Sorti en DVD (zone 1) par l’éditeur américain Independent Media Distribution, Stripperland! (Sean Skelding, 2011) marche clairement sur les pas de Zombie Strippers (Jay Lee, 2008), où des gogo danseuses se transformaient en mangeuses de barbaque, mais ne peut compter sur le glamour de l’ex-porno star Jenna Jameson (Babydoll, Conquest, Satyr de Michael Zen, The Masseuse de Paul Thomas) et la gouaille de l’horror icon Robert Englund (impérissable Freddy Krueger de l’interminable saga initiée par Wes Craven, présent aussi dans Night Terrors de Tobe Hooper, Wishmaster ou encore Urban Legend), qui illuminaient le B movie de Jay Lee. (NB : « Bob » Englund sera bientôt à l’affiche de « Strippers vs Werewolves », qui devrait se révéler proche du film traité en ces lignes).
Néanmoins, Stripperland! donne le change sur ce même terrain, en s’attachant les services de Daniel Baldwin (Né un quatre juillet, Vampires de John Carpenter, King of the Ants de Stuart Gordon) – qui cachetonne décidément pour quatre ces derniers temps ! – et Linnea Quigley (Le retour des morts vivants, Creepozoids, Le cauchemar de Freddy), de l’impayable Lloyd Kaufman (patron de la firme Troma, géniteur de The Toxic Avenger, Tromeo and Juliet, Terror Firmer, …), ainsi que de Boyd Banks (Crash de Cronenberg, Jason X, Cypher, Pontypool) et Thom Bray (Prince des ténèbres, M.A.L., mutant aquatique en liberté, House III), pour des caméos pas piqués des vers… Vous me direz, c’est normal qu’il y ait de la vermine grouillante quand on parle de chair putréfiée…
Les rôles principaux sont dévolus aux peu expérimentés Jamison Challeen (Penance for the Slain, I Am Virgin du même Sean Skelding), Maren McGuire (Westender, How the Fire Fell, I Am Virgin), démontrant avec brio qu’elle sait bouger son “body”, Hank Cartwright (minuscule second-rôle dans le Traqué de Friedkin), Ben Sheppard, Shel Bailey et Ileana Herrin (dont ce sont les seules apparitions connues).
« First they dance, then they kill ! »
Le film se voudrait vraisemblablement un démarquage sexy (avoué ?) de Bienvenue à Zombieland (Ruben Fleischer, 2009) dont il emprunte l’intro centrée sur un ado fragile (ce personnage n’est qu’une pâle resucée de celui incarné par l’excellent Jesse Eisenberg) – qui édicte ses règles de survie en voix off – et sa rencontre avec un chasseur de zombies « redneck ». Mais l’œuvre de Skelding n’en possède ni l’ampleur, ni la virtuosité… La gangrène zombiesque ne contaminant ici que la gent féminine, le parallèle avec le Doghouse (2009) de Jake West (où les femmes d’un bled british muent en mortes-vivantes) est presque inévitable…
Par contre, Stripperland! se révèle généreux sur le gore (SFX réussis, que l’on doit aux Ravenous Studios) et dans une tonalité résolument « grindhouse », BO rock tonitruante à l’appui. Quelques bonnes idées sont aussi développées, telles la lenteur des « zombleuzes » (strippeuses ET zombies… oui, je sais, il faut suivre…), justifiée par leur amour des talons hauts et leur apaisement au contact du hip-hop de Double D (un Daniel Baldwin “freestyle” en rappeur « white trash »).
Mais ses défauts s’avèrent trop flagrants et le film, au rythme anémique, se perd trop souvent en bla-bla inutile. Qui plus est, pour un film portant pareil titre, Stripperland! est affreusement avare en nudité(s). Plus grave, en sus de fautes de goût flagrantes (cf. ces séquences à l’étalonnage douteux), l’avalanche de références et archétypes du genre (la nana « badass » qui en a, rompue au combat, ce savant fou expérimentant sur les « gogo zombies », …) ne dépasse jamais le stade de la citation facile et insuffisamment réjouissante… quand elle ne débouche pas sur un décalque grossier d’une séquence de Zombieland !