Pour la Journée internationale des droits des femmes, YouPorn a décidé de mettre à l’honneur les réalisatrices féminines avec une opération spéciale : la Female Director Series. Jusqu’à la fin du mois de mars, le tube valorise leurs créations sur sa page d’accueil et diffuse de petites interview de ces pionnières de l’industrie : Erika Lust (Lust Cinema), Paulita Pappel (Ersties), Billie Miller (Yanks)…
Pour les fappeurs, la Female Director Series de YouPorn est une belle occasion de découvrir de nouveaux horizons masturbatoires ; pour le tube, c’est un joli coup de communication à moindre frais ; mais pour les artistes impliquées, qu’y a-t-il à gagner ? Dans un article publié hier sur le site australien The Conversation, la doctorante en droit de l’art et des médias et ancienne performeuse Zahra Zsuzsanna Stardust se pose la question.
Erika Lust
Pour la contributrice, les obstacles à la popularité du porno produit par des femmes ne relèvent plus de la production mais de la diffusion. YouPorn appartient à MindGeek, le géant qui détient huit des dix tubes les plus fréquentés de la planète. “(Le Female Director Series) pour la Journée internationale de la femme est-il une mesure altruiste ? demande Zahra Zsuzsanna Stardust. Ou est-ce une tentative par une multinationale de profiter du labeur des femmes, sachant qu’il a été demandé à ces petits producteurs de fournir du contenu gratuit qui va générer des revenus publicitaires ?”
A ce problème de l’appropriation du petit par le gros s’ajoute celui de l’inégalité des sexes face à l’emploi. Comme bon nombre de secteurs d’activité, l’industrie pornographique s’illustre par la faible présence des femmes dans ses postes à hautes responsabilité. “Tant que des entreprises majoritairement masculines détiendront et contrôleront l’infrastructure, les hommes gagneront de l’argent pendant que les productrices seront encouragées à travailler gratuitement”, explique The Conversation. Il reste du boulot, on en convient.
Paulita Pappel
Sur Bustle, Michelle Toglia préfère saluer l’événement de Youporn et contempler le chemin parcouru. La journaliste rapporte les mots de Billie Miller, qui estime que le Female Director Series est avant tout un moyen d’élargir la vision des consommateurs de pornographie : “Cette initiative va attirer l’attention sur les femmes qui veulent partager leur véritable sexualité de chaque côté de la caméra.”
Pour la directrice du studio Yanks, c’est aussi l’occasion de montrer que les professionnelles de l’industrie sont là parce qu’elle le souhaitent et non parce qu’elles y ont été forcées. Une idée à laquelle elle affirme faire face quotidiennement : “Ce n’est pas vrai pour moi, et ce n’est pas vrai non plus pour la majorité des femmes de l’industrie. Personnellement, je le ressens chaque jour.”
Billie Miller
Autre point positif selon Billie Miller : en braquant les projecteurs sur les professionnelles, le Female Director Series va également mettre en lumière les femmes qui regardent du porno. “Une très grande partie du public de Yanks est féminin, parce que nous réalisons un porno organique et centré sur la femme. Les femmes s’en sentent proches parce qu’elles peuvent se comparer aux actrices. Plus nous parlerons de ces femmes qui regardent du porno, plus ce sera accepté.”
Quelque soit le prisme au travers duquel on décide de percevoir la Female Director Series, force est de constater que l’initiative de YouPorn est unique : les autres tubes n’ont tout simplement rien fait pour la Journée internationale de la femme. Il reste du chemin.