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Mesdames et messieurs ouvrez bien vos yeux, c’est une grande nouvelle pour la Genève nocturne que vous vous apprêtez à lire! Dès le 15 août, le sous-sol du célèbre Palais Mascotte devient le 36e dessous. Kesako? Il s’agit tout simplement, et pour notre plus grand bonheur, du nouveau projet de nos amis allumés de 360° Fever. Tous les vendredis et samedis vous pourrez compter sur des soirées saveur LGBTH à des prix minimes pour un maximum de fun, en plein cœur du quartier des Pâquis.
Un maximum de fun qui s’allie à une bonne action, car rappelons-le: les bénéfices de ces soirées sont reversées à l’association 360. En 2014, par exemple, votre présence aux soirées 360° Fever a permis de financer le pôle social de 360, sa permanence juridique et ses divers groupes à hauteur de 44’000 francs. Pour tout ça merci! Pour célébrer l’ouverture de cet établissement déjà incontournable, rien de tel qu’une petite sauterie, non?
Rendez-vous le 15 août pour une soirée mémorable sur les trois étages du Palais Mascotte. Et qui dit trois étages dit trois ambiances… il y en aura donc pour tous les goûts et toutes les couleurs avec notamment Jessie et Yàn de la Gravière; Greta Gratos, DJ Yazz et autres divines créatures. Un rendez-vous au firmament de l’été à ne vraiment pas manquer!
Toutes les informations sont à retrouver sur 36edessous.ch et 360fever.ch!
Traduite en huit langues, Inger Wolf est l’auteur de sept romans mettant en scène le commissaire Daniel Trokic, dont Nid de guêpes et Mauvaises eaux déjà parus chez Mirobole.
Résumé
Septembre touche à sa fin dans la ville portuaire d’Århus au Danemark. Un soir, Anna, une jeune mère célibataire, ne rentre pas de son jogging quotidien dans les bois. Au matin, on retrouve son corps sur un lit de feuilles mortes au milieu d’une clairière, la gorge tranchée, un bouquet de ciguë séchée étalée sur la poitrine.
Le commissaire Trokic enquête. Un brillant chercheur en psychiatrie a disparu depuis huit semaines. Les affaires seraient-elles liées ?
Extrait
La clairière qui s’étendait devant le commissaire de la police criminelle Daniel Trokic baignait dans une humidité glaciale. A chaque expiration, son souffle se transformait en un petit nuage au contact de l’air. Un silence de cathédrale s’était abattu sur la forêt dès l’instant où il avait franchi au volant de sa Peugeot la barrière route qui, d’ordinaire, préservait ces lieux des bruits de moteurs de la civilisation. Le son étouffé des basses du groupe de métal Rammstein s’échappait par sa vitre à demi baissée et se mêlait à la brume. Pourtant, aucun des hommes présents sur place ne lui fit la moindre remarque à ce propos au moment où il les rejoignit sur la scène de crime après s’être faufilé sous la bandelette en plastique bicolore. Soit parce qu’ils n’avaient pas prêté attention à la musique, soit parce qu’ils l’avaient trouvée de circonstance. Il eut l’impression de débarquer dans un endroit vierge et sauvage où aucun être humain n’avait encore mis les pieds. Cette nuit-là, il avait fait un rêve étrangement prémonitoire. A propos d’une forêt envahie par des lapins gris cendré. Un rêve désagréable et récurrent auquel il avait été arraché par la sonnerie de son téléphone lorsque l’officier de garde l’avait appelé pour l’informer qu’on venait de découvrir un cadavre. Torben Bach, le médecin légiste, portait des gants en latex et des couvre-chaussures en plastique bleu ciel, de même que les deux techniciens de la police scientifique chargés de prendre des clichés et de procéder aux relevés.
« Qui est-ce ? leur demanda Trokic.
- On l’ignore pour l’instant, répondit l’un des techniciens. On n’a trouvé aucune pièce d’identité sur elle. »
Près de Trokic, une jeune femme reposait sur le dos, ses cheveux blonds étalés telle une auréole autour de son visage. Ses yeux - l’un marron, l’autre bleu - fixaient un point perdu dans les profondeurs du bois, éteints et exsangues, comme recouverts d’une pellicule laiteuse. Trokic eut envie d’étendre une couverture sur elle.
Cependant, ce qui lui sauta aux yeux en contemplant la défunte, ce fut la poignée de fleurs blanchâtres - rassemblées de façon trop désordonnée sur sa poitrine. Cette mise en scène lui parut pitoyable et grotesque à la fois. Etait-elle censée représenter une mariée ?
Mon avis
Des thrillers danois, il en existe des flopées. Mais Inger Wolf apporte une touche particulière. Ce détail dans cette phrase qui te fait sursauter alors que tu ne t’y attendais pas. Rare dans l’univers du thriller ! Après avoir lu ces pages, tu devrais avoir moins envie d’aller te balader sur une plage isolée, en septembre. Mais pour l’heure, n’hésite pas à plonger, c’est un pur régal !
Noir septembre, Inger Wolf, éditions Mirobole 352 pages 21 €
Traduit du danois par Frédéric Fourreau
Christoffer Carlsson est né en 1986. Titulaire d’un doctorat de criminologie, il enseigne cette discipline. En 2012, l’European Society of Criminology lui a décerné le Young Criminologist Award pour son travail de recherche sur la rédemption des anciens criminels.
Le syndrome du pire a été élu roman policier de l’année 2013 par l’Académie des auteurs du roman policier suédois. Ce prix a déjà récompensé de grands noms du polar tels Stieg Larsson, Henning Mankell, Johan Theorin ou encore Åke Edwardson.
Résumé
Stockholm, fin de l’été 2013.
Une jeune droguée, Rebecca Salomonsson, est abattue dans un foyer pour femmes. Trois étages plus haut, dans son appartement, Leo Junker est réveillé par les lumières des voitures de police. Flic, il travaille aux affaires internes, la division la plus mal vue, celle des « rats » qui enquêtent sur leurs collègues.
Suspendu depuis « L’affaire Gotland », au cours de laquelle il a commis une erreur qui a coûté la vie à un policier, rongé par la culpabilité, Leo s’étiole dans son nouveau job. Alcool, errances nocturnes, sa vie ressemble à un lent naufrage. Mais un indice le frappe dans le meurtre de Rebecca et fait resurgir dans sa mémoire des personnages troubles de son adolescence : Julia et John Grimberg.
Extrait
Je traîne devant ta porte, comme je le faisais il y a un paquet d’années. Sauf que ce n’est plus ta porte, tu n’es pas ici. Tu n’es plus ici depuis longtemps. Je le sais parce que je te suis. Je suis seul ici. Et je ne suis même pas réellement ici. Tu ne me connais pas. Personne ne me connaît. Plus maintenant. Personne ne sait qui je suis.
Tu sens que quelque chose cloche, que quelque chose est sur le point de se produire ? Tu te souviens de l’époque consignée dans ces papes, mais tu choisis de l’ignorer, pas vrai ? Je le sais, parce je suis exactement comme toi. Ces rares fois où le passé surgit dans ta vie quotidienne, tu le reconnais. Tu le reconnais parce que tu n’es pas sûr de ce qui était vrai et ce qui ne l’était pas, parce que tout devient flou au fil du temps.
Je t’écris ceci pour te dire que tout ce que tu penses est vrai, mais pas nécessairement de la manière dont tu le penses. Si je le fais, c’est pour te raconter toute l’histoire.
Mon avis
Oui, l’histoire du passé qui resurgit, on nous la déjà faite, qui plus est, mêlée à celle du flic rongé par la culpabilité. Sauf que cette intrigue t’est servie par Christoffer Carlsson, docteur en criminologie, et qu’il va t’entraîner exactement là où il le souhaite : dans les méandres de la folie.
Quelle puissance narrative ! Quelle maîtrise ! Quel plaisir !
Le syndrome du pire, Christoffer Carlsson, éditions Ombres noires 354 pages 21 €
Quentin Mouron est poète, noveliste et romancier suisse et canadien. Après Au point d’effusion des égouts (2011), puis Notre-Dame-de-la-Merci (2012) et La combustion humaine (2014), Trois gouttes de sang et un nuage de coke est son premier roman publié en France.
Résumé
Watertown, banlieue de Boston, novembre 2013.
Un vieux bonhomme est retrouvé assassiné dans son pickup. Le shérif McCarthy mène l’enquête. Franck aussi. Détective cocaïnomane, avide de nouvelles sensations, il parcourt la ville en l’embrasant ici ou là.
Extrait
Le pick-up noir est stationné à l’angle de la rue Parker et de la rue Mount Auburn. Le vieux Jimmy Henderson a laissé tourner et il finit d’engloutir la part de pizza au peperoni achetée dans le resto qui fait l’angle. L’habitacle sent la friture, le sang frais, le tabac froid. Des emballages de nourriture et de boissons jonchent le sol. Un morceau de carcasse de cerf enveloppé dans du plastique est posé sur le siège passager. Un fusil de chasse – Winchester calibre 12 à pompe – est appuyé contre le tableau de bord. Suspendu au rétroviseur, un désodorisant en forme de Christ crucifié.
La rue Mount Auburn est calme. L’épicerie vient de fermer et la nuit est tombée. Dans son rétroviseur, Jimmy regarde la Première Eglise Baptiste transformée en appartements milieu de gamme. Les familles du quartier se le disputent. Il a connu l’une d’elle, les Wallace. L’époux est mort : il bricolait une vieille Corvette dans le garage d’un ami quand un coup de tournevis maladroit a fait pisser le réservoir d’essence. Il avait une clope au bec et tout a explosé. Sa veuve pleure encore. L’urne funéraire est posée sur la table. « On dîne chaque soir en tête à tête. » La Première Eglise Baptiste a été construite au début du XXe siècle. Enorme, trapue, carrée, elle n’a ni le charme dépouillé de certains petits temples de Boston, ni la raide majesté de l’Eglise de la Sainte-Croix. C’est le décor parfait pour les drames modestes, parfait pour l’alcoolisme de celui-ci, la passion du jeu de celui-là, les tromperies, parfait pour la mère Wallace qui larmoie devant son urne. Pour le vieux Jim, depuis la rue, la scène est amusante. De l’intérieur, à la table, par les yeux de la veuve, tout change de consistance. On ne peut pas lui demander de rire.
Jimmy allume ses phares. Il va repartir quand il aperçoit la silhouette d’un homme qui remonte vers Mount Auburn depuis le bout de la rue Parker. Un homme qui n’est pas de ceux que l’on croise à Watertown. Il est têtu avec trop de soin. Ici on s’habille, bien sûr. Les grandes familles du centre donnent des cocktails et on y vient en smoking – ce n’est pas la campagne. Mais les huiles qui se rendent à ces soirées ont toujours quelque chose d’apprêté, de forcé, d’ostensible. L’homme qui s’approche est élégant. Son manteau noir est sobre mais parfaitement coupé. Son pantalon aussi. Il porte des gants. Ses chaussures sont vernies. Il se rapproche. Jimmy distingue son visage. Une trentaine d’années. C’est un bel homme. Ses cheveux sont foncés. Ses yeux clairs. Les traits sont réguliers. L’homme s’arrête à la hauteur du pick-up. « Bonsoir » balbutie Jimmy. L’homme s’incline légèrement.
Mon avis
Quentin Mouron utilise le polar pour nous faire passer de l’autre côté des fenêtres, des paravents et des masques, là où la vie et la mort des uns et des autres se jouent, surtout celles des autres. Ses personnages sont désenchantés et désespérés, les différents univers dépeints le sont mieux qu’au cinéma. Une plume acerbe comme je les aime. Encore !
Trois gouttes de sang, Quentin Mouron, éditions de la Grande Ourse 224 pages 18 €
Il ne peut y avoir d'amnistie pour un être humain achetant un autre être humain, même pour quelques heures. Il ne peut y avoir d'amnistie pour les clients de la prostitution, même si la personne prostituée l'est par « choix ». Comme de nombreuses sections nationales d'Amnesty International, nous nous opposons donc au projet de politique libérale proxénète défendu par leur siège.
Le conseil international d'Amnesty International qui se tient du 7 au 11 août 2015 à Dublin propose à ses sections nationales du monde entier de se prononcer sur un texte en faveur de la dépénalisation du travail du sexe. Cette politique pro-prostitution signifie non seulement le maintien de l'impunité des acheteurs du sexe, mais aussi la dépénalisation des proxénètes. Légaliser la prostitution et dépénaliser le proxénétisme, c'est renforcer la traite et l'esclavagisme sexuel.
La légalisation ou la décriminalisation de la prostitution est un outil de légitimation pour l'industrie du sexe. Si les juristes d'Amnesty International proposent de dépénaliser les personnes prostituées, ce que nous saluons, ils militent dans le même temps pour des politiques de dépénalisation du proxénétisme « non coercitif » et de légitimation des consommateurs, telles que mises en œuvre dès 2000, en Allemagne et aux Pays-Bas, avec les résultats que l'on connaît désormais : la police néerlandaise dit publiquement depuis 2010 que la législation n'a profité qu'aux proxénètes, tandis que les personnes prostituées sont toujours recrutées parmi les groupes les plus discriminés et sont toujours contraintes à la prostitution. En Allemagne, le constat établi n'est pas plus réjouissant. En mai 2013, Der Spiegel consacrait un dossier entier à « L'Allemagne-bordel », sous-titré « Comment l'Etat a promu la traite des femmes ». Depuis, Europol a rappelé au Parlement européen que la traite des êtres humains augmentait particulièrement dans les Etats ayant légalisé la prostitution et dépénalisé le proxénétisme. Cette analyse est confirmée par la recherche « Does Legalized Prostitution Increase Human Trafficking ? » que trois économistes européens ont menée sur 150 pays.
Non à la politique ultralibérale et patriarcale promue par les juristes d'Amnesty International. Le système prostitutionnel représente un aspect de la domination masculine dans sa forme pure. Le client achète une marchandise, la prostituée, qui devient son instrument de plaisir. Dans ce rapport de domination, l'homme détient tous les pouvoirs : le sexe et l'argent.
En militant pour la non-pénalisation des acheteurs de sexe, le siège d'Amnesty plaide pour le maintien d'une longue tradition patriarcale de mise à disposition du corps des femmes au profit des hommes et de leurs prétendus « besoins sexuels irrépressibles ». Pour justifier cette politique, Amnesty prend soin de redéfinir le sujet en qualifiant la prostitution de « travail du sexe » et la définissant comme un « accord contractuel par lequel des services sexuels sont négociés entre adultes consentants ». Mais il s'agit en réalité d'entériner une politique en faveur de l'esclavage sexuel, la traite, les camps de dressage, les tortures, les actes de barbarie, les mauvais traitements, les assassinats, les viols… qui sont le « lot » du système prostitutionnel.
Amnesty International, ONG de défense des droits humains, trahirait sa vocation en faisant le choix d'apporter son soutien aux esclavagistes modernes de l'industrie du sexe.
L'idée de l'abolition de la prostitution est apparue au XIXe siècle avec la lutte pour l'abolition de l'esclavage. Des humanistes comme Victor Hugo, Jean Jaurès, Victor Schoelcher ont développé l'idée de combattre la prostitution en tant que forme d'esclavage. Pourquoi Amesty International, ONG de défense des droits humains, ne se positionnerait pas contre cet esclavage comme le font les sections nationales d'Amnesty France et Suède qui souhaitent défendre les personnes prostituées, et qui s'opposent à l'impunité des proxénètes et des acheteurs de sexe.
Nous continuerons de notre côté à plaider pour la dépénalisation des personnes prostituées et la mise en place d'alternatives réelles à la prostitution, ainsi que pour la condamnation du proxénétisme et de l'achat d'un acte sexuel. Car nous militons pour une sexualité égalitaire et libérée de toutes les violences, discriminations et injonctions, qu'elles soient morales, physiques, psychologiques ou économiques.
La prostitution n'est pas le plus vieux métier du monde mais la plus ancienne forme d'oppression !
Ce texte est à l'initiative du mouvement Femen, du Mouvement du Nid, de la Coalition for the Abolition of Prostitution (CAP International), de l'Alliance des femmes pour la démocratie (AFD-MLF) et soutenu par Zéro Macho, les Effronté-e-s, Encore féministes !, Osez le féminisme, Femmes solidaires, Kadidia Sangaré (avocate, présidente de la commission nationale des droits de l'homme du Mali), Conseil national du droit des femmes (Brésil), Lidia Falcon (avocate, présidente du Parti féministe, Espagne), Fadila Mehal (fondatrice et présidente d'honneur des Marianne de la diversité), Philippine Leroy Beaulieu (actrice), Chantal Chawaf (écrivaine), Laurence Zordan (philosophe, écrivaine), Gérard Biard (journaliste), Julien Seri (réalisateur), Taslima Nasreen (écrivaine et féministe), Rosen Hicher, ancienne prostituée.