J’entre chez-elle. Je la trouve étendue de tout son long dans le grand lit conjugal, devant l’écran de son portable. Les yeux fermés, elle ne dit rien. Elle semble concentrée. Elle donne forme et sens au mot aalaapi qui signifie, en inuktitut, « faire silence pour entendre quelque chose de beau ».
Lorsque je viens me coller contre elle, dans son dos, je redécouvre toute la qualité de son accueil chaleureux. Sous la couverture, elle porte le justaucorps dont elle a fait l’achat il y a quelques jours chez une jeune designer montréalaise, amateure de kinbaku. Ou est-ce l’inverse?
Cet ensemble fleuri sur fond bleu noir découpe bien le corps de cette pouliche. Ses lunes de chair respirent l’indécence, ses cuisses athlétiques inspirent la décadence. Mes narines font des enjambées par deux dans sa chevelure défaite qui recouvre son épaule.
Sa peau est blanche. Très blanche. Trop blanche. Elle ne le restera pas longtemps que je lui fais savoir. Elle devient troublée, troublante, béante.
Le silence en transeLes corps s’emboîtent, nos sens s’emballent. Une main glisse sur le tissu élastique; l’autre, sur son cou consentant. Je referme lentement l’étreinte. Cette danse sensuelle est suivie d’un raidissement de tous nos membres : elle tente de m’échapper, avec vigueur. La lutte est de courte durée. Sa tentative de putsch fait poutch.
Tous les membres de mon corps la retiennent, je croque dans sa chair :
« Tu es à mouah, touah… »
Nous entrons dans une transe d’où s’échappent gémissements, cris, hoquets, grognements. Est-ce du silence? Nos souffles font bouger les aiguilles de la montre à la vitesse V. Sa croupe, qui se retrouve par le plus grand des hasards soudainement offerte et mise à ma disposition, appelle une claque, puis une autre. Puis une autre. Cette pluie soudaine d’élans de mains fermes sur ses fesses rebondissantes et volontaires fait retentir un cri. Puis un autre. Et un autre.
On se croirait dans un match de tennis féminin…
Je suis la cordeJ’attrape un bout de corde et dirige le courant vers ses chevilles : je réalise un double-colonne assez serré, à sa grande surprise… et à la mienne. Je monte la corde sous les genoux et fais un autre double-colonne, tout aussi solide. Nous entrons dans un ligotage très physique, de l’ordre de l’épreuve.
Je ne réfléchis pas, je suis la corde.
Les sens en émoi, je goûte à toutes les possibilités en chemin… Il reste peu de corde, juste assez pour lui enrouler les poignets, ce qui la fait pencher et la rend inconfortable un brin.
Aujourd’hui, j’ai envie de lui faire mal. Je lui fais savoir. Elle gémit.
Sur l’axe des ZLa posture de son corps est parfaite, asymétrique. Elle devient un petit paquet dont j’ai la garde pendant un temps X. Son regard tropical m’indique qu’elle vit déjà la félicité de la soumisphère, la friponne avec un i grec. Je l’attrape par les cheveux, un cri perce le mur du son de la chambre.
« Regardez-mouah, vous, quand je vous… »
Je la tourmente en la caressant ou en la griffant, selon l’angle de mes ongles sur ses chairs. L’énergie ainsi générée fait naître des aiguilles sur le tableau de bord de ma conscience. Et de la sienne.
Commence une nouvelle pluie fine d’élans de mes mains sur son postérieur, cette fois-ci avec une force augmentée. Elle rougit, elle rugit, tente de se libérer de l’emprise de la corde, en vain. Je prends sa vulnérabilité par la gorge, elle sourit les yeux fermés… Elle grogne.
Je veux une autre corde pour renforcer sa reddition, sauf que… je dois aller dans l’armoire, de l’autre côté de ce grand lit. Phoque!
Je ne fais ni une ni huit, je la tourne avec vigueur sur elle-même, comme les aiguilles d’une horloge sud-américaine.
Je trace un 180 degrés sur l’axe des Z.
Mesure de confinement maison : zébrette capturée restreinte à la corde. Montréal, hiver 2020. L’amour au temps de la grippe mortelleAvec la nouvelle corde, je verrouille le haut de ses bras avec un nouveau double-colonne, puis fais le tour de son corps au-dessus du radial, non sans difficulté, ce qui m’amène à la bousculer pour obtenir ce que je veux. J’adore la malmener cette petite bête. La corde entre les jambes ajoute une source de tension supplémentaire tout à fait anodine.
Je lui ressers une nouvelle fessée de réchauffement avant de passer à la cravache aux comportements aussi imprévisibles que des potaches. Elle hurle.
En guise de récompense pour tout ce qu’elle fait de si bon dans son abandon, c’est ma grille d’analyse, je lui annonce la venue du fouet. Celui-ci requiert, je lui rappelle, une posture appropriée, apte à recevoir la langue du dragon.
Il faut voir alors la soumise pleine de bonne volonté violemment restreinte dans ses capacités de déplacement; il faut entendre ses efforts, toute l’énergie qu’elle déploie pour se redresser. Difficilement, elle cherche par tous les moyens à se présenter au fouet de dos, agenouillée, tout le cul et les cuisses à ciel ouvert. Elle déploie des efforts sysiphiens, retombant toujours sur le côté.
Je lui rappelle les traits principaux de sa situation actuelle à voix haute… riant… faisant claquer le fouet, question de réveiller le dragon qui sommeille… Jusqu’à ce qu’elle susse se tenir assez en équilibre pour recevoir la grande chaleur à venir.
La langue du dragon sur la chatte de la chienneCoups de langue, coups de fouet, coups de reins… Lorsque le Maître permet à sa soumise de se comporter en petite chienne assoiffée d’indécence, chaque geste, chaque parole, tout se mue en status orgasmus. Elle n’en finit plus de se comporter comme une érablière au printemps.
La nature est bien faite.
je ne sais meme plus trop ce qui m’est arrivé
je me souviens que vous avez commencé a me taper les fesses
et que c’était excitant
et puis j’ai comme perdu un peu la carte
je me souviens que vous m’avez enlevé mes culottes
et m’avez pénétré et que c’était très très excitant
Ah, la mémoire sélective…
L’article L’envie de lui faire mal est publié dans le site cercle O - L'échange de pouvoir érotique.