Avec la nouvelle saison, mes faps attrapent le rhume des foins. Les mois d’hiver m’avaient habitué à une routine pépère avec mon gadjo, le Flip Hole. On filait des jours heureux entre les vieux délires de Rocco et le pro-amat américain du genre College Rules. Je n’étais pas malheureux, mais avec les premiers bourgeons, puis les premiers éternuements, le nez qui coule, etc., j’ai eu envie de changement. Je me suis donc tourné vers les grosses productions de la Porn Valley. Back to basics.
Seulement, les temps ne sont plus les mêmes. Certains darons du biz ne font plus tout à fait dans le normcore pornographique. Par exemple chez Evil Angel, Dana Vespoli m’avait flanqué des coups de bambou émotionnel si intenses que même le Stronic de Gonzo, il n’aurait pas pu lutter. Il me fallait de la came moins transgressive pour les anus, du consensuel pour cishet solide, du Brazzers en un mot. Le communiqué de presse de la nouvelle série de cette branche de MindGeek, l’impérialiste du porn, me faisait gentiment de l’œil. Il s’agissait du remake du Loup de Wall Street, qui était déjà bien chaud : The Whore of Wall Street.
La parodie de blockbuster se vend très bien, ça coûte plus cher à produire qu’un simple gonzo, mais les retombées trébuchantes sont certaines, surtout que les médias en ligne se fendent toujours de quelques mots-clés par amour du SEO. Malheureusement, le genre a connu un raz-de-marée qui a corrompu nos désirs de mater ces pastiches et, pour les rédacteurs du Tag, d’en parler.
Il me fallait bien une envie printanière de renouveau pour me pencher sur Dani Daniels, Capri Cavanni, Mike Blue et Xander Corvus en fous furieux affamés de cul et de pognon. « I lived like a queen and fucked like a whore! », ces mots inspirants proviennent de Daniels, celle qui a des yeux plus bleus que le bleu des cieux. Elle campe, dans cette resucée du film de Scorsese, le personnage incarné par DiCaprio. Mais cette fois-ci, on a droit à la débauche sexuelle sans limites qu’autorise le cadre pornographique.
Dani interprète les plus grands succès de Lara Fabian Thylmann
Brazzers balance donc son nouveau produit d’appel divisé en 5 épisodes. Pratique courante chez ceux qui fonctionnent encore à l’abonnement mensuel. Ils échelonnent les sorties pour des mises à jour plus fréquentes sur leurs sites. Je trouve ça plutôt relou, j’aurais préféré voir le film en intégralité.
Le 1er chapitre donne le ton, le couple IRL Dani Daniels et Xander Corvus récrée la scène dans le restaurant entre Léonardo et le zinzin Matthew McConaughey. Sauf qu’au lieu de parler de sniffer de la coke pour être performant, ils échangent sur la masturbation et ils finiront par baiser à défaut de chanter en se frappant la poitrine. Il est amusant de constater que le business du porno n’a rien de vraiment transgressif. Face à un film où la morale sert de cible pour un ball-trap chez les multimillionnaires d’Hollywood, les petits gars de Brazzers n’abordent absolument pas le sujet dans cette scène et l’éludent même magnifiquement. Seule l’idée de Dani Daniels selon laquelle l’argent permet de se taper qui elle veut pourrait choquer les esprits tatillons.
Le quotidien du taulier
Ce retour à la base du porn grand public n’est pas pour me déplaire foncièrement, la performance de Daniels et Corvus est canon, mais on s’ennuie, malgré la classe aristocratique de Dani quand elle suce. L’enchaînement des positions m’a fait zapper à l’éjac direct. Le porn réserve une trop grande place à la pénétration. Je sais bien qu’ils paient les actrices et acteurs à la scène et aux pratiques, par conséquent ils en profitent pour en tirer un maximum, mais 15 minutes de zizi-panpan, ça me fout le seum.
La Salope de Wall Street a du potentiel, il y a du monde à l’écran, une narration plutôt sympa, des ralentis et une passion évidente du réal Brando (a priori Brett Brando) pour les vêtements déchirés. Le second chapitre est sorti, mais il me tarde de voir la scène suivante entre Dani et Capri qui reprend la confrontation entre Margot Robbie et un DiCaprio implorant pour du sexe avec elle, ainsi que celles sur le bateau et dans la villa avec piscine. Cela aurait sans doute contrebalancé l’avis un peu négatif que je porte à ce film qui, chose rare, affiche le nom de ses scénaristes au générique : Leon Mickles et Allison M.
En bref, The Whore of Wall Street possède un emballage très attrayant, mais rien de neuf sous le soleil de la pipe/spoon/levrette/anal/éjac.