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La cérémonie des Feminist Porn Awards, organisée par Good For Her, vient d’avoir lieu ce week-end à Toronto. C’est au Canada. Le temps n’est pas aussi clément qu’à Cannes, la mer pas aussi proche, mais le cinéma qui y est présenté se montre bien plus explicite. 42 créations pornographiques hors des normes du mainstream se trouvaient en compétition, 16 récompenses furent distribuées, la compétition était réelle. Le monde du porno alternatif a fait la fête pendant 3 jours, mais s’est aussi rassemblé en conférences pour discuter boulot.
Le porno féministe tient dans une vision de la sexualité filmée différente, là où les prods classiques tendent à se rapprocher des clichés communs du X, le porn féministe ou queer présente la multiplicité dans les actes, dans les physiques, dans les sentiments. Le mantra de cet art alternatif pourrait bien tenir dans ces vers d’Amel Bent : « je n’ai qu’une philosophie : être acceptée comme je suis ». Tous les films en compétition avaient cette envie commune, se montrer tel que l’on est, ne pas avoir honte de son corps, de sa sexualité et proposer un support masturbatoire plus en accord avec les désirs de chacune et chacun.
A ce petit jeu, Courtney Trouble a remporté le pompon avec deux récompenses, celles du Hottest Dyke Film (dyke est un synonyme plutôt insultant pour lesbienne) pour Lesbian Curves 2: Hard Femme et le film trans le plus alléchant pour Trans Grrrls. Jacky St. James a été également plébiscitée par le jury avec le titre de Steamiest Straight Movie pour The Temptation of Eve avec la choupinette Remy Lacroix et celui de Steamiest Romantic Movie pour The Submission of Emma Marx.
Courtney Trouble, grande gagnante
Le meilleur film va à Silver Shoes par Jennifer Lyon Bell et la meilleure réalisation revient à Ovidie pour Liberté sexuelle. Deux courts ont gagné : Trains par Paul Deeb et No Artificial Sweetener par The Madame. Le Golden Beaver Award For Canadian Content fut remis à Carey Gray pour Power at Play, le Smutty School Teacher Award For Sex Education à Tristan Taormino pour son guide du bondage pour couples (elle officie aussi sur Kinky), la meilleure vignette straight est gagnée par Erika Lust pour ses Xconfessions, dont on raffole, et la version lesbienne par Madison Young pour Women Reclaiming Sex On Film. Le Hottest Kink Movie est remporté par Soma Snakeoil pour Rubber Bordello.
Zahra Stardust, candidate au sénat australien, fut mise en avant avec le titre d’idole de l’année et Carlos Batts (décédé en octobre 2013) avec la distinction d’icône du porn indépendant. Le meilleur boygasm (orgasme de garçon comme son nom l’indique) est donné au film Bed Party de Shine Louise Houston, la cofondatrice de Pink and White, boite de prod emblématique dans le queer.
On ne peut s’empêcher de regretter l’absence de récompenses pour Dana Vespoli, celle qui bouscule le mainstream à coup de strap-on, pour Mason, la mystérieuse et plus grande réalisatrice de la Porn Valley et pour Buck Angel, le doux transman américain. Heureusement, notre favorite, notre chouchou Lucie Blush n’a pas fait le déplacement pour rien et elle ramène à Barcelone le trophée Honorable Websites aux côtés de JuicyPinkBox, NaughtyNatural et WendyWilliams. L’année prochaine, elle devrait gagner le titre de meilleur film, on en est sûr.
Photos par Kristy Boyce.
Je vais donc résumer le livre de Paola Tabet La grande arnaque : Sexualité des femmes et échange économico-sexuel
Avant de résumer ce livre, plusieurs choses :
Ce livre n'est pas un plaidoyer pour ou contre la prostitution.
Lorsque Tabet parle de "violences hors des règles sociales", elle décrit un fait ; elle n'est pas en train de l'approuver. Ainsi par exemple, le viol conjugal est dans certains pays une violence admise dans les règles sociales. Battre sa femme, la prostituer peut être admis également.
Tabet est une ethnologue en cela le livre regorge d'exemples de terrain.
Chapitre 1 : Problème de définition, questions de pouvoir
Paola Tabet veut étudier ce qu'elle nomme les échanges économico-sexuels. Elle refuse de les nommer "prostitution" car le mot "prostitution"
- a un sens trop étroit pour définir toutes les relations qu'elle entend étudier
- est trop marqué avec une connotation péjorative
- est un terme trop galvaudé
En Occident ce terme signifie que l'état d'une catégorie de femmes, les prostituées est totalement séparé et distinct de celui des autres femmes. Pourtant, toute femme est susceptible à un moment de sa vie d'être définie comme telle à un moment donnée, tellement cela fait partie de la "nature" des femmes. L'auteure Gail Pheterson y voir un marquage des femmes comme classe de sexe ("a female gender stigma").
Tabet a donc tenté de dépouiller la documentation ethno-anthropologique afin d'étudier l'ensemble des relations sexuelles entre les femmes et les hommes qui impliquent une relation économique.
Dans une écrasante majorité des cas, on constate, qu'il y a un sens précis : les femmes fournissent un service variable en nature et durée mais qui implique le sexe et les hommes remettent une compensation ou une rétribution d'importe et de nature variables.
Le champ d'investigation de Tabet n'implique pas les relations homosexuelles.
Le continuum de l'échange économico-sexuel :
Dans la plupart des sociétés on tolère que les hommes aient de nombreux rapports sexuels et différentes sortes de relations y compris simultanées. Les situations sont diverses pour les femmes selon les société étudiées avec par exemple des passages d'une forme de relation à une autre. Ainsi dans certaines grandes villes en Afrique, on voit un réseau complexe de rapports qui permet aux femmes d'en tirer parfois leur subsistance ; relations sexuelles occasionnelles, fiancés payants etc.
L'aspect temporel de la relation :
Il y a un cliché très ancré dans les mentalités occidentales : il y aurait d'un côté le mariage et de l'autre l'acte sexuel passager rétribué. On comprend que ce la n'est pas le cas partout. Par exemple chez les Amharas d'Ethiopie où il existe le mariage contre compensation.
Il y a donc un éventail de relations dont le mariage temporaire.
Plusieurs anthropologues observent que dans différents pays, il y a un degré de permanence et de personnalisation entre prostituées et clients. Ex une ethnologue du Kenya Luise White montre que la façon de se prostituer évolue selon les transformations de la main d'œuvre. La malaya par ex attend les clients chez eux à qui elle vend du sexe mais aussi du ménage par exemple. Cette anthropologue propose alors la définition suivante "il se peut qu'une part de l'ambivalence à l'égard des prostituées vienne de ce qu'elles vendent contractuellement de qui est légitiment acquis dans le mariage, et de ce que les gains proviennent de salaires masculins donc la prostitution est en relation directe avec le travail salarié et elle est du travail domestique ; c'est un mariage illégal".
Toutes ces situations montrent l'impossibilité à utiliser un terme comme "prostitution" qui ne recouvrent pas toutes les situations.
Dans beaucoup de sociétés toutes les relations sexuelles sont caractérisées par des relations économiques
Il existe deux types d'échange :
- les mariages ou le prix de l'épouse payé en général à sa parentèle, transfère au mari des droits sur l'épouse, sur sa sexualité et sa capacité reproductive. elle est l'objet de la transaction
- des relations dans lesquelles les femmes sont partenaires de la transaction économico-sexuelle et ou elles sont les seules bénéficiaires de cette rémunération de leurs services sexuels (et parfois domestiques).
Ces deux optiques s'opposent. Ex des bakweri où la femme, en cas de mariage malheureux pouvait seulement être racheté par son mari par un autre homme ou par son père. Au fil des années elle a pu se racheter elle mémé en se prostituant, ayant ainsi de l'argent pour son rachat.
Tabet explique qu'elle n'entend pas glorifier la vente de services sexuels mais montrer qu'ils sont cédés dans le mariage dans un rapport permanent (de durée indéfinie, contraignant, souvent porteur de très faible autonomie pour les femmes). Ainsi beaucoup de femmes migrent en ville, acquièrent un commerce ou se prostituent ce qui leur permet d'être davantage autonomes.
Elle établit donc la coupure suivante qui ne sépare pas prostitution du mariage mais entre un rapport d'échange économico sexuel où la femme est un partenaire, et un rapport où la femme est l'objet de l'échange.
Ex de population avec les Birom du Nigeria. Le mari a plein droit sur la sexualité de sa femme qu'il peut vendre comme il le souhaite à un homme qu'on appelle "njem".
La femme reçoit directement du "njem" de l'argent (ex pour la scolarité des enfants). Une femme peut avoir plusieurs rapports njem. Cela n'est pas un mari car il n'a pas de droits sur les enfants. Les dons vont toujours de l'homme à la femme ; il n'y a pas d'échange réciproque. Cette relation n'est considérée ni comme de l'adultère ni comme de la prostitution.
L'étude de différentes situations nous montrent que la définition de la prostitution n'est pas vraiment une "prestation professionnelle rémunérée" mais plutôt une "représentation d'une activité sexuelle hors de règles morales établies". Par exemple dans des définitions de l'ancien régime en France, la définition était "on entend par prostituées publiques les femmes ou les filles qui s'abandonnent et se prostituent publiquement et au premier venu, soit gratuitement, soit pour de l'argent".
Avec de multiples exemples à travers le monde Tabet montre que
- on peut avoir beaucoup de relations rémunérées et ne pas être considérée comme une prostituée
- avoir un seul rapport non rémunéré et être considéré comme une prostituée
Y-a-t-il des faits coutumiers arbitraires en soi qui établissent cette grande variété de définition ou si on peut retrouver une logique à ces différences.
Cette logique est qu'on va définir comme sexualité incorrecte l'usage de la sexualité des femmes qui va à l'encontre des structures de l'échange des femmes.
La catégorie" prostituée" dépend des règles d'une société donnée et est fonction des règles de propriété sur les femmes dans une société.
Voici l'ensemble des situations où il y a rupture ou transgression des règles de propriété et d'échange des femmes
1. les femmes qui utilisent leur corps dans un rapport rétribué et sexuel
2. les femmes qui dans des relations avec les hommes utilisent leur sexualité même sans rémunération hors des règles établies dans leur société
3. les femmes sur lesquelles est exercé de la violence mais hors des règles sociales (par exemple un viol qui serait hors règles sociales. Ainsi en France le viol conjugal n'était pas hors des règles sociales avant 1992).
4. les formes d'esclavage sexuel, de prostitution forcée où il est fait un usage impropre des femmes du point de vues des règles de circulation des femmes.
Chapitre 2 Sexualité des femmes et échange économique
Lorsque la sexualité féminine s'échange contre autre chose qu'elle même, elle devient un service voire un travail.
Dans les pays industrialisés, là où les salaires sont inégaux, l'accès au travail inégal, en particulier à des emplois plus qualifiés et mieux rémunérés, ces inégalités contribuent à forger la dépendance des femmes vis à vis des hommes et à instituer l'échange économico-sexuel comme forme générale des rapports entre les sexes.
Tabet cite Hans qui a étudié les relations entre hommes et femmes dans les pays occidentaux et montre par exemple que les cadeaux faits aux femmes sont vus comme des éléments de valorisation ce qui aboutit au conditionnement et au contrôle des femmes. Il a été démontré longtemps que puisque les femmes avaient des salaires inférieurs aux hommes alors elles pouvaient les compenser en ayant des "amis". Ainsi le "treating" à New York à la fin du 19eme siècle ; les femmes peuvent se payer l'entrée d'un dancing mais ont par exemple besoin qu'un homme leur paie les boissons. En échange elles offrent différents services qui vont de la danse au sexe.
L'inégal accès aux ressources et le pouvoir économique détenu par les hommes constituent la base des rapports entre les sexes ce qui explique la variété des formes d'échanges économico-sexuels.
Chapitre 3 : Les dents de la prostituée : négociation et mesure dans l'échange explicite
Dans un contexte général de domination des hommes sur les femmes, les rapports entre les sexes ne constituent pas un échange réciproque de sexualité. Un autre type d'échange se met donc en place, non plus de la sexualité contre de la sexualité mais un paiement économique, valeur-prestige, statut social, nom) contre une sexualité transformée en service.
Tabet fait la différence entre les femmes qui sont partenaires et sujets de la transaction économico-sexuelle et celles qui sont objets.
Elle étudie différentes situations de prostitution, en Italie et au Niger. Elle montre que par exemple au Niger, les prostituées ne peuvent fixer et demander directement le prix de la prestation (il est impossible de le faire dans leur culture). Il y a donc un prix de base connu de tous, et au delà le client donne ce qu'il veut.
C'est à partir du mode de négociation de la rétribution que sont qualifiées les femmes qui y participent ; ainsi à Abidjan, une femme qui accorde du sexe est en droit d'attendre un cadeau. En revanche si elle demandait de l'argent avant le rapport sexuel, elle serait vue comme une prostituée. La discrétion concernant la rétribution est souvent demandée et forte.
En Ouganda, il est normal que les femmes seules aient des amants payants mais elles ne doivent pas calculer ou donner de l'importance à l'argent qu'elles reçoivent.
Le rapport économico-sexuel qui ne ternirait pas la respectabilité des femmes serait un rapport pas entièrement commercialisé c'est à dire un rapport où la femme a un pouvoir de négociation très partiel (compensation à la discrétion de l'homme) et où elle doit fournir un service personnalisé, non quantifié quant à sa durée et qui peut inclure des prestations domestiques par exemple.
Tabet rappelle (citation de Pheterson) "il est important de comprendre que le manque de choix n'est pas inhérent à la prostitution, mais plutôt aux abus, à la pauvreté, au racisme, à la toxicomanie, aux mauvaises conditions de travail, à l'inexpérience et/ou au désespoir".
Tabet se demande alors ce que le client achète lorsqu'il paie une prostituée et quels droits acquiert-il ?
Dans beaucoup de cas la prostitution présente des "quasi uxorial qualities" (qualités quasi conjugales). Tabet étudie donc les cas où cela n'est pas le cas.
Tabet étudie donc différents cas de prostitution :
1. la sexualité (et le service sexuel) se dégage du service domestique.
En Afrique, la fourniture de travail domestique, ainsi que l'absence de tarification sont des éléments d'importance dans la prostitution.
La malaya au Kenya accueille chez elle les clients. Elle peut, s'il paie plus, lui offrir la nourriture, la nuit, un bain. Elle tente donc en permanence de ne pas trop concéder de choses sinon elles se retrouvent à faire à manger, le ménage pour leurs clients.
2. La sexualité (et le service sexuel) se sépare du travail reproductif
Les malaya expliquent que les enfants conçus avec leurs clients leur appartiennent et pas à la lignée du père.
Chez d'autres prostituées, faire un enfant peut être une tentative, souvent déçue, d'obtenir davantage de soutien financier.
3. la sexualité (et le service sexuel) se sépare du travail de soutien psychique
Beaucoup de prostituées expliquent que le travail de soutien psychique est part entière de leur travail. Certaines acceptent de le faire, d'autres s'y refusent, arguant que cela est fatigant et nécessitant trop d'investissement psychique.
4. Le service sexuel comme travail potentiellement dissocié de la sexualité
Une prostituée, peut selon ses propres règles, propres à chacune, fixer ce qui est le plus tolérable ou le moins fatiguant, en dissociant le service de sa propre sexualité. Il y a donc une dissociation fondamentale entre le service sexuel comme travail et la sexualité comme expression et vie personnelle de la prostituée.
5. le morcellement des prestations :
Tabet montre que le client achète des prestations mais pas la sexualité de la prostituée. Le concept de "rapport sexuel" est donc remis en cause ou en tout cas il est décomposé et on n'est plus dans le triptyque pénétration/éjaculation/fécondation.
On retrouve donc :
1. à une extrémité de l'éventail, une sexualité de service avec d'autres éléments formant l'amalgame conjugal. a l'autre extrémité, un travail sexuel comme un travail en soi, dégagé du travail domestique et reproductif et potentiellement dissocié de la sexualité de la personne qui le fournit.
2. un second éventail ; celui de la rétribution du service sexuel qui revêt des formes multiples selon la plus ou moins grande possibilité qu'ont les femmes de fixer le prix, de passer un contrat explicite et déclaration. A une extrémité on trouve, de la part de l'homme le don ou la rémunération qui limite le pouvoir de négociation et de la part de la femme une pouvoir de négociation très limité et à l'autre extrémité, la possibilité pour la femme d'établir ou du moins de négocier de même que dans d'autres prestations de travail, la valeur du service et le tarif de chaque prestation.
Les rapports de pouvoir entre les sexes, la présence ou l'absence de stigmatisation, de répression, de contrôle étatique ou policier, la différence d'accès aux ressources pour chacun des sexes conditionnent le degré effectif de contrôle que les femmes pourront avoir.
Dans ce rapport explicite, le service sexuel normalement considéré comme un dû par le groupe des hommes est au contraire fourni de façon contractuelle contre un paiement. Mais dans le même temps, il s'agit d'un service fourni en écrasante majorité par des femmes et où il n'y a pas de service équivalent pour les femmes, nous nous trouvons face à un métier féminin traditionnel, inséré dans les rapports se clases entre hommes et femmes Métier lié aux données fondamentales des rapports de sexes ; le défaut d'accès aux ressources, aux outils et aux moyens de production.
Chapitre 4 Ruptures dans le continuum : choix des femmes, répression des hommes
Dans le mariage, une femme a assez peu le choix de refuser des services sexuels et elle y est objet d'échange et non pas sujet. Ces rapports sexuels sont sans limitation de durée.
Elle prend alors des exemples par exemple à Niamey où les femmes pour échapper à des mariages forcés où elles n'ont aucune ressource, sont battues et/ou violées, se prostituent ; ainsi l'argent obtenu va directement dans leur poche.
Dans les villages, les femmes font les travaux les plus pénibles (porter l'eau, chercher le bois, piler les céréales, faire le ménage, la cuisine, les soins aux enfants) , le fait d'être battue est pris pour une norme.
La migration des femme vers les villes où elles se prostituent constitue une réponse à la violence des hommes et au fait qu'ils détiennent des droits sur elle. C'est leur réponse aux viols et à l'excès de travail.
Elle explique certaines coutumes ; dans le cas d'un mariage arrangé où la femme ne veut pas du mari on la fait piler le mil jusqu'à épuisement jusqu'à ce qu'elle finisse par s'excuser et accepter son époux.
Dans ces circonstances là les femmes racontent qu'au moins avec des hommes qui paient, tu peux en refuser un alors que refuser des rapports sexuels à son mari est impossible.
Tabet fait un lien entre ces femmes africaines victimes de violence et par exemple les prostituées américaines victime d'inceste qui disent que la prostitution leur a permis de reprendre contrôle sur la sexualité, poser elle même les conditions d'une rencontre sexuelle.
Tabet explique bien qu'elle n'entend pas minimiser la violence de la prostitution et elle donne ainsi des exemples de femmes qui souffrent de ce quelles font. "En affirmant que le mariage est une forme de servage ou en indiquant ses aspects violents, je ne prétends pas minimiser l'existence de la violence et de la contrainte dans les autres formes de rapports, pas plus que je ne prétends glorifier la vente de service sexuel".
Comparer les degrés de contrainte ou d'autonomie des femmes a le sens d'essayer de comprendre et analyser les choix que les femmes font même si ces choix demeurent tous à l'intérieur des systèmes de domination masculines et ne permettent pas d'y échapper.
Tabet montre l'absence de choix des femmes ; donner des services sexuels dans le cadre du mariage ou en ventre hors mariage. Elle donne alors l'exemple d'une femme mariée pour la première fois à 11 ans qui explique que ce qu'elle fait actuellement, se prostituer, ne lui convient pas tellement, mais lui permet d'avoir de l'argent, chose qui était impossible auparavant.
Tabet pose alors la question du "choix". Dans les cas qu'elle décrit, les femmes sont contraintes au mariage par le viol et par le viol elle est contrainte à la prostitution. Les femmes cherchent donc la solution la moins intolérable sans vraie alternative.
Elle évoque ensuite les mesures de répression menées par les hommes.
Ainsi en cherchant un peu d'autonomie les femmes sortent des liens du mariage et sont donc vues comme dangereuses. En migrant en ville pour se prostituer, les femmes sont illégitimes car on n'est légitime que si on est mariée. C'est donc bien le rupture avec l'institution matrimoniale qui est insupportable pour les hommes. Les femmes font peser une double menace : elle se dérobent à une exploitation directe de leur travail dans le cadre de la famille ainsi qu'à leur exploitation directe en tant que reproductives et ce en faisant de leur cops sexué un instrument de travail.
Ainsi beaucoup de mesures politiques locales et nationales sont prises contre les femmes qui migrent et font du sex work. Ces mesures prennent le relais du contrôle familial qui existe contre les tentatives des femmes à fuir le mariage.
Des lois les font ainsi repasser rapidement sous le contrôle de leur mari ou de leur père; parfois on cherche à les marier le pus vite possible afin qu'elles soient sous le contrôle d'un homme.
Tabet étudie ensuite les migrations à l'échelle mondiale. Elle constate que la migrations de femmes ne concerne pas que le travail sexuel mais aussi le mariage, le travail domestique, la prostitution, les travaux de soins et d'assistance en général. Tabet montre que via ses migrations et via leur travail, les femmes peuvent assurer leur subsistance, celles de leurs enfants mais aussi celles de leur famille d'origine. Ainsi en Thaïlande et aux Philippines, l'études des villages d'origines des prostituées où les maisons sont restaurées et toutes dotées de télévisions montrent que la prostitution du femmes a servi. On estime que le travail sexuel d'une femme fait vivre quatre membres de sa famille.
Les migrations des femmes sont un point d'intersection entre de nombreux facteurs :
- localement (et cela se retrouvera à toute les étapes) la domination masculine, les rapports entre les sexes
- les décision, attentes et objectifs des femmes
- l'économie locale nationale et internationale
- les politiques locales et nationales et les politiques internationales.
Tabet insiste sur l'importance de connaitre les situations qui poussent les femmes à migrer.
les femmes dans leurs parcours se trouvent confrontées à des instances de pouvoirs diverses
- les lois locales et nationales et leur bras exécutif (souvent sexistes)
- les politique migratoires officielles et officieuses
Ce sont avant tout le changement d'échelle du phénomène et le haut niveau d'organisation de l'industrie du sexe ainsi que de l'exploitation des femmes qui fait qu'au niveau international le travail sexuel des femmes devient alors avant tout, un objet de profit pour d'autres que pour elles mêmes.
Les femmes migrantes, bien plus que les hommes sont prises dans des rapports de travail qui s'apparentent à l'esclavage tant dans la prostitution, le service domestique le mariage ou l'usine.
Chapitre 5 : La grande arnaque : échange, spoliation, censure de la sexualité des femmes
Tabet se demande comment l'homme le plus pauvre peut se payer le service sexuel de la femme la plus pauvre alors que la femme la plus pauvre ne peut se payer ni des services sexuels, ni n'a droit à sa sexualité.
Explications :
- dans le monde entier, concentration absolue ou presque des richesses entre les mains des hommes
- les femmes effectuent bien plus de la moitié des heures de travail
- l a dépendance économique des femmes et endémique
- l'échange économico-sexuel est une constante des rapports entre les sexes
Pourquoi l'échange de sexualité entre hommes et femme est défini comme un service rendu par les femme (et donc rétribué par les hommes)
Pourquoi cela ne pose aucun problème que l'échange ait toujours lieu dans le même sens ; une compesastion de la part des hommes en échange de la sexualité des femmes.
La violence existe dans le champ de la sexualité et s'exerce contre les femmes en tant que classe ; viols, collectifs ou individuels, à l'intérieur de la famille ou non. + mutilations génitales féminines.
La violence apparait donc dans le champ de la sexualité comme un mécanisme social essentiel par lequel les femmes sont contraintes d'occuper une positons subordonnée par rapport aux hommes.
Elle montre ensuite que les femmes n'ont pas accès a la connaissance ou en on un accès limité y compris dans le champ de la sexualité ou il y a un accès différentiel à la connaissance de son propre corps et de sa sexualité.
Dans les sociétés les plus diverses, le modèle normatif est la jeune fille sérieuse qui ne sait rien du sexe (celle qui sait est une putain).
Conclusion
Avec l'échange économico-sexuel, on se trouve face à une arnaque fondée sur le plus solide des rapports de classe de toute l'histoire ; le rapport homes /femme.
Les éléments qui concourent à la construction de ce rapport de classe sont ; la division sexuelle du travail et l'accès différencié des femmes et des hommes aux ressources, aux moyens de production et à la connaissance. Dans ce système les femme fournissent une quantité de travail disproportionné. le surtravail des femmes donne aux hommes la possibilité d'accumuler des richesses avec en conséquence la concentration actuelle des richesses mondiales entre les mains masculines et partant, l'accès et le droit au service sexuels des femmes. De l'autre côté l'appropriation sexuelle du corps des femmes réalisée au moyen de la violence et l'empêchement systématique à la connaissance devient la base et l'instrument de l'appropriation de leur travail.
Tabet fait l'hypothèse que c'est le surplus de travail des femmes, qui joint à l'écart économique existant entre les hommes et les femmes rend possible, l'échange économico-sexuel. Ce surplus de travail des femmes est la condition d'accès des hommes à un surplus de temps libre, donnée déterminante pour le savoir et la création.
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L’organisation nationale LGBT Movilh a annoncé le décès de Wladimir Sepúlveda. En octobre dernier, ce jeune homme de 21 ans avait été la victime d’une agression homophobe à San Francisco de Mostazal, une bourgade à 50km au sud de la capitale, Santiago. Six personnes l’avaient roué de coups de poings et de pieds. «Espèce de pédé, on va te massacrer», avaient entendu des témoins.
Wladimir était tombé dans le coma après son admission tardive à l’hôpital. Il a finalement succombé à ses blessures dimanche, après six mois dans le coma, rapporte CNN Chile.
Loi spécifique
Un porte parole du gouvernement chilien a présenté ses condoléances à la famille et aux amis du jeune homme. «Cette nouvelle mort révèle le chemin que nous avons encore à parcourir en tant que société», a-t-il déclaré, en référence à l’agression mortelle de Daniel Zamudio. En mars 2012, cet étudiant avait été agressé et torturé par quatre jeunes. Le drame avait bouleversé le pays et ouvert la voie à une loi spécifique contre les crimes de haine visant les minorités sexuelles.
Un seul des agresseurs de Wladimir Sepúlveda a été mis en cause par la police. Agé de 22 ans, il a reconnu sa participation dans la rixe, mais il en nie le caractère homophobe.