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Cet article PODCAST – Exposé·es, ce que le sida a fait aux corps gays provient de Manifesto XXI.
« Aussi bien mentalement, dans l’image qu’on donne et qu’on reçoit, que pour soi en réalité, prendre soin de son corps est un facteur de survie » explique Tim Madesclaire, médiateur en santé sexuelle à Aides et ancien journaliste. Jusqu’à l’arrivée des trithérapies en 1996, les HSH (« hommes ayant des rapport sexuels avec des hommes ») sont les plus touchés par l’épidémie de VIH/sida. Alors comment l’épidémie a-t-elle bouleversé le rapport au corps ? Quels sont les liens entre corps, sexualité, identité et contre-culture communautaire ? C’est ce qu’on a essayé de comprendre dans le second épisode de Exposé·es, un podcast produit en partenariat avec le Palais de Tokyo.Le corps, qu’il soit figuré ou suggéré, est un des fils rouges de l’exposition (à voir jusqu’au 14 mai au Palais de Tokyo), que le commissaire François Piron a pensée à partir de l’ouvrage Ce que le sida m’a fait. Art et activisme au XXe siècle, écrit par Elisabeth Lebovici, historienne de l’art, journaliste et militante. On s’est intéressées à la manière dont, dans un contexte épidémique marqué par une vague de panique morale, la place centrale accordée au corps et à la sexualité a permis le développement de stratégies de survie, l’affirmation d’une contre-culture communautaire gay et l’ébauche d’une santé communautaire.
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En interrogeant l’idéal athlétique présent depuis longtemps dans la culture homosexuelle, on a voulu comprendre comment le VIH/sida avait impacté ce culte du corps. « Il y a tout le temps du camp dans la culture gay, même quand elle est musclée » nous rappelle Tim Madesclaire. Quand prendre soin de son corps devient une stratégie de survie, que racontent ces corps virils et musclés ? Des corps politiques, outils de résistance à la masculinité normative, des corps qu’on expérimente pour se les réapproprier.
Dans cet épisode mêlant témoignage et analyse, nous avons tendu le micro à des personnes concernées afin de comprendre l’impact de l’épidémie sur le rapport aux corps gays et comment cela a façonné une contre-culture communautaire.
Bonne écoute !
Intervenant·es
(par ordre d’intervention)
Georges Tony Stoll – artiste
Tim Madesclaire – médiateur en santé sexuelle au SPOT (Aides) et ancien journaliste
Arthur Gillet – artiste
Ralf Marsault – anthropologue et plasticien, ami et collectionneur de Bastille
Crédits
Écriture et conception : Anne-Charlotte Michaut et Soizic Pineau, avec l’aide de Hélène Carrier
Réalisation et montage : Soizic Pineau
Habillage musical : Talita Otović
Remerciements
Merci à nos collègues Apolline, Léane, Sarah, Benjamin ainsi qu’à Pierre Laporte, Théophylle Dcx et toustes celleux qui ont rendu le projet possible.
Ressources
Ouvrages et articles
Podcast
Image à la une : Benoît Piéron, Flore hospitalière avec rehauts de cyprine, Dessin, 2022, courtesy Galerie Sultana (Paris) ; @ Benoît Piéron
Épisode 1 – Exposé·es, ce que le sida a fait aux lesbiennes
Cet article PODCAST – Exposé·es, ce que le sida a fait aux corps gays provient de Manifesto XXI.
En France, des collégiens, lycéens, étudiants meurent toujours des LGBTIphobies, sans un véritable plan d'action du gouvernement. Face à la flambée des violences et d'une idéologie inquiétante de haine, les associations présenteront au public et à la presse leurs expériences, expertises et propositions.
L’article « LGBT+ en milieu scolaire » : Conférence interassociative ce 17 mai à Paris est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.
Cet article Amix, amant·e·s, archives : les photos de Donna Gottschalk provient de Manifesto XXI.
La photographe américaine et militante lesbienne Donna Gottschalk est née en 1949 mais sa première exposition en Europe se tient actuellement à la galerie Marcelle Alix à Paris (à voir jusqu’au 20 mai). Intitulée Ce qui fait une vie, elle a été pensée par la galerie en collaboration avec l’écrivaine et théoricienne Hélène Giannecchini. Ce travail intime présente l’aperçu d’un monde jamais perdu, bien que largement méconnu. Donna Gottschalk, Marlene Elling, my best friend, Eugene, Oregon, 1974.Dans les photographies de Donna Gottschalk, les bien-aimé·es de l’artiste travaillent, rient, se reposent. Iels parlent à quelqu’un·e hors champ. Iels ne regardent pas la caméra, ou quand iels le font iels sont capturé·es au milieu d’une phrase. Iels sont à l’aise, en amour, renforcé·es par les liens d’une communauté parfois incarnée par la présence des autres et parfois invisibles, mais toujours aussi forts. Ce ne sont pas des portraits pris comme des natures mortes, mais bien des extraits de vie en mouvement, avec toute la spontanéité, la surprise, l’échec et le désir qui en découlent. Grâce à sa maîtrise de la lumière et à son sens aigu du timing, Gottschalk produit des images qui reflètent fidèlement son monde et ses proches. Ce sont des personnes avec leur propre interprétation du bonheur dans une époque où il était beaucoup plus dangereux, voire inimaginable, d’y accéder.
Donna Gottschalk, Myla in Mary’s dress, 16 years old, San Francisco, 1973. Donna Gottschalk, Marlene Elling, age 23, E. 9th St., NYC, 1968. Vers un queer kinshipJe veux ressembler à ce que je suis, mais je ne sais pas à quoi ressemble quelqu’un·e comme moi. Lorsque les gens me regardent, je veux qu’iels pensent – voilà une de ces personnes qui […] a sa propre interprétation du bonheur. C’est cela ce que je suis.
Lou Sullivan, c.1961-1969 (tiré de We Both Laughed in Pleasure: The Selected Diaries of Lou Sullivan, 1961-1991, Nightboat, 2019.)
Ce qui fait une vie rassemble une trentaine de photographies, certaines provenant de son exposition à New York en 2019 et d’autres montrées pour la première fois. Beaucoup de ces œuvres datent des années 1970, quand Gottschalk militait avec le Gay Liberation Front ou bien l’organisation féministe radicale et lesbienne Lavender Menace. Ses opinions politiques et sa pratique artistique sont profondément enchevêtrées. Dans ses images, on peut voir sa sœur Myla à plusieurs stades de sa transition, ou sa meilleure amie Marlene, une butch dont la puissance se teinte parfois de timidité. Ces photographies s’intègrent dans une lutte pour le droit d’exister dans les canons de l’histoire de l’art, et d’exister tout court. Si Gottschalk n’a pas reçu la reconnaissance qu’elle mérite jusqu’à présent, c’est en partie parce qu’elle voulait protéger ses proches contre le monde hostile qui n’était pas prêt pour elleux. Mais c’est aussi que Gottschalk est issue de la classe populaire. Elle devait travailler pour gagner sa vie et ne pouvait donc pas être artiste à plein temps. Comprendre la difficulté et la violence dans laquelle ces images se sont situées est essentiel. En parler ne les limite pas au traumatisme vécu, au contraire, cela met d’autant plus en évidence le courage de ces personnes dans la beauté de leurs luttes, ainsi que le respect dont Gottschalk a doté leur représentation. Nous devons voir ces images pour ce qu’elles sont : joyeuses, douces, fières.
Donna Gottschalk, Joan Biren, my lover E. 9th St., 1970.Dans la photographie intitulée Joan Biren, my lover E. 9th St. (1970), on trouve une figure allongée, torse nu, sur un canapé au soleil. L’amante éponyme – aussi appelée JEB – est photographe elle-même et célébrée pour son livre de photos, Eye to Eye: Portraits of Lesbians (1979). Sa bouche est ouverte dans une expression de plaisir ou de parole – peut-être les deux. Cette image aurait pu être tirée du film Nitrate Kisses (1991) de Barbara Hammer, une dédicace à l’amour queer en noir et blanc, dans laquelle le rituel de faire l’amour n’est ni fétichisé ni censuré, mais traité comme une tendre banalité. Les petits indices d’un romantisme ordinaire sont aussi présents dans cette image de Gottschalk : une rose partiellement coupée par le bas du plan, ou bien la marque de morsure sur le bras de l’amante. Aimer ainsi peut être aussi cliché que radical. C’est « une contemplation sentimentale en direction de l’altérité » , pour reprendre les mots de Cécilia Becanovic, co-fondatrice de la galerie, dans une conversation faisant office de communiqué de presse.
Cette image est associée à une autre, également présente dans l’exposition : c’est presque la même scène, mais cette fois un chien apparaît, couvrant parfaitement le sexe de JEB. C’est une prise sur le vif, un moment à la fois authentique et accidentel. Les animaux sont souvent présents dans les clichés de Gottschalk, ce qui montre à quel point l’idée de queer kinship ne s’arrête pas aux frontières anthropocentriques, mais englobe les non- et les au-delà d’humain·e·s, les espaces et les objets, les vivant·e·s et les mort·e·s – toustes celleux qui forment nos familles choisies.
Donna Gottschalk, My roommate Chris during transition, 1970. Des archives mouvantesLa plupart des personnes queers, remarque Hélène Giannecchini, sont nées dans des familles straights. Cela signifie qu’une partie de leurs histoires est manquante et qu’il faut aller la chercher ailleurs. Des expositions comme celle-ci, qui fonctionnent comme des archives vivantes, servent à combler ces vides. Ça fait du bien de voir des représentations de personnes « comme nous ». Ça fait du bien d’apprendre que nous ne sommes pas seul·e·s, même si, comme l’a écrit Sam Bourcier dans un entretien pour le 5e numéro de la revue Censored, « tout a été fait pour nous déposséder de nos archives et pour séparer corps et archives » . Il faut donc investir dans une nouvelle façon de se souvenir, et de raconter nos histoires. Boursier précise : « pas la peine d’attendre que les gens soient morts pour dire qu’iels ont de la valeur et sont elleux-mêmes des foyers d’archives qui peuvent en produire. On peut aussi archiver les affects et les émotions. On fait de l’archive en simultanéité, dans le temps présent. » Le travail de Gottschalk est une archive qui bouge, qui brille. Elle n’est pas figée dans le passé, mais demande à être mise en contact avec les problématiques qu’elle traite dans ce qu’elles ont d’actuel afin d’observer et de célébrer, tel un état des lieux de nos luttes, des chemins parcourus. À partir de ceux-ci nous pouvons ainsi discerner ce que nous devons continuer à combattre.
Donna Gottschalk, Dykes for an Amerikan Revolution, Washington DC, 1971.Ces photographies soulignent la marginalisation en continu, jusqu’à aujourd’hui, des vies qui ne sont pas solubles dans l’individualisme, la straightness, la course au progrès, la gentrification, la normalisation des corps et le désir de possession qui annihile tout autre désir.
Hélène Giannecchini
De la même manière que les archives reviennent au présent et définissent l’avenir, le spectre des violences passées menace à tout moment de s’installer à nouveau. Le mois dernier, la police est descendue dans un bar féministe à Paris, une action méritant des comparaisons aux émeutes de Stonewall. Un an après Stonewall, une image circulait dans laquelle Gottschalk – vingt ans à l’époque – tient une pancarte sur laquelle on lit : « I’m your worst nightmare. I’m your best fantasy » (Je suis ton pire cauchemar. Je suis ton meilleur fantasme). De telles photographies et de tels événements parlent donc de leur époque tout en interrogeant le moment présent, et soulignent, selon Hélène Giannecchini, « la marginalisation en continu, jusqu’à aujourd’hui, des vies qui ne sont pas solubles dans l’individualisme, la straightness, la course au progrès, la gentrification, la normalisation des corps et le désir de possession qui annihile tout autre désir. »
La seule image explicitement violente dans l’exposition, Myla Gottschalk, gay bashing (1977) confirme la conséquence de cette insolubilité dans un ordre dominant. Dans un plan inhabituellement rapproché, comme une preuve quasi médico-légale, on voit le visage tuméfié de Myla. La photo est accrochée seule sur un mur blanc, un peu décalée du centre, comme un fragment qui fait référence aux lacunes qui l’entourent. Ces histoires nous hantent, on n’a pas besoin de les voir sur-représentées pour les connaître. Mais pourtant, c’est sous la lumière crue de la douleur que nous voyons ce qui compte, ce qui a compté. Le titre de l’exposition, Ce qui fait une vie, fait référence à l’essai du même nom de Judith Butler, dans lequel l’auteur·e écrit que la valeur d’une vie apparaît précisément quand sa disparition aurait de l’importance. C’est notre capacité à faire le deuil, à pleurer une perte, qui montre à quel point une vie – cette vie – nous tient à cœur. Les larmes, comme les photographies, nous permettent de nous souvenir.
Donna Gottschalk, Myla, 16 years old, 1973 San Francisco, California, 1973. Les amix comme les amant·e·sDepuis son regard à la fois documentaire et participatif, Gottschalk traite ses amix comme ses amantes, en les mettant toustes sur le même plan affectif, en attribuant à chacun·e une valeur irremplaçable. En même temps, il y a une dimension plus large qui apparaît dans ces œuvres : celle du collectif. Une mère lesbienne avec son enfant, des militant·e·s faisant une sieste ensemble… Ce sont des relations à la fois politiques et affectives qui sont montrées ici, une sélection qui fait écho à celle de l’exposition collective Exposé·es au Palais du Tokyo, à propos de laquelle François Piron, son commissaire, nous confiait : « plutôt que de montrer des figures individuelles, nous montrons des réseaux, des affinités, des amitiés. » En 2019, Gottschalk participe déjà à une exposition collective chez Marcelle Alix, intitulée de l’amitié. Dans son travail, on trouve souvent la représentation de l’amitié et de la solidarité, ce qu’Hélène Giannecchini appelle « des liens que l’on invente pour se protéger et pour être libre. »
Cette façon de libérer l’intime, d’explorer et de reconstruire des structures affectives, peut servir à tout·e le monde. L’une des plus grandes joies que j’ai connues dans la queerness, et que le travail de Gottschalk me rappelle, est précisément cette invitation à tout transformer : les codes que nous suivons, les mots que nous nous attribuons et les façons dont nous (nous) aimons. C’est le plaisir d’être ensemble, de témoigner de la vie des autres, de se laisser surprendre par soi-même, d’inventer nos propres définitions du bonheur, et bien plus. C’est ce qui fait une vie.
Donna Gottschalk, Maine self-portrait, 1975.Ce qui fait une vie, Donna Gottschalk, du 6 avril au 20 mai à la galerie Marcelle Alix, Paris. Des visites guidées de l’exposition sont proposées par Hélène Giannecchini, commissaire de l’exposition, tous les samedis du mois de mai à 15h.
Image à la une : Donna Gottschalk, Sleepers, Revolutionary Women’s Conference, Limerick, PA, 1970.
Toutes les images © Donna Gottschalk.
Relecture et édition : Anne-Charlotte Michaut
Cet article Amix, amant·e·s, archives : les photos de Donna Gottschalk provient de Manifesto XXI.
Bonjour docteur. Voilà plus d’un an que je n’ai pas fait l’amour physiquement avec une autre personne. Je rencontre des partenaires en ligne, nous faisons connaissance, nous nous chauffons grave et puis je passe à quelqu’un d’autre…Pour l’instant cela me suffit, mais j’ai l’impression de m’enfermer dans un système virtuel. Faut-il que je reprenne rapidement contact avec le réel ? (Mylène 26 ans, Cognac)
La réponse de notre sexologuePour mieux vous répondre il faudrait que j’en sache un peu plus long sur vous. Celan me permettrait de comprendre ce qui vous a poussée à chercher ainsi des partenaires (peut-on vraiment les considérer comme des partenaires ?) virtuels. Comme vous dites que cela fait un an, j’en conclus que vous aviez un autre mode de fonctionnement auparavant et qu’il s’est passé quelque chose dans votre vie qui a provoqué ce changement.
S’il s’agit d’une rupture amoureuse, ce qui me semble très probable, et qu’elle s’est accompagnée d’une grave déception il est tout à fait normal d’avoir du mal à faire confiance à nouveau. Dans ce cas, les petits jeux de séduction et d’échanges coquins auxquels vous participez sur le Net, permettent de maintenir une activité érotique avec d’autres hommes sans prendre aucun risque de se sentir...Lire la suite sur Union
Cet article Mon envie de faire l’amour en live ne fait qu’augmenter, que faire ? est apparu en premier sur Union.
Une étude récente (The Journal of Sexual Medicine 24 janvier 2023) portant sur 277 hommes circoncis âgés d’environ 45 ans et 177 hommes non circoncis de même âge n’a pas montré de différence significative dans le plaisir ressenti, ni dans la jouissance. Il existe néanmoins quelques petites différences sur les zones du pénis perçues comme … Continuer la lecture de « Plaisir et circoncision »
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Sociologue du sport et militante engagée, Catherine Louveau est professeure émérite à l’Université de Paris Sud. Elle travaille sur les conditions et enjeux de l’accès des femmes aux pratiques sportives et sur la sexuation des pratiques sportives. Elle a publié de nombreux ouvrages dont Sports, école, société : la différence des sexes , Le test […]
L’article Catherine Louveau : « Nous demandons que l’apartheid sexuel soit inscrit dans la convention de l’ONU de 1973 au même titre que l’apartheid racial » est apparu en premier sur 50 - 50 Magazine.
L'arrêté, sur proposition du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, s'appliquera à l'ensemble des forces, y compris « à la gendarmerie et aux sapeurs-pompiers de Paris et de Marseille », qui sont rattachés à l'Armée.
L’article « Les personnes séropositives vont pouvoir intégrer l’ensemble des forces armées », annonce Sébastien Lecornu est apparu en premier sur Association STOP Homophobie.