Si l’évêque de Coire cherchait à provoquer, il a manifestement réussi son coup. Le fait que Mgr Vitus Huonder cite des passages de l’Ancien testament sur la mise à mort des homosexuels, le 31 juillet devant un congrès allemand, a provoqué un ras-de-marée de réactions, en Suisse et même à l’étranger. Et c’est au sein même de l’Eglise qu’elles sont les plus virulentes. Jeudi dans le «Tages-Anzeiger» de Zurich, Willi Anderau, porte-parole de l’Initiative des paroisses, un mouvement de croyants alémaniques, a qualifié ces propos d’incitation à la haine digne du IIIe Reich. Il a aussi comparé Huonder à un dictateur africain qui agite l’épouvantail de l’homosexualité pour galvaniser les foules.
Sans surprise, la Conférence des évêques suisses n’a pas commenté. Quant à Vitus Huonder, il a réagi à la polémique en prétendant que ses déclarations avaient été sorties de leur contexte (lire ci-dessous). «Je suis désolé si mon discours a été compris comme un abaissement des homosexuels. Ce n’était pas mon intention», a indiqué Huonder. «A mon avis, il a choisi ces propos délibérément et intentionnellement», estime au contraire Willi Anderau. Selon lui, un théologien comme Huonder ne peut pas ignorer l’effet de ce type de déclarations.
Le Diocèse de Coire a publié sur son site le discours prononcé à Fulda par son chef. Il s’agit d’une exégèse des passages de la bible consacrés à la sexualité, au mariage et à la famille. Voici notre traduction du passage controversé sur l’homosexualité.
«Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination.» Lev 18:22
«Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils commettent tous deux une abomination. Ils seront punis de mort, leur sang retombera sur eux» Lev 20:13
Ces deux textes présentent, parmi d’autres citations des Saintes écritures, surtout dans le livre du Lévitique, l’ordre divin pour détournement de la sexualité. Dans ce cas-ci, il s’agit de la pratique homosexuelle. Ces deux versets suffiraient pour donner la tournure exacte du point de vue de la foi sur la question de l’homosexualité. Ce propos a aussi une signification pour la définition du couple et de la famille: il n’existe pas de diversité des modèles de familles et de couple. Parler en de tels termes est une attaque contre le Créateur, mais aussi contre le Rédempteur et le Sanctificateur, ainsi que contre la Trinité.
Le prêtre doit se placer dans l’ordre divin. Sa mission est, dans la conscience du salut des âmes, mais aussi dans l’amour pastoral – et non dans le simple humanisme – de libérer les personnes qui se trouvent dans un état de nature déchu pour les ramener vers la vie et la lumière. La foi est pour tout être, aussi pour les personnes avec des penchants homophiles, une aide. Elle peut mener à une réorientation, vers une maîtrise du désir sexuel et une remise en ordre de sa propre vie conformément à l’instruction divine.
Délinquant
«Celui qui dit indirectement que les homosexuels doivent être tués, n’est pas un homme d’Eglise, mais un agitateur et délinquant», a réagi Bastian Baumann, directeur de Pink Cross, qui a exigé des excuses publiques. Une nouvelle pétition visant le prélat a été lancée sur le site Change.org. Au début de l’année, une récolte de signature avait déjà obtenu plus de 25’000 soutiens après l’affaire du curé de Bürglen, révoqué par Mgr Huonder après qu’il avait béni un couple de lesbiennes de sa paroisse.