leur quartier. Enfin ça me permettait de donner un rôle de producteur de films porno à François Damiens et personne d’autre n’aurait pu jouer ce rôle mieux que lui.
Penses tu que le porno ait une influence sur son public ? Qu’il soit responsable de déviances ?
Évidemment que le porno influence ceux qui le regardent. Je fais partie d’une génération qui a vu des films porno bien avant de faire l’amour pour la première fois. C’est un fait. Ça a deux conséquences. La première est très positive : le X contribue à l’ouverture d’esprit sur la sexualité, à ce que les gens comprennent qu’il y a plusieurs manières de la vivre. Aujourd’hui dans la pornographie il y a tellement de niches et de pratiques qu’elle peut te proposer des choses qui te plaisent ou non. Chacun y choisit ce qu’il veut. Le porno, c’est comme une mauvaise émission de télé, tu as le choix de regarder ou pas. La deuxième est négative : ça crée des complexes, des jalousies : pour les garçons, par rapport à l’endurance, la taille du sexe ; pour les filles aussi, ça doit être dur de savoir que son petit ami se masturbe sur une autre et qui en plus ne lui ressemble pas. Ça existe aussi avec les photos de mode, mais avec la pornographie se rajoutent les performances sexuelles.
Et lorsque certains associent directement tournantes à gang-bangs, tu es d’accord ? Le porno a-t-il une influence directe sur les pratiques sexuelles des mecs de banlieue selon toi ?
Est-ce que jeux vidéo violents = fusillades dans la rue ? Non. Un film X est construit sur les fantasmes des hommes. Un film porno « classique » propose donc des pratiques qui sont plus à même de stimuler les hommes. A partir de là c’est normal qu’ils aient envie de les reproduire. En tout cas je suis convaincu qu’un groupe de mecs de banlieue ont beaucoup moins de vices qu’un groupe de pompiers ou de CRS.
Comment définir une déviance ? Beaucoup diront que n’est déviant qu’un acte commis contre le gré de quelqu’un.
Dire « tant que les gens sont consentants », ça ne veut rien dire, il y a bien des gens qui font des suicides collectifs, on peut être fou et être consentant.
Puisque tu considères que le porno a une influence sur son public, devrait-il alors montrer l’exemple ?
Ce n’est pas la vocation du porno de montrer l’exemple. Le porno est là pour divertir des adultes, sexuellement. Le porno et l’éducation ne sont pas liés même s’il y a forcément une éducation sexuelle qui se fait à travers le porno. D’ailleurs l’éducation sexuelle, on le sait, se fait en pratiquant. Tu peux regarder des centaines de films porno et ne pas être un bon coup.
Afin d’écrire la scène de la rencontre avec le producteur, t’es tu inspiré de faits réels ou s’agit-il d’un cliché que tu as voulu parodier ?
J’ai eu une discussion avec François Damiens sur son personnage avant qu’on tourne. Au départ, je lui avais écrit un personnage de réalisateur. J’avais trouvé mon inspiration dans des petits reportages de films français amateurs. Puis François m’a proposé de partir vers autre chose. Je me suis dit que les nouveaux patrons de ce milieu sont des gens d’internet, du marketing. J’ai préféré faire un mec « école de commerce » mais pervers et qui te vendrait du porno comme on vend des machines à laver. Et François a rajouté, il faudrait un plus, un petit quelque chose qui me fasse penser : « Je ne veux pas laisser mes gamins trainer avec lui. » (rires)
Il y a une séquence avec Elie Semoun qui me rappelle le sketch de Kaïrashopping auquel j’avais participé. Les kaïra y font preuve d’une certaine lâcheté et d’une belle hypocrisie. (épisode Les calendriers de cul). Ton film s’appelle « Les Kaira » mais au final, n’est ce pas un portrait caricatural des hommes en général, ou des fans ?
Je ne suis pas allé jusque là. Dans ton sketch Je voulais montrer l’hypocrisie liée au porno, ceux qui font semblant de ne pas te connaître, qui font croire qu’ils ne regardent pas de films X. Tu constates que chez les « mâles alpha », regarder un film X signifie se masturber et donc ils vont rejeter l’actrice porno qu’ils vont au passage traiter de pute, parce qu’admettre de se branler devant ses potes signifie ne pas avoir de vie sexuelle. Je ne peux pas parler au nom des hommes en général. Mais je l’ai beaucoup constaté autour de moi. C’est pour ça qu’il y a un tabou sur le porno entre mecs, parce que c’est imaginer l’autre avec son jean sur les baskets en train de s’astiquer.
Les Kaïra est une comédie trash et pourtant classée « tout public ». De ton côté, t’étais-tu tu posé des limites dans l’écriture du scénario ?
J’ai toujours eu une limite, autant dans mes sketches que dans l’écriture du film sur le plan « drôle ou pas drôle ». C’est très simple, quand tu vas trop loin, ce n’est plus drôle. Quand tu es trop méchant, trop dégueu…
Oui mais le « trop méchant ou trop dégueu », ça reste subjectif, non ? Exemple « Jackass » va beaucoup trop loin pour certains.
Je parle pour moi. Quand ça ne nous fait plus rire Medi, Jib et moi, alors c’est trop. Tu ne fais pas du trash à tout prix. Mon but n’est pas d’aller forcément loin mais de faire quelque chose de forcément drôle.
Je pense la même chose pour le porno. Ce n’est pas la performance en elle-même qui importe. Ce qui compte c’est que cela reste excitant et la surenchère dans la performance peut au contraire refroidir. Mais le « trop » reste une limite personnelle que nous fixons chacun en fonction de notre culture, nos normes, nos envies… Et la prod t’a-t-elle posé des limites ?
Le film est produit par les frères Altmayer, producteurs de OSS117 qui, en terme d’humour, va très loin. On a fait ensemble un travail jusqu’au montage. J’ai tourné tout ce que je voulais et ensuite on s’est posé les questions. Sur l’écriture, ils m’ont complètement laissé faire le film que je voulais et on assumait tout que le film aurait pu être classé -16 ans. Il fallait oser aller loin.
Il y a peu de femmes dans ton film, mais on retrouve cependant des figures très distinctes. Elles ne sont jamais dévalorisées : moi en tant que fantasme sexuel de Momo, Tia la petite copine rêvée, Alice la bonne conscience… Elles sont là pour finalement mettre la lumière sur les failles des personnages masculins, leur sensibilité, leur timidité… Au final, les Kaira que tu nous montres sont ultra dépendantes du regard et des jugements des femmes, ce qui n’est pas sans me rappeler une autre comédie très réussie, Les infidèles.
Oui, depuis le début, je voulais rendre ces personnages touchants et drôles. Et pour avoir longtemps ressemblé aux personnages de ce film, c’est dans notre rapport aux filles qu’on est les plus touchants. Donc au-delà des grosses vannes je voulais avant tout que ce film traite des rapports entre ces mecs et les filles. Ce qui fait qu’ils vont changer part des filles et pour ça il faut qu’ils trouvent celles qui leur correspondent. Ils s’enferment dans un truc compliqué avec les elles . Si t’as pas de meuf t’es en chien, si t’en as une t’es un canard. C’est compliqué de se trouver.
C’est plus un problème de groupe de mecs que de banlieues finalement ?
Oui. Il faut savoir s’affranchir, s’assumer. Ils se servent du porno pour sortir de leurs quartiers et se trouver une quête. Mais au bout d’un moment mon personnage doit assumer et oser dire ce qu’il ressent auprès de la fille qui lui plaît.
Penses-tu qu’il faille renouveler le porno ?
Je pense que tout a été fait et que le porno subit des évolutions, des mutations, il évolue en fonction de la demande du consommateur, des pratiques. Il crée aussi une demande auprès du public. Je pense qu’il est en perpétuelle évolution finalement.Je suis convaincu que le porno est précurseur en terme de business audiovisuel. Ce qui ne marche pas dans le porno ne marchera pas ailleurs. Je pense à la 3D par exemple.
Comptes-tu ensuite écrire ou réaliser un autre film qui aborde le thème de la sexualité ?
J’ai en tête mon prochain film qui va traiter de la vie de couple et plus particulièrement de la vie de couple de gens de banlieues parce que c’est ce que je connais : leur manière de s’aimer, de se tromper, de se mentir… et parler de cette période de la vie de trentenaire. Je me sens capable de parler des difficultés de la vie de couple et par exemple des hommes qui sont tiraillés par la peur de se marier. Je n’ai pas le talent pour créer des univers, je ne suis pas Tim Burton, je peux juste écrire des choses sincères en m’inspirant de ce que j’ai vécu et des gens autour de moi.
Un grand merci pour ces réponses qui nous rappellent que derrière le trash peut se cacher beaucoup de sens et que les comédies ne sont pas moins nobles que d’autres genres. Le rire a le pouvoir de divertir mais aussi de mettre en lumière les failles de notre société et par conséquent nos propres fragilités. Les Kaïra n’est pas un film pour les kaïra. Il est un film pour tous ceux qui souhaitent passer un bon moment en acceptant de rire de tout. Humour déviant? Peu importe. Ça fait du bien !