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HBO s’encanaille. Le 10 septembre prochain, la chaîne américaine lance The Deuce, une série de huit épisodes sur le porn des années 70 avec un casting irrésistible : James Franco, Amber Skye Noyes et Maggie Gyllenhaal. Entre trafics mafieux et sexualité débridée, David Simon (le créateur de The Wire) nous invite dans les bas-fonds d’un New York sulfureux à l’heure de la légalisation du X. Rythmées par Move On Up de Curtis Mayfield, les images urbaines, festives et noctambules du premier teaser promettent une bonne dose de plaisir télévisuel.
Réalisé par Catherine Corringer, “High Mothers” est un film mêlant fiction et performance qui invente «des maternités antispécistes». Qu'est-ce ? Réponse lors de la projection –le 11 puis le 14 juin, au Festival Côté Court– de cette rêverie mystique sur les alternatives à la fécondation.
La phrase du philosophe Spinoza – «Nul ne sait ce que peut un corps» – est le point de départ de son oeuvre. Depuis 12 ans qu’elle réalise des films, Catherine Corringer –comédienne, vidéaste et artiste expérimentale– ne fait jamais que traiter explicitement du masculin et du féminin dans une quête de dépassement qui la pousse, sans cesse, à éprouver ses limites, autant que les nôtres. Dans Day’s night (2005), Catherine habillée en petit garçon se livre aux jeux sadiques de l’enfance, jouant avec ses fluides avec une cruauté jouissive. Dans In Between (2006), sous le regard d’acier d’une «Maîtresse» de cérémonie, elle scarifie un homme qui s’abandonne entre ses griffes, jusqu’à ce que le sang les recouvre tous deux. Il n’y a aucun trucage. Dans This is the girl (2007), elle filme une femme-fontaine qui se fait jouir à puissants jets, démontrant in vivo que les femelles peuvent éjaculer (et bien plus loin que les mâles). Dans Smooth (2009), primé au Porn Film Festival de Berlin, Catherine filme un homme dont l’anus «invaginé» donne naissance de façon presque surnaturelle à des fleurs blanches. Il n’y a aucun trucage, là non plus. Dans QueenS (2012), elle joue en caméra subjective avec des poupées qui se confondent avec des momies au visage recouvert d’un masque mortuaire. Le dernier film de Catherine Corringer, High Mothers, tourne autour d’une suspension aux crocs de boucher filmée comme un féérique arrachement à la pesanteur. Lentement, très lentement, Catherine dont le dos est orné d’un tatouage d’oiseau laisse son esprit s’extraire littéralement du corps. C’est un film sur la naissance d’un être qui a été produit non pas par reproduction sexuée, mais par dédoublement.
Queer c’est quoi ?
Le cinéma de Catherine Corringer est queer, un mot qui se traduit «étrange», «louche», «bizarre». A l’origine, il s’agit d’une insulte homophobe. L’insulte est récupérée vers la fin des années 1980 aux Etats-Unis par des homosexuel.le.s ostracisé.e.s par leurs propre communauté : les folles, par exemple, sont loin de correspondre aux standards du gay-viril-sur-lui. Elles ne sont pas respectables. Pas plus que les lesbiennes SM… Le mot queer désigne maintenant les personnes dont la combinaison sexe-genre-sexualité est un peu trop compliquée à définir : homo travesti, hétéro aimant se faire prendre au gode-ceinture, XX-boy, trans non-opéré tendance bi, fille adepte de pratiques gays… Ca n’entre pas facilement dans les cadres. Les queers présentent par ailleurs une fâcheuse propension à «performer» le genre, c’est-à-dire qu’ils-elles trouvent intéressant de reproduire les attitudes conventionnelles des machos ou des bimbos, qu’elles-ils imitent pour s’amuser, en inversant les rapports de force. Dans la communauté queer, on ne culpabilise pas de porter des talons aiguilles. Ni d’utiliser des godes en forme de pénis. Tout est jeu de rôle dans ce mouvement décomplexé qui brouille comme à plaisir les catégories, change de genre comme de culotte et prend ses opposants au piège de leurs propres clichés. Issue du mouvement queer, Catherine Corringer s’amuse il-elle aussi à semer le trouble, en filmant des corps de telle sorte qu’on ne puisse deviner leur âge, ni leur identité, et dont les formes ambiguës évoluent comme au ralenti dans des atmosphères de rêve.
La scissiparité, inscrite au coeur de l’embryogenèse
Posant l’idée que le corps est infiniment plastique, Catherine Corringer fait des métamorphoses le coeur d’une oeuvre au caractère ludique et liturgique à la fois qui explore toutes les formes de reproduction… toutes sauf celle qui dans notre culture est considérée comme «normale» : il n’y a pas de pénétration génitale dans ses films. Il y a en revanche quantité d’échanges peau à peau, de parthénogenèse et d’hybridation. La reproduction est l’ensemble des processus par lesquels une espèce se perpétue. Dans les films de Catherine Corringer, ces processus prennent l’allure d’initiations féériques à d’autres joies et, surtout, d’autres altérités. Dans High Mothers, par exemple, les géniteurs ne copulent pas. Ce sont deux créatures non-phalliques qui extraient des insectes gluants de leur bas-ventre afin d’en nourrir un utérus artificiel, sorte de chrysalide dont la langue-pédoncule s’agite doucement. Elle réclame des psychotropes. Ce qui grandit en elle finit, lentement, par murir sous la forme jumelle de deux corps qu’il faut séparer… «On sait qu’après la fécondation, l’oeuf se divise en deux, explique Catherine. Une cellule donne deux cellules qui se divisent à leur tour.» S’inspirant du développement embryonnaire qui passe par le stade de la segmentation, qu’on appelle mitose, Catherine Corringer met en scène l’humain dans un «monde clonique» où chaque individu engendre des doubles qui se divisent eux-mêmes en êtres capables de se différencier. Certaines cellules deviennent le placenta, d’autres le foetus. Dans le foetus lui-même, certaines cellules deviennent des nerfs, d’autres des muscles. L’humain apparaît donc en ce monde suivant un processus très proche de celui que les savants nomment la «multiplication végétative». Autrement dit : le dédoublement.
Diviser pour s’élever
Nous sommes des êtres dupliqués. Tout en nous se divise, à commencer par nos réflexions qui prolifèrent en souvenirs, projections, pensées négatives et d’espoir, désirs ou dégoûts. C’est sur la base de ce simple constat que Catherine Corringer fonde ce film spéculaire, dont les images en effet miroir produisent sur le spectateur un effet presque hallucinogène. On croit voir double. Le film s’intitule d’ailleurs High Mothers par allusion à l’expression «planer». «Quelqu’un sous drogue en anglais est high», précise Catherine qui ajoute : «Dans High Mothers, c’est pareil : le film est un trip en soi, qui va de plus en plus loin, jusqu’à l’ultime hallucination» : une sorte d’accouchement, accompli par deux mères, dont l’une –connue sous le nom de Victor– est un homme avec des seins. L’autre, sourcils rasés, regard de mutante, est une géante musclée. Les deux mères fonctionnent en symbiose, mues par l’identique désir d’échapper à la gravité. Elles nourrissent l’utérus et attendent. Quand l’utérus est prêt, découpant son enveloppe avec un soin presque religieux, elles en dégagent le contenu vivant dont la naissance s’accomplit vers le haut par une suspension, instant de grâce suivi d’une extatique vision. Le film dure 26 minutes dont les dernières semblent se prolonger comme au fil d’une éternité révélée. 26 minutes, le temps d’une cérémonie ?
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A VOIR : High Mothers, au Festival Côté Court, Studio 104, 104 rue Jean Lolive à Pantin. Programme 4 de la sélection : Compétition Art Vidéo.
Séances : dimanche 11 juin à 22h et mercredi 14 juin à 20h (mercredi, en présence de l’équipe du film).
Le film sera également projeté le dimanche 18 juin à 18h lors d’une rencontre autour 4 films de Catherine Corringer à la galerie d’Art : La Ralentie. 22-24 rue de la Fontaine au roi 75011 Paris, en présence de Sarah Chiche et de Thierry Savatier.
High Mothers (2017) 26 min. Avec Victor Marzouk, LV, Valerie Dassbach, Catherine Corringer. Chef opérateur : Emmanuel Valette.
POUR EN SAVOIR PLUS : «Sur deux vidéos récentes de Catherine Corringer», article de Pierre Henri Castel, publié dans La clinique lacanienne, 2014. «Payer de son corps», article de Ruwen Ogien, Artpress, 2011. «Les testicules élémentaires», d’Agnès Giard, Libération, 2009.
On peut, sur le site de Catherine Corringer (http://www.catcor.net) commander ses vidéos, connaître les dates de leur projection ainsi que celles de ses performances.
■ Pourquoi écris-tu de la romance ? Bernard Grandjean : Je suis sensible aux ambiances que dégagent les lieux « chargés d’histoires » (j’ai tendance à mettre un « s » à ce vieux cliché). Par exemple, les châteaux XVIIIe – j’ai une certaine passion pour le Siècle des Lumières – leurs parcs remplis de faux … Read More →
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S’il vous fallait encore une preuve que le porn c’est du chiqué, Efukt vient de publier une vidéo qui devrait mettre fin à toutes vos croyances sur la question. Les castings dans la rue ? Faux. Les auditions pour des calendriers ? Pareil. Les taxis qui sont faux mais qui semblent être vrais ? FAKE ! Tout comme les hôpitaux, le sperme en quantité déraisonnable, les lunettes d’espion et je sais pas quoi d’autre encore. Rien n’est réel à partir du moment où l’on prend une caméra, c’est le propre de la création.
Si vous pensiez que cette folie ne pouvait atteindre Little Caprice, celle qui semble si vraie, si nature, si parfaite, et bien vous vous plantez le dildo dans l’œil. Repérée par le site (ou envoyée par Caprice elle-même…), cette séquence est assez éloquente. Pas de pénétration, pas d’orgasme et pourtant beaucoup de plaisir à l’écran. Pourquoi ? Qui est ce petit bonhomme au corps sec et musclé ? Nous ne savons rien si ce n’est que le porn n’est qu’une illusion.
Clique sur l’image pour voir la vidéo (parce qu’on peut pas l’intégrer en fait)
L’Impératrice revient avec Sultan des îles, un morceau léger et funky issu du Maxi « Séquences », clin d’œil au septième art et à la musique des seventies. Réalisé par Parachutes, produit par Slowdance, le clip parodie une bande-annonce de polar aux accents érotiques. Dans un bar de nuit, de jeunes et belles personnes flirtent en toute impunité quand un meurtrier masqué fait son entrée et égorge quelques filles. La même histoire est transposée dans différents décors de films de genre – italien, américain, asiatique, français – avec pour toile de fond des paroles douces et enveloppantes : « Ces filles qu’ils déshabillent, sans un regard… ». On ne saurait trop vous recommander ce voyage cinématographique indécent.
EP disponible le 16 juin 2017