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Les lunettes-caméras Spectacles de Snapchat sont sur le marché depuis le milieu du mois de novembre dernier. Outre-Atlantique, ceux qui ont osé se prêter au jeu de leur stratégie de vente – elles ne sont disponibles que dans des distributeurs automatiques, les Snapbots – décrivent un accessoire amusant mais un peu gadget. Le patron de l’application, Evan Spiegel, avait prévenu le public : les Spectacles ne sont que des “jouets” à 130 dollars pièce. C’était sans compter sur les pornographes amateurs qui se sont empressés de prouver qu’elles pouvaient aussi être des « sextoys ».
Dans un article publié mardi 6 décembre par Mashable, la journaliste Kerry Flynn rencontre ces gens qui utilisent leurs Spectacles pour se filmer au lit. “C’est la première chose à laquelle j’ai pensé en faisant la queue” devant le Snapbot, explique une certaine Rachel. “Ca avait l’air facile, et mieux qu’un téléphone”, abonde Richard, un analyste financier. “Ca fait plus authentique. J’étais là, et “c’est ce que je vois”, et je me souviens de ce que je ressentais quand je regarde les vidéos.” La magie du POV amateur est puissante, c’est vrai.
Bien sûr, les Spectacles n’ont pas été conçues pour faire du X. Elles ne peuvent enregistrer que 30 secondes de vidéo au maximum et leur apparence jette parfois un froid sous les draps : “C’était une barrière en terme d’espace personnel, se souvient Rachel. Je ne me sentais pas aussi proche de la personne, parce qu’un de nous avait des lunettes de soleil.” Il y a aussi le problème de la vie privée. Les équipes de Snapchat peuvent-elles jeter un oeil sur vos clips perso ? Elles seules le savent. La plupart des personnes citées dans l’article de Mashable préfèrent donc la jouer prudente et suppriment leurs productions dès qu’elles ont été téléchargées sur leur téléphone.
Du côté des pornographes professionnels, les Spectacles font moins réfléchir les réalisateurs que les communicants. « Nous n’avons pas encore réussi à nous en procurer, regrette Jesse Adams, le CEO du studio de développement d’applications pour adulte MiKandi. Nous sommes très excités à l’idée d’explorer leurs possibilités, l’industrie est comme ça à chaque fois qu’un nouveau gadget sort. » Les gadgets à la mode, ça le connaît : en 2013, son entreprise a mis des Google Glass sur le nez de James Deen et Andy San Dimas le temps d’une scène. Les médias mainstream avait adoré, même le Business Insider s’était laissé tenter par l’histoire. MiKandi a sans doute dans l’idée de reproduire cette incursion pop grâce aux Spectacles.
Jusqu’à ce que les lunettes-caméras des géants de la tech permettent de tourner en ultra-haute définition, elles ne serviront qu’à ce genre de coup de pub.
Ce que nous appelons de façon abusive «notre» corps, nous l’occupons en compagnie d’autres êtres sans lesquels nous ne pourrions pas vivre. A quel titre revendiquer le droit de propriété ?
«Combien sommes-nous dans un corps humain ?» A l’article «Animal» de l’Encyclopédie du genre, le chercheur Flo Morin – sociologue à l’Université de Paris 8 – pose une question en apparence loufoque : sommes-nous seuls dans ce corps ? Pas vraiment. Bactéries, levures, champignons, virus… Les micro-organismes colonisent notre peau, pullulent dans nos yeux, prolifèrent dans notre vagin. «Leur nombre a de quoi donner le vertige, explique le physicien David Louapre sur son blog (Science étonnante). Nous leur fournissons chaleur et nourriture. Tant et si bien qu’à l’intérieur d’un corps humain, on dénombre environ 500 espèces de bactéries différentes [pour un total] de l’ordre de 100 000 milliards ! […] Sachez pour comparaison que votre corps est composé d’environ 10 000 milliards de cellules, soit 10 fois moins. Oui, vous lisez bien : il y a dans votre corps 10 fois plus de bactéries que de cellules de votre propre organisme.»
«Notre corps est fait à 90% de cellules qui ne nous appartiennent pas»
Insistant sur l’image de ce bouillon de particules qui à la fois parasitent et rendent possible notre activité vivante, David Louapre trouve une autre manière de le dire : «Puisque chaque bactérie est elle-même une unique cellule, notre corps est fait à 90% de cellules qui ne nous appartiennent pas ! Flippant, non ? Le chiffre a de quoi surprendre. Il s’explique par le fait que les bactéries sont en général beaucoup plus petites que les cellules de notre propre organisme. Il y en a donc une quantité énorme dans un volume restreint ; enfin sachez quand même que nous portons en moyenne 1 à 2 kilos de bactéries, pour la plupart localisées dans notre colon. Il semblerait d’ailleurs que le colon humain soit l’un des écosystèmes les plus denses que l’on connaisse.» Assimilant notre corps à un biotope (appelé microbiome), le chercheur ouvre les perspectives : ce que nous appelons «notre corps» n’est en réalité qu’un système d’échanges inter-espèces.
«99% des gènes de notre corps ne sont pas les nôtres»
Les échanges entre les d’êtres qui nous constituent sont chimiques, mécaniques mais aussi génétiques. David Louapre avance : «Puisque ces 100 000 milliards de bactéries proviennent de 500 espèces différentes, chaque espèce apporte son propre lot de gènes. Il a ainsi été calculé que si on compte en nombre de gènes, seul 1 gène sur 100 présents dans notre organisme provient de notre propre ADN, les 99% restants viennent de l’ADN des différentes espèces de bactéries qui nous habitent. A l’heure où l’on essaye d’expliquer une grande partie de notre identité par des facteurs génétiques, savoir que 99% des gènes de notre corps ne sont pas les nôtres a de quoi nous faire réfléchir sur cette notion d’identité. Nos bactéries sont une immense partie de ce qui nous définit biologiquement parlant !» On leur a même donné un nom : le microbiote. Notre microbiote «fait donc partie intégrante de notre identité biologique», conclue-t-il.
Faut-il avoir peur des microbes ?
Le microbiote s’appelait autrefois «les microbes». Giulia Enders leur consacre un chapitre passionnant dans son livre Le Charme discret de l’intestin. Sans ces «microbes», nous serions incapables de synthétiser les vitamines, ni d’assimiler les fibres. Quand les microbes se portent mal, nous devenons dépressifs ou suicidaires. 99% d’entre eux occupent notre gros intestin. C’est justement du gros intestin, que sort «95% de la serotonine (hormone du bien-être) que nous produisons nous-même», dit Giulia. Par ailleurs, c’est le microbiote intestinal qui produit 80% de nos défenses immunitaires. Si nous tombons malades, c’est que nos «microbes» meurent de faim. Ils s’entassent dans la dernière partie des intestins, là où la digestion est quasiment achevée. Raison pour laquelle il est si important, quand nous mangeons, de ne pas oublier nos microbes : il faut les nourrir, eux aussi. Avec des aliments difficiles à digérer : poireau, asperge, ail, oignon, endive, salsifis, topinambour, artichaut, seigle, avoine, amidon résistant (pommes de terre et riz refroidis après cuisson), banane. Ces aliments, qui arrivent encore intacts dans le gros intestin, sont appelés prébiotiques. Notre équilibre physique et psychique en dépend.
Les bactéries diabolisées : la faute à Pasteur
Dans la société occidentale moderne, «être humain» c’est être le contraire d’une bête : «l’expulsion de l’animal hors de l’humain», comme dit Flo Morin, conditionne notre vision de nous-même. Lorsque Pasteur met en lumière l’activité des bactéries, dès 1859, il démontre surtout leur rôle comme agents infectieux et contribue à la panique morale : ces êtres qu’il baptise des «germes» deviennent les assassins de l’ombre. Il faut les détruire. Dans un ouvrage malheureusement épuisé, Aux origines de la vie, le biologiste Tom Wakeford souligne le rôle néfaste joué par Pasteur(1) : «A la fin des années 1890, l’image d’une foule bactérienne répugnante fait tellement partie du langage quotidien qu’elle devient une métaphore courante chez les premiers correspondants de guerre britanniques.» Les ennemis sont toujours associés à des êtres grouillants, masse indistincte et copulatoire, populace ordurière vivant de fange et de promiscuité. Au cours de la Première Guerre mondiale, les Allemands sont nommés «germ-huns» (germains). Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les juifs sont assimilés aux «parasites» et aux «bacilles» qui infectent un corps. «De nos jours encore, on évoque un encerclement si total d’une armée ennemie qu’aucun soldat n’en réchappe, par l’expression française inspirée de la guerre contre les bactéries : un cordon sanitaire.»
Nous formons «un assemblage biopolitique d’espèces multiples»
Il est temps d’en finir avec cette vision du monde, s’exclame Tom Wakeford. «Les microbes pathogènes sont l’exception et non la règle. […] Ce sont des acteurs essentiels de l’évolution qui œuvrent depuis la naissance de la terre, il y plus de 4 milliards d’années […]. Suggérer que les bactéries sont des êtres primitifs qui ont passé il y a longtemps le flambeau de l’évolution à des organismes de grande taille est une erreur». Pour Tom Wakeford rien de plus faux que la notion de Progrès «avançant inexorablement vers son sommet : l’humanité». Les bactéries sont bien plus innovantes, réactives et adaptatives que les humains. Elles «sont le fer de lance de l’évolution, dit-il. La compréhension même de ce que nous sommes s’éclaire quand nous nous plaçons dans cette nouvelle perspective». Notre existence, nos humeurs, nos affects dépendent des alliances intimes qui se nouent en nous, à travers nous, et des interactions entre ces mille espèces de microbes avec lesquels nous formons une symbiose. «Ces passagers clandestins», ainsi que les désignent Flo Morin, on ne peut pas dire qu’ils habitent nos corps mais plutôt qu’ils les constituent. Nous ferions bien d’apprendre à les connaître et comprendre leur sexualité car – qui sait – ce qu’ils font dans nos zones uro-génitales, les interstices de nos dents et nos boyaux va peut-être au-delà d’eux ?
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A LIRE : Encyclopédie du genre, dirigé par Juliette Rennes, La Découverte, 2016.
Mais qui a attrapé le bison de Higgs ?, de David Louapre, Flammarion, 2016.
Le charme discret de l’intestin, de Giulia Enders, Actes Sud, 2015.
Aux origines de la vie: Quand l’homme et le microbe s’apprivoisent, de Tom Wakeford, éditions De Boeck Supérieur, 2004.
CET ARTICLE FAIT PARTIE D’UN DOSSIER EN TROIS PARTIES, portant sur les trois avancées majeures en matière de biologie depuis un demi-siècle : La révolution symbiotique «Femmes, vaches et lapins : même combat» / Le système immunitaire «Notre corps est-il humain ?» / L’hypothèse de Gaia (lundi prochain).
POUR EN SAVOIR PLUS SUR L’INFLUENCE DU MICROBIOTE SUR NOTRE PERSONNALITE : «Problème de libido… ou de ventre ? »
Un vent de fraicheur souffle sur l’éducation sexuelle en Suisse. Intitulée Teen Spirit, cette nouvelle websérie parle aux ados avec leurs mots sur un ton pop et humoristique. Finis les cours de SVT où l’on ne vous explique toujours pas à quoi sert le clitoris ! Les secrets de la sexualité, de la séduction et tous leurs désagréments sont dévoilés sans détours. Sophie Sallin, la productrice, a accepté de répondre à nos questions sur cette noble entreprise. Avec un peu de chance, la France aura bientôt droit à sa version.
C’était comment les cours de SVT quand vous étiez au collège ?
Sophie Sallin : Etant née en 68, mes cours de SVT étaient encore très pudibonds, hétérocentrés, pas vraiment orientés infections sexuellement transmissibles, pas du tout orientés plaisir. Le message principal : contraception sinon punition.
Où en est l’éducation sexuelle en Suisse aujourd’hui ?
De gros progrès ont été faits, mais cela reste encore très moralisateur et, à entendre les jeunes, assez flippant et déconnecté de la réalité des ados qui voient tout partout. A Genève, ils viennent de supprimer, provisoirement disent-ils, les cours d’éducation sexuelle en faveur de sensibilisations au cyber-harcèlement et à l’info santé pour les migrants. Sinon, en Suisse allemande, la droite conservatrice a voulu supprimer les cours de SVT avant 9 ans, disant que c’est « l’affaire des parents », mais le Conseil national a refusé de faire voter son peuple sur cette question et a maintenu les cours.
D’où vient cette idée de faire une websérie sur la sexualité ?
Au tout début, la volonté de produire pour ce public auquel la production audiovisuelle suisse ne s’adresse jamais : les teenagers. J’ai voulu relever ce défi pour tenter de montrer que l’on peut leur offrir un produit audiovisuel d’attractif avec des talents « locaux ». Si l’on veut que les jeunes aiment notre télé, nos cinéastes, nos auteurs, il faut leur offrir une production attractive.
Ensuite, il y a mon intérêt personnel pour les questions de genre, les rapports entre les sexes, la sexualité mais aussi le constat que, dans notre société, être un être sexuel me semble beaucoup plus compliqué qu’il y a 20 ans, même si cela n’a jamais été simple. Je voulais aider les jeunes à décoder, à mettre en perspective les signaux contradictoires que leur envoie notre société prise entre porno chic et violence sexuelle ; une société où les diktats culturels et médiatiques incitent les femmes à être à la fois une salope et à ne surtout pas accepter d’être considérée comme une salope. Que ce soit pour les hommes ou pour les femmes, cette injonction contradictoire a de quoi déstabiliser.
Et puis, le sexe occupant environ 80% du cerveau des ados, et pas uniquement celui des ados, je tenais le bon bout pour attirer leur attention.
Quel est votre rapport à la pornographie ?
N’ayant pas 15 ans, la pornographie a commencé pour moi avec la littérature, Bataille, Sade, Anaïs Nin, Hervé Guibert puis Catherine Millet, la peinture, des revues trouvées chez une amie plus âgée et puis le Journal du hard, sans décodeur ! La pornographie m’a toujours intriguée et, je pense, fascinée, comme la prostitution. Jeune femme, Ovidie m’a permis de poser un regard différent sur la pornographie.
Sans vouloir faire « précieuse ridicule », je dirais que philosophiquement, ontologiquement, la pornographie me fascine autant en ce qui concerne ses protagonistes que ceux qui la mettent en scène et que ceux qui la regardent. L’aspect performance corporelle, organique me fascine aussi énormément. Cinématographiquement, je prise les œuvres non-pornographiques qui flirtent avec ou thématisent la pornographie : parmi d’autres, Guiraudie, Bonello et Yann Gonzalez dont j’attends avec impatience le prochain film.
Le Pornographe, Bonello
Vous avez une vraie marque visuelle avec vos mélanges cartoon/monde réel. Quelle sont vos inspirations ?
Pour cette réponse, je cède la parole à Arthur Touchais, le réalisateur : « Grand fan de Space Jam depuis l’enfance, j’avais envie d’expérimenter le mélange cartoon/live action dans Teen Spirit pour créer un univers pop. »
Avez-vous des projets en parallèle ?
Après avoir travaillé de longues années dans l’univers de la production télé et ciné, je souhaite poursuivre la production audiovisuelle et cinématographique avec une spécialisation en réalité virtuelle. Avec le World VR Forum, que je viens de rejoindre, j’ai plusieurs projets en tête, dont celui de produire un film VR plus érotique que pornographique. Quoique, si le projet est bon… Encore une façon d’explorer un terrain relativement inconnu en Suisse.
Sinon, je souhaite vivement pouvoir continuer l’expérience Teen Spirit pour nous perfectionner. Gagner en rythme, en qualité de jeu, en efficacité narrative, et surtout développer l’interactivité. J’aimerais que les thèmes, les scénarios et les anecdotes viennent du public, j’aimerais que notre série soit utilisée dans les classes et les associations qui accompagnent les ados et puis, surtout, je souhaite pouvoir produire une saison 2 pour poursuivre notre mission : de l’info sexo pour ados sans culpabilisation, ni tabou mais avec sérieux dans le fond et humour dans la forme. Sponsors, producteurs, médias, on vous attend dans la Teen Spirit Family !
Une réalisatrice décide de tourner, là maintenant, tout de suite, un documentaire sur le lutinage – aussi appelé polyamorie, polyamour ou encore art des amours plurielles… Lutine est une comédie documentaire ou, plus exactement, une comédie et un documentaire. Jouant avec les émotions et les sentiments, brouillant les pistes entre réalité et fiction, son héroïne prend des risques dont elle ne mesure pas toujours les conséquences… Son couple y résistera-t-il ? Finira-t-elle son film ? Isabelle Broué, la réalisatrice de Lutine, nous en dit plus.
Dans votre film, il est question de définir une pratique et une éthique amoureuses, qu’on nomme communément « polyamour », mais votre film propose d’autres termes : « lutinage » et « polyamorie ». Pouvez-vous expliquer ces nuances ?
« Lutinage » est un mot créé par Françoise Simpère (1) à partir du verbe « lutiner » qui, en ancien français, signifie « charmer », « faire la cour », mais aussi en référence au monde secret des lutins, à la fois souterrain, ludique, coquin, et qui peut inquiéter les gens qui vivent en surface. Le vocable « polyamour » a été, à mon sens, mal adapté du mot originel « polyamory », créé aux États-Unis à la fin des années 90 : si les Américains avaient voulu parler d’amour au sens de « être amoureux », ils auraient créé « polylove ». C’est pourquoi je préfère franciser « polyamory » en « polyamorie ».
Est-ce parce que le terme « amour » est équivoque que la polyamorie est souvent mal comprise ?
C’est possible. Dans « polyamour », les gens entendent « amour » et pensent à « passion amoureuse », qui n’est qu’une des nombreuses formes que peut prendre l’amour. Or la polyamorie, ça n’est pas « vivre plusieurs amours », mais la possibilité de vivre simultanément plusieurs relations intimes – amoureuses ou non, sexuelles ou non – de manière consensuelle et éthique. Autrement dit, que toutes les personnes concernées soient au courant et d’accord, et s’engagent à prendre soin de leurs relations.
Mais dans la polyamorie, il y a souvent un couple primaire autour duquel gravitent en parallèle d’autres relations, non ? Il existe une hiérarchie des amours ?
Ce modèle, c’est une forme de polyamorie, qu’on appelle la polyamorie « hiérarchique ». En réalité, il y a autant de formes de polyamorie que de personnes, et même que de relations poly.
Quelles sont alors ces différentes formes de polyamour ?
Ce qui rassure le plus les gens, me semble-t-il, c’est cette polyamorie « hiérarchique », assez proche de ce que l’on appelle traditionnellement le couple libre, avec un couple « pivot », parfois des enfants : les fameuses amours nécessaires et contingentes de Sartre et Beauvoir. Mais il existe aussi la « triade », ou le « trouple » : des gens qui vivent une relation à trois dans laquelle chacun.e est en relation avec les deux autres. Ou les relations « en V » : une personne au centre, en relation avec deux autres. On parle de « polyfidélité » quand plusieurs personnes sont exclusives ensemble : comme un couple, mais à plus que deux. On peut être « solo-poly » : principalement célibataire, avec des relations multiples. On parle d’« anarchie relationnelle », quand un individu choisit d’être en relation avec plusieurs personnes, sans priorité de l’une ou l’autre.
Aussi, il me semble que ce que le grand public ne comprend pas, c’est ce qu’il y a en pratique derrière. Comment gérer ces différentes relations au niveau de la logistique et des affects ?
Évidemment, c’est là que cela devient difficile. La théorie, c’est bien beau, mais en pratique, quand vous êtes le soir chez vous et que la personne que vous aimez est en train de faire l’amour avec quelqu’un.e d’autre, ça peut être plus compliqué à gérer. On développe alors des outils de gestion des émotions, de communication positive et non violente. La plupart des poly ressentent de la jalousie : la seule différence, c’est qu’on ne vit pas ce sentiment comme une fatalité face à laquelle on ne peut rien faire, mais qu’au contraire, on le travaille. Il peut naître d’une peur de l’abandon, de la perte, d’un sentiment d’exclusion, ou bien de la comparaison. Il réveille des insécurités. On ne nie pas les ressentis désagréables : on accueille nos émotions comme des alliées qui nous aident à avancer. On cherche ensemble des solutions pour que chacun.e se sente en sécurité. Cela demande de la patience, du temps et de l’énergie.
Finalement, à part les scènes comiques où l’on ne sait plus si les comédien.ne.s jouent un personnage ou leur propre rôle, traduisant de ce fait la complexité de mettre en place les rôles tenus pour chaque partenaire dans ce système amoureux, votre film, me semble-t-il, met davantage en avant l’aspect positif de la polyamorie et peu les inconvénients pratiques, la complexité qu’elle engendre ?
Le point de départ du film était d’interroger des personnes qui ont choisi la polyamorie en conscience, qui la vivent bien et l’assument. Mon contrepoint est dans la comédie. D’un côté, l’aspect documentaire qui donne une vision positive, et de l’autre, la comédie qui met en avant les difficultés concrètes. La théorie dans le documentaire, et la pratique dans la comédie. Après, c’est vrai que le film n’entre pas dans le détail de la gestion au quotidien. Ce sera le sujet de mon prochain film !
En quoi cette philosophie de l’amour va-t-elle de pair avec le combat féministe ?
Pour moi, la polyamorie est intrinsèquement féministe. Car à la base même, chaque partenaire a les mêmes droits, quels que soient son âge, son sexe, ou son orientation sexuelle. C’est un combat « pour les femmes » et non pas « contre » les hommes. Nous sommes à mon sens, tou.te.s victimes du patriarcat, même si ce n’est bien sûr pas au même degré. Un de mes objectifs, c’est que le mot « féministe » soit inclus dans la définition même de la polyamorie.
On parle aussi d’ « altruisme », de « bienveillance » au sein de chaque relation. Ne trouvez-vous pas que ces notions sont paradoxales pour une théorie et une pratique amoureuses qui prônent l’individualité et la liberté totale de vivre ce qu’un individu a à vivre ?
C’est là qu’on entre dans la gestion pratique de la théorie : chaque être humain est libre fondamentalement. En revanche, on est aussi interdépendant.e.s. À la fois je suis libre et je revendique cette liberté, et en même temps, je suis en relation avec quelqu’un qui éprouve pour moi des sentiments, que je partage, et envers lequel j’ai des engagements. Mes actes ne sont pas neutres et peuvent réveiller chez l’autre des insécurités. D’un autre côté, mes insécurités peuvent aussi empiéter sur son espace de liberté. On est au croisement du respect de la liberté de l’un.e, et du devoir de tenir compte des insécurités et des peurs de l’autre.
Donc finalement au croisement, on trouve le dialogue, non ?
Oui, la communication positive, non violente, l’accueil des émotions.
Françoise Simpère définit le lutinage comme « l’art des amours plurielles ». Faut-il entendre ce mot comme un « artifice », un « artisanat », quelque chose qu’on s’efforce de modeler et donc parfois avec difficulté, ou comme une pratique « poétique » et libératrice ?
Pour moi, « art » s’entend au sens d’ « artisanat ». La polyamorie est un art qui se travaille, un apprentissage. On peut apprendre à mieux vivre ses amours. Quant à une pratique « libératrice », ça m’embêterait que les gens pensent que l’idée est de les convaincre que c’est « mieux ». Ce n’est pas un mode de vie adapté à tout le monde : pour certain.e.s personnes, ce sera naturel et évident, pour d’autres, plus difficile. Mon désir avec ce film, au-delà bien sûr de faire passer aux spectateurs un agréable moment de cinéma, est qu’ils découvrent que c’est possible, qu’on peut vivre en polyamorie, et que, si on le souhaite, on peut apprendre à gérer ses émotions et ses insécurités. On peut entendre « l’art des amours plurielles » comme un « art de vivre ».
Mais le mot « art » inclut les notions de beauté, d’esthétique, non ? Quand Kierkegaard définit le libertinage, il parle d’amour « esthétique » par exemple… Et puis, c’est prodigieux de parvenir à orchestrer toutes ces relations, il y a quelque chose de l’ordre de l’œuvre d’art, non ?
Ce qui me gêne dans cette conception, ce sont les mots « œuvre d’art » et « parvenir ». Parce que ce que nous apprennent les amours plurielles, c’est de vivre au présent, de ne pas faire de projections sur l’avenir. J’ai un engagement au jour le jour… de fidélité, au sens de « fiabilité », de sincérité, de faire attention à l’autre, à la relation. J’avance pas à pas, au temps présent. Chacun.e de nous est créateur ou créatrice de sa propre vie : on se pose la question de savoir quel genre de relations on a envie d’avoir et quelles sont celles qui nous conviennent à nous, indépendamment de modèles pré-établis. On invente de nouvelles façons de vivre nos relations amoureuses.
Lutine
Projection à 20h, précédée d’un « apéro poly » de 18h à 20h et suivie d’une discussion avec la réalisatrice, Isabelle Broué, mercredi 15 décembre à 19h à La Méduze, 26 rue Sergent Blandan-Lyon 1
3€ (+ adhésion 2€)
www.lutinelefilm.com
(1) Françoise Simpère, théoricienne de la polyamorie, a publié Aimer plusieurs hommes (aux éditions de La Martinière) en 2002 et Guide des amours plurielles (aux éditions Pocket) en 2009, deux ouvrages malheureusement épuisés.
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Je ne sais si c’est la vieillesse, mon rythme de fonctionnaire – quand on dit que les fonctionnaires n’en rament pas une, laissez-moi rire – ou la lassitude de la vie, mais toujours est-il que depuis 11 ans que j’ai décidé d’écrire sur la musique, j’ai l’impression que les mots ne passent plus. Je me limite de plus en plus à l’essentiel, le partage de musique pure sans explication.
La musique me guide désormais à l’arrivée au travail le matin, où je partage sur mes réseaux sociaux #HighSchoolMusical avec mon humeur du moment. C’est ainsi que je me suis formée une cartographie de mon automne et de mes émotions dans l’établissement où je travaille désormais. Certes, je deviens un peu plus « feignasse », mais c’est compliqué de gérer des aspirations créatrices avec 40h/semaine* + 6h d’orchestre.
Même si je suis obligée de me justifier sur des projets qui traînent et mon manque d’articles depuis quelques années, il faut une sacrée énergie pour générer ce qui se passe dans ma tête. Et l’énergie, je ne l’ai pas ou plus en cette période de bonheur conjugal plein mais de questionnement personnel intense. Mais ma chanson du matin m’a mis beaucoup de baume au cœur dans les matins rudes.
Voici donc un petit aperçu de ce qui m’a fait plaisir cet automne dans les oreilles.
La petite découverte en dehors des clous : Trio Mandili, Apareka (2014)
https://www.youtube.com/watch?v=IbsQJBxICN0
J’ai découvert ce groupe de trois copines géorgiennes il y a quelques mois, lorsque leur « tube » Apareka a été remixé par deux métalleux. Je me suis dit à l’époque : Bordel de merde, qui sont ces trois Roumaines trop stylées ? Elles sont donc Géorgiennes – mea maxima culpa – et font actuellement une belle carrière en Europe de l’Est suite au buzz qu’elles ont suscité avec leurs vidéos Youtube. Leur premier album, With Love, est disponible depuis l’an dernier.
Le petit rappel de mes années d’étudiante n°1 : Mes Souliers sont rouges, Quand plus rien ne va (2000)
Mes camarades normands étaient fous de ce groupe caenno-montréalais qui ont puisé entre 1991 et 2006 dans les répertoires québécois, cadiens, irlandais, cajuns et français pour se constituer un répertoire de concerts fait pour danser et partager. Sur la fin de leur première période d’existence, ils se lancèrent dans la variété. Ils ont repris leur activité en 2011 pour les dix ans d’une salle caennaise. J’ai été séduite par les arrangements vocaux très travaillés, mais aussi par l’énergie que ces messieurs dégagent sur scène.
Le pétage de câble : Die Woodys, Fichtl’s Lied (1984)
Je ressentirai toujours de la joie et de la tendresse pour les bizarreries d’Outre-Rhin. D’autant plus que cette chanson est devenue notre berceuse weird pour amuser notre nièce nouvellement arrivée. J’avais découvert ces deux grands crétins grâce à Mathieu Sommet et depuis, cela me pourrissait la tête de manière insidieuse. Le projet #HighSchoolMusical m’a permis d’extérioriser et de faire partager ma détresse mentale en soirée. Je vous assure : j’ai fait danser en soirée sur ce son et les gens n’étaient même pas ivres morts.
Le petit rappel de mes années d’étudiante n°2 : Bérurier Noir, Hélène et le sang (1985)
Comme je l’ai dit et souvent répété, Bérurier Noir fait partie de mon panthéon de mes années d’étudiante rennaise, que ce soit par les grèves contre la loi LMD en 2003, la reformation du groupe aux Transmusicales cette même année ou l’évocation des propres souvenirs étudiants de mon oncle avec Abracadaboum en bande-son. Cet automne 2016, j’ai choisi cette chanson revendicatrice en lien avec les problématiques des violences faites aux femmes. L’histoire racontée rejoint mon discours théoriques sur la question, à savoir Une main sur mon cul, ma main dans ta gueule.
Le pincement au cœur : La Femme, La femme (2013)
Pourquoi un pincement au cœur ? Parce que j’ai acheté Mystère sur la seule promesse d’avoir des sensations aussi belles qu’avec Psycho Tropical Berlin. Et en fait, non. Je ne sais pas si c’est par l’attitude de poseur des membres du groupe ou vraiment parce que leur son ne me surprend plus, mais encore un achat de disque que j’ai regretté. Alors je préfère me souvenir de Psycho Tropical Berlin et du superbe coup de frais qu’il avait donné dans ma discographie.
Mon tube du karaoké : Genesis, Land of Confusion (1986)
A la faveur de la construction d’une playlist alternative à celle que j’ai construite pour les 30 ans d’une copine, j’ai retrouvé ce son qui m’a bercée petite. Je me suis également rappelée du super clip faite avec les marionnettes de Spitting Image (les Guignols anglais). Cela me rappelle un débat sur l’essence de Genesis : à une personne qui se demandait si le Genesis de Phil Collins était encore du Genenis (le snobisme, le prog-rock, toussa), j’ai posé la question pour savoir si le Genesis de Peter Gabriel était déjà du Genesis.
Ma pulse : N.E.R.D, She Wants To Move (2004)
A la faveur d’une redécouverte personnelle du répertoire groove de ces dix dernières années – A base de Nicki Minaj et d’Iggy Azalea –, je me suis rappelée à quel point j’avais kiffé N.E.R.D et surtout Pharrell Williams lorsque je les ai vus au Zénith en 2010. En effet, lorsqu’il se produisait avec Shae Haley et Chad Hugo, il n’avait pas l’attitude de poseur qu’on lui connaît actuellement et qui m’énerve. A l’époque, il puait le sexe au lieu de casser les c*uilles, et ça me manque tellement.
Le tube de l’automne : Rag’n’Bone Man, Human (2016)
https://www.youtube.com/watch?v=L3wKzyIN1yk
Encore un Anglais qui me porte dans les entrailles, story of my life. Rappeur depuis l’âge de 15 ans, il s’est expérimenté dans diverses formations de drum’n’bass avant de faire ses preuves en solo dès 2011. Après 2 EP essentiellement sortis en Grande-Bretagne, son premier album Human est annoncé en février 2017. J’ai adoré ce son organique à souhait et cette voix entre les graves plus travaillés et aigus les plus spontanés, comme un cri.
Le commentaire d’actualité : Green Day, American Idiot (2004)
En même temps, vu comment se sont passées les primaires de la droite et du centre, j’aurais mieux faire de m’abstenir de commenter ainsi l’élection à la tête des Etats-Unis d’un type qui n’aime pas les pauvres, les Noirs, les femmes et les Mexicains.
L’ultime retour vers le passé : E-Type, Set The World On Fire (1994)
J’aurais beau faire toutes les psychanalyses du monde et vouloir me détacher de mon moi d’entre 10 et 17 ans, j’aurais beau me brouiller avec ma sœur, jamais je n’en aurai fini avec ce que nous avons vécu musicalement dans notre adolescence. Ca m’a nourrie, ça m’a construite et ça continuera longtemps à me faire avancer. En ce qui concerne E-Type, comme pour toute chose – et il y en a eu, des choses – pour laquelle ma sœur s’est enthousiasmée, j’ai écouté ça en boucle pendant des mois et je semblais ne jamais en être repue. L’adolescence, quoi.
A bientôt pour de nouvelles aventures musicales.
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